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2 février 2011 3 02 /02 /février /2011 17:01

Le mariage au Moyen âge.

 

 

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A la suite du droit romain, le mariage est défini au Moyen Age comme l’institution entre l’homme et la femme d’une communauté de vie et de biens, socialement reconnue, et constitue le cadre d’une descendance légitime. Comme dans toute société, le mariage forme « la clé de voûte de l’édifice social » (Duby, 1981, p. 23); et c’est pourquoi il a été l’enjeu de tensions et de conflits parfois très vifs, notamment entre l’Eglise et l’aristocratie. Progressivement, en une lutte sans cesse reprise entre IVe et XIIIe siècle, l’Eglise s’est employée à contrôler les règles de l’alliance, imposant le modèle inédit d’un mariage strictement monogame, indissoluble et fortement exogame. D’abord suspect en raison de son lien avec les oeuvres de la chair et méprisé par rapport à l’état des vierges et des chastes, le mariage s’est vu revalorisé par les clercs qui, amplifiant à l’époque caroligienne puis dans le mouvement de la Réforme grégorienne des thèmes esquissés par saint Augustin, ont finalement exalté en lui le cadre de vie légitime et pieux caractéristique de l’état laïque. Au terme de ce processus, rendu plus nécessaire encore par le refus de l’institution matrimoniale chez les hérétiques des XIe-XIIe siècles, le mariage se trouve inclus, au cours du XIIe siècle dans le septénaire des sacrements (Gaudemet, 1987). En ce qui concerne le rite matrimonial, le droit romano-canonique voit dans le consentement des époux le critère essentiel d’institution de l’alliance, tandis que la forme même du rite, très variable selon les lieux et les époques, relève de la coutume. Pourtant, sans toutefois y parvenir pleinement, notamment en Italie centrale où le mariage reste un rituel privé et laïque (Klapisch-Zuber, 1990), l’Eglise cherche à renforcer son contrôle sur le rituel matrimonial. La liturgie des bénédictions nuptiales se développe à partir du XIè siècle, sans toutefois devenir impérative. Tout comme la célébration du mariage ante faciem ecclesiae, la présence d’un prêtre est encouragée, même si elle ne devient une condition obligatoire de validité que lors du Concile de Trente.

Sans pouvoir considérer ici les représentations de l’état conjugal, on se limitera à évoquer les formes du rite matrimonial, en considérant successivement le mariage humain puis différents cas de mariage symbolique (on exclura également les représentations des festivités nuptiales, telles qu'elles apparaissent dans les Noces de Cana). Enfin, il faut souligner que les pratiques matrimoniales ont été l’occasion d’une intense production d’objets, souvent ornés d’un riche décor (bagues, colliers, ceintures, plats, cassoni...).

Le mariage humain.

Si l’art des sarcophages était dans l’Antiquité une occasion de figurer le mariage de simples citoyens, cette possibilité connaît une éclipse au cours du Moyen Age, pour ne réapparaître, de façon encore exceptionnelle, qu’à la fin de cette période, comme en témoigne le portrait du couple Arnolfini, interprété précisément comme témoignage pictural de la célébration légitime du rite matrimonial (Londres, National Gallery, Jan van Eyck, panneau, 1434; Panofsky, 1971, p. 201-203). Au Moyen Age, la figuration du mariage de contemporains conserve toutefois une certaine importance dans le domaine byzantin, en ce qui concerne les couples impériaux.


C’est d’ailleurs dans ce contexte qu’est produite une part importante des bijoux de mariage déjà évoqués : ils figurent souvent l’union des deux époux qui joignent leurs mains droites (dextrarum iunctio), sous l’égide du Christ (solidus de Marcianus et Pulcheria, 451, Glasgow, Hunterian Museum; ceinture matrimoniale de Dumbarton Oaks Coll.; Kantorowicz, 1960; Vikan, 1990; Iacobini, 1991). En Occident, la figuration du mariage des souverains ne revêt pas une telle importance sociale et politique; elle est beaucoup plus rare et semble limitée à des manuscrits tels que les Grandes Chroniques de France (Paris, BNF, fr. 2813, f. 344).

