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Les Très Riches Heures, Septembre.
Cette miniature a sans doute été peinte en deux temps : d'abord, pour la partie supérieure (ciel et château),
au milieu du XVème siècle, entre 1438 et 1442, au temps de René d'Anjou et Yolande d'Aragon ; puis, pour la partie inférieure, (vendanges), par Jean Colombe, à partir d'une esquisse de
son prédécesseur. En général, on commençait par les fonds, puis on peignait les personnages, et enfin les visages.
Au premier plan, ce sont les vendanges. Une femme en tablier blanc et rouge semble enceinte, des jeunes gens cueillent les grappes de violettes ; deux autres se reposent, et l'un d'eux goûte au
raisin ; un autre, un panier à la main, se dirige vers un mulet porteur de deux hottes. Le raisin est chargé soit dans les hottes des mulets, soit dans des cuves sur une charrette que tirent deux
boeufs.
Au second plan, le château de Saumur, avec ses cheminées et ses girouettes aux fleurs de lys dorées. Construit par Louis II d'Anjou, il fut
donné à sa femme Yolande d'Aragon, mère du roi René et belle-mère de Charles VII sur qui elle eu un ascendant considérable. La présence de ce château s'expliquerait par le rôle important de Yolande
durant la première partie du règne de Charles VII et par le plaisir que celui-ci éprouvait à y résider. Sur la gauche, derrière le mur d'enceinte, un clocher, les cheminées des cuisines et l'entrée
à pont-levis : un cheval en sort, une femme s'apprête à y pénétrer, un panier sur la tête.
Au devant du château, entre les vignes et la douve, nous voyons l'emplacement d'une lice, fermée par une clôture de bois, où se déroulaient en particulier les tournois.
L'architecture du château entraîne le regard dans les volutes d'une rêverie poétique. Les tours, masquant l'appareil de protection sous le vêtement fleuri des fêtes, prédisposent aux aventures
fabuleuses des forêts, de la table Ronde et s'ornent de parures de la nature qui signifient la présence de Dieu dans la création. " La tour flamboyante est une silhouette de rêve avec ses
constellations de dais, pinacles, pignons et flèches, avec ses crochets qui vibrent en contre-jour " (François Cali).
Au milieu de la scène des vendanges, un petit personnage, baissé, montre ses fesses. Cette touche, volontairement grotesque, contraste avec la fine élégance du château. Les paysans de Jean Colombe
n'ont pas la dignité qu'ils manifestent dans les autres miniatures.
Iconographies des douze mois ici :
http://vivre-au-moyen-age.over-blog.com/album-1045928.html
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Les Très Riches Heures, Octobre.
Cette miniature est à rapprocher de celle du mois de juin. Toutes les deux, du même artiste, se situent sur la rive gauche de la Seine, à
proximité de l'hôtel de Nesle. Mais, si dans celle de juin, on regardait vers l'Est, vers le Palais de la Cité, on se tourne maintenant vers le Louvre, reconstruit par Charles V. On discerne, au
centre, le donjon qu'on appelait la tour du Louvre et qui renfermait le trésor royal ; puis de droite à gauche, la Tour de la Taillerie, la façade orientale avec deux tours jumelées, la tour de la
Grande Chapelle, et la façade méridionale munie elle aussi de deux tours jumelées. Au-devant, court une enceinte avec des tours, des bretèches et une poterne.
Sur le bord de la Seine, des personnages conversent ou se promènent ; ils portent un vêtement sombre, unicolore, court et cintré, qui est propre au milieu du XVème siècle. L'un d'eux
s'apprête à partir dans une barque, tandis que l'autre amarre la sienne.
Au premier plan, à gauche, un paysan , monté sur un cheval, herse un champ ; sa herse est alourdie par une grosse pierre pour permettre aux
dents de pénétrer plus profondément dans la terre. A droite, un autre homme sème à la volée. Des pies et des corneilles picorent les semences à proximité d'un sac blanc rempli de grains et d'une
gibecière. Un épouvantail et des fils tendus les éloignent de la partie arrière.
L'épouvantail représente un archer. Ceux-ci, à l'exemple des Anglais, jouaient un rôle plus important dans les batailles. Par l'ordonnance du 28 avril 1448 furent même créées des compagnies de
francs archers que les communes devaient équiper, et qui se rendirent très vite impopulaires par leurs exactions et leur lâcheté au point qu'ils furent supprimés en 1480. Ainsi naquit le type
comique du franc archer vantard et couard (Monologue du franc archer de Bagnolet, écrit entre 1468 et 1480).
Les pies et les corneilles n'appartiennent pas à l'espace amoureux du monde courtois comme les rossignols, les merles, les alouettes, mais
à la réalité campagnarde. D'autre part, ils passaient pour des créatures du Diable, révoltées contre Dieu et de mauvais augure.
L'enceinte est renforcée par des tours et des bretèches, ouvrages avancés qui pouvaient prendre plusieurs formes : chemise crénelée en maçonnerie, construction en bois ou terrasse.
Iconographies des douze mois ici :
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Les Très Riches Heures, Novembre.
Cette image, à l'exception du tympan, est l'oeuvre de Jean Colombe qui vécut à la fin du XVème siècle à la cour de Savoie. Aussi, peut-on penser qu'il
s'agit d'un paysan savoyard stylisé : un château et un village s'accrochent aux rochers ; une rivière sinue entre les montagnes bleuies.
La miniature représente une scène familière de la vie campagnarde : la glandée. Un troupeau de porcs paît dans un bois de chênes, sans doute un bois communal. Un des gardiens, au premier plan, est
en train de faire tomber de son bâton les glands dont les porcs vont se nourrir. Un gros chien surveille les bêtes.
L'enfant prodigue de la parabole de Saint Luc, que la débauche a précipité dans la misère, est réduit à garder les porcs avant de se décider à retourner chez son père. La scène a été très souvent
représentée tant au théâtre, comme dans la pièce de Courtois d'Arras (XIIIème siècle), que dans les vitraux des cathédrales d'Auxerre, Bourges, Chartres, Poitiers, Sens et Troyes et dans des
tapisseries.
Les tympans des miniatures des douze mois ont été peints par les frères de Limbourg. Le premier demi-cercle contient un homme assis sur un
char tiré par deux chevaux et portant un soleil rayonnant. Le second demi-cercle comporte les signes du zodiaque de novembre : le scorpion et le sagittaire.
Les porcs ont trouvé une place dans les Très Riches Heures, malgré leur symbolique négative (ordure et obscénité d'un être vautré dans la fange et incapable de s'élever). Mais ils appartenaient à
la vie quotidienne et constituaient une part importante de l'alimentation. Le porc a durant des siècles, servi de base de nourriture à toute l'Europe chrétienne. Chaque région avait ses modes de
cuisson, de préparation, et de conservation. Ici on salait le porc, et on le conservait en grande partie dans des saloirs ; là, on faisait cuire les morceaux dans de la graisse : c'était le confit,
tel qu'on le prépare encore dans le sud-ouest de la France. Les jambons crus et salés étaient tantôt fumés dans les cheminées, tantôt séchés à l'air, pendus aux poutres du plafond, puis conservés
sous la cendre.
Le paysan de Jean Colombe est frustre et brutal, à la différence de ceux de la période qntérieure. Mais l'or éclaire sa tunique rose.
Iconographies des douze mois ici:
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Les Très riches Heures, Décembre.
Cette miniature qui rappelle un dessin de Giovannino dei Grassi (Bibliothèque de Bergame) est sans doute l'oeuvre de l'artiste inconnu des
années 1438-1442.
Derrière la forêt épaisse dont les arbres ont conservé leurs feuilles et qui était un des séjours favoris des rois de France (Saint Louis s'y rendait la justice sous un chêne) se dressent les tours
carrées et le donjon du du Bois-de-Vincennes, achevés par le roi Charles V. Celui-ci y entreposa une partie de son trésor. Il avait compris que le prestige de la couronne se mesurait à la splendeur
des bâtiments où s'exerçait la fonction royale. Au XIVème siècle, il y eut une rivalité entre les constructeurs de châteaux. La hauteur des murs et la forme du donjon traduisaient la puissance du
seigneur, au même titre que les trésors qui y étaient entreposés.
Ce château où Charles V aimait à résider et qui clôt la série des douze mois, symbolise la force physique et morale, comme dans la miniature de Jean Fouquet qui, vers 1455, a donné le même cadre à
la scène de Job sur son fumier dans les Heures d'Etienne Chevalier.
L'artiste a représenté le terme d'une chasse à courre : l'hallali par terre du sanglier que finit de sonner de son cor un veneur. Comme la
quête du sanglier était moins subtile que celle du cerf, on s'attardait surtout sur la mise à mort. C'est une chasse d'hiver. On se servait de l'épieu ou de l'épée pour tuer l'animal. Par rapport à
la fauconnerie, la vénerie offrait un plaisir plus sportif, plus violent et plus dangereux. C'était pour l'aristocratie une manifestation de sa force guerrière.
Les chiens s'acharnent sur le sanglier, bête alors redoutée et appréciée pour sa viande.
Le donjon est ressenti comme le coeur du château : y conduire un hôte , c'était lui témoigner confiance et amitié autant que démontrer sa propre puissance. C'est là qu'on enferma les armes des
Parisiens quand on les leur confisqua. Si le donjon perd alors de son efficacité militaire, il conserve sa valeur symbolique.
Le veneur devait soigner les chiens, entretenir les chenis, tresser des filets, relever les traces et débusquer le cerf, crier et sonner.
Sans son Livre de la chasse, Gaston Phébus s'attarde sur l'éducation du veneur. Un maître, dès l'âge de sept ans, doit lui apprendre à aimer et à soigner les chiens par tous les moyens, y compris
le châtiment corporel. L'enfant deviendra successivement valet de chien, puis vers vingt ans, aide ; enfin, il sera veneur, portant cor, couteau, et souvent estortoire, pour écarter les branches.
C'est l'homme-clef de la chasse à courre, et son existence est dévouée à son métier.
Gaston Phébus, dans le Livre de la chasse (1387-1391), distingue cinq races de chiens de chasse : l'alant, le lévrier, le courant, le chien d'oiseau et le mâtin. Hormis le lévrier, ce sont des
chiens lourds et lents. On choisissait les chiens les plus forts et les plus sauvages pour chasser l'ours, le loup et le sanglier. Le prince place en tête le lévrier pour ses qualités esthétiques
et sa sociabilité, et ensuite les chiens courants qui sont la base des meutes.
Iconographies des douze mois ici :
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Les Très Riches Heures du Duc de Berry.
Les "Très riches heures du Duc de Berry" est un livre d'heures, c'est à dire, dans la tradition médiévale, une collection de textes illustrés,
calendriers, psaumes, messes, pour chaque heure liturgique de la journée. Ce chef d'oeuvre de l'art Gothique, réalisé par les frères Limbourg pour le Duc de berry au début du XVème siècle, est
conservé au musée Condé, à Chantilly.
Pour voir l'iconographie des douze mois de l'année cliquez là :
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Bonne visite !
Jehanne
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dans
Iconographie
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Jehanne
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Iconographie
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L'arbalète.
La première mention médiévale de l'arbalète date de la 1ère croisade. Cependant, les romains connaissaient des armes semblables, réservées semble-t-il
à la chasse. Précise et très meurtrière au point d'avoir été interdite par l'Eglise dans la guerre entre chrétiens (1139), l'arbalète est une arme lente à mettre en oeuvre. Un arbalétrier tire deux
carreaux à la minute, tandis qu'un archer tire une douzaine de flèches dans le même temps. La formation d'un arbalétrier est toutefois beaucoup plus rapide que celle d'un archer, ce qui explique
l'importance donnée à cette arme, particulièrement prisée par les milices bourgeoises.
Différents systèmes de traction de la corde ont été employés durant le Moyen-âge.
Les arcs sont en acier trempé, les cordes en lin, les gâchettes et les glissières en corne.
Source Armae.com
Jehanne
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L'Artillerie
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Une autre paire de manches.
Au Moyen Age, les manches étaient une partie détachable du reste de l'habit. Au cours de la journée, on changeait ses manches au gré de ses
activités: une paire pour la toilette, une pour la chasse, une autre pour conter fleurette...
Changer de manches, c'était donc changer d'activité.
Jehanne
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dans
Le Langage
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Château du Coudray Salbart.
Le Coudray-Salbart est l'une des plus célèbres forteresses de la France médiévale, non seulement pour son bon état de conservation général,
mais aussi et surtout pour la qualité de sa construction. Ses hautes tours dominent encore la Sèvre Niortaise à 2 km au nord du bourg d'Échiré. Une partie réduite de ce territoire passa aux mains
des seigneurs de Parthenay qui en rendent hommage à l'abbé de Saint-Maixent à la fin du XIIe siècle ; mais rien ne permet d'affirmer qu'ils aient possédé le site même, et a fortiori qu'ils y aient
construit un château avant le XIIIe siècle.
Le Coudray-Salbart, n'apparaît pas dans les textes avant les années 1219-1222, et ses caractéristiques architecturales ne permettent pas de
le vieillir beaucoup plus. Cette forteresse a dû être entreprise par Hugues Ier de Parthenay (1182-1218) et poursuivie par son fils. La construction d'un tel monument suppose des moyens
considérables, et à première vue sans rapport avec les revenus de la seigneurie foncière des Parthenay. C'est avec l'aide du roi d'Angleterre que la place fut créée ou connut un réel
développement.
Les sires de Parthenay participent en effet aux luttes qui opposent le roi de France et le roi d'Angleterre pour la possession du Poitou.
Ils sont plus volontiers attachés au second, qui leur verse des sommes d'argent considérables pour fortifier leurs châteaux ; mais à plusieurs reprises, leur fidélité est remise en cause et l'aide
anglaise doit cesser. Il contrôle le passage sur la Sèvre et la frontière sud des terres des Parthenay. Jusqu'à la fin du XIIe siècle, la seigneurie est défendue par les places de Parthenay,
Secondigny, Germond et Champdeniers. L'entrée en guerre des seigneurs de Parthenay aux côtés de Jean sans Terre justifie en cet endroit l'édification de deux autres forteresses, Béceleuf et surtout
Le Coudray- Salbart. Ces deux châteaux font face aux châteaux ennemis des sires de Lusignan (Mervent, Vouvant, Cherveux, Saint-Gelais).
Dès la fin du XIIIe siècle, Le Coudray-Salbart n'est plus qu'une forteresse secondaire, peu à peu dépassée par les nouveaux moyens
d'attaque des places. Bien qu'une garnison y soit attestée jusqu'au début du XVIe siècle, l'édifice n'est pas entretenu. Le château proprement dit est précédé d'une basse-cour à l'ouest. Le rempart
qui la délimitait est en grande partie arasé. L'actuelle maison des gardiens marque l'emplacement de l'ancienne entrée, qui était ouverte entre deux tours et précédée d'une barbacane.
Cette partie du site est très ruinée, mais une description du XVe siècle fournit de précieuses indications ; elle nous apprend que la basse-cour renfermait une chapelle, un four, une forge, et
divers bâtiments. C'est par la tour du Portal que l'on accède à la cour intérieure, en franchissant des fossés sur un pont de bois (récemment restitué). L'enceinte principale délimite une vaste
cour. Elle est presque rectangulaire, et flanquée de quatre tours d'angles (tours du Moulin, de Bois-Berthier, Tour- Double et Grosse-Tour).
Les tours Saint-Michel et du Portal occupent le milieu des deux plus longs côtés. Ces tours rondes, bien conservées, sont reliées par des
courtines dont la particularité est d'offrir deux niveaux de circulation : le chemin de ronde au sommet des murailles, et la gaine, galerie couverte d'un berceau brisé, ménagée dans l'épaisseur des
murs.
La Grosse-Tour, qui contient la plus grande salle du château, rappelle les anciens donjons romans, avec sa porte ouverte à mi-hauteur. Mais
elle n'en conserve ni le rôle d'habitation seigneuriale, ni la situation, puisqu'elle est intégrée à l'enceinte bien qu'étant isolée de la gaine. Chaque tour possède une ou deux salles dont les
voûtes et leur décor traduisent le début du XIIIe siècle (berceaux, coupole, arc de cloître, voûtes d'ogives angevines aux nervures reposant sur des culots ou des chapiteaux sculptés). Des vestiges
de fortifications apparaissent en effet dans la cour, en partie englobés dans le château actuellement connu. Ce sont les témoins de la première phase de construction du Coudray-Salbart. La
forteresse montre bien les problèmes posés par l'adaptation des modes de construction locaux aux nouveaux impératifs de la défense. Seule la dernière phase de construction traduit une conception
d'ensemble de la fortification et un programme technique cohérent et planifié. Il passe par le renforcement du front est, avec deux tours jumelles dotées d'éperons en amande et, surtout, par la
création de la gaine sur tout le périmètre de l'enceinte. Des reprises de construction montrent en effet qu'en certains endroits, la voûte de la gaine a été posée sur une muraille préexistante.
Abandonnée depuis plus de quatre siècles, la forteresse présente des vestiges impressionnants. N'ayant jamais été associée à une agglomération, elle a été vite délaissée et est restée isolée, ni
remaniée ni démantelée, ce qui explique son excellent état de conservation. L'ensemble du site, est ouvert à la visite, est classé.
Une association locale en assure la conservation à l'aide de bénévole.
Source casteland.
Jehanne
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dans
Patrimoine
3 novembre 2007
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00:09
Les dragées.
La dragée est l'une des plus vieilles confiseries. Cette spécialité bien française est née au Moyen Age, mais ce n'est que bien plus tard qu'elle est devenue le bonbon lisse à
l'aspect de porcelaine que nous connaissons aujourd'hui.
La naissance des dragées.
L'apparition des dragées remonte à l'époque des Croisades quand les Croisés ramenèrent d'Orient un sel curieux et tout blanc, le sucre. Considéré sans valeur nutritive, le sucre fut réservé à la
médecine et dévolu aux apothicaires et aux alchimistes. Au début du 13ème siècle, à Verdun, certains de ces faiseurs de remèdes enrobèrent leurs pilules et cachets, d'une couche de sucre pour les
faire absorber plus facilement et en masquer le goût. Devant le plaisir qu'y prenaient les malades, un cuisinier astucieux eut la bonne idée de rouler amandes, fruits et épices dans du sucre
concassé et de les présenter à la fin du repas comme " digestifs ". Ces prétendus médicaments connurent un énorme succès sous le nom " d'épices de chambre " ou de " dragées ".
Au Moyen Age, les dragées constituaient un véritable luxe. Lors des grands événements et des festins royaux ou seigneuriaux, elles étaient présentées dans des sortes de coupes sur pied reposant sur
un bassin ou un plateau qui avaient pour nom drageoirs. On les grignotait tant par gourmandise que pour parfumer l'haleine. Les beaux messieurs ou les belles dames avaient aussi l'habitude de les
emporter dans leurs chambres, dans des petites boites de porcelaine, figuratives ou décorées, les bonbonnières.
Les techniques de fabrication.
La fabrication des dragées était un travail long et pénible, effectué à la main dans des bassines suspendues appelées " branlantes ", auxquelles on imprimait des mouvements de rotation et va et
vient. Les dragées ainsi fabriquées, garderont jusqu'au 18ème siècle un aspect rugueux de pralines avant qu'un illustre confiseur parisien, Pécquet, ne leur donne l'aspect satiné que nous leur
connaissons aujourd'hui en les enrobant de sucre fondu. L'histoire moderne des dragées commence en 1845, avec les progrès de l'automatisation et l'invention par M. Moulefarine de la première
turbine à dragées.
Mais le vrai changement vint avec Joseph-Julien Jacquin, horloger jurassien. Il rencontre Peysson et Delaborde, qui avaient imaginé une turbine pour la dragéification et ils déposent ensemble en
1846 le brevet de la turbine à dragées, sorte de sphère de cuivre à large ouverture dont l'axe était incliné et qui tournait sur elle-même. Le brassage des noyaux dans les sirops versés à
l'intérieur était donc continu et régulier. Aujourd'hui ce sont toujours les principes améliorés de la turbine de Peysson et Delaborde que l'on retrouve dans les installations artisanales.
L'origine du mot dragée.
L'origine du mot dragées est très incertaine. Certains le font descendre du latin tragemata transcription du grec tragèma (" friandise "). Dans une autre version, la dragée aurait été inventée en
177 av.J.-C. par Julius Dragatus, confiseur attaché à l'illustre famille romaine des Fabius. Il préparait des dragati, composés d'amandes, de noix et d'épices enrobés de miel, qui étaient offertes
au peuple les jours de fête.
Enfin le " diagragam ", bonbon fabriqué à Montpellier serait pour d'autres, l'ancêtre étymologique de la dragée.
Tenir la dragée haute à quelqu'un : lui faire payer cher ce qu'il demande, lui faire sentir son pouvoir, lui faire attendre longtemps et ne lui accorder que parcimonieusement ce qu'il désire.
La signification symbolique des dragées.
Les dragées ont un langage, celui des moments heureux de la vie !
La tradition d'offrir des dragées pour les événements heureux remonte au Moyen Age. Offrir des dragées pour un baptême, une communion ou un mariage est une tradition plus que centenaire liée à des
usages et des contenus symboliques qui sont enracinés dans notre culture. L'amande de la dragée symbolise la naissance mais aussi l'immortalité donnée par le baptême au petit enfant. Le cadeau
dragées de la communion accompagne le rite de passage au monde des adultes. Quant aux dragées du mariage, elles sont une promesse de bonheur !
Source dragéemartial.com