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4 novembre 2007 7 04 /11 /novembre /2007 23:39
Les Très Riches Heures, Septembre.



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Cette miniature a sans doute été peinte en deux temps : d'abord, pour la partie supérieure (ciel et château), au milieu du XVème siècle, entre 1438 et 1442, au temps de René d'Anjou et Yolande d'Aragon ; puis, pour la partie inférieure, (vendanges), par Jean Colombe, à partir d'une esquisse de son prédécesseur. En général, on commençait par les fonds, puis on peignait les personnages, et enfin les visages.
Au premier plan, ce sont les vendanges. Une femme en tablier blanc et rouge semble enceinte, des jeunes gens cueillent les grappes de violettes ; deux autres se reposent, et l'un d'eux goûte au raisin ; un autre, un panier à la main, se dirige vers un mulet porteur de deux hottes. Le raisin est chargé soit dans les hottes des mulets, soit dans des cuves sur une charrette que tirent deux boeufs.

Au second plan, le château de Saumur, avec ses cheminées et ses girouettes aux fleurs de lys dorées. Construit par Louis II d'Anjou, il fut donné à sa femme Yolande d'Aragon, mère du roi René et belle-mère de Charles VII sur qui elle eu un ascendant considérable. La présence de ce château s'expliquerait par le rôle important de Yolande durant la première partie du règne de Charles VII et par le plaisir que celui-ci éprouvait à y résider. Sur la gauche, derrière le mur d'enceinte, un clocher, les cheminées des cuisines et l'entrée à pont-levis : un cheval en sort, une femme s'apprête à y pénétrer, un panier sur la tête.
Au devant du château, entre les vignes et la douve, nous voyons l'emplacement d'une lice, fermée par une clôture de bois, où se déroulaient en particulier les tournois.

L'architecture du château entraîne le regard dans les volutes d'une rêverie poétique. Les tours, masquant l'appareil de protection sous le vêtement fleuri des fêtes, prédisposent aux aventures fabuleuses des forêts, de la table Ronde et s'ornent de parures de la nature qui signifient la présence de Dieu dans la création. " La tour flamboyante est une silhouette de rêve avec ses constellations de dais, pinacles, pignons et flèches, avec ses crochets qui vibrent en contre-jour " (François Cali).

Au milieu de la scène des vendanges, un petit personnage, baissé, montre ses fesses. Cette touche, volontairement grotesque, contraste avec la fine élégance du château. Les paysans de Jean Colombe n'ont pas la dignité qu'ils manifestent dans les autres miniatures.



Iconographies des douze mois ici :

http://vivre-au-moyen-age.over-blog.com/album-1045928.html

 



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Jehanne - dans L'Art au Moyen âge
4 novembre 2007 7 04 /11 /novembre /2007 23:29
Les Très Riches Heures, Octobre.



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Cette miniature est à rapprocher de celle du mois de juin. Toutes les deux, du même artiste, se situent sur la rive gauche de la Seine, à proximité de l'hôtel de Nesle. Mais, si dans celle de juin, on regardait vers l'Est, vers le Palais de la Cité, on se tourne maintenant vers le Louvre, reconstruit par Charles V. On discerne, au centre, le donjon qu'on appelait la tour du Louvre et qui renfermait le trésor royal ; puis de droite à gauche, la Tour de la Taillerie, la façade orientale avec deux tours jumelées, la tour de la Grande Chapelle, et la façade méridionale munie elle aussi de deux tours jumelées. Au-devant, court une enceinte avec des tours, des bretèches et une poterne.
Sur le bord de la Seine, des personnages conversent ou se promènent ; ils portent un vêtement sombre, unicolore, court et cintré, qui est propre au milieu du XVème siècle. L'un d'eux s'apprête à partir dans une barque, tandis que l'autre amarre la sienne.

Au premier plan, à gauche, un paysan , monté sur un cheval, herse un champ ; sa herse est alourdie par une grosse pierre pour permettre aux dents de pénétrer plus profondément dans la terre. A droite, un autre homme sème à la volée. Des pies et des corneilles picorent les semences à proximité d'un sac blanc rempli de grains et d'une gibecière. Un épouvantail et des fils tendus les éloignent de la partie arrière.
L'épouvantail représente un archer. Ceux-ci, à l'exemple des Anglais, jouaient un rôle plus important dans les batailles. Par l'ordonnance du 28 avril 1448 furent même créées des compagnies de francs archers que les communes devaient équiper, et qui se rendirent très vite impopulaires par leurs exactions et leur lâcheté au point qu'ils furent supprimés en 1480. Ainsi naquit le type comique du franc archer vantard et couard (Monologue du franc archer de Bagnolet, écrit entre 1468 et 1480).

Les pies et les corneilles n'appartiennent pas à l'espace amoureux du monde courtois comme les rossignols, les merles, les alouettes, mais à la réalité campagnarde. D'autre part, ils passaient pour des créatures du Diable, révoltées contre Dieu et de mauvais augure.
L'enceinte est renforcée par des tours et des bretèches, ouvrages avancés qui pouvaient prendre plusieurs formes : chemise crénelée en maçonnerie, construction en bois ou terrasse.



Iconographies des douze mois ici :

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Jehanne - dans L'Art au Moyen âge
4 novembre 2007 7 04 /11 /novembre /2007 23:20
Les Très Riches Heures, Novembre.




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Cette image, à l'exception du tympan, est l'oeuvre de Jean Colombe qui vécut à la fin du XVème siècle à la cour de Savoie. Aussi, peut-on penser qu'il s'agit d'un paysan savoyard stylisé : un château et un village s'accrochent aux rochers ; une rivière sinue entre les montagnes bleuies.
La miniature représente une scène familière de la vie campagnarde : la glandée. Un troupeau de porcs paît dans un bois de chênes, sans doute un bois communal. Un des gardiens, au premier plan, est en train de faire tomber de son bâton les glands dont les porcs vont se nourrir. Un gros chien surveille les bêtes.
L'enfant prodigue de la parabole de Saint Luc, que la débauche a précipité dans la misère, est réduit à garder les porcs avant de se décider à retourner chez son père. La scène a été très souvent représentée tant au théâtre, comme dans la pièce de Courtois d'Arras (XIIIème siècle), que dans les vitraux des cathédrales d'Auxerre, Bourges, Chartres, Poitiers, Sens et Troyes et dans des tapisseries.

Les tympans des miniatures des douze mois ont été peints par les frères de Limbourg. Le premier demi-cercle contient un homme assis sur un char tiré par deux chevaux et portant un soleil rayonnant. Le second demi-cercle comporte les signes du zodiaque de novembre : le scorpion et le sagittaire.
Les porcs ont trouvé une place dans les Très Riches Heures, malgré leur symbolique négative (ordure et obscénité d'un être vautré dans la fange et incapable de s'élever). Mais ils appartenaient à la vie quotidienne et constituaient une part importante de l'alimentation. Le porc a durant des siècles, servi de base de nourriture à toute l'Europe chrétienne. Chaque région avait ses modes de cuisson, de préparation, et de conservation. Ici on salait le porc, et on le conservait en grande partie dans des saloirs ; là, on faisait cuire les morceaux dans de la graisse : c'était le confit, tel qu'on le prépare encore dans le sud-ouest de la France. Les jambons crus et salés étaient tantôt fumés dans les cheminées, tantôt séchés à l'air, pendus aux poutres du plafond, puis conservés sous la cendre.
Le paysan de Jean Colombe est frustre et brutal, à la différence de ceux de la période qntérieure. Mais l'or éclaire sa tunique rose.



Iconographies des douze mois ici:

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Jehanne - dans L'Art au Moyen âge
4 novembre 2007 7 04 /11 /novembre /2007 23:09
Les Très riches Heures, Décembre.



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Cette miniature qui rappelle un dessin de Giovannino dei Grassi (Bibliothèque de Bergame) est sans doute l'oeuvre de l'artiste inconnu des années 1438-1442.
Derrière la forêt épaisse dont les arbres ont conservé leurs feuilles et qui était un des séjours favoris des rois de France (Saint Louis s'y rendait la justice sous un chêne) se dressent les tours carrées et le donjon du du Bois-de-Vincennes, achevés par le roi Charles V. Celui-ci y entreposa une partie de son trésor. Il avait compris que le prestige de la couronne se mesurait à la splendeur des bâtiments où s'exerçait la fonction royale. Au XIVème siècle, il y eut une rivalité entre les constructeurs de châteaux. La hauteur des murs et la forme du donjon traduisaient la puissance du seigneur, au même titre que les trésors qui y étaient entreposés.
Ce château où Charles V aimait à résider et qui clôt la série des douze mois, symbolise la force physique et morale, comme dans la miniature de Jean Fouquet qui, vers 1455, a donné le même cadre à la scène de Job sur son fumier dans les Heures d'Etienne Chevalier.

L'artiste a représenté le terme d'une chasse à courre : l'hallali par terre du sanglier que finit de sonner de son cor un veneur. Comme la quête du sanglier était moins subtile que celle du cerf, on s'attardait surtout sur la mise à mort. C'est une chasse d'hiver. On se servait de l'épieu ou de l'épée pour tuer l'animal. Par rapport à la fauconnerie, la vénerie offrait un plaisir plus sportif, plus violent et plus dangereux. C'était pour l'aristocratie une manifestation de sa force guerrière.
Les chiens s'acharnent sur le sanglier, bête alors redoutée et appréciée pour sa viande.
Le donjon est ressenti comme le coeur du château : y conduire un hôte , c'était lui témoigner confiance et amitié autant que démontrer sa propre puissance. C'est là qu'on enferma les armes des Parisiens quand on les leur confisqua. Si le donjon perd alors de son efficacité militaire, il conserve sa valeur symbolique.

Le veneur devait soigner les chiens, entretenir les chenis, tresser des filets, relever les traces et débusquer le cerf, crier et sonner. Sans son Livre de la chasse, Gaston Phébus s'attarde sur l'éducation du veneur. Un maître, dès l'âge de sept ans, doit lui apprendre à aimer et à soigner les chiens par tous les moyens, y compris le châtiment corporel. L'enfant deviendra successivement valet de chien, puis vers vingt ans, aide ; enfin, il sera veneur, portant cor, couteau, et souvent estortoire, pour écarter les branches. C'est l'homme-clef de la chasse à courre, et son existence est dévouée à son métier.
Gaston Phébus, dans le Livre de la chasse (1387-1391), distingue cinq races de chiens de chasse : l'alant, le lévrier, le courant, le chien d'oiseau et le mâtin. Hormis le lévrier, ce sont des chiens lourds et lents. On choisissait les chiens les plus forts et les plus sauvages pour chasser l'ours, le loup et le sanglier. Le prince place en tête le lévrier pour ses qualités esthétiques et sa sociabilité, et ensuite les chiens courants qui sont la base des meutes.



Iconographies des douze mois ici :

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Jehanne - dans L'Art au Moyen âge
30 octobre 2007 2 30 /10 /octobre /2007 01:12
L'art médiéval.



L'enluminure est l'une des formes les plus caractéristiques de l'art médiéval, mais il en existe bien d'autres. Le terme d'"art" possède d'ailleurs un sens différent de celui que nous lui donnons aujourd'hui. En effet, il n'y a pas, durant le Moyen Âge, de distinction entre l'artiste et l'artisan.


1 - Le travail artistique.



Des œuvres de commande
Une bonne partie de la production artistique du Moyen Âge est constituée d'œuvres de commande : commandes privées émanant de rois, princes, seigneurs, riches bourgeois ou ecclésiastiques, commandes collectives émanant essentiellement de l'Église ou des confréries. Ces dernières ont, durant des siècles, fourni du travail aux architectes, sculpteurs, orfèvres ou verriers engagés dans la construction d'église ou de cathédrales et dans la fabrication des objets du culte.
Du fait de ce rapport économique le plus souvent formalisé par un contrat, l'artiste doit tenir compte des exigences du commanditaire, de ses désirs autant que de ses possibilités financières. De plus, donateurs ou commanditaires laissent souvent leur marque sur l'œuvre dont ils sont fiers d'avoir rendu possible l'exécution. C'est ainsi que sur les façades des églises figure souvent le nom des commanditaires aux côtés de celui des artistes. De même, les manuscrits enluminés portent, à partir du Xe siècle, le nom de leur commanditaire.






Des maîtres d'ouvrage
Un autre aspect du travail de l'artiste est la nécessité de se procurer lui-même les matières premières. Ainsi certains artistes doivent-il organiser, avant le travail en atelier, un véritable chantier pour extraire la pierre des carrières ou les métaux de la mine. Les architectes étaient, à l'époque, des maîtres d'ouvrage tout autant que des concepteurs.

L'apprentissage du métier se fait souvent en famille. À partir du XIIIe et surtout du XIVe siècle, des corporations se forment réunissant tous les membres d'un même métier : maîtres, apprentis, salariés. L'artiste du Moyen Âge ne se définit donc pas par son statut puisqu'il peut être aussi bien maître d'un atelier que salarié. Il est, avant tout, un professionnel qui maîtrise une technique.






L'artiste de cour
Ce n'est qu'à la fin du Moyen Âge qu'apparaît un autre genre d'artiste : l'artiste de cour.
Le plus souvent poète, musicien ou enlumineur, il est au service exclusif d'un roi et de sa cour. Il jouit d'une plus grande sécurité que l'artiste indépendant, dont il ne connaît pas les difficultés économiques.


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2 -  La production.



Pendant des siècles, et notamment tout au long du Moyen Âge, la production artistique a été profondément marquée par le christianisme.


L'Antiquité tardive (IIIe-Ve siècles)
À cette époque sont surtout fabriqués des objets funéraires – sarcophages au décor représentant des thèmes de la foi – et des lieux de culte. Parmi ceux-ci figurent les fameuses basiliques, notamment romaines, ornées de mosaïques : Saint-Jean-de-Latran, Sainte-Sabine, Sainte-Marie-Majeure.


Le Haut Moyen Âge (Ve-IXe siècles)
C'est l'époque des grandes invasions barbares dont on retrouve l'influence sur la production artistique, peu abondante. Les Saxons et les Vikings excellaient dans le travail des émaux, de l'or et des métaux, notamment du bronze, avec lesquels ils fabriquaient armes et bijoux.
L'influence anglo-celtique, aux entrelacs caractéristiques et aux décors d'animaux, se retrouve sur les sculptures de pierre, notamment les croix, et sur les enluminures. Le Haut Moyen Âge marque d'ailleurs les débuts de l'enluminure irlandaise et italienne.






L'époque carolingienne (IXe-Xe siècles)
Le rayonnement de l'Empire de Charlemagne entraîne un regain d'activités artistiques, après l'appauvrissement de la période précédente.
L'architecture connaît une très grande activité : cloîtres, chapelles et cathédrales (notamment celles de Reims, de Noyon, de Cambrai) sont édifiés d'un bout à l'autre de l'Empire.
La production de livres enluminés, rehaussés de reliures de grande qualité, s'accroît avec le développement de l'écriture.
L'orfèvrerie, la sculpture sur bronze et surtout la sculpture sur ivoire fournissent une abondante production d'objets profanes ou religieux : croix, bijoux, autels, statuettes, coffrets, reliures.





L'art roman (XIe-XIIe siècles)
Toute la production artistique de cette époque tend à inciter les fidèles à vivre, au quotidien, selon les principes de l'Évangile. Ceux-ci doivent donc être largement diffusés.
La construction d'églises se multiplie. Les églises romanes, accueillantes, sont caractérisées par leurs voûtes en pierre et leurs arcs en plein cintre (en demi-cercle), par un chevet (extrémité extérieure de l'église) à déambulatoire (galerie en demi-cercle permettant aux fidèles de circuler), par des ouvertures en forme d'arcs offrant des jeux d'ombre et de lumière.
La sculpture monumentale apparaît : les chapiteaux (partie élargie au sommet d'une colonne) des églises sont largement décorés, notamment d'animaux et de personnages le plus souvent bibliques, les portails sont sculptés.
L'art du vitrail, représentant des scènes de la Bible, et la peinture murale d'inspiration paléo-chrétienne font leur apparition.
Les objets liturgiques (reliquaires, calices, encensoirs) brillent de tout leur or tandis que le marbre, la pierre ou le bois sont utilisés pour fabriquer le mobilier d'église.


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L'art gothique (XIIIe-XVe siècles)
Avec l'essor des universités et la diffusion des connaissances, notamment par le biais des encyclopédies, on assiste à un renouveau intellectuel et culturel qui s'exprime également sur le plan artistique.
De nouvelles formes architecturales apparaissent dont l'Abbaye royale de Saint-Denis en est la plus célèbre représentation. L'arc brisé remplace l'arc en demi-cercle. La croisée d'ogives (partie de la voûte où se croisent deux arcs brisés) et l'arc-boutant (maçonnerie en forme d'arc soutenant une voûte de l'extérieur) sont les techniques caractéristiques de l'architecture gothique. Elles permettent d'élever les voûtes des cathédrales à des hauteurs jamais atteintes. Le portail à statues-colonnes apparaît.
Le vitrail, dont les couleurs influencent les enluminures de cette époque, devient un art majeur. La peinture sur bois et la fresque, d'inspiration religieuse, se développent surtout en Italie, avec des artistes comme Giotto, peintre des fresques de la Basilique Saint-François d'Assise, et Cimabue.
À la fin du Moyen Âge, l'art gothique se fera flamboyant : des décors de flamme viendront s'ajouter à la grande richesse des décors.



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Source bibliothèque Nationale de France.






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Jehanne - dans L'Art au Moyen âge
15 octobre 2007 1 15 /10 /octobre /2007 13:53
L'art au Moyen âge.



Les différents mouvements d'arts.

Peu après la chute de l'Empire Romain, on assiste à l'apparition d'édifices à plan centré basé sur le cercle, le carré ou l'octogone entourés de demi-cercles. A l'origine, à vocation thermale ou de loisirs chez les Romains, mais adopté comme édifice religieux par les chrétiens. Sur les différents décors, les personnages sont représentés avec de très grands yeux et des traits figés, l'individualisation se faisant plus par les vêtements et la chevelure. Les sarcophages sont taillés dans des pierres dures et sculptés de scènes de loisirs, de chasses. Les invasions barbares apportent un nouvel élan dans la culture artistique (tombeau de Childéric). Plus tard, sous Charlemagne, l'héritage culturel des Romains est mis au goût du jour. Dans le domaine des manuscrits, la minuscule caroline fait son apparition. Une part nouvelle est faite pour les finitions et détails, comme en témoignent l'architecture et la sculpture. L'art ottonien (d'Otton Ier) se situe dans le prolongement de la renaissance carolingienne mais avec une influence byzantine dont les œuvres d'art circulent par les voies marchandes. On emploie beaucoup de pierres brutes ou polies (saphirs, rubis, émeraudes). Le Saint Empire Romain Germanique où règne l'empereur Otton succède à l'empire carolingien. La Saxe est désormais la région la plus florissante aux dépens de la France.


L'Art Roman

L'art roman est né de questions physiques dans le domaine architectural qui sont apparus au Xe siècle : remplacer les plafonds de bois en pierres, élargir les nefs, augmenter la hauteur des églises et faire mieux pénétrer la lumière. Le terme roman désigne en partie l'appartenance avec l'art romain ainsi que l'essor des langues romanes. Les différentes caractéristiques sont la recherche de chapiteaux et de voûtements, l'apparition du cuivre champlevé, le culte pour les reliques, et la vogue des pèlerinages. A partir de 1120, débute la sculpture des tympans d'église (espace sur les portails d'églises décoré de sculptures), de magnifiques frises font leur apparition. En architecture, les voûtes sont plus larges, et en Normandie, sous l'influence réciproque avec l'Angleterre, on commence déjà à voir les prémisses du gothique. La tapisserie de Bayeux est l'œuvre la plus représentative de cette époque. Après la dislocation de l'empire carolingien apparaît en Meuse une forme artistique intéressante et originale, qui aura quelques liens avec l'art ottonien en Germanie, et qui participera à l'éclosion de l'art gothique. C'est l'art Mosan (de la Meuse) qui est un art "charnière" entre roman et gothique.


