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22 octobre 2007 1 22 /10 /octobre /2007 15:02
La famille, Le cadre de vie.



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Des accessoires appropriés.


En ville, les enfants de familles aisées bénéficient d'un confort bien supérieur à ceux qui vivent dans les châteaux, peu meublés et très mal chauffés, aux murs de pierre bien moins agréables que les salles à pans de bois plâtré des maisons urbaines. Les enfants des riches citadins ont leur propre chambre, située dans un lieu aéré et abrité de la maison, meublée d'un mobilier adapté à leur âge et à leur petite taille : chaises miniatures, petites tables et tabourets bas, berceaux de types divers, déambulateurs (youpalas, alors appelés "chariotes à enfants").



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Alors que les ruraux ne possèdent presque jamais de berceaux pour leurs bébés, en ville un simple artisan n'hésite pas à en faire l'acquisition. Seuls les pauvres ne bénéficient pas d'un tel confort : les nouveau-nés dorment dans un couffin d'osier, dans le lit conjugal ou dans un hamac accroché au-dessus. Les enfants disposent aussi d'une vaisselle appropriée : biberons de terre cuite ou d'étain, minuscules poêlons à bouillie, petites cuillers. On leur réserve des vêtements spécifiques, quoique asexués jusqu'à l'âge de 2 ou 3 ans.


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Jeux et jouets.


Abondamment signalés dans les enluminures et les sources écrites, souvent retrouvés par les archéologues, les jouets ne manquent pas. Mais ils diffèrent en qualité selon les milieux sociaux. Aux riches et aux enfants de l'aristocratie, les soldats de plomb, les canons en miniature, les échecs, les dînettes d'étain, les poupées sculptées parées de beaux habits. Aux pauvres, les poupées de chiffon et de paille, les jouets fabriqués de bric et de broc : objets modelés dans l'argile, petits cailloux, noix en guise de billes, osselets récupérés dans les déchets alimentaires, cerceaux en cercles de tonneau, pots de terre en guise de ballons, balais transformés en cheval-bâton… Aux enfants des villes et des châteaux, les spectacles de marionnettes. Aux enfants des campagnes, les jeux dans la nature et la participation aux fêtes et aux danses paysannes. Pour tous, les jeux saisonniers : bulles de savon en été, boules de neige en hiver...


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Jeux et jouets ont souvent pour mission d'initier les enfants à leurs rôles sociaux ultérieurs. Les petits paysans tirent des charrettes en miniature dans la cour de la ferme, les enfants des ports jouent avec des bateaux de bois dans les rigoles de la ville, les enfants des châteaux jouent à la guerre et font des châteaux de sable… On ne voit guère de filles jouer aux petits soldats ou chevaucher un balai ; mais les garçons comme les filles ont des poupées et des dînettes (le métier de cuisinier est, en milieu aristocratique et en ville, un modèle de profession masculine). On offre aussi des jouets aux petits malades, pour les distraire et les consoler.
À côté des jouets de fortune, objets domestiques détournés ou substituts trouvés dans la nature, il existe de véritables produits fabriqués : certains sont façonnés à temps perdu par les parents, d'autres font l'objet d'un achat, voire d'une fabrication en nombre (sifflets, grelots). Ces pratiques démontrent l'intérêt porté à l'enfance par la société médiévale.


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Source Bibliothèque Nationale de France.
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Jehanne - dans La Famille
21 octobre 2007 7 21 /10 /octobre /2007 23:00
L'éducation.



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Premiers rudiments.


C'est dans le cadre familial et sous la houlette des femmes que l'enfant reçoit les premiers rudiments de son éducation : l'apprentissage de la parole, de la marche, des bonnes manières, de l'alphabet et de la foi. On connaît dans le détail toutes les techniques de ces apprentissages grâce aux traités d'éducation et aux chroniques privées. Les recommandations sont innombrables : savoir interpréter les pleurs du bébé, l'allaiter à la demande, ne pas tenter d'apprendre à marcher à un enfant avant l'âge de un an, le faire s'exercer sur des surfaces douces, mâcher sa nourriture avant de la lui donner, ne pas oublier d'ôter les arêtes de poisson dans ses plats, etc. À la nourrice, il est conseillé d'utiliser un langage aux syllabes redoublées (papa, mama, dodo, bobo, etc.) pour mieux apprendre à parler au bébé. La mère doit fabriquer des gâteaux en forme de lettres pour enseigner le nom de chacune aux enfants.






Les bonnes manières.


La socialisation passe ensuite par l'apprentissage d'une longue série de règles de vie, parfois inculquées par la manière forte. Ce sont les "bonnes manières", dont il existe de nombreux traités, inspirés des règles de vie monastiques. Ces manuels, d'abord réservés aux habitants des châteaux, se diffusent dès le XIIIe siècle en milieu bourgeois, en ville ; en témoignent encore les mots urbain et urbanité, pointant la nature devenue spécifiquement citadine des bons usages. Ceux-ci sont alors opposés aux manières paysannes : les parents recommandent à leurs enfants de ne pas "faire le vilain", c'est-à-dire se comporter en paysan, et de ne pas se tenir, à table ou dans la rue, comme des "rustauds", autrement dit comme les rustiques, les habitants des campagnes.
Nombreux sont les traités de "contenances" de table, surtout dans les villes où même des artisans en disposent. Se tenir droit, ne pas cracher par terre, s'essuyer la bouche avant de boire, ne pas se ruer sur la nourriture ni lorgner sur l'assiette d'autrui, ne pas mettre les coudes sur la table, toutes les obligations dont s'inspirera encore la bourgeoisie du XIXe siècle sont déjà énoncées au siècle de Saint Louis. Si les enfants ordinaires apprennent ces règles à la maison, ceux des monastères et des châteaux les reçoivent dans un cadre plus institutionnel : savoir comment se comporter en toutes circonstances fait aussi partie de leur formation professionnelle.







Le Cathéchisme.


La religion n'est pas absente de cette éducation, puisque le bénédicité du repas ou les formules de politesse des salutations ne sont rien d'autre que des bénédictions. S'y ajoutent les premiers rudiments d'enseignement religieux. Le minimum exigé par l'Église est l'apprentissage des trois prières majeures : le Notre-Père, le Credo et, à partir du XIIIe siècle, l'Ave Maria. La mère enseigne les articles de la foi, la liste des péchés capitaux et des vertus chrétiennes, et se rend avec ses enfants aux sermons dominicaux et aux grandes prédications. Les filles devront se contenter de cet enseignement, moins limité qu'il n'y paraît. Certains garçons iront parfaire leur instruction religieuse au presbytère, auprès du prêtre, souvent avec l'intention de devenir curé. Cette profession est très recherchée dans les milieux modestes au XIVe et surtout au XV  ème siècle, car elle offre des perspectives d'évolution dans l'échelle sociale.


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Source Bibliothèque Nationale de France.
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Jehanne - dans La Famille
21 octobre 2007 7 21 /10 /octobre /2007 21:43
Les âges de la vie, en bref ...








Dans l'Antiquité, la vie humaine était généralement divisée en trois phases : l'enfance, l'âge viril, la vieillesse, liées à l'idée de croissance, de stabilité et de déclin. Chaque âge était représenté par un personnage de sexe masculin doté d'une caractéristique physique ou matérielle. Ainsi, dans les fresques funéraires de Rome, l'enfant apprend à marcher à l'aide d'un youpala ; il joue à la balle, à colin-maillard, aux devinettes…
Le Moyen Âge a hérité de cette division, mais le nombre des phases varie selon les auteurs et les siècles : trois, quatre, six, sept, dix ou douze. À l'intérieur de ces schémas, liés à la symbolique des nombres, il existe des subdivisions plus fines correspondant davantage aux réalités psychologiques, biologiques et sociales.




Source Bibliothèque Nationale de France.
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Jehanne - dans La Famille
21 octobre 2007 7 21 /10 /octobre /2007 20:50
Les âges de la vie, La vie divisée en périodes.




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1 - La symbolique des nombres.



Trois.

La division en trois âges connaît encore un certain succès au Moyen Âge, le nombre 3 étant essentiel dans la pensée occidentale puisque associé à la sainte Trinité, aux trois continents, à la Sainte Famille (deux parents et un enfant unique) et aux Rois mages. Ces derniers, en effet, dont le nombre n'était pas encore fixé à la fin de l'Antiquité, se limitent peu à peu à trois individus que les artistes représentent sous les traits d'un jeune homme, d'un homme d'âge moyen et d'un vieillard.


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Quatre.

Une autre correspondance s'est établie, depuis l'Antiquité, avec le schéma des saisons : sur ce modèle, Pythagore divisait la vie en quatre parties de vingt ans chacune. Le chiffre 4 est aussi associé aux éléments (air, eau, terre, feu), aux qualités naturelles (froid, chaud, sec, humide) et aux humeurs (bile, atrabile, sang, flegme), qui constituent le fondement de la médecine médiévale. S'y ajoute la symbolique chrétienne des quatre Évangiles, des quatre fleuves du paradis, des quatre vertus théologales… Le schéma des quatre âges traduit parfaitement l'idée selon laquelle l'homme est un microcosme, c'est-à-dire un cosmos en miniature. Les artistes inventent de nombreuses variantes et affectent à chaque âge une caractéristique : une toupie pour l'enfant, une femme pour l'homme d'âge moyen !


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Six.

La symbolique du nombre 6 renvoie, pour les théologiens, aux six jours de la Création et à la théorie des six âges du monde émise par saint Jérôme et saint Augustin. Selon ces auteurs, l'histoire du monde peut être découpée en six périodes : la première va de la Création au Déluge, la deuxième s'arrête à Abraham, la troisième à David, la quatrième à Babylone, la cinquième à la naissance du Christ et la sixième à sa résurrection. Dans ce schéma de correspondance, le premier âge du monde correspond naturellement à la prime enfance (jusqu'à la chute des dents).


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Sept.

Le 7 a également son importance, puisque le septième jour est celui du repos de Dieu. À côté des sept planètes connues alors, il existe sept dons du Saint-Esprit et sept arts libéraux, sept vertus et sept péchés capitaux. Le schéma des sept âges de la vie, hérité de la tradition antique, est généralement divisé en tranches de sept ans (7, 14, 21…).


Douze.

C'est à 12 ans que le Christ a commencé sa vie publique et il a eu douze apôtres. Le cycle de Noël, consacré à l'Enfant Jésus, comprend douze jours. Mais 12 est surtout le nombre des mois de l'année. Au début du XVIe siècle, la division en sept âges est peu à peu abandonnée au profit de cette fragmentation plus longue. Pour les artistes qui mettent en image cette théorie, les deux premiers mois sont consacrés à l'enfance: janvier (stérile, comme l'est l'enfant, et illustré par des jeux, image même de la futilité) et février (âge de l'apprentissage, figuré par la scolarité). Des quatrains accompagnent ces images; ils affirment que l'enfant de 1 à 6 ans "n'a ne force ne vertu" mais que celui de 6 à 12 ans s'améliore: "doux devient l'enfant quand a douze ans".






2 - Les subdivisions de l'enfance.



Savants et pédagogues hésitent entre ces divers schémas, tous favorables à l'élaboration d'un discours symbolique dont les médiévaux sont friands. Chacun présente sa théorie, dans laquelle la période de l'enfance tient une place plus ou moins importante. Elle est parfois subdivisée pour mieux coller à la réalité de l'évolution psychique et physique des enfants.


L'avis des pédagogues.

Le pédagogue Philippe de Novare, auteur d'un livre intitulées Quatre Âges de l'homme (vers 1260), divise la vie en quatre périodes de vingt ans : enfance, "jovence", "moyen âge" et vieillesse. Chaque âge est subdivisé en deux en son milieu, créant une alternance décennale. Une première enfance court donc jusqu'à 10 ans ; une seconde jusqu'à 20 ans.
Pour Gilles de Rome, précepteur du roi et auteur d'un livre d'éducation intitulé Le Livre du gouvernement des princes (vers 1280), la vie humaine comporte trois âges et la jeunesse est elle-même subdivisée en trois périodes, qui vont de sept ans en sept ans. Les âges clés sont donc 7, 14 et 21 ans.
Pour son contemporain Albert le Grand, chaque âge est lié à une planète. La première partie de l'enfance, jusqu'à l'âge de 4 ans, est sous la dépendance de la Lune, considérée comme l'astre des fous, des lunatiques ; c'est la raison pour laquelle, dans le langage proverbial, l'enfant est souvent comparé ou associé au fou. Une deuxième phase, de 4 à 14 ans, est sous la dépendance de Mercure : c'est l'âge des apprentissages ; de 14 à 21 ans, l'âge de la puberté, l'enfant est sous la dépendance de Vénus, la planète charnelle. Au-delà, il obéit au Soleil ; c'est l'âge de la vie militaire. Aldebrandin de Sienne, médecin de la fin du XIIIe siècle travaillant pour la famille des ducs de Savoie, rédige un Régime du corps dans lequel la vie est divisée en sept âges, dont trois sont consacrés à l'enfance.


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Le schéma le plus courant.

Parmi la multiplicité des modèles, une subdivision revient fréquemment et finit par s'imposer :
- la petite enfance, jusqu'à la poussée dentaire ; divisée elle-même en deux phases, l'i    lnfantia (du latin infans, "qui ne parle pas") puis le temps des "dents plantées" (  dentum plantatura) ;
- l'enfance, jusqu'à 7 ans ;
- l'adolescence, ou "seconde enfance", jusqu'à 14 ans minimum, voire 25 ou 30 ans, selon les auteurs ;
- la "jeunesse", jusqu'à 28 ans, mais parfois aussi jusqu'à 45 ou 50 ans.
On le voit, les mots n'ont pas le même sens au Moyen Âge que de nos jours…






Source Bibliothèque Nationale de france.
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Jehanne - dans La Famille
19 octobre 2007 5 19 /10 /octobre /2007 17:39
Les âges de la vie, les étapes de l'enfance.



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1 - Foetus et nouveau né.


Le regard des parents.

Pour les parents, le fœtus n'est pas un "tout petit animal" sans conscience : on pense qu'il a peur dans le noir, qu'il pleure et éprouve des sentiments, qu'il s'ennuie ou, au contraire, qu'il joue dans le ventre de sa mère, qu'il peut tomber malade et qu'il a déjà besoin d'un ange gardien. On croit aussi qu'il peut décider par lui-même de ne pas naître et de remonter haut dans l'utérus maternel : c'est ainsi que Guibert de Nogent, au XIe siècle, explique sa naissance difficile. Le fœtus sait déjà prier Dieu ; il peut donc être béni in utero.


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Le regard des médecins.

Pour les médecins, le fœtus est un enfant à part entière. Il mérite ce nom dès lors qu'il prend forme humaine, comme l'affirme Constantin l'Africain au XIe siècle, et qu'il a reçu le don de l'âme, par infusion. Pour Barthélemy l'Anglais, encyclopédiste du XIIIe siècle, l'animation du corps se produit au 46e jour de grossesse, sans considération de sexe, alors que pour Aristote, suivi en cela par l'Église médiévale, elle s'effectue quarante jours après la conception pour les garçons et quatre-vingt-dix jours après pour les filles. Ensuite, le fœtus n'est pas indifférencié : les médecins médiévaux, s'inspirant des traités hippocratiques, ont appris à s'intéresser successivement au "fœtus de sept mois" ou au "fœtus de huit mois".


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Le regard des juristes.

Pour les juristes, le fœtus n'a droit au nom d'"enfant" qu'après la naissance. Avant, il est appelé "fruit" ou "ventre enceint" de la mère. Mais c'est une "personne" à laquelle on reconnaît certaines capacités ; les clercs d'Église ou de justice en veulent pour preuve un passage de l'Évangile de Luc où il est dit que Jean-Baptiste tressaille dans le ventre d'Élisabeth au moment où celle-ci croise Marie enceinte de Jésus. Le fœtus a une conscience éveillée, il a donc des droits. En particulier, et contrairement à aujourd'hui, il est considéré comme un héritier à part entière : un père peut doter sa fille à naître ou réserver une part d'héritage pour son fils en gestation, en vertu de l'adage juridique selon lequel "celui qui est encore à naître ne doit pas être lésé". Le fœtus reçoit son statut d'homme libre ou de serf in utero. Par conséquent, il peut être frappé de taxes sur sa personne : aux péages, où les juifs sont soumis à une taxe corporelle sur leurs déplacements, un fœtus peut être imposé à un peu plus de la moitié du coût d'un adulte mâle, comme on le voit au péage de Châlons, à la fin du XIVe siècle.


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Le premier cri.

Toujours pour les juristes, le nouveau-né n'acquiert pas son statut d'enfant au moment précis où il naît, mais quelques secondes plus tard, quand il pousse son premier cri. Ce cri est considéré comme un acte juridique : le bébé réserve ainsi son héritage paternel, s'il est orphelin de père, et, s'il meurt avant sa mère, celle-ci pourra en hériter ; à son tour, il transmet l'héritage à sa mère en mourant. Grâce au premier cri de l'enfant, le père pourra conserver la dot de son épouse morte en couches au lieu de la restituer aux parents de cette dernière, comme le veut la coutume. Faire crier l'enfant à la naissance est donc une absolue nécessité pour bien des familles.


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2 - La petite enfance.


L'âge de la parole.

L'âge de 3 ans est considéré comme le début de la lente transformation de l'enfant en adulte ; c'est l'âge de la parole, de la maîtrise de la marche et de la course, de l'habileté manuelle. Les cas exemplaires ne manquent pas : c'est à 3  ans, est-il dit, que la Vierge Marie entra au Temple pour y recevoir sa première instruction, et c'est dès cet âge que l'Enfant Jésus manifesta l'"esprit de science". Un texte moralisateur et didactique (destiné à connaître un vif succès jusqu'au XIXe siècle) s'intitule : De l'enfant sage qui n'avoit que trois ans. De même, les héros de romans médiévaux sont savants dès 3 ans ; c'est le cas du petit Lancelot, doté d'un précepteur à cet âge. Les aristocrates, qui apprécient les enfants précoces, se conforment à ce modèle. 3 ans est justement l'âge auquel on fait fabriquer un livre d'heures pour un petit dauphin de la fin du XVe siècle, Charles Orland. Les conceptions religieuses et romanesques concordent et influencent directement la vie des enfants.


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L'âge du jeu.

L'âge de 5 ans, qui revient constamment sous la plume des gens de lettres et des hommes d'Église, est considéré comme un âge de pré-raison. Tel demande à ses parents à recevoir l'habit des franciscains, telle autre a des visions mystiques ou se soucie déjà de faire la charité aux pauvres. Un enfant de 5 ans peut être touché par la grâce divine ou, tel Saint Louis, accomplir un miracle. Les parents estiment que c'est le moment de commencer l'éducation de leurs enfants, même s'ils ne vont pas encore à l'école et n'ont pas atteint l'âge de raison.
L'âge de 5 ans est surtout considéré comme l'âge du jeu. Pour Barthélemy l'Anglais, au XIIIe
   siècle, les enfants de moins de 7 ans ne pensent qu'à "jeux et ébattements" ; c'est pourquoi, même s'ils sont laissés libres de s'ébattre dans la rue, où ils ne manquent pas de commettre des bêtises, voire des vols, les parents devraient encore les surveiller. Le pédagogue Philippe de Novare mentionne un adage, semble-t-il répandu en son temps : "Toujours dit-on que l'on doit protéger son enfant contre le feu et l'eau jusqu'à ce qu'il ait passé sept ans."


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3 - L'âge de raison.


Partout en Occident, 7 ans marque une césure : c'est l'"âge de raison". Les enfants sont alors considérés comme des paroissiens à part (presque) entière : tous, riches ou pauvres, nobles ou paysans, ont l'obligation d'assister à la messe du dimanche et, depuis le milieu du XIII
e siècle, d'apprendre les prières majeures (le Notre-Père et le "Je vous salue Marie", en latin). L'enfant de cet âge est jugé capable d'assumer des responsabilités matérielles, il commence à comprendre la différence entre le bien et le mal, et il est susceptible d'être puni. Un texte didactique, intitulé La Discipline des jeunes gens aprez l'age de VII ans, est souvent recopié dans les manuscrits médiévaux.


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La scolarisation.

Dès l'approche de l'âge de raison, l'enfant doit être scolarisé (à 6 ans selon Avicenne) et socialisé. 6 ans est aussi l'âge de l'apprentissage du jeu d'échecs, selon Gui de Nanteuil. À partir de 7 ans, tout enfant est par conséquent jugé bon pour l'école, pour l'enseignement en latin du chant d'Église et pour l'initiation aux bonnes manières. Dans l'idéal, les pédagogues souhaitent que la transition soit douce et que les parents se montrent tolérants, car l'enfant ne devient évidemment pas raisonnable le jour même de son anniversaire. Barthélemy l'Anglais dit qu'il est inutile de frapper un enfant en dessous de l'âge de 7 ans car il ne peut comprendre pourquoi il est puni et en tirer profit. Aldebrandin de Sienne conseille aux parents d'engager un pédagogue qui ne fonde pas sa méthode éducative sur les coups…





Les premiers travaux.

Il n'est pas conseillé de mettre les enfants de cet âge au travail, sauf exception. C'est le cas dans le domaine de la chasse. Gaston Phébus, prince du Béarn et auteur d'un traité cynégétique, estime que, pour obtenir des veneurs compétents, il faut les former progressivement à cette tâche dès l'âge de 7 ans. Mais il laisse entendre que 12 ans serait plus convenable pour la formation professionnelle et s'étonne de la précocité de l'"enfant d'aujourd'hui [qui] en sait plus de ce qui lui plaît" qu'un enfant de 12 ans autrefois.
En sélectionnant de si jeunes enfants, Gaston Phébus innove : au siècle précédent, Frédéric II de Hohenstaufen, dans l'Art de la chasse à l'aide d'oiseaux qu'il fit composer pour son fils Manfred, n'était guère partisan de donner aux jeunes la possibilité de s'exercer au dressage des faucons : "Qu'il ne soit pas d'un âge trop tendre pour ne rien entreprendre contre les règles de l'art par puérilité. Car les jeunes ont coutume d'être insatiables et de se délecter à la vue de vols nombreux […]. Pourtant, il ne faut pas complètement les écarter s'ils sont particulièrement avisés." À la même date, le pédagogue royal Gilles de Rome affirmait fortement que, de "l'âge de 7 ans jusqu'à 13 ans, les enfants ne doivent pas entreprendre de grands travaux, ni faire les œuvres de chevalerie, pour que leur croissance ne soit pas empêchée".


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Mais il en allait sûrement autrement dans les milieux sociaux les moins protégés. Ainsi, les rares autobiographies médiévales d'enfants de milieux modestes montrent que ces derniers sont mis au travail bien plus jeunes. C'est par exemple le cas de Jean de Brie, devenu berger du roi de France, et auteur d'un traité d'élevage où il explique qu'il a commencé à garder les troupeaux "alors qu'il n'avait que 8 ans, à l'âge où les enfants ont des poux dans la tête" ; il semble sous-entendre qu'il en a été chargé à un âge particulièrement tendre, plus, peut-être, que la plupart de ses contemporains. Mais il ne s'agissait que d'oies et d'oisons. Un an et demi plus tard, on lui confie la garde d'un troupeau de pourceaux, rôle bien plus dangereux : "Le soir, au retour des champs et pâtures, ils s'en revenaient si vite et si vigoureusement que ledit Jean, qui était alors bien jeune, ne pouvait les retenir ni les rattraper."






4 - L'âge des responsabilités.



L'autonomie.

10-11 ans est une phase charnière, juste avant l'âge adulte. Jusque-là, les parents avaient l'obligation de les surveiller de près : "Vous savez que, depuis leur naissance jusqu'à ce qu'ils aient 10 ans passés, les enfants sont en trop grand péril de mort et de maladie", rappelle le juriste Philippe de Beaumanoir au XIIIe siècle. Désormais, ils sont censés pouvoir se prendre en charge. Ainsi, le petit Jean de Brie se voit confier de nouvelles responsabilités : il mène l'attelage de chevaux à la charrue, puis garde un troupeau de dix vaches à lait avant de s'occuper de vingt-quatre agneaux "doux et innocents". Vers 11 ans, "vu que ledit Jean croissait en âge et en science pour la garde des animaux", on lui laisse la garde d'un troupeau de vingt-six moutons. Il assurera ce rôle jusqu'à 14 ans, âge auquel on lui confiera cette fois deux cents brebis…
Pour les juristes scandinaves du Moyen Âge, l'enfance s'arrête à 10 ans accomplis : "On appelle enfant un enfant jusqu'à 10 ans." C'est l'âge à partir duquel apparaît la responsabilité morale. Selon Jean Gerson, chancelier de l'université de Paris en 1395, "les enfants en qui Dieu a mis loquance et raison […] au moins depuis qu'ils ont passé 10 ans, ils ont franc arbitre de bien faire ou mal". Néanmoins, il ne faut pas les soumettre aux tentations : Jean Gerson explique aux parents qu'il faut dès cet âge séparer les filles des garçons et veiller à ce qu'ils ne dorment plus dans le même lit…


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La majorité.

12 ans constitue un moment clé dans la vie des jeunes. En Europe occidentale, c'est l'âge de la majorité pour les filles et celui d'une pré-majorité pour les garçons. Dans le monde scandinave, la période comprise entre 12 et 15 ans est une phase de semi-responsabilité juridique. Partout, la parole des préadolescents est prise au sérieux. Ainsi, 12 ans est l'âge minimum pour prêter serment et le témoignage d'un jeune de cet âge est jugé recevable dans une affaire criminelle. Les juges estiment en effet que sa mémoire est digne de confiance depuis deux ans déjà : les enfants ne peuvent témoigner dans un procès s'ils ont moins de 12 ans, mais on enregistre tout de même leur témoignage, qui devient recevable deux ans plus tard, à leur majorité, "car on se souvient bien de ce que l'on voit dans l'enfance à l'âge de 10 ou 12 ans", dit-on.
De même, les jeunes de 12 ans peuvent prendre des décisions qui engagent leur vie : à partir du XIIe siècle, c'est l'âge à partir duquel un oblat, remis au monastère dans son enfance, a le droit de décider de renoncer à la vie conventuelle. En milieu laïque, un jeune garçon de 12 ans peut décider de conclure une transaction commerciale ; cependant, du fait de sa jeunesse, il a encore le droit à l'erreur : pour réserver ses droits, on lui concède la faveur de pouvoir y renoncer une fois parvenu à l'âge adulte, c'est-à-dire à 14 ans.
En échange, les jeunes ont des devoirs : il leur faut désormais abandonner leurs activités ludiques et commencer à travailler. Une lettre de la famille Paston, datée de 1465, montre que les Anglais du XVe siècle estiment que 12 ans est l'âge auquel on doit commencer d'aider son père dans ses travaux : "Tout pauvre homme qui a élevé ses enfants jusqu'à l'âge de 12 ans trouve normal qu'à cet âge-là ceux-ci l'aident et lui soient de quelque utilité." Dans la vie paroissiale, c'est à cet âge qu'il devient inadmissible, sous peine de punition, d'ignorer le catéchisme.






5 - L'âge de la puberté.


Dès l'âge de 12 ans se pose la question délicate de la sexualité. Contrairement à l'enfance, à laquelle les lettrés attribuent la vertu de pureté, l'adolescence est très mal vue car considérée comme l'âge de l'impureté. Les médecins, tel Albert le Grand au XIII
e siècle, décrivent à loisir les modifications de l'organisme comme la mue chez les garçons, mais aussi le développement des organes sexuels et l'apparition du désir. Garçons et filles sont perpétuellement soupçonnés d'être sur le point de succomber à la tentation du péché de chair ; on redoute que les filles ne tombent dans la prostitution et que les garçons, frustrés par la perspective d'un mariage tardif, ne se laissent aller à pratiquer le viol des honnêtes femmes, l'inceste avec leur mère ou la sodomie avec leur pédagogue. Les inquiétudes des parents et des éducateurs ne sont, dans quelques cas, pas totalement infondées. À Avignon, par exemple, à la fin du Moyen Âge, les prostituées appelées "fillettes" de joie (ou ailleurs "fillettes publiques", "mignottes fillettes" et "fillettes amoureuses") entraient effectivement dans la carrière avant l'âge de 15 ans.


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Comme les jeunes filles, et contrairement aux femmes mariées, les prostituées laissent flotter librement leurs cheveux, indiquant par là leur disponibilité. Elles sont le plus souvent placées sous la surveillance des municipalités, exerçant dans des "bordelages" ou "clapiers". L'organisation municipale de la prostitution a pour mission d'éviter que les prostituées ambulantes ne constituent autant d'exemples déplorables pour les adolescentes. Ces "fillettes publiques" méritent bien leur nom : elles se mettent en effet, selon les textes médiévaux eux-mêmes, "au service de la chose publique [pro servicio reipublicae]" : d'abord en détournant les jeunes des cibles à protéger du viol (les filles et femmes de bourgeois) et, accessoirement, en contribuant aux charges citoyennes (elles ont l'obligation de participer, par exemple, à la lutte contre les incendies).


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La majorité des adolescents mènent une existence plus tranquille. Pour la plupart, les jeunes se contentent, comme aujourd'hui, de succomber à la fameuse "crise de l'adolescence" ; les filles se révoltent contre leur mère, qui cherche à leur interdire toute sexualité, les garçons se rebellent contre l'autorité du père, à qui ils restent soumis, matériellement, jusqu'à ce que ce dernier meure en leur laissant sa terre. La pratique de la mise en apprentissage dans des familles d'accueil évite nombre de ruptures familiales : les adolescents, sortis de leur famille, discutent alors plus volontiers avec leur maître, qui parvient mieux à canaliser leur agressivité, même si ce dernier s'est engagé par contrat à s'occuper d'eux "comme s'il était leur père".


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6 - L'âge adulte.


