Isabeau de Bavière.
Reine de France (Munich, 1371 — Paris, 1435).

Le mariage d'Isabeau de Bavière avec Charles VI, le 17 juillet 1385, est le résultat des calculs
politiques du frère de Charles V, Philippe III le Hardi, qui avait reçu la Bourgogne en apanage. En effet, Philippe le Hardi cherchait des alliances en Allemagne et Isabeau
était la fille du duc de Bavière, Étienne II de Wittelsbach, et de Tadea Visconti.
Une régente impopulaire.
Rien ne destinait cette jeune princesse, capricieuse et sensuelle, avide de plaisirs, à jouer un rôle important. La folie du roi, qui se déclare en 1392, en fera pourtant la régente
du royaume. Elle se trouva alors au centre de toutes les querelles et intrigues inexpiables qui culminèrent avec la guerre civile des Armagnacs et des Bourguignons.
L'histoire n'a retenu que ses vices, sa cupidité, ses trahisons, ses crimes. Dans son Histoire secrète d'Isabeau de Bavière, le marquis de Sade a vu en elle une incarnation du vice
et le portrait qu'il donne d'elle s'est imposé à tous. Piètre politique, elle ne fut guère à la hauteur de la situation et laissa les parents du roi, oncles, frère, cousin, se disputer
le pouvoir, soutenant d'abord le duc de Bourgogne puis le duc d'Orléans.
Un fil conducteur guida tous ses choix: trouver de l'argent pour ses fêtes et pensionner son avide et encombrante famille. Devenue très vite impopulaire, elle fut particulièrement visée par
l'émeute cabochienne de 1413 (l'écorcheur parisien Simon Lecoustellier, dit Caboche, soutenait les Bourguignons contre les Armagnacs).

L'instigatrice de la double monarchie.
Pourtant, consciente de représenter le pouvoir légitime, Isabeau chercha avec son fils, le dauphin Louis (qui meurt en 1415), à unir les deux factions ennemies, mais elle échoua.
Exilée à Tours par les Armagnacs, elle se lia alors avec le duc de Bourgogne, Jean sans Peur, qui la délivra. À la fin de 1417, elle organisa à Troyes un gouvernement étroitement
contrôlé par les Bourguignons. C'est alors qu'on lui reprocha deux «crimes» majeurs. Tout d'abord, le traité de Troyes conclu en 1420 par elle et le duc de Bourgogne, Philippe le
Bon (Jean sans Peur meurt en 1419), avec le roi d'Angleterre, Henri V, traité qui donnait la France à l'Angleterre. Elle avait essayé de négocier avec Henri V sur des
bases différentes de celles du duc de Bourgogne, mais en vain; elle se résigna donc à la solution de ce dernier, qui instaurait le principe d'une double monarchie, française et anglaise,
au profit du roi d'Angleterre. L'unique enfant survivant de Charles VI et d'Isabeau (le futur Charles VII), qualifié de «soi-disant dauphin», était déshérité. Ce fut le
second «crime».
Charles VI mort (1422), la double monarchie était en place. Henri VI, fils d'Henri V, était reconnu héritier légitime du roi de France. Isabeau, retirée dans l'hôtel
Saint-Pol, mourut dans le mépris général.