L'Art Gothique

Sous l'affermissement des rois Capétiens ( Louis VII, Philippe Auguste...), cet art nouveau apparaît en Île-de-France. L'architecte gothique cherche à unir les masses, à fondre les volumes. L'arc-boutant y joue un rôle tout aussi important que l'ogive. Il crée une dynamique verticale, il permet aussi de réduire le rôle porteur du mur. Les grandes arcades s'inscrivent dans une volonté d'amplifier les vides au détriment des pleins. Dès lors, une grande vague de reconstruction balaye la France, à cause d'incendies ou autres évènements, les églises se réadaptent à ce genre nouveau qui s'impose très vite. Les vitraux sont beaucoup mieux utilisés, parfois jusqu'à la démesure (cathédrale de Reims). Par ailleurs, les sculpteurs affirment leur originalité par un jeu complexe de courbes et de contre-courbes dans les plis, par des effets d'ombre et de lumière. Dans tous les domaines d'arts, la lumière joue un rôle dynamique. La sculpture devient servante de l'architecture, cet accord correspond à un grand bouleversement stylistique. La peinture joue un rôle plus prépondérant, on voit ainsi apparaître de magnifiques fresques murales. Les objets d'arts se multiplient, notamment à Limoges. L'art gothique s'impose comme l'art caractéristique du style médiéval. Mais comme toujours, l'art sert avant tout la religion, ce n'est que bien plus tard, dans les peintures flamandes et italiennes, que l'on commence à peindre des gens ordinaires, et des scènes du quotidiens.
Cliquez sur les étiquettes pour avoir la description des éléments de la cathédrale.


La littérature au Moyen Âge, troubadours et jongleurs

Selon la tradition, le fondateur de la poésie lyrique des troubadours fut Guillaume IX (1071-1127), comte de Poitiers, duc d'Aquitaine, un vassal plus puissant que le roi de France. Ses compositions étaient fortes et raffinées. D'ailleurs les troubadours appartenaient le plus souvent aux classes dominantes. Les jongleurs en revanche, étaient issus exclusivement des classes ouvrières. Les deux « métiers » étaient distincts. Les troubadours composaient leurs propres vers et les mettaient en musique. Accompagné d'un instrument à corde, le jongleur n'était que l'interprète de ces chansons. Le réel artisan de la poésie provençale du Moyen Âge fut le troubadour. Certains n'étaient pas toujours noble, cependant lorsqu'un poète atteignait la condition reconnue de troubadour, on le considérait plutôt comme un marquis que comme un tavernier. Le Sud de la France était une région attentive plus que partout ailleurs à ce phénomène lyrique.


L'éloge de l'amour courtois

Les structures féodales étaient différentes au Nord, où oui se disait « oil » (langue d'oil). Au Sud, où l'on parlait la langue d'oc, la femme était une source infinie pour la poésie occitane. En Languedoc, la femme avait une importance politique plus large, elle pouvait dirigeait le fief en l'absence de son époux. Saint Bernard de Clairvaux, fondateur de l'Ordre cistercien avait influencé le culte de la Vierge Marie. Grâce à Marie, la femme avait une représentation de la Création, et par conséquent, une source de perfection. La Dame « chantée » par un troubadour n'était pas son épouse, mais celle d'un noble située socialement très au-dessus de lui. Sur un plan plus laïc, Guillaume, abbé de Saint-Thierry, l'ami de Saint-Bernard, dans son traité « De la nature de l'amour », place la femme au-dessus de l'homme dans l'expression de ce sentiment. La structure féodale continuant à être la règle dominante de la société européenne, la supériorité atteinte par l'image de la femme par rapport à celle de l'amant, très platonique, finit par créer dans cette relation un lien de vassalité similaire à celui du chevalier avec son seigneur. C'est le principe courtois. Parmi ces marques extérieures de « dépendance », se trouve celle de la soumission reproduite dans les miniatures où le Chevalier jure à genoux fidélité à sa Dame. A cette époque, où l'on célébrait les mariages d'intérêts, il était toléré qu'un troubadour fasse l'éloge de l'épouse d'un noble. Au contraire, l'épouse se trouvait glorifié, et par conséquent le conjoint aussi. Cependant, l'amour physique était secrètement souhaité, mais rarement consommé.


La chanson de geste

La chanson de geste est la première forme de littérature profane écrite en langue française. C'est la forme médiévale de l'épopée latine, transposée au monde de la guerre, de la poésie hagiographique, de l'exaltation de la vie des saints. La chanson de geste est une forme littéraire de l'action comme l'indique clairement le terme de geste (du latin gesta : actions). Le mot chanson met en évidence le caractère oral de ces textes qui sont, en règle générale, chantés et récités par les jongleurs. Un seul jour n'était pas suffisant pour réciter les 4 000 vers de « la Chanson de Roland », la plus célèbre de toutes. Les sources manuscrites sont ainsi très différentes entre elle compte tenus de ce caractère oral. Ces longs poèmes narratifs célébraient les prouesses guerrières, les héros, en général des chevaliers français devenus des personnages légendaires. Les évènements narrés remontent à plusieurs siècles avant la création du poème, mais sont revus à l'occasion des conflits contemporains. Le thème récurrent de la croisade sert de prétexte pour exalter la vaillance guerrière et les prouesses des héros sur fond mythique de combats surhumains et de descriptions fabuleuses. Exprimée à une époque chrétienne, la chanson de geste véhiculait une profonde charge idéologique, celle de la lutte entre le Bien et le Mal. La Chrétienté contre les Sarrasins musulmans. La plupart des chansons sont composées dans le Nord-Ouest de la France (Normandie), mais il se peut que le berceau de cette forme poétique soit né au Sud de la France. Les chansons les plus célèbres sont celles de Roland, de Charlemagne, de Guillaume d'Orange et du Cid.


Autre formes littéraires

Dans les cours princières et seigneuriales, jusque là très rudes, l'influence des clercs et le contact avec les civilisations orientales par le biais des Croisades, firent naître le goût d'une littérature écrite dans la langue du pays. Outre les chansons de geste, vus précédemment, d'autres formes littéraires s'exprimèrent. Au milieu du XIIe siècle, la poésie aquitaine s'introduisit dans les cours du Nord : elle chantait dans un langage précieux les aventures et les amours des chevaliers. Ce genre atteignit son sommet avec les romans de Chrétien de Troyes : Perceval ou Lancelot sont des monuments de la poésie française. Puis apparurent les contes et chantefables, composés de morceaux de proses et de couplets en vers accompagnés de mélodies : Aucassin et Nicolette, au XIIIème siècle annonçaient déjà une littérature plus populaire.


La culture et l'enseignement au Moyen Âge. Culture écrite ou orale

Les récits colportés par les ménestrels n'étaient pas la source unique des connaissances du peuple. Transmise de père en fils, la tradition orale inscrivait dans la mémoire de chacun des faits, des recettes et des enseignements moraux : proverbes, contes et légendes, chansons, recettes pour guérir telle ou telle maladie formaient la culture populaire à laquelle s'ajoutait l'enseignement de l'Église. A cette époque, l'imprimerie n'était pas encore inventée, les livres étaient écrits à la main par des moines copistes qui mettaient une année, ou plus, à écrire ou à recopier un seul ouvrage. On écrivait sur des feuilles de parchemin, obtenues par tannage de peaux d'agneau et de brebis. Les livres coûtaient si cher qu'ils étaient des objets de luxe. Il y avait très peu de livres, mais peu de gens savaient lire et encore moins écrire. A chaque fois que l'on devait lire une lettre, de connaître le contenu d'un recueil de lois, ou d'écrire une missive, on avait recours à un spécialiste. Il s'agissait d'un métier, et personne ne s'étonnait de l'analphabétisme des rois et des princes.


L'Église, moteur de la culture

Dans l'océan d'ignorance du Moyen Âge, l'Église représentait l'unique « institution culturelle » et le trait d'union entre l'Antiquité et la culture moderne. Dans les églises et les couvents, on préserve avec soin les conquêtes du genre humain : la langue latine, la littérature, la sculpture, la peinture, les arts ainsi que les techniques les plus précieuses. Benoît de Nurcie, au VIe siècle avait recommandé aux moines d'apprendre l'art de l'écriture, de constituer une bibliothèque dans chaque couvent et de constituer une école élémentaire ouverte à tous. C'est grâce à cette action que put s'étendre la grande culture médiévale. Mais c'est Charlemagne qui ordonna l'ouverture d'école publique dans les monastères. Les écoles se multipliaient auprès des cathédrales, des églises importantes et des monastères. Le rôle principal de ces écoles était de former les futurs clercs. Il y avait deux écoles auprès de chaque cathédrale :
L'école « intérieure » était réservée à ceux qui désiraient approfondir leurs études pour entrer dans le clergé.
L'école « extérieure » était une sorte d'école élémentaire ou primaire. Cette dernière qui était aussi ouverte aux pauvres, joua un rôle décisif dans la diffusion du savoir en Europe.


Les premières universités

Après avoir acquis des notions d'arithmétique, de grammaire, de géométrie, de musique et de théologie, l'étudiant pouvait continuer ses études en se rendant dans une université. L'université est une création typiquement médiévale, bien que différentes des nôtres à l'heure actuelle. En effet, il s'agissait d'une association d'étudiants provenant de régions et de nations très diverses, qui se réunissaient autour d'un maître qu'ils payaient eux-mêmes. Les docteurs ou professeurs, hébergeaient souvent les étudiants sous leur toit. Être professeur au Moyen Âge n'était pas de tout repos, s'il n'était pas clair ou ennuyeux, il était chahuté et même malmené. Clercs et étudiants formaient une catégorie à part. Unis par le même amour du savoir, parlant entre eux le latin, grands amateurs de divertissements, ils se déplaçaient par groupe dans toute l'Europe. Ces compagnies turbulentes d'étudiants itinérants contribuèrent à former une culture internationale.


L'enseignement du Moyen Âge

L'intérêt majeur des docteurs se portait sur la théologie, c'est-à-dire l'étude approfondie de Dieu et de son œuvre : l'Homme et son destin. Le grand foyer de la théologie fut la Sorbonne, où régna au XIIIe siècle Saint Thomas d'Aquin. Bien vite, la philosophie ou étude des idées, fut adjointe à la théologie. La renaissance de cette discipline fut due pour une grande part aux Arabes qui avaient sauvé les œuvres des penseurs grecs comme Aristote, qu'ils avaient traduites et commentées, avant de les répandre jusqu'en Occident. Parallèlement à ces deux sciences fondamentales se développèrent d'autres disciplines liées aux nécessités pratiques. Le contact avec le monde arabe, et en particulier avec l'école de Bagdad fit naître de grandes écoles de médecine : Salerne en Italie, Séville en Espagne, Montpellier en France devinrent des centres renommés pour les soins et la recherche médicale. Vers le milieu du XIVe siècle, après l'épidémie de peste noire qui ravagea le tiers de la population, on découvrit la propagation des maladies contagieuses. Par ailleurs, le développement du commerce permit aux mathématiques de faire des progrès considérables. Les études juridiques reçurent quant à elles, une grande impulsion grâce au développement de l'État et de l'administration centralisée.
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Jehanne - dans L'Art au Moyen âge

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  • : Le blog vivre au Moyen âge a pour but de renseigner le lecteur sur les us et coutumes du Moyen âge. Les articles et iconographies publiées dans ce blog sont le fruit de mes recherches sur internet et dans les livres . Je ne suis pas auteur des textes publiés qui sont des citations extraites de mes trouvailles. Bon voyage dans le temps !!!!
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