La phase que nous appelons aujourd'hui "adolescence" correspond à ce qui était, au Moyen Âge, l'entrée pleine et entière dans la vie adulte. Sur le plan civique, en France, en Flandre comme en Italie, des garçons de 14 à 15 ans sont couramment engagés dans les milices urbaines, où ils prennent les armes. 14 ans est l'âge minimum de l'entrée à l'université, alors réservée aux hommes. Dans le monde du travail, d'autres jeunes commencent l'apprentissage dès cet âge. Dans les trois derniers siècles du Moyen Âge, l'âge des apprentis fluctue en effet entre 14 et 25 ans. Enfin, 14 ans est considéré par un pédagogue d'Église tel que Jean Gerson comme "l'âge de pucelage", autrement dit l'âge auquel le garçon peut perdre sa virginité…



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14 ans est l'âge auquel les filles peuvent avantageusement être mariées. Philippe de Novare l'affirme : "L'on ne devrait jamais marier un enfant mâle avant qu'il n'ait 20 ans accomplis, mais doit-on volontiers marier les filles dès qu'elles ont dépassé 14 ans…" Trop attendre serait dangereux, pense-t-on. Cependant, la réalité dément ces âges idéaux, surtout valables dans la haute aristocratie : pendant les trois derniers siècles médiévaux, l'âge au mariage oscille plutôt entre 27 et 30 ans pour les garçons, 17 et 19 ans pour les filles.


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15 ans est l'âge auquel est fixée la fin de l'enfance. Comme l'écrit le juriste Philippe de Beaumanoir dans Les Coutumes de Beauvaisis : "Tant qu'ils n'ont pas atteint l'âge de 15 ans, ce sont des enfants." À partir de cet âge, le jeune a le droit de plaider en justice, de conclure une vente, d'être possesseur d'un fief, de devenir chanoine, voire cardinal, de rédiger un testament, de procéder à son élection de sépulture… Il n'est cependant pas pleinement adulte pour autant : les apprentis entre 14 et 25 ans sont par exemple considérés comme "mineurs pubères" le temps de leur subordination à un maître. Dans sa correspondance, un homme de l'aube des Temps modernes, Christophe Colomb, explique à plusieurs reprises que "20 ans, c'est âge d'homme".







Source Bibliothèque Nationale de France.


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Jehanne - dans La Famille
19 octobre 2007 5 19 /10 /octobre /2007 01:28
La famille médiévale.



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La famille de la fin du Moyen Âge est une famille nombreuse. Son modèle est celui du noyau conjugal avec plusieurs enfants, jusqu'à huit ou dix. Cette famille "nucléaire" n'est pas plus stable que celle d'aujourd'hui, mais pour des raisons différentes : le divorce est interdit par l'Église, même si dans la haute aristocratie la séparation entre les époux existe dans les faits ; en général, c'est la mort qui sépare les familles. Le père décède souvent avant la mère, obligeant celle-ci à se remarier pour nourrir sa progéniture.
La plupart des enfants habitent donc avec un beau-père, parfois avec une belle-mère ou "marâtre". Eux-mêmes ne sont pas épargnés par la mort. Un enfant sur trois n'atteint pas l'âge de 5 ans, un sur deux seulement fête ses 20 ans…
Ce n'est qu'une moyenne : aux périodes fastes, les enfants survivent majoritairement ; à d'autres, comme pendant la Peste noire de 1348, ils décèdent presque tous. Malgré la fragilité de leur existence, qui rend toujours incertaine aux yeux des parents leur survie au-delà des premiers mois, les enfants sont désirés et entourés d'affection.




Source Bibliothèque Nationale de France.

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Jehanne - dans La Famille
19 octobre 2007 5 19 /10 /octobre /2007 01:22
Le divorce au Moyen âge.




Au début du Moyen Âge, le mariage n'est pas consacré et les contrats écrits tombent en désuétude. Le mariage ne permet que de sceller des alliances. Il est donc considéré comme normal de pouvoir rompre le mariage.

Certaines lois barbares prévoient ainsi :

  • la répudiation de la femme par le mari, avec de nombreux cas possibles ;
  • la répudiation du mari par la femme, plus restrictive ;
  • le divorce par consentement mutuel.

L'Église n'est guère favorable au divorce et considère le mariage comme indissoluble. Cependant, les règles en la matière apparaissent surtout dans des décisions des conciles particuliers, qui n'abordent souvent que des cas particuliers et apportent des réponses contradictoires.

Pendant longtemps, deux doctrines s'opposent.

  • L'une tend à considérer que le mariage ne peut être rompu dans aucun cas, position s'appuyant en particulier sur saint Augustin.
  • L'autre réserve le divorce au cas d'adultère de la part de l'épouse. Elle se fonde sur deux phrases de l'Évangile selon Matthieu, notamment celle-ci : « Tout homme qui répudie sa femme, hormis le cas de prostitution, l'expose à l'adultère » (Mt, V, 32).

C'est la thèse de l'indissolubilité absolue qui l'emporte par la suite, devenant même la seule défendue au XIIe siècle.

L'Église tend à renforcer le caractère sacré du mariage, ainsi que son corollaire, l'indissolubilité.

Ainsi, en 805, elle rend obligatoire le passage devant un prêtre. Cependant, quelques années plus tard, la présence de seuls témoins laïcs est acceptée. En 1215, lors du IVe concile du Latran, le mariage devient un sacrement. L'indissolubilité fait l'objet de textes pontificaux repris dans les Décrétales de Grégoire IX.

À partir de cette époque, l'indissolubilité du mariage est considérée comme absolue jusqu'à la mort des époux. L'Église admet seulement la séparation de corps (parfois appelée divortium), qui interdit un nouveau mariage.

En 1563, l'Église confirme le statut de sacrement au mariage. En France, le pouvoir royal et les tribunaux confirment cette position.



Source Wikipédia.

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Jehanne - dans La Famille
19 octobre 2007 5 19 /10 /octobre /2007 00:55
Le mariage au Moyen âge.



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Le mariage ne commence à prendre un sens qu'au début du IXe siècle,  quand la monogamie s'installe dans les moeurs.
Les données, avant cette date, sont peu nombreuses et souvent anecdotiques. Ainsi, on sait que les filles d'aristocrates étaient fréquemment mariées dès l'âge de 14 ou 15 ans, alors que les filles issues des classes populaires étaient mariées plus tardivement. Au XIIIe siècle, on considère que les trois quarts d'entre elles sont mariées à 18 ou 19 ans. En revanche, à la même époque, les garçons se marient plutôt vers 25 ou 27 ans.

La mentalité laïque connaît une double morale selon le sexe. Si l'homme a le droit d'avoir des exigences avant de prendre épouse - la preuve de sa virilité est plutôt vue avec faveur, il n'en va pas de même pour les filles qui doivent arriver vierges au mariage.
Le mariage est avant tout, dans la seconde partie du Moyen Âge, l'affaire des parents ou des familles : le consentement mutuel n'a presque aucun poids, seule compte la perspective de « faire un bon mariage », qui augmentera le prestige de la famille tout entière.

Dans le même temps, certains mariages sont annulés, ce qui était impensable auparavant. Mais désormais, la stérilité, l'impuissance ou des liens consanguins entre les époux sont autant de raisons qui poussent à la dissolution.

A partir de la fin du XI
e siècle (réforme grégorienne), le mariage devient un sacrement, mais le prêtre n'y joue pas de rôle prépondérant. La messe de mariage est très rare, et la plupart du temps, le sacrement, c'est-à-dire la remise de l'anneau nuptial par le mari à son épouse, se déroule sur le parvis de l'église.

