Les dés que les déciers ont fait
M'ont dépouillé de mes habits
Les dés m'occient
Les dés me guettent et m'épient
Cela m'accable.
Rutebeuf (XIIIe siècle)
il a exercé au Moyen Âge une influence profonde sur les comportements, et sa place dans la société médiévale est loin d’être anecdotique. Ainsi de nombreuses fortunes ont été
brisées par une trop forte passion du « geux de dez ».
Le dé médiéval, appelé « alea », « taxillus », « madame », « decius » ou « dez », est fabriqué par les « deiciers » en os, corne, bois, argile ou cire pour les exemplaires communs et
ivoire, or, argent, pierre et pâte de verre pour les plus prestigieux. Ce sont les accessoires les plus personnels au Moyen Âge.
Le marquage (« pointure ») des dés du Moyen Âge est identique à celui de notre époque : le total de deux faces opposées est toujours égal à sept. Un dé ne respectant pas cette règle est dit «
mespoinz ».
En outre il est très petit (1 cm maximum) du fait de la matière utilisée.
Le jeu se prête à nombre de tromperies du fait de la petitesse des pièces :
" dez longuez" pour qu'ils ne soient plus cubiques.
" dez plombez" avec ajout de matière.
" dez vuidez" légèrement creusés...
La passion du jeu est tellement forte qu'elle se termine souvent par des altercations. L'Eglise lance l'anathème contre les joueurs de dés (à la fin du Moyen-Age, le dé est
un instrument maléfique !) St Louit interdit même les écoles de dés. Rien n'y fit.
Quelques jeux :
On utilise un "berlenz" (table à rebords) et un "girestum" (gobelet à dés).
La raffle ou poulain : 3 dés. On ramasse tout en accumulant le plus de points possible ou en sortant une tierce.
La griesche : on en connaît très peu les règles.
Le hazart : 3 dés, 1 joueur contre 2 autres.
Le ludus regularis : jeu de clercs permettant 56 combinaisons pour s'élever dans la hiérarchie des 56 vertus.