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9 décembre 2007 7 09 /12 /décembre /2007 08:42
Outils et techniques du chantier.




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Représentant à la fois le bureau d'études d'ingénierie, le coordinateur tous corps d'état et le conducteur de chantier, le constructeur du XIIIe siècle devait, en particulier, mettre au point les engins nécessaires à l'équipement du chantier.
On retrouve souvent sur des dessins, des peintures, des miniatures ou des bas-reliefs du Moyen Âge, les engins de levage ainsi que les instruments utilisés sur les chantiers du temps de Villard : le compas, l'équerre, la règle, le cordeau, le niveau, ou les "moles".



Engins de levage.

Les constructeurs gothiques utilisaient des machines pour soulever bois et pierres. Les plus puissantes étaient composées d'une grande roue en "cage d'écureuil" mue par des hommes se déplaçant à l'intérieur de celle-ci. Parmi tous les dispositifs mécaniques qu'il a imaginés, Villard nous a légué les dessins d'une machine élévatoire.


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Le compas.

Les compas utilisés du temps de Villard sont de plusieurs types.
Villard a figuré dans son Carnet un compas à secteur dans lequel le quart de cercle, fixé sur l'une des branches, coulisse à travers l'autre branche ce qui permet à la fois le blocage du compas sur certaines positions d'ouverture et l'utilisation de graduations gravées sur le secteur courbe pour retrouver angles et proportions.
Les compas à branches articulées se faisaient de diverses dimensions, avec ou sans "secteur" et en général sur le chantier, à pointes sèches, facteur de précision. Sur le chantier, l'architecte en compagnie de son aide, l'appareilleur, utilisait un très grand compas pour reporter, grandeur nature, les tracés des projets sur les pierres.


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L'équerre.

Pour l'ouvrier de l'époque de Villard, l'équerre est le gabarit d'un angle droit. L'équerre de Villard présente, comme certaines équerres qu'on trouve sur des bas-reliefs, la particularité que les angles droits qui sont de part et d'autre des branches ont leurs côtés non parallèles. Cette légère convergence a donné lieu à diverses hypothèses. Les deux branches d'une équerre pouvaient comporter des repères gravés permettant de tracer des angles particuliers ou des rapports utiles (côté du carré et sa diagonale, proportion dorée, angles correspondant à différentes figures).
Sur un vitrail de la cathédrale de Chartres, qui représente les outils des maçons et des tailleurs de pierre, on voit une curieuse équerre dont l'une des branches est courbe, la tangente à la courbe au raccordement avec la branche droite étant perpendiculaire à cette branche. C'est en somme un gabarit adapté à une courbe donnée, et qui permet, à partir d'un rayon, c'est-à-dire d'un joint entre deux claveaux, de tracer la courbe de l'intrados de l'arc.


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La règle.

La virga, ou latte à mesurer, était un instrument de mesure simplificateur par définition.
Étalon de longueur sur le chantier, il répondait à la fois à une économie de matière, à une commodité de manipulation, à un moindre encombrement à l'atelier et sur le chantier ainsi qu'à une facilité d'accession qui ne nécessitait pas obligatoirement de savoir lire. Il pouvait notamment permettre de réaliser une opération d'implantation au sol.
La virga est parfois représentée, sur certaines miniatures, entre les mains de l'architecte comme une baguette de chef d'orchestre.
À une époque où les mesures variaient d'une province à l'autre et même d'une ville à l'autre, et où chaque ouvrier n'avait pas, comme aujourd'hui, son mètre pliant ou roulant dans la poche de sa cotte, la virga était la mesure propre à chaque maître d'œuvre et l'insigne de son commandement.


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Le cordeau.

Le cordeau est l'outil simple et pratique sur tout chantier. Lesté, il sert de fil à plomb et définit la verticale, s'il n'y a pas de vent...
Il sert aussi à tracer des rayons convergeant sur un centre et permettait de tracer les joints d'un arc à partir du centre.
Le cordeau peut aussi permettre de tracer, sur le terrain ou l'aire de traçage, des cercles de n'importe quelle dimension. Il peut matérialiser des droites et reste d'usage courant sur les chantiers pour marquer les axes principaux ou les parements des murs. On pouvait aussi en principe, mais de façon plus approximative en pratique, trouver le centre d'un arc en prolongeant avec un cordeau les joints d'un claveau, ou d'un voussoir.
Villard montre comment en enroulant un cordeau autour d'un cylindre, sur lequel des points ont été régulièrement disposés le long de génératrices, on peut tracer une hélice, pour tailler une vis.



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Le niveau.

Le niveau, parfois combiné avec l'équerre, servait à vérifier les aplombs.
Au XIIIe siècle, les constructeurs n'ont à leur disposition que différentes formes de niveau à plomb.
L'archipendule servait de niveau et d'équerre et pouvait aussi être utilisée pour mesurer des pentes grâce à des repères sur la traverse.
Villard montre en plusieurs endroits une sorte de niveau-règle.
Lorsqu'il parle de "plomb", il peut désigner le plomb du niveau qui permet de mettre cet instrument horizontal ou vertical en modifiant le point d'attache du fil. En général, d'ailleurs, les deux termes "sans plomb et sans niveau" sont couplés.



Les "moles".

Exécutés en métal ou en bois, les "moles" étaient des modèles (des "patrons" au sens où l'entendent les tailleurs d'habits) des différentes faces des pierres. Ce mot désignait aussi les gabarits qui indiquent la section et les profils des moulures, des nervures, des bandeaux, des saillants, des colonnes et piliers de toute espèce. Plaques découpées de faible épaisseur, sur le modèle duquel on taillait le profil et qu'on faisait courir sur toute la longueur de l'élément profilé pour en vérifier la conformité, ces gabarits pouvaient êtres utilisés pour des éléments courbes.
Ces modèles, grandeur nature, étaient encombrants et onéreux mais permettaient l'exécution à distance, sur le lieu où l'on taillait les pierres. Pour réduire la dépense et faciliter le travail, tant de ceux qui les dessinaient et les découpaient que de ceux qui les utilisaient pour tailler la pierre, il fallait réduire autant que possible le nombre de modèles différents. Ainsi les constructeurs étaient-ils amenés à rechercher la standardisation des pierres.
À plusieurs reprises reviennent dans le carnet de Villard de Honnecourt des expressions telles que sans mole (sans modèle), sans niveau, sans plomb, comme si l'un des soucis des architectes du XIIIe siècle avait été, chaque fois que possible, de se passer de ces moyens qui intervenaient dans l'exécution. Les erreurs possibles d'un nivellement exécuté de proche en proche, avec un niveau de dimensions réduites, ou la difficulté d'utiliser un fil à plomb le long d'une paroi parsemée de saillies expliquent sans doute le souhait de pouvoir se passer parfois de ces instruments. Quant à l'intérêt de se passer de "moles", il réside dans l'économie réalisée, les modèles, reproductions grandeur nature généralement en bois des faces des pierres à tailler, étant onéreux.



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Source BNF.

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8 décembre 2007 6 08 /12 /décembre /2007 08:51
Henri VI.




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Henri VI d'Angleterre (6 décembre 1421 – 27 mai 1471), duc de Cornouailles, fut roi d'Angleterre de 1422 à 1461, puis de 1470 à 1471.

Il était le seul enfant du roi Henri V d'Angleterre. Sa mère était Catherine de Valois.

Il devient roi le 1er septembre 1422, à l'âge de neuf mois. Sa mère, parce que Française, est immédiatement séparée de son enfant par les régents. Elle doit vivre recluse, mais elle épouse, en secret, Owen Tudor, et ils ont plusieurs fils. (L'aîné, Edmond, sera le père du roi Henri VII. Henri VI le fait comte de Richmond.)

Il est sacré roi de France à Notre-Dame de Paris le 16 décembre 1431, à l'âge de dix ans. Cependant, en application de la loi salique, ses droits sur le Trône de France sont révoqués. L'adage "Nemo ad alium transfere potest quam ipse habet" (on ne peut transmettre plus de droits que l'on en possède) implique que sa mère, Catherine de Valois, fille de Charles VI de France, ne pouvait lui transmettre des droits à la succession de la Couronne, puisqu'elle-même n'en possédait pas. Charles VII est donc rétabli sur le Trône.

Henri, pieux et paisible, n'est pas le meilleur roi pendant une période de guerre avec la France. Il épouse Marguerite d'Anjou (1430-1482) fille de René Ier, duc d'Anjou, et d'Isabelle Ire de Lorraine, qui lui donne un fils, Édouard (1453-1471), prince de Galles, qui épouse en 1470 Anne de Neville (1456-1485)

Petit-fils du roi de France Charles VI le Fou par sa mère Catherine de Valois, il souffre lui aussi d'accès de démence (notamment à partir de 1453) et sombre complètement dans la folie suite à son premier emprisonnement à la Tour de Londres en 1465.

Henri est déposé le 4 mars 1461, par Édouard IV. Restauré sur le trône le 30 octobre 1470, il est à nouveau déposé le 11 avril 1471. Il est mis à mort, en secret, à la Tour de Londres.






Source wikipédia.

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Jehanne - dans Personnages Historiques
7 décembre 2007 5 07 /12 /décembre /2007 08:38
Une société nouvelle et diversifiée.



En ville, les classes montantes sont représentées par les grands marchands et hommes d’affaires dont la richesse est fondée sur le commerce lointain, la grande industrie textile et la banque.


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Les corporations.

Groupés en corporations, ces grands marchands développent une culture et une éthique particulières, valorisant le travail et la recherche du profit. Les interdictions religieuses de l’usure sont contournées par des prêts apparemment gratis et amore ; de plus, l’usurier repenti fait des donations à la fin de sa vie pour assurer son salut. On trouve aussi dans les classes montantes les maîtres des métiers et les compagnons les plus entreprenants qui accèdent à la maîtrise, mais peu à peu cette promotion devient impossible et la barrière entre maîtres et compagnons se fait plus étanche. La bourgeoisie paye son entrée dans ce groupe protégé par les lois de la ville et conquiert de plus en plus souvent le pouvoir communal (échevins du Nord, capitouls de Toulouse, consuls du Midi).



Le peuple.

Le peuple, lui, reste exclu du pouvoir. Il est constitué d’une masse hétérogène d’apprentis espérant devenir compagnons et de travailleurs salariés. Ces derniers sont souvent menacés par le chômage.
Les prostituées font aussi partie de ce paysage urbain, elles sont tolérées, voire intégrées à la ville. Mais Saint Louis, voulant imposer l’ordre moral à son royaume, édicte plusieurs ordonnances contre la prostitution, mais en vain, car elles ne seront pas reprises par ses successeurs.



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Les reclus.

Enfin, la société urbaine secrète différentes sortes d’exclus. Dans des reclusoirs, minuscules cellules accolées aux églises, aux cimetières ou aux fortifications de la ville, vivent des reclus (le plus souvent des femmes) qui se sont volontairement cloîtrés pour toujours. Ces personnages, souvent mystiques, deviennent des conseillers spirituels dont la conversation par la petite fenêtre est recherchée et dont les visions et révélations sont parfois couchées par écrit grâce à la diligence de leur confesseur (comme Ermine de Reims). La ville prend en charge l’entretien de ces religieux particuliers, que l’Église tente de soumettre à l’autorisation épiscopale et à une règle, comme celle qu’Aelred de Rielvaux († 1167) a écrite pour sa sœur.


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Les communautés juives.

Par ailleurs, les juifs forment une communauté plus ou moins importante avec son quartier (souvent appelé la Juiverie), ses rues et son cimetière. À partir du XIIe siècle, leur situation se dégrade. De cette période datent les premières accusations de meurtres rituels d’enfants chrétiens. Les communautés juives sont victimes de pogroms à l’occasion de chaque croisade et de la Grande Peste de 1348. Plus souvent, les juifs sont en butte à des confiscations, des législations discriminatoires : cohabitation et repas communs avec les chrétiens sont interdits à partir du IVe concile de Latran (1215). Ils sont même obligés de porter un signe distinctif (la rouelle) à partir de ce même concile, et particulièrement sous le règne de Saint Louis, qui n’hésite pas, comme plusieurs rois capétiens, à les expulser du royaume, quitte à leur faire payer cher ensuite leur retour et leur protection (méthode reprise par Philippe le Bel en 1306). Saint Louis fait également brûler publiquement le Talmud à Paris.



Les lépreux.

Enfin, les lépreux, nombreux durant tout le Moyen Âge (2 à 3 % d’endémicité), se tiennent à l’écart des villes dans des léproseries (appelées maladreries). Dès que la maladie se déclare, un véritable rituel sépare les lépreux de la société. Lors de leurs déplacements, les malades doivent se faire connaître en agitant une crécelle. Les lépreux sont massacrés en 1321, accusés d’empoisonner l’eau des puits. Bien qu’ils inspirent la peur et la répulsion (à cause de leur faciès léonin et de l’assimilation de la lèpre au péché), Humbert de Romans, maître général des dominicains († 1277), n’hésite pas à conseiller à des frères d’aller prêcher aussi aux lépreux. Saint Louis lave les pieds des lépreux, acte saint héroïque imité de saint François d’Assise.
Cette peur et cette répulsion s’expriment parfois violemment à l’égard des infirmes, des errants, des mendiants, “gens sans foi ni loi”, dont la ville se méfie.


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Source BNF.

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Jehanne - dans La Société
6 décembre 2007 4 06 /12 /décembre /2007 08:25
Le renouveau du commerce et de l'artisanat.



La révolution commerciale.

Les campagnes produisent des surplus agricoles (essentiellement le vin et les céréales) et artisanaux (le plus souvent textiles) qui sont échangés dans des foires locales, puis acheminés vers des foires plus importantes. Les villes constituent un foyer de demande et d’échanges très actif.


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Vers l’an mil, le grand commerce se limitait au trafic de produits de luxe réservés à une infime minorité de puissants (l’aristocratie foncière) ; en l’espace de trois siècles, il s’est ouvert à des matières premières, des denrées alimentaires et des produits fabriqués devenus indispensables à des groupes sociaux plus larges (la bourgeoisie urbaine). Le terme de “révolution commerciale” n’est pas exagéré pour décrire cette évolution fondamentale pour l’ensemble de la vie économique.



De nouveaux intermédiaires.

Les agents de cette activité se diversifient ; ce ne sont plus quelques spécialistes juifs et italiens, mais des intermédiaires chargés par les seigneurs d’écouler des surplus agricoles, des fils de paysans, des bateliers et des débardeurs prêts à toutes les aventures pour sortir de leur modeste condition. De plus, l’Orient musulman aux grandes villes luxueuses (Bagdad, Alexandrie, Damas) manque de matières premières : bois, fer, étain et main-d’œuvre. Cette demande incite l’Occident à exporter ces produits et des esclaves. Les Italiens prennent la place d’intermédiaires entre l’Orient et l’Occident, en fondant des comptoirs sur tout le pourtour de la Méditerranée et au débouché des voies caravanières.


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Les institutions urbaines.

Quelle que soit la taille de la ville, les habitants ont un sentiment d’appartenance à une communauté originale, qui se traduit par des institutions communales, une religion civique ancrée sur les mêmes fêtes et le culte collectif d’un saint patron qui donne en général son nom à la plus grande église de la ville.



"L'air de la ville rend libre".

Des paysans quittent leur village pour s’installer en ville. Les notions de profit, d’ascension sociale et de liberté, propres à la ville, exercent une attraction certaine sur les paysans plus strictement encadrés dans les contraintes de la seigneurie, lieu de pouvoir et de prélèvement seigneurial. Un proverbe allemand du XVe siècle affirme que “L’air de la ville rend libre”, ce qui explique l’attrait qu’elle exerce sur les paysans étroitement surveillés dans le cadre seigneurial.
En ville, les bourgeois se créent de nouveaux réseaux de solidarité qui s’entremêlent : la paroisse, la confrérie et le métier, où se retrouvent des compagnons de la même profession. Une véritable culture urbaine voit le jour. La fierté citadine s’affiche au travers de la cathédrale et des symboles des institutions communales : le beffroi et le palais communal.


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La constitution des communes.


Les institutions communales sont le fruit d’un compromis, plus ou moins pacifique, entre le seigneur et une conjuration d’habitants pour obtenir des privilèges : droit de se réunir, de délibérer et de juger. Le mouvement d’affranchissement touche les campagnes comme les villes, qui obtiennent, soit par négociation (Bourges en 1181), soit par la violence (Laon, 1111), des “libertés urbaines”. L’emprise des seigneurs sur les villes est limitée, et ces derniers reconnaissent la montée en puissance (économique et politique) des bourgeoisies marchandes et artisanales. Le plus souvent, contre le paiement annuel d’un cens au seigneur, les habitants de la ville échappent aux multiples redevances et services que ce dernier est en droit d’exiger d’eux. L’association jurée des habitants, qui aboutit à la constitution d’une commune, obtient la confirmation écrite de ses usages et coutumes, le droit de choisir en son sein des magistrats, chargés de défendre ses privilèges et d’exercer en son nom une juridiction plus ou moins étendue. Ces franchises urbaines permettent aux marchands, majoritaires dans le mouvement communal, d’échapper aux tracasseries féodales et d’exercer leur métier en toute sécurité. Dans ce sens, ce mouvement prolonge celui de la paix de Dieu, apparu dès la fin du Xe siècle. Dans un premier temps (au XIIe siècle), les Capétiens tolèrent ces franchises urbaines, puis, au cours du XIIIe siècle, ils reprennent en main les villes du royaume (la commune de Laon est cassée par Philippe Auguste dès 1190), exigeant une aide militaire et financière de ces “bonnes villes” placées sous leur protection.



Le temps des marchands.

Il serait anachronique de confondre ce mouvement municipal avec une pré-démocratie urbaine, dans la mesure où il est rapidement confisqué au profit d’une élite constituée de nobles résidant en ville et de grands marchands ou maîtres de métiers les plus prestigieux (merciers, pelletiers).


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Ce nouveau corps politique crée ses propres institutions : conseil d’échevins ou de consuls, dirigé parfois par un magistrat élu pour une année (maire ou bourgmestre). En Italie du Nord et du Centre, ce mouvement aboutit à la création de quasi-républiques urbaines qui imposent durement leur domination aux campagnes environnantes (contado). Ailleurs, le mouvement établit une autonomie très inégale selon les régions et les périodes, en matière de fiscalité, de droit, de défense et d’esprit public. Les monuments emblématiques du mouvement communal sont l’hôtel de ville avec son beffroi, dont les cloches rythment “le temps du marchand” par opposition au “temps de l’Église” (J. Le Goff). Ces institutions produisent leurs propres archives authentifiées par leur sceau et conservées avec le trésor dans la salle du conseil. Des chroniques urbaines transmettent la mémoire propre à la ville. Celle-ci se mobilise dans des grandes cérémonies collectives : processions liturgiques et entrées royales (souvent mises en images) ; on a pu évoquer à ce sujet une véritable “religion civique”.






Source BNF.

 

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5 décembre 2007 3 05 /12 /décembre /2007 09:01
L'essor des villes au Moyen âge.




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1 - Du repli urbain du haut Moyen Âge…


L'insécurité généralisée.

D’après Henri Pirenne, les conquêtes musulmanes, à partir du VIIe siècle, font de la Méditerranée un “lac sarrasin” et mettent fin au grand commerce entre l’Orient et l’Occident. Cette baisse des échanges provoque le déclin des villes à partir du VIIIe siècle.
Les invasions normandes du IXe siècle entraînent une rupture dans la vie urbaine. Les villes qui subsistent se replient sur elles-mêmes, parfois dans d’étroites enceintes, et n’assurent plus que les fonctions de chef-lieu de diocèse (cité) ou de castrum défensif durant cette période violente.


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La cité autour de son évêque.

Durant le haut Moyen Âge, le réseau des cités hérité de l’Empire romain s’est maintenu tout en changeant radicalement de fonction. La cité est devenue la résidence de l’évêque (appelé le defensor civitatis), chef-lieu de diocèse et centre de pouvoir du comte. Elle demeure un lieu de consommation de produits rares et luxueux, un lieu producteur de modèles culturels, relayé par des monastères suburbains. Ses enceintes fortifiées lui confèrent un rôle militaire vital en ces temps de troubles.


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2 - … à l’essor des villes aux XIe-XIIIe siècles.



Naissance ou renaissance urbaine ?

Les villes, “assoupies” durant le haut Moyen Âge, se réveillent à partir du XIe siècle. Pour certains historiens, à la suite d’Henri Pirenne, la renaissance des villes au XIe siècle serait uniquement liée à la reprise du grand commerce. Les marchands mettent en place un portus ou bien installent leurs entrepôts et leurs activités marchandes dans un faubourg auprès d’anciens noyaux pré-urbains, mais sans relation avec eux. Ce serait donc l’agglomération marchande qui serait le germe de la ville médiévale, comme l’atteste le cas de la ville de Saint-Omer, ville marchande née au XIe siècle à proximité d’une abbaye carolingienne.



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Ces dernières années, cette conception a été en bonne partie remise en question. La coupure due aux invasions normandes n’a pas été vraiment constatée et les marchands ne sont pas forcément des étrangers en quête d’aventures lucratives : ce sont souvent des serviteurs issus de l’entourage de l’évêque chargés d’écouler les surplus agricoles ou d’anciens paysans ayant pris goût à cette activité commerciale, d’abord régionale, puis internationale. Les marchands de Paris, Amiens et Metz proviennent de la ville même ou d’un rayon de 30 kilomètres alentour.



De multiples facteurs de développement des villes.

Des bourgs neufs ou des faubourgs marchands se créent sur les lieux d’échanges (marchés et foires) et à proximité des vieilles cités épiscopales ou des points fortifiés. Bientôt une enceinte réunit ces deux noyaux urbains en une seule unité, dont les habitants portent tous le nom de bourgeois et bénéficient des institutions communales en plein développement.

Les plus grandes villes prospèrent sur les axes commerciaux actifs, mais aussi au sein des plus riches terroirs agricoles, comme en France du Nord-Est et dans les Flandres. Il est désormais convenu de prendre en compte une multitude de facteurs et de processus dans le développement des villes. Dans certains cas, la ville gallo-romaine a subsisté (notamment dans les régions méditerranéennes) et a été le noyau à partir duquel la ville médiévale s’est étoffée ; dans d’autres cas, on assiste à une création à côté d’une abbaye carolingienne (Saint-Omer,) ou d’un point fortifié, ou encore ex nihilo comme les bastides du Sud-Ouest et les villeneuves du Bassin parisien souvent liées aux grands défrichements.


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Des surplus agricoles.

La reprise de l’essor urbain dès la fin du X
e siècle ne peut donc plus être uniquement attribuée à la reprise du grand commerce au Nord (Frisons et Scandinaves) et au Sud (Italiens). Une grande partie du mouvement part des campagnes porteuses d’un essor agricole, d’une crue d’hommes et de surplus commercialisables de plus en plus abondants.
Dans tous les cas, le XIe siècle voit la diversification des fonctions des villes, leur naissance ou leur expansion.



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Trois types de ville.

Dans l’Occident médiéval, les réseaux urbains reposent sur trois types de villes. À la base, un grand nombre de petites villes (quelques milliers d’habitants) vivent du marché hebdomadaire, des travaux agricoles et de quelques activités artisanales. Au-dessus, les capitales de province et de diocèse regroupent des marchands et des artisans plus nombreux, mais aussi des agents du roi ou du prince et de l’évêque pour les cités épiscopales. Enfin, au sommet, les grandes métropoles proposent une gamme diversifiée d’activités commerciales, artisanales, industrielles et financières à une échelle internationale. Paris rivalise avec Venise et Milan, seules villes à dépasser les 100 000 habitants à la fin du XIIIe siècle.



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Source BNF.




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Jehanne - dans La Société
4 décembre 2007 2 04 /12 /décembre /2007 08:52
Une société du signe.



Fortement structurée, selon une hiérarchie que l'on affirme d'origine divine et donc immuable et intangible, la société médiévale apparaît extrêmement codée. Un ensemble de signes ou de marques assigne à chacun la place qui lui est réservée et précise son appartenance ou son exclusion du groupe. Au sein de ces systèmes de signes va se développer l'héraldique.



Les codes vestimentaires.

Dans la société médiévale, l'aspect vestimentaire traduit l'ordre social et ses hiérarchies.
Chaque personne doit revêtir les habits correspondant à son rang et à sa fonction sociale. Toute transgression est perçue comme une atteinte à l'ordre public. Dans un souci de stabilité sociale, des ordonnances royales normalisent même certains aspects du vêtement. Ainsi, pour les hommes, la longueur des poulaines est proportionnelle au rang et à la fortune. De même, les ceintures précieuses ou des tissus de prix, réservés aux femmes de la noblesse, ne peuvent être achetés par les bourgeoises.



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Les marques d'infamie.

Parmi les signes distinctifs utilisés dans la symbolique vestimentaire médiévale, les rayures tiennent une place particulière. Elles expriment la dépréciation, la méfiance, parfois le rejet, et sont souvent utilisées pour représenter les serfs, les domestiques ou les musiciens. En dehors des rayures, les marques d'infamie sont assez fréquentes et désignent, aux yeux de tous, ceux qui sont mis à l'écart de la communauté : la rouelle imposée aux juifs, l'anneau d'oreille aux esclaves…
Aux distinctions sociales établies par l'Église ou la hiérarchie féodale, s'ajoutent des différenciations plus subtiles liées à certains tabous très profonds attachés aux humeurs, au sang, aux excréments. Ainsi, les bourreaux, les chirurgiens, les prostituées, les foulons, les teinturiers, les cuisiniers (sauf s'il s'agit de ceux des princes), sans oublier les juifs, les maures et les hérétiques font l’objet d’un traitement particulier qui leur impose le port d’une marque distinctive.
Le cas des lépreux est aussi particulièrement représentatif de l’attitude des hommes de l’époque à l’égard des exclus.



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L'héraldique.

L'évolution de l'équipement militaire est un facteur décisif dans l'apparition des armoiries. L'introduction de l'étrier et du fer pour les chevaux en Occident, dès l'époque carolingienne, permet aux cavaliers de se vêtir de tenues guerrières plus lourdes et plus couvrantes. À partir du XII
e siècle, les affrontements évoluent ; les combats se déroulent désormais à cheval et la lance devient une arme indispensable. Les cavaliers disparaissent sous leurs protections. Les combattants appartenant à la haute noblesse adoptent alors des signes de reconnaissance et d'identification peints sur les boucliers et les bannières.
Cette pratique, avant tout fonctionnelle, fournit entre 1120 et 1140 un ensemble de figures qui constituent un répertoire de symboles annonçant les principes de base de l'héraldique. Celle-ci s'institutionnalise avec les tournois.
Principale activité des chevaliers, les tournois servent avant tout d'apprentissage à l'art du combat lors d'affrontements équestres à armes réelles. Bien que réprouvés par l'Église, ils gardent les faveurs de l'aristocratie et du peuple tout au long du Moyen Âge et sont un facteur important de l'expansion des armoiries au sein de la moyenne et petite noblesse entre 1180 et 1230.
Alors que le système féodal se met en place et se structure, le code figuratif proposé par l'héraldique aide à identifier les individus dans la hiérarchie sociale. La noblesse d’armes, cherchant à conserver les privilèges propres à son groupe, fonctionne, après l'an mil, sur un ensemble de règles sociales reposant sur la solidarité du groupe familial et la préservation du patrimoine qui assure la richesse et la puissance.
Dans ce contexte, les armoiries qui, à l'origine, étaient individuelles, deviennent héréditaires.
Les sceaux contribuent à la diffusion de l'héraldique. Utilisés dès le XIe siècle par l'ensemble de l'aristocratie ecclésiastique et laïque, les sceaux complètent ou remplacent la signature autographe dans une société féodale où la majorité des individus est analphabète. Ils s'ornent progressivement d'armoiries. L'emploi des armoiries s'étend donc peu à peu à toute la société : les femmes de la haute aristocratie, les villes (communes et villes de franchise), les hommes d'Église, les citadins (bourgeois et d'artisans), les communautés religieuses et civiles (notamment les guildes, les hanses et les métiers) et enfin les paysans. Les armoiries perdent donc leur fonction première et exclusive de signe de reconnaissance militaire pour devenir une véritable marque d'individualité et de décoration qui couvre bientôt tous les objets précieux ou instruments de la vie quotidienne (bijoux, vaisselle, vitraux, fresques, motifs architecturaux, plaques de cheminées, vêtements, armes...).



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Source BNF.
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Jehanne - dans La Société
3 décembre 2007 1 03 /12 /décembre /2007 09:30
Le pain et le vin.




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Au XIe siècle, pas plus dans les terroirs anciens que sur les nouvelles terres arables récemment défrichées, on ne chercha à diversifier les cultures. Comme par le passé, on s'en tint essentiellement aux "blés" et à la vigne.



La vigne.

Celle-ci n'était pas, comme de nos jours, l'apanage de régions bien délimitées, choisies pour la qualité particulière du sol et les conditions climatiques favorables. Il y avait en fait des vignobles un peu partout, même dans des contrées assez peu propices, comme l'Île-de-France, l'Angleterre, la Belgique et même le Danemark : c'est que le vin était indispensable à la célébration de la messe, et qu'il constituait une boisson plus sûre que l'eau, dont la qualité laissait souvent à désirer.



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Les céréales.

Quant aux céréales, elles étaient le fondement même de l'alimentation humaine : sous forme de pain, pour les plus riches, et de bouillies, pour les moins nantis, en particulier pour les paysans. Les céréales cultivées sont restées les mêmes que celles des siècles précédents ; toutefois, en même temps que la rotation triennale des cultures progressait sur des sols nouvellement transformés en terres arables, les semailles de légumineuses avec les blés de printemps se faisaient plus fréquentes. Les pois, les fèves et les vesces étaient certes connus de longue date, mais leur culture paraît avoir pris un certain essor aux XIIe et XIIIe siècles. Par leurs qualités nutritives, les légumineuses ont eu un effet bénéfique sur l'alimentation des hommes et des bêtes, tandis que leurs fanes, abandonnées sur les champs mêmes, contribuaient à engraisser la terre et à améliorer ainsi les rendements agricoles.



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Ceux-ci sont demeurés très bas, très variables d'une région à l'autre et d'une année à l'autre. C'est en tout cas l'impression que l'on retire de la littérature agronomique de l'époque et des documents épars qui permettent, tant bien que mal, de calculer les rendements. N'en donnons qu'un exemple, pris dans la plus belle collection de rendements médiévaux découverte jusqu'ici, celle qui a été publiée en 1972 par J. Z. Titow d'après les comptes de l'évêché de Winchester : sur 58 rendements annuels qui ont pu être calculés entre 1271 et 1349, il apparaît que 11,6 hectolitres par hectare ont été récoltés en moyenne sur les bonnes terres du manoir d'Ivinghoe, dans le Buckinghamshire, c'est-à-dire dans celui des trente-trois manoirs de l'évêché de Winchester qui donnait les moissons les plus abondantes.
Compte tenu du poids spécifique du froment, qui oscille de nos jours entre 73 et 88 kg, les 11,6 hectolitres sont l'équivalent de 8,5 à 10,2 quintaux par hectare, qui paraissent bien dérisoires aujourd'hui.


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Source BNF.

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Jehanne - dans L'Alimentation
2 décembre 2007 7 02 /12 /décembre /2007 09:18
L'artisanat et les corporations.




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L’artisanat urbain se distingue de l’artisanat rural par une extrême division des tâches.





L'exemple du textile.

Pour prendre l’exemple du textile, une famille paysanne est capable d’assurer à elle seule toutes les opérations nécessaires à la confection d’une toile ou d’un drap grossiers, tandis qu’en ville chaque opération différente correspond à un métier, avec sa propre organisation et ses règles de vie. De plus, l’apprêtage du tissu est bien plus élaboré en ville. Entre l’arrivée de la laine brute et la présentation d’un drap prêt pour la vente, des opérations mécaniques, manuelles et chimiques sont nécessaires : le triage de la laine, le battage, le dégraissage, le peignage ou le cardage, le filage et le dévidage. Vient ensuite le tissage sur des métiers sans cesse perfectionnés. Les dernières opérations sont le foulage, la teinture et les ultimes apprêts du drap. Ces dernières activités très polluantes sont rejetées loin du centre-ville, près des cours d’eau. Les teinturiers ont en permanence les mains en contact de produits corrosifs, d’où leur surnom péjoratif d’"ongles bleus”. À partir du XIVe siècle, les drapiers des villes organisent une industrie drapière de qualité dans les campagnes à proximité des centres urbains.
Les métiers de l’alimentation sont également très dynamiques dans les villes ; de la même manière, une hiérarchie existe entre chaque catégorie, selon des critères de spécialisation mais aussi de pureté et d’impureté : les bouchers qui font couler le sang sont tenus à l’écart. Toutes ces activités artisanales et commerciales sont peu à peu organisées au sein des corporations.



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Les métiers jurés.

Le terme de corporation a été inventé au XVIIIe siècle. Au Moyen Âge, l’on parle d’art, de guilde, de hanse ou de métier, pour désigner des groupements de droit quasi public qui soumettent leurs membres à une discipline collective dans l’exercice de leur profession. Ces groupements accèdent rapidement à la personnalité juridique. Leurs statuts, approuvés et garantis par la commune et/ou le souverain, leur confèrent le monopole dans leur secteur d’activité (tout travail “libre” est dès lors interdit), les chargent de réglementer la profession et leur attribuent une police. Les membres du “métier juré” font le serment de respecter ses statuts et de s’assister mutuellement. Ce type de groupement est très diffusé dans la France du Nord.



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Les métiers réglés.

Dans le Sud, les métiers reçoivent leurs statuts de la commune, et ce sont les gardes consulaires qui assurent la police de la profession, notamment en Languedoc. Ces “métiers réglés” sont donc soumis aux ordonnances municipales. Des confréries professionnelles viennent peu à peu doubler les métiers et assurer l’encadrement religieux des artisans réunis sous la bannière d’un saint patron (saint Éloi pour les orfèvres, par exemple). La hiérarchie interne des métiers repose sur la domination des maîtres sur les compagnons et les apprentis. L’accès à la maîtrise tend à se fermer à la fin du Moyen Âge et à se transmettre au sein des mêmes familles. La vocation de la corporation consiste à défendre les intérêts du groupe, lutter contre la concurrence et organiser l’entraide sociale (secours-maladie et secours-vieillesse). À partir de la seconde moitié du XIIIe siècle, les métiers participent au gouvernement des villes, ce qui n’empêche pas le développement de tensions entre métiers majeurs et métiers mineurs et à l’intérieur de ceux-ci, entre maîtres, compagnons et apprentis. Des caisses d’entraide propres aux compagnons voient le jour à la fin du Moyen Âge.



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1 décembre 2007 6 01 /12 /décembre /2007 09:03
Isabeau de Bavière.
Reine de France (Munich, 1371 — Paris, 1435).




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 Le mariage d'Isabeau de Bavière avec Charles VI, le 17 juillet 1385, est le résultat des calculs politiques du frère de Charles V, Philippe III le Hardi, qui avait reçu la Bourgogne en apanage. En effet, Philippe le Hardi cherchait des alliances en Allemagne et Isabeau était la fille du duc de Bavière, Étienne II de Wittelsbach, et de Tadea Visconti.



Une régente impopulaire.


Rien ne destinait cette jeune princesse, capricieuse et sensuelle, avide de plaisirs, à jouer un rôle important. La folie du roi, qui se déclare en 1392, en fera pourtant la régente du royaume. Elle se trouva alors au centre de toutes les querelles et intrigues inexpiables qui culminèrent avec la guerre civile des Armagnacs et des Bourguignons.
L'histoire n'a retenu que ses vices, sa cupidité, ses trahisons, ses crimes. Dans son Histoire secrète d'Isabeau de Bavière, le marquis de Sade a vu en elle une incarnation du vice et le portrait qu'il donne d'elle s'est imposé à tous. Piètre politique, elle ne fut guère à la hauteur de la situation et laissa les parents du roi, oncles, frère, cousin, se disputer le pouvoir, soutenant d'abord le duc de Bourgogne puis le duc d'Orléans.
Un fil conducteur guida tous ses choix: trouver de l'argent pour ses fêtes et pensionner son avide et encombrante famille. Devenue très vite impopulaire, elle fut particulièrement visée par l'émeute cabochienne de 1413 (l'écorcheur parisien Simon Lecoustellier, dit Caboche, soutenait les Bourguignons contre les Armagnacs).



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L'instigatrice de la double monarchie.

Pourtant, consciente de représenter le pouvoir légitime, Isabeau chercha avec son  fils, le dauphin Louis (qui meurt en 1415), à unir les deux factions ennemies, mais elle échoua. Exilée à Tours par les Armagnacs, elle se lia alors avec le duc de Bourgogne, Jean sans Peur, qui la délivra. À la fin de 1417, elle organisa à Troyes un gouvernement étroitement contrôlé par les Bourguignons. C'est alors qu'on lui reprocha deux «crimes» majeurs. Tout d'abord, le traité de Troyes conclu en 1420 par elle et le duc de Bourgogne, Philippe le Bon (Jean sans Peur meurt en 1419), avec le roi d'Angleterre, Henri V, traité qui donnait la France à l'Angleterre. Elle avait essayé de négocier avec Henri V sur des bases différentes de celles du duc de Bourgogne, mais en vain; elle se résigna donc à la solution de ce dernier, qui instaurait le principe d'une double monarchie, française et anglaise, au profit du roi d'Angleterre. L'unique enfant survivant de Charles VI et d'Isabeau (le futur Charles VII), qualifié de «soi-disant dauphin», était déshérité. Ce fut le second «crime».
Charles VI mort (1422), la double monarchie était en place. Henri VI, fils d'Henri V, était reconnu héritier légitime du roi de France. Isabeau, retirée dans l'hôtel Saint-Pol, mourut dans le mépris général.




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Jehanne - dans Personnages Historiques
30 novembre 2007 5 30 /11 /novembre /2007 08:34
L'évolution de l'outillage et des techniques agricoles.



Les progrès faits au XIe siècle dans la métallurgie ont permis de rendre plus efficaces et plus solides les outils des paysans, car l'on s'est désormais efforcé de garnir de fer les éléments tranchants des haches, des houes, des fourches, des serpes, des faucilles, des faux, des herses, sans oublier bien sûr le soc et le coutre des charrues.


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La charrue.

À côté de l'araire – instrument relativement simple en usage depuis l'Antiquité – , un outil de labour plus puissant, connu déjà, peut-être, à l'époque carolingienne, s'est répandu entre le Xe et le XIIIe siècle dans les plaines de l'Europe occidentale : c'est la charrue. Munie d'un soc analogue à celui de l'araire, la charrue est de surcroît pourvue d'un coutre, "grand couteau vertical placé à l'avant et chargé de tracer la ligne de la raie que va ouvrir le soc" (G. Fourquin), et d'un versoir, pièce de bois ou de métal qui fait se retourner et se rejeter sur le côté la terre du sillon creusé par le coutre et le soc. La charrue, instrument dont on a souvent souligné l'aspect dissymétrique, a sur l'araire, symétrique, des avantages incontestables : elle pénètre la terre plus en profondeur et la retourne ; ce faisant, elle l'ameublit, ce qui favorise la circulation de l'air et de l'eau dans le sol.



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Tout ceci vaut surtout pour les sols riches et lourds, comme ceux des plaines de l'Île-de-France et de la Picardie. Au contraire, dans les sols légers et souvent pierreux comme il s'en trouve beaucoup dans le Midi, l'araire suffisait, d'autant plus que, ne retournant pas la terre, "il ne faisait pas remonter les pierres à la surface comme aurait fait la charrue" (G. Fourquin). Il n'est donc pas étonnant que l'araire ait conservé la première place dans le Midi, tandis que la charrue se répandait dans le Nord.



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La traction animale.

Un autre domaine a été marqué par des innovations notables, à savoir celui de la traction animale.
Pour les bovidés, animaux de trait par excellence pendant des siècles, l'élément important de l'attelage était le joug. Une première amélioration consista, probablement au tournant des XIe-XIIe siècles, à remplacer le joug de garrot, appuyé sur la nuque de l'animal, par un joug posé sur ses cornes, ce qui augmentait la capacité de traction. Puis, un siècle plus tard, fut introduit le joug frontal, plus efficace encore, et qui est resté en usage jusqu'à nos jours partout où les bœufs continuent à servir de bêtes de trait.



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Cependant, en matière de traction animale et d'attelage, la nouveauté capitale a été de recourir aussi au cheval. Longtemps utilisé essentiellement à des fins militaires, le cheval n'était capable par ailleurs que de tirer des charges assez légères, faute d'un attelage adéquat. Le joug (de garrot ou frontal) est en effet peu adapté au cheval parce que l'encolure de celui-ci est relevée et ne suit pas, comme celle du bœuf, l'axe de la colonne vertébrale. En revanche, le collier d'épaule permet d'utiliser pleinement la vigueur du cheval. Cet élément de l'attelage, qui existait peut-être déjà dans l'Antiquité mais sans effet pratique, a commencé à se répandre dans les campagnes de l'Europe occidentale vers les IXe-Xe siècles, et, avec lui, l'usage de la charrue tirée par des chevaux. Ceux-ci, nettement plus rapides que les bœufs, convenaient particulièrement bien aux grandes plaines du nord de la France, de la Belgique et de l'Allemagne. Pourtant, la traction chevaline n'y a pas fait disparaître complètement l'utilisation des bovidés pour le travail de la terre. Les chevaux sont en effet des animaux coûteux à l'achat et à l'entretien, et, s'ils ont eu le plus souvent la préférence bien compréhensible des grands propriétaires, ils ont eu naturellement moins de succès auprès des ruraux moins fortunés ou carrément modestes. D'autre part, les bovidés, de santé plus robuste et au pied plus stable, ont conservé leur place dans les campagnes accidentées et fortement ensoleillées des zones méridionales, concurremment du reste avec les mules et les ânes, qui sont moins chers et à tous égards plus solides que le cheval, et qui supportent, mieux que lui, les fortes chaleurs estivales.



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Source BNF.



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