Cependant, dans les deux derniers siècles du Moyen âge, l'Eglise arrive à faire du sacrement du mariage un phénomène vraiment religieux grâce
en particulier aux rites de bénédiction du lit, de la maison des jeunes mariés par le prêtre et surtout de l'anneau nuptial. Les nouveaux époux voient souvent dans ce rite la garantie d'un mariage fécond et d'une fidélité à toute épreuve.


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L'union charnelle doit, selon l'Église qui régente la mentalité médiévale, n'avoir lieu que dans le cadre du mariage et dans l'intention de procréer. Elle peut même alors être cause de péché. Le « temps pour embrasser » est fort limité : l'année liturgique et le cycle de la femme constituant les deux grandes interdictions relatives aux rapports entre époux. Et seule la position de l'homme sur la femme lors du coït est licite aux yeux des clercs.
Avis aux amateurs de Braveheart: le
droit de cuissage n’était pas le droit du seigneur de dépuceler une jeune mariée mais celui de bénir le lit nuptial en y posant le pied (les époux n’étant pas en train de consommer leur union, bien sûr!!). Désolé pour les nostalgiques de cette époque...

 

 

Enluminure Parchemin et par pot.

Lien: http://www.parcheminetparpot.com/

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Jehanne - dans La Famille
30 août 2007 4 30 /08 /août /2007 10:05
La structure familiale


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Le Père.

519.jpgLe père est proche de ses enfants. Il a, prioritairement, la responsabilité de les élever et de les protéger, de les former à la vie noble ou de les intitier aux travaux agricoles ou artisanaux. Filles et garçons l'accompagnent aux champs, aux vendanges ou au marché pour vendre les produits de la terre. Mais il partage aussi les fonctions féminines traditionnelles jusqu'au plus humbles gestes de la puériculture. Dans les milieux populaires, en effet, il n'hésite pas à donner le bain aux bébés, à faire cuire leur bouillie et à les faire manger. Il prend part à leurs jeux, les surveille et les soigne quand ils sont malades. A chaque nouvelle naissance, le père est tout particulièrement sollicité, 304.jpgcar la mère, rendue impure par son accouchement et les suites de couches, est soumise à une obligation sociale et religieuse qui la contraint à garder le lit entre trente et quarante jours après la naissance, jusqu'à ses "relevailles", sa purification à l'église. Pendant cette quarantaine, le père trop pauvre pour entretenir une servante - ce qui est le cas de la majorité des familles rurales ou artisanes - doit continuer son activité professionnelle tout en assurant la totalité des tâches domestiques: le ménage, les courses, l'épuisant approvisionnement en eau, la cuisine, sans omettre les soins des enfants déjà nés. Tout va bien si un (ou une) aîné(e) est assez grand(e) pour l'assister. Mais, l'intervalle entre deux naissance ne dépassant pas deux ans, le cas le plus répandu dans les premières années de la vie conjugale est sans doute celui d'un père surchargé de très jeunes enfants échelonnés entre 2 et 6 ans, s'évertuant à tenir la maison sous le regard de son épouse alitée !







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La Mère.


170.jpgLa mère assure, avec l'aide des aînés, voire d'une nourrice, le gros des soins aux tout-petits, qui demeurent longtemps dépendants d'elle en raison d'un allaitement de longue durée. Elle transporte le dernier-né partout grâce à un porte-bébé en tissu ou en bois, ou à un petit berceau qu'elle porte sur la tête. Elle allaite en public, où qu'elle soit. Elle cuisine pour les enfants. Mais elle assume encore bien d'autres rôles, qu'on aurait crus réservés au père. C'est elle qui se voit chargée de l'éducation morale et de l'instruction catéchistique, sur laquelle, surtout en milieu rural, elle en sait plus que les hommes de la famille. En ville, les mères sont même capables d'enseigner les rudiments de l'instruction intellectuelle. Depuis le XIIIe siècle, bien des épouses de petits artisans savent lire, écrire et compter, savoirs indispensables à l'exercice de leur profession, car elles aident leur mari.



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Grands parents, oncles et tantes.

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Les enfants ont peu de contacts avec leurs grands-parents. Du côté maternel, ces derniers habitent souvent dans une ville différente ; du côté du père, souvent plus âgé que la mère, les grands-parents sont généralement décédés depuis longtemps. Seuls les membres des grandes familles, qui rassemblent plusieurs générations sous le même toit d'un château ou d'une vaste propriété, accueillent parfois un aïeul survivant, lequel s'occupe alors avec tendresse des plus jeunes.
Les oncles et les tantes contribuent également à leur éducation. Dans les milieux aristocratiques, les oncles, notamment maternels, assurent la formation chevaleresque de l'enfant. On connaît moins leur rôle dans les milieux modestes.









Parrains et marraines.


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À la fin du Moyen Âge, leur rôle est plus symbolique que pratique, et limité aux grands moments de la vie : les parrains et marraines, par exemple, mènent le nouveau-né sur les fonts baptismaux et portent l'enfant défunt au cimetière. Ils sont censés être les garants de l'enfant auprès de l'Église et doivent, en théorie, lui enseigner les rudiments de la foi ; dans la pratique, c'est la mère qui se charge de cette tâche.










La nourrice.


182.jpgLa nourrice est en tout point une mère de substitution, surtout lorsqu'elle vit au foyer des parents. Sa fonction principale est d'allaiter l'enfant dont elle a la charge, parfois jusqu'à l'âge de 2 ou 3 ans. Elle joue aussi un rôle essentiel dans l'éducation et le soutien psychologique des petits. Elle est présente dans tous les milieux, dès qu'une famille, même rurale, est assez aisée pour payer ses gages. Les sentiments mutuels d'affection qui se nouent entre les enfants et leur nourrice, qui habite souvent au foyer parental, sont si forts que les parents s'en plaignent, redoutant de se voir supplantés dans le cœur de leurs propres enfants.
Si l'on en croit les médecins de l'époque, la nourrice idéale doit avoir entre 25 et 30 ans, être en bonne santé, avoir un heureux caractère pour ne pas rendre l'enfant triste, être dotée d'une intelligence certaine pour ne pas le rendre sot. Elle doit ressembler le plus possible à la mère, car on croit que, par le lait, la femme continue de façonner l'apparence physique et l'esprit du bébé, et de lui transmettre la mémoire familiale ; dans les faits, néanmoins, les familles riches d'Italie ou de la France du Sud n'hésitent pas à engager des esclaves noires… La nourrice n'a pas le droit d'être enceinte, car le lait d'une femme qui attend un enfant est jugé nocif. Les contrats d'engagement des nourrices prévoient ce cas de figure et sa sanction : le renvoi immédiat.



Les frères et les soeurs .

184.jpgTrès souvent, la mère est retenue dehors toute la journée : à la campagne, les travaux agricoles ne manquent pas ; à la ville, elle peut être porteuse d'eau ou vendeuse de rue. Prendre un bébé avec soi dans ces conditions n'est pas toujours facile. Quand une famille ne peut s'offrir le luxe d'une nourrice, la garde des tout-petits est alors confiée aux aînés, garçons ou filles, parfois dès 3 ans. Selon leur âge, il peut s'agir d'une responsabilité de quelques minutes ou de quelques heures. Le premier-né, évidemment, n'a pas cette chance ; la mère doit se résoudre à le laisser à la maison sous la protection d'un saint… Ces pratiques peu fiables sont la cause d'accidents domestiques variés qui entraînent la mort de nombreux enfants.
Pour autant, avoir des frères et sœurs ne constitue pas seulement une responsabilité écrasante : comme le rappelle joliment un poème juif du XIIe siècle, composé en Espagne, l'enfant est "le rire de ses frères". Dans un monde où les pères laissent souvent des enfants orphelins, l'établissement de bonnes relations entre frères et sœurs est une obligation de survie. Face aux tâches de la vie domestique, garçons et filles sont sur le même plan. C'est leur rang dans la fratrie qui leur confère leur rôle social ; l'aîné, quel que soit son sexe, est toujours investi d'une responsabilité de type parental.


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Sources : Bibliothèque Nationale de France.
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Jehanne - dans La Famille
29 août 2007 3 29 /08 /août /2007 21:03

 

 

L'enfant et la famille au Moyen Age

Lorsque les jeunes gens ont décidé de faire "pot et feu commun", ils se marient.

Si, à partir du début du IX siècle, la monogamie s'impose petit à petit à l'ensemble de la société, en revanche, le consentement mutuel des deux futurs mariés se trouve, dans les milieux aristocratiques, en concurrence avec une volonté des familles et des lignages de réaliser " un beau mariage " ,instrument de l'essor de leur richesse et de leur prestige. Le principe d'indissolubilité, lui aussi, résiste mal aux ambitions lignagères et de nombreux mariages nobles sont annulés sous prétexte de stérilité, d'impuissance ou à la suite de la découverte d'un lien de consanguinité entre les époux.

Dans l'aristocratie mérovingienne et carolingienne, nombreuses sont les fi1les mariées très jeunes. On sait, par exemple, que Bathilde a environ 15 ans lorsque le maire du palais de Neustrie Erchinoald la marie à Clovis II vers 650-65 1 et qu'elle a à peine 17 ans lorsqu'elle donne naissance au futur Clotaire III (né en 652). Hildegarde n'a pas encore 15 ans lorsqu'elle épouse Charlemagne et la princesse byzantine Theophano est mariée avec l'empereur germanique Othon II, en 972 alors qu'elle est âgée de 11 ans.

Dans les classes populaires, l'âge du mariage des filles doit, sans doute, être un peu plus tardif. Au XIII siècle, on considère que les trois quarts d'entre elles sont mariées à 18 ou 19ans En revanche, à la même époque, les garçons se marient plutôt vers 25 ou 27 ans. Même si, à partir de la fin du XI siècle (réforme grégorienne), le mariage devient un sacrement le prêtre n'a pas le rôle prépondérant qu'il peut tenir dans les autres sacrements (baptême, Eucharistie, confession, pénitence, extrême-onction).

Lors des noces, il est plutôt témoin du lien qui se noue entre un homme et une femme (et aussi entre deux familles) qu'acteur. En effet, la messe de mariage est encore exceptionnelle dans de nombreuses régions de la chrétienté. C'est ce qui explique pourquoi le rite principal qui, selon l'Église, fait le sacrement de mariage, à savoir l'échange des consentements, matérialisé par la remise de l'anneau nuptial par le mari à son épouse, se déroule souvent sous le porche de l'église.

Cependant, dans les deux derniers siècles du Moyen Age, l'Église arrive à faire du sacrement du mariage un phénomène vraiment religieux grâce en particulier aux rites de bénédiction du lit, de la maison des jeunes mariés par le prêtre et surtout de l'anneau nuptial. Les nouveaux époux voient souvent dans ce rite la garantie d'un mariage fécond et d'une fidélité à toute épreuve. C'est au sein de l'institution matrimoniale que doit se faire la procréation. Raymond Lulle, à la fin du XIII siècle, explique à son fils que le mariage " est assemblement corporel et espirituel ordené por avoir enfanz qui soient serviteurs de Dieu ". Gilles de Rome, à la même époque, pense que " la meson d'un homme et son ostel n'est pas parfet se la femme et le mari n'ont enfanz ". On comprend que les enfants illégitimes, nés hors mariages, soient assez mal considérés, surtout à partir du XII siècle où ils sont souvent exclus des héritages dans les milieux aristocratiques.

On comprend aussi, selon cette conception, combien la stérilité est très mal vécue par les couples qui se demandent quel péché ont-ils pu commettre pour que Dieu les punisse ainsi.De nombreux récits de miracles mettent en scène un couple qui ne peut avoir d'enfant et qui implore l'intercession d'un saint ou de la Vierge .

Les nobles vivent cette " panne d'héritier " d'autant plus douloureusement que l'enfant qui doit naître est aussi celui qui doit perpétuer le nom et le patrimoine de la famille. Pourtant, il arrive que des parents tentent, pour diverses raisons et par différents moyens, de ne pas avoir d'enfants.

 

 La contraception, l'avortement et parfois l'infanticide sont attestés.

 

Tout au cours du Moyen Age, des documents nous informent sur la lutte que l'Église mène contre ces pratiques qui visent à aller à l'encontre de la nature d'essence divine et nécessairement bonne Dès le Haut Moyen Age, les pénitentiels nous renseignent sur des potions magiques que certaines femmes absorbent pour éviter d'être enceintes. Burchard de Worms, par exemple, au début du XI siècle, interroge : " As-tu fait comme beaucoup de femmes, elles prennent leurs précautions pour ne pas concevoir (...) avec les maléfices et les herbes ". Il se montre particulièrement sévère puisqu'il préconise, comme pour un homicide, sept ans de pénitence.

Cette pratique permet soit de limiter le nombre d'héritiers, soit dans les couches populaires souvent en difficulté, de réduire le nombre de bouches à nourrir. Il faut cependant nuancer l'idée d'une contraception répandue au Moyen Age, essentiellement à cause du peu d'efficacité de ces pratiques qui reposent sur des connaissances imprécises.

La grande majorité des hommes et des femmes du Moyen Age n'ont sans doute guère pu contrôler de manière efficace le nombre de naissances. La meilleure méthode, vivement encouragée par l'Église, pour restreindre sa descendance, est de respecter les canons ecclésiastiques qui prônent la continence à certaines périodes de la semaine et de l'année. L'avortement est également attesté. Les documents ecclésiastiques dénoncent l'utilisation à des fins abortives de graines de fougère ou de gingembre, des feuilles de saule, d'épidème, de rue, des mélanges d'aloès, du persil, du fenouil ou encore des bains de camomille. Les condamnations de l'avortement au Moyen Age sont toujours très sévères.

Cependant, deux critères modifient les peines qu'encourent ceux et celles qui se livrent à une interruption volontaire de grossesse : le contexte de la conception et l'âge du fœtus. Le législateur distingue toujours nettement, en effet, la femme qui a agi dans le plus grand dénuement, pour laquelle la condamnation est plus légère, de la fornicatrice cherchant à celer son crime jugée plus sévèrement. Le législateur tient compte également du fait de l'animation du fœtus. On peut lire, par exemple, dans le pénitentiel de Bède (VII siècle) : " La mère qui tue l'enfant qu'elle porte dans son sein avant le quarantième jour après la conception jeûnera pendant un an, et après le quarantième jour, pendant trois ans." Mais cette distinction n'a d'importance que théorique car dans la pratique, il est clair que personne n'est capable à l'époque de déceler une grossesse si précocement, ce qui limite sensiblement l'efficacité des pratiques abortives.

Reste alors l'infanticide. . . Il ne faut pas exagérer, comme on l'a souvent fait, cette pratique au Moyen Age. Le respect de la vie et l'amour très grand pour les enfants limitent considérablement ce type d'homicide. Cependant, comme à toutes les époques, hélas, des parents désœuvrés, pouvant à peine se nourrir, ont dû porter atteinte à la vie du nouveau-né. Des conciles condamnent les parents qui étouffent leurs enfants en couchant avec eux ou les mères qui ont permis que leurs nourrissons soient ébouillantés près du feu. Mais, dans ce cas, il s'agit souvent d'imprudence plus que d'acte volontaire.

 

 La femme enceinte est surprotégée

Lorsqu'ils condamnent, les législateurs, là encore, font souvent la différence entre les femmes démunies pour lesquelles la peine est beaucoup moins lourde et les autres. Au Moyen Age, si l'infanticide existe, en aucun cas il n'est un phénomène massif et il est presque toujours lié au dénuement, à l'adultère et à la peur que le crime soit découvert. Il est clair que dans la majorité des cas, les pauvres femmes préfèrent tenter d'abandonner leur enfant, solution la plus chrétienne de se séparer d'une progéniture que l'on ne peut élever. L'Église légitime l'abandon pratiqué par les plus démunis et encourage vivement les parents qui ne peuvent faire autrement à se dessaisir d'un de leurs enfants en venant le déposer dans des lieux publics, en particulier aux portes des églises afin qu'ils soient trouvés plus sûrement. Mais ces cas de refus d'enfant sont, somme toute peu nombreux et compensés par un réel désir d'enfant dans la très grande majorité des familles.

La femme enceinte est toujours surprotégée. Elle est autorisée, pat exemple, à ne pas comparaître à une convocation de tribunal et elle peut quitter l'église lorsqu'elle le désire. Dans une grande majorité de lois médiévales, si une femme enceinte est condamnée à mort, on ne peut pas mettre la sentence à exécution et les juges sont obligés d'attendre l'accouchement. La peur est grande de tuer l'enfant qu'elle porte mais aussi de donner la mort à une femme qui, mystérieusement s'apprête à donner la vie. L'enfant est né. Qu'il soit garçon ou fille, il est très vite entouré de soins attentifs par ses parents. Les historiens médiévistes ont désormais montré que les thèses de Philippe Ariès - qui soutient, en 1991, que le concept d'enfance n'existe pas - sont fausses et que l'enfant au Moyen Age est aimé, éduqué, reconnu dans sa nature particulière.

Les textes médiévaux répètent souvent que les parents doivent chastier leur enfants. Chastier signifie, à la fois, réprimander et instruire. Le sens de ce mot n'entraîne pas nécessairement un châtiment corporel. Même si les traités de pédagogie préconisent l'utilisation de punitions physiques, beaucoup d'entre eux conseillent d'y recourir en dernière instance, lorsque la persuasion a échoué et insistent sur la nécessité d'une grande modération des coups pour qu'ils soient " efficaces ". L'éducation médiévale se fait donc d'abord" par la parole et par l'exemple ".

Pour le tout petit enfant, la mère est très présente. En particulier, c'est elle qui assure la transmission de la foi chrétienne. Jean de Joinville, par exemple écrit, à propos de Saint Louis : " Dieu le garda par les bons enseignements de sa mère qui lui enseigna à croire en Dieu et à l'aimer ". Exemple royal qui se retrouve dans tous les milieux : Jeanne d'Arc dit, lors de son procès, que c'est sa mère qui lui a appris les trois prières que tout bon chrétien doit connaître : le Pater Noster, le Crédo et l'Ave Maria. On voit des mères accompagnant l'enfant à l'église, lui montrant des images sacrées ou des statues, lui enseignant les gestes de la prière. Cet enseignement des valeurs chrétiennes par la mère passe aussi par tous les objets de la vie quotidienne.

On a retrouvé, pour la fin du Moyen Age, des bols-abécédaires ornés d'une croix, des chapelets, des bouliers ou des jouets pieux pour enfants. La mère joue également un rôle particulièrement important dans l'éducation de l'adolescente, en lui transmettant un certain nombre de valeurs, de savoir-faire dans le domaine domestique bien sûr mais aussi pour la préparer à sa future vie de femme.

Il est faux de croire qu'au Moyen Age, le tout petit enfant est élevé uniquement par sa mère et que, subitement, il quitte un monde de femmes pour être propulsé dans un monde d'hommes. Le père aussi intervient dans le domaine de la puériculture. Lorsqu'un couple a de nombreux enfants, lorsque la mère connaît un handicap ou tarde à se remettre d'un accouchement difficile, il est évident que le père s'occupe des bébés, surtout dans les milieux plus défavorisés, ne bénéficiant pas d'aides.

Lorsque l'enfant grandit, le père est aussi très présent auprès de ses enfants. Des images plus profanes laissent voir une grande complicité père-enfant, dans le jeu comme dans le travail : les petits ramassent des glands lorsque le père abat un chêne, effraient les oiseaux dans les champs pendant que le père sème du blé, tiennent les pattes du mouton que le père tond et, à la vendange, veulent l'aider à fouler le raisin dans la cuve. La forte présence des parents aux côtés de leurs enfants et le grand souci éducatif vont de pair avec une grande tendresse parentale. Les exemples ne marquent pas. Au milieu du XII siècle, en Angleterre, un enfant à peine âgé de 3 ans " soudain frappé de maladie, poussa des cris sinistres et fut misérablement abattu comme ses parents. L'un dit à l'autre : "Prends l'enfant, réchauffe-le dans tes bras".

Elle obéit et le blottit en fredonnant dans son giron comme elle en avait l'habitude, mais ni les baisers ni les caresses de sa mère n'améliorèrent son état Avec délicatesse, elle le mit à nouveau au berceau sur le côté mais même ainsi, la douleur ne put s'adoucir ". L'enfant meurt mais, comme il s'agit d'un récit de miracle, il ressuscite grâce a l'intervention d'un saint.

A Montaillou, à la fin du XIII siècle, une femme cathare, condamnée pour hérésie, est emmenée par les inquisiteurs. Elle quitte la maison et sait qu'elle ne reverra plus jamais son enfant au berceau (elle mourra sur le bûcher) : " Elle voulut le voir avant de s'en aller ; le voyant, elle l'embrassa ; alors l'enfant se mit à rire ; comme elle avait commencé à sortir un petit peu de la pièce où était couché l'enfant, elle revint de nouveau vers lui ; l'enfant recommença à rire ; et ainsi de suite, à plusieurs reprises. De sorte qu'elle ne pouvait parvenir à se séparer de l'enfant. " Cette scène émouvante mais terrible en dit long sur les sentiments de la mère pour son enfant et sur le déchirement que représente pour elle cette séparation.

Dans le domaine de l'affectivité, les péres médiévaux ne sont pas en reste. C'est sans aucun doute lorsqu'il y a mort d'enfant que les sentiments parentaux se donnent le plus à voir, comme en témoigne, par exemple, la douleur du Florentin Filippo di Bemardo Manetti qui, lors de la peste de 1449-1450, en l'espace d'un mois et demi, perd sa femme, sept de ses filles et son fils unique âgé de 14 ans et demi. Voici l'éloge qu'il fait de ce dernier : " Je ne crois pas qu'il en naisse beaucoup de pareils à lui, aucun qui soit plus obéissant, plus respectueux, plus pur ni plus prudent et qui soit plus apprécié de tous ceux qui le voient. "

 

 Des êtres unis par des liens très forts

Ce qui, chez ce père italien force le plus l'amour et l'admiration qu'il éprouve pour son fils, est la manière dont son enfant s'est préparé à la mort ; " (Il) Reçut le corps de Notre Seigneur Jésus-Christ avec tant de contribution et de révérence que les spectateurs en furent emplis de dévotion ; enfin, ayant demandé l'huile très sainte et continuant de psalmodier avec les religieux qui l'entouraient, il rendit patiemment son âme à Dieu. " Tant il est vrai que la famille médiévale est une communauté juridique de personnes issue du mariage qui vivent " à pot et à feu communs ", mais aussi une communauté psychologique d'êtres unis par des liens affectifs extrêmement forts.

 

 Didier Lett       Chargé de cours en Histoire médiévale à l'université de Paris I-Sorbonne, détaché au CNRS

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