Deux contextes principaux, donnant lieu à la figuration du mariage humain, retiennent surtout l’attention. Il s’agit en premier lieu de l’illustration des manuscrits juridiques, qui se développe surtout à partir du XIIIe siècle, en particulier dans les Décrétales auxquelles est rattaché le Tractatus de matrimonio de Raymond de Penafort, et surtout dans le Decretum Gratiani (1130-1150), dont les causae 27 à 36 constituent le premier exposé systématique sur le droit canonique du mariage (Melnikas, 1975). Tout en illustrant les scénarios complexes d’une casuistique débridée, ces manuscrits fournissent un corpus très abondant et diversifié de figuration des rituels matrimoniaux. D’autre part, le mariage des personnages bibliques fournit une moisson abondante. Citons par exemple les mariages d’Osée et Gomer (ornant souvent l’initiale du livre de ce prophète), de Tobie et Sarra ou encore de Booz et Ruth (Bible de Roda, Paris, BNF, lat. 6, II, f. 1), qui le cèdent toutefois en importance à ceux de Moïse et Cippora (mosaïque de Santa Maria Maggiore, Ve siècle; Bible moralisée, Vienne, ONB, 2554, f. 17v.) et de David et Mikal (Musée de Nicosie, plat en argent provenant de Constantinople, 610-628, où l’iconographie permet d’établir une relation avec le mariage de l’empereur, conçu comme nouveau David; Frugoni, 1977, Bible Maciejowski, New York, PML, 638, f. 29v., milieu XIIIe siècle).

Dans le domaine néotestamentaire, le mariage de la Vierge et de Joseph revêt une importance toute particulière, puisqu’il concerne la parenté du Christ et fournit le modèle d’une union chaste (il est donc un enjeu dans la discussion des théologiens et des canonistes sur le rôle respectif du consentement et de l’union sexuelle dans l’établissement du lien matrimonial; Gold, 1982). Ignoré du Nouveau Testament, l’épisode est rapporté dans les apocryphes (cf. APOCRIFI). D’après les versions les plus anciennes (Proto-Evangile de Jacques, Evangile du Pseudo-Matthieu), Marie, ne pouvant demeurer dans le Temple une fois atteint l’âge de quatorze ans, bien qu’elle ait fait voeu de chasteté, se voit confiée à la garde d’un tuteur très âgé. Par la suite, l’épisode décrit un véritable rituel matrimonial, conformément à la version du Liber nativitatis Mariae, amplifiée dans la Légende dorée de Jacques de Voragine. Si la représentation du mariage de la Vierge et de Joseph apparaît de façon isolée à la fin de l’Antiquité (Le Puy, Musée Crozatier, sarcophage de la fin du IVe siècle), elle émerge surtout à partir du XIe siècle (Evangéliaire d’Otton III, Munich, Staatsbibl., Clm 4453, f. 28, où la Vierge place ses deux mains entre celles de Joseph; Lectionnaire, Aartbisschop. Mus., 1053, f. 7; Evangiles, Saint-Omer, BM, 154, f. 1, fin XIè siècle). Tandis qu’en Orient, on représente la Vierge confiée à Joseph, en évitant toute connotation nuptiale (Kiev, Sainte-Sophie, peintures, milieu XIe siècle), celleci s’affirme au contraire progressivement en Occident (Notre-Dame de Paris, portail Sainte-Anne, 1220-1230; Lafontaine-Dosogne, 1964-65). A partir de 1300, le thème prend un nouvel essor, dans les livres d’heures et les cycles monumentaux, en particulier en Italie où Giotto renouvelle l’iconographie du Spozalizio (Padoue, Chapelle Scrovegni; Klapisch-Zuber, 1990). Il montre le rite célébré sous l’autorité du grandprêtre, tandis que Joseph remet l’anneau à Marie (au lieu de la dextrarum iunctio, comme dans le nord de l’Europe). Son bâton miraculeusement fleuri, qui le désigne comme l’élu de Dieu, est surmonté de la colombe de l’Esprit selon la tradition issue du Liber Nativitatis Mariae, tandis que les autres hommes, moins chanceux, brisent leurs baguettes. S’inscrivant dans le même schéma, des oeuvres plus tardives (comme à Florence, Santa Croce, chapelle Rinuccini) soulignent davantage encore l’agressivité des jeunes récusés, évoquant ainsi les rituels du charivari, souvent accomplis lors du remariage d’un veuf.

A travers ces différents contextes, deux gestes principaux s’imposent largement pour signifier le rituel matrimonial : la dextrarum iunctio; la remise de l’anneau.

Dans l’Antiquité, le geste par lequel les époux unissent leurs mains droites est le signe matrimonial par excellence, tant dans le rituel que dans l’iconographie (Reekmans, 1958); apparaît alors, en position médiane, Junon ou la déesse Concorde, dans le rôle de la pronuba, qui pose ses mains sur les épaules des conjoints. Repris dans la représentation du mariage impérial byzantin, avec le Christ pronubus qui s’est substitué aux divinités antiques, le geste symbolise l’union et la concorde entre les époux.


Dans l’art médiéval, de nombreuses variantes sont possibles, qui tiennent à l’identité du pronubus ou à son geste. S’écartant de la posture antique (mains sur les épaules des époux), il peut prendre un rôle plus actif dans l’accomplissement du rituel, tenant les poignets des deux époux (Décret de Gratien, Paris, BNF, lat. 3893, f. 285) afin de procéder lui-même à la jonction des mains (Toulouse, Musée Dupuy, coffret d’ivoire, XIVe siècle, mariage de la Vierge, Lafontaine-Dosogne, 1965, fig. 69). Mais les deux époux peuvent aussi accomplir seuls la dextrarum iunctio (Bible Maciejowski, New York, PML 638, f. 42v., mariage de David et Bethsabée; Décret de Gratien, BAV, Vat. lat. 1374, f. 255v., Bologne, fin XIIIe siècle). La remise de l’anneau, pratiquée tant pour les fiançailles que pour le rituel matrimonial proprement dit, est le second élément fréquemment retenu. Bien attesté dans le rituel de l’Antiquité tardive, puis au cours du Moyen Age, ce geste ne vient que tardivement concurrencer la dextrarum iunctio dans l’iconographie (Decret de Gratien, BAV, Vat. lat. 1375, f. 267, Bologne, c. 1300; ainsi que les représentations déjà citée du mariage de la Vierge).

Comme pour la dextrarum iunctio, l’intervention du pronubus peut se faire plus ac tive, apparemment en conformité avec le rituel tel qu’il se déroule en Italie (Klapisch- Zuber, 1990) : il rapproche alors les mains des époux, afin que l’homme glisse la bague à l’annulaire de sa promise (Heures Visconti, Florence, BN 397, f. 1 : mariage d’Anne et Joachim; f. 90 : mariage de la Vierge).

D’autres éléments du rituel matrimonial trouvent plus rarement place dans l’image. C’est le cas de la velatio nuptialis, soit sous sa forme antique, dans laquelle la femme est recouverte d’un voile, signifiant la protection apportée par le mari, soit plutôt selon la version attestée dans les rituels ecclésiastiques au moins à partir du XIIe siècle (Molin-Mutembé, 1974, n. 2457), et dans laquelle un voile est posé sur les deux époux, symbolisant alors leur union.

En revanche, le couronnement nuptial, qui constitue pourtant dans le mariage byzantin le moment culminant du rituel, n’a guère laissé de traces, si ce n’est par l’existence de couronnes matrimoniales (Vikan, 1990). On citera toutefois le cas exceptionnel d’une miniature du XIIè siècle figurant le couronnement matrimonial de l’empereur Constantin VII et de sa femme Hélène (Chronique de Jean Skylitzes, Madrid, BN, cod. 5-3, n. 2, f. 125; Vikan, 1990, fig. 1). Enfin, des éléments importants du rite, tels que la deductio ad domum par laquelle la femme est conduite à la demeure de son époux, ne semblent pas représentés, mais la phase finale du mariage peut être évoquée par les fêtes et banquets qui caractérisent les réjouissances nuptiales. De même, il est exceptionnel de voir représenté le serment des époux (Sentences de Pierre Lombard, BAV, Vat. lat., 681, f. 271) ou évoquées dot et contre-dot (voir toutefois Vidal Mayor, VI, 10, De iure docium, Malibu, Paul Getty Museum, f. 197 v. où, au moment de la dextrarum iunctio, le mari désigne la demeure qu’il donne à sa femme).

Enfin, on doit souligner que l’iconographie se fait l’écho du processus, lent et partiel, de cléricalisation du rituel matrimonial. Si le rôle de pronubus peut être tenu par un membre des familles (Saül sur le plat de Nicosie, déjà cité) ou, cas fréquent surtout en Italie, par un notaire (Décret de Gratien, BAV, Urb. lat. 161, ff. 272 v., 276, 281), un prêtre apparaît de plus en plus souvent en position centrale, qu’il s’agisse de scènes bibliques (comme le mariage de la Vierge) ou d’illustrations juridiques (Vidal Mayor, ms. cité, f. 197v.). La scène peut d’ailleurs se dérouler ante faciem ecclesiae, conformément à une pratique par laquelle l’Eglise, à défaut de pouvoir imposer un rite ecclésiastique, cherche du moins à l’inscrire dans sa sphère d’influence (Décret de Gratien, Paris, BNF, lat. 3898, f. 285). Les bénédictions liturgiques (en particulier celle du lit nuptial), par lesquelles les clercs s’efforcent également de renforcer leur rôle dans le rituel, ne semblent guère représentées, même si l’on peut mentionner une miniature anglaise des Décrétales : tandis que l’évêque rapproche les mains des époux pour la remise de l’anneau, un diacre tient au-dessus du mari un livre portant l’inscription « Deus Abraham », allusion aux formules liturgiques invoquant au profit du nouveau couple la fécondité exemplaire du patriarche (Hereford, Cathédrale, ms. O. 7. VII, f. 156, 1250-1260). Enfin, le processus de cléricalisation apparaît plus clairement encore avec le choix de figurer la messe de mariage, dont on rappelle toutefois qu’elle ne constitue nullement le rite instituant juridiquement l’alliance, mais seulement un complément facultatif (Décret de Gratien, BAV, Vat. lat. 1389, f. 241, Bologne, c. 1330).

Institution divine du mariage et symbolisme matrimonial.

Si déjà saint Augustin affirmait que l’union conjugale (copula coniugalis) avait été instituée par Dieu au paradis, entre Adam et Eve (De civitate Dei, XIV, 21), l’iconographie du mariage des premiers parents ne s’en est pas moins constituée très lentement.


Ainsi, à l’exception d’un sarcophage paléochrétien qui montre Adam et Eve, à côté de l’arbre du péché, unis dans le geste de la dextrarum iunctio (Musée de Velletri, c. 300-320), les cycles figurés du paradis terrestre suivent dans un premier temps Gn 2,22 : Yahvé présente à Adam la compagne qu’il a tirée de son flanc, sans que la scène ne soit investie d’aucune connotation matrimoniale. Parfois, Yahvé pose la main sur l’épaule d’Eve et semble la pousser vers Adam (Bible de Vivien, Paris, BNF, lat. 1, f. 10v.; c. 846; Porte de Bronze de Hildesheim, c. 1015; Venise, San Marco, mosaïques de l’atrium); ailleurs, Yahvé, placé entre ses deux créatures, désigne Eve à Adam (voûte de l’abbatiale de Saint-Savin, c. 1100; mosaïques de Monreale).

Une transformation importante intervient au début du XIIIe siècle, lorsque l’on représente véritablement le mariage d’Adam et Eve (Heimann, 1975). Alors, Yahvé, en position de pronubus, saisit les poignets des deux époux pour accomplir la dextrarum iunctio (Bible moralisée, Vienne, ONB, 2554, f. 2 : « Ici fet Dex le mariage d’Adam et d’Eve », c. 1220; Freiburg im Br., Cathédrale, portail Nord, c. 1365;

Livre des propriétés des choses, Cambridge, Fitzwilliam Museum, ms. 251, f. 16, c. 1415). Une telle représentation confère au mariage une origine à la fois divine et édénique. Institué avant la faute, le mariage d’Adam et Eve montre que l’union sexuelle et la procréation peuvent s’accomplir sans péché et fournit le modèle idéal du mariage chrétien. Les mutations iconographiques font ainsi écho à l’évolution des conceptions cléricales du mariage, à sa valorisation croissante et à l’affirmation de son caractère sacramentel, qui s’impose fermement au cours du XIIe siècle.

L’union nuptiale du Christ et de l’Eglise constitue une autre référence fondamentale pour le mariage chrétien. Ce thème trouve sa source chez saint Paul (Ep 5,32), en un passage essentiel où l’union est qualifiée de « sacramentum » (terme qui n’a d’abord que le sens de mystère), avant de se développer largement dans la patristique. Il se trouve parfois figuré, notamment dans les Bibles moralisées, où il est mis en relation typologique avec le mariage d’Adam et Eve (Oxford, Bodleian, 270b, f. 6; Paris, BNF, fr. 9561, f. 8, début XIVe siècle). Le mariage entre chrétiens se trouve ainsi justifié par référence à la fois à son origine édénique (Adam et Eve) et à un modèle spirituel parfait (le Christ et l’Eglise) dont il est le symbole.

Enfin, il faut évoquer l’extrême diffusion du symbolisme matrimonial dans la culture et dans les images médiévales. Les formes de vies religieuses les plus valorisées sont conçues comme des noces spirituelles : la consécration des vierges est un mariage avec le Christ, qui leur confère le titre de sponsa Christi. De même que pour l’évêque, qui épouse son église, le rituel décalque celui du mariage, avec la remise de l’anneau, symbole de cette union mystique (Grégoire, 1977). D’autre part, la représentation du couronnement de la Vierge possède une forte connotation matrimoniale, par ses références au Cantique des Cantiques (Thérel, 1984). De façon générale, ce livre biblique a joué un rôle très important dans le développement de la symbolique nuptiale, même s’il faut préciser que les représentations du couple Sponsus-Sponsa ne se réfèrent pas aux gestes du mariage (il en va de même pour l’illustration d’Ap 19 qui montre les noces de l’Agneau et de l’Eglise; cf. APOCALISSE). Enfin, la représentation du mariage mystique avec le Christ est le privilège de certaines saintes, comme Catherine d’Alexandrie ou Catherine de Sienne qui reçoivent l’anneau de leur époux céleste (cf. CATERINA DA SIENA), tandis que François d’Assise épouse spirituellement Dame Pauvreté (Assise, Basilique inférieure, fresque giottesque).

Au Moyen Age, la symbolique nuptiale ne saurait être séparée des conceptions du mariage humain. Il importe au contraire de situer ce dernier entre une conception dépréciative, associant toute forme de sexualité, même vouée à la reproduction humaine, au péché, et la version idéale des noces mystiques qui renverse la symbolique nuptiale pour signifier le renoncement à tout lien charnel. Entre les deux, s’est progressivement élaboré, dans la diversité des rites et de ses représentations, un modèle chrétien du mariage, fondé sur une spiritualisation de l’union charnelle.

Jérôme Baschet

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Jehanne - dans La Société
8 janvier 2011 6 08 /01 /janvier /2011 12:13

La Châtaigne au Moyen âge.

 

 

 

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Au Moyen-Âge, les châtaignes étaient cuites dans le lait avec beaucoup de sucre.

 

Dans la région des Cévennes, les Cévenois avait baptisé le châtