Le blog vivre au Moyen âge a pour but de renseigner le lecteur sur les us et coutumes du Moyen âge. Les articles et iconographies publiées dans ce blog sont le fruit de mes recherches sur internet et dans les livres . Je ne suis pas auteur des textes publiés qui sont des citations extraites de mes trouvailles. Bon voyage dans le temps !!!!
Li fous se fait oïr en son ris
On disait au Moyen Age que chevaucher un ours guérissait de la folie (cette image ornait même certaines pièces de monnaie).
La Folie tient une place très importante dans le littérature médiévale. Il existe une telle polyvalence du mot fou au Moyen Age, qui embrasse un champ sémantique si vaste, qu'il devient presque
impossible de dégager une image précise. Nous allons pourtant essayer de découvrir les différents termes qui désignaient celui dépourvu de sagesse, puisque la folie exclut la sapientia, qui est
une vertu.
Les mots qui désignent la folie
Au Moyen Age, il faut distinguer les fous furieux que l'on enferme, des possédés que l'on exorcise aussi bien que des mélancoliques victimes d'humeurs.
Le fou peut-être inspiré, être l'objet d'illuminations et voir ainsi les choses avec justesse : c'est le constat d'une pathologie tout à fait particulière qui fait craindre le fou comme la peste
(on isole les lépreux, le lèpre disparaissant ce sont les fous que l'on enferme) et qui fait que parfois on puisse lui accorder de l'importance. On peut tout aussi bien se méfier de lui et le
mettre en avant car on n'oublie pas qu'il peut fournir une vision du monde qui échappe à la coutume : il détient la connaissance.
Mais la plupart du temps, le sort réservé aux fous n'est pas enviable, on le bat, on le chasse parfois, on le vend à des marchands peu scrupuleux. En résumé, la folie n'a sa place que dans la
hiérarchie des vices, raison pour laquelle, elle tient le devant de la scène.
Le mot folie vient de fol, "enflure, bosse, grosseur", puis de folis, "soufflet, sac, ballon, outre remplie de vide". Mais on emploie, selon les circonstances, les mots suivants :
dervé, forme picarde de desré, mot qui vient de derver "rendre, devenir fou"
forsené, c'est-à-dire "le fou furieux". Il est souvent dangereux, incontrôlable, se livrant à toutes sortes de violences.
Orgoil, du francique *urgôli, signifie "fierté, démesure"
l'hybris grecque désigne "celui qui dépasse les règles de la sociéte"
Descuidier est le "comportement original de celui qui perd la tête"
Desverie "folie plus ou moins violente"
Forsené, enragié "folie médiévale"
Le fou de nature, le simple d'esprit, le sot, le niais, l'écervelé est nommé en ancien français le desré.
Dans son sens étymologique, le fou désigne "celui qui est aveugle à la sagesse de Dieu et qui est acharné à sa perte".
Le fou d'amour est celui qui abandonne la réalité en faveur de l'adoration obsédante de sa dame. Le fol amor est l'amour impudique et bassement sensuel.
Il existe aussi le fou professionnel ou fou de cour.
Dans le Jeu de la Feuillée d'Adam de la Halle, le fou est placé au centre de l'action, il se fait le porte-parole de l'auteur lorsqu'il entreprend de critiquer la société.
Esvertin , "avertin, folie", le mot désigne de nos jours la maladie des moutons.
Les caractéristiques du fou
Le fou est l'opposé direct du chevalier. Retiré ou exclu de la société, on le rencontre aisément dans la forêt. Dans la littérature, il est fréquent (c'est d'ailleurs un lieu commun) de
s'apercevoir que le chevalier perdra la raison en s'égarant dans la forêt.
Les attributs du fou
Avant de rencontrer dans l'imagerie populaire le fou représenté de façon tout à fait codifiée : vêtement particulier aux couleurs établies, il apparaît aussi échevelé que tondu.
Le fromage est l'attribut du fou par excellence. Le fourmage est l'aliment qui dans les livres d'hygiène alimentaire apparaît comme nuisible au cerveau.
Autre attribut, la massue qui l'est aussi pour les paysans et les géants.
Les fêtes des fous
Ce divertissement, qui peut nous sembler aujourd'hui grossier et répugnant, n'est pas aussi vain qu'il y paraît, si on se penche sur
l'étymologie du mot folie, venant de fol, « enflure, bosse, grosseur », puis de folis, « soufflet, sac, outre rempli de vide » comme nous l'avons dit plus haut. Ainsi, faire le fou en temps de
Carnaval, c'est montrer à tous, le vide que l'on a dans la tête, c'est-à-dire la déraison, mais aussi exhaler par tous les orifices l'air qui nous emplit !
De plus, une croyance populaire donnait un sens sacré aux flatulences :
« Car le diable croyait sans faille que l'âme par le cul s'en aille. »
(Rutebeuf)
Elisabeth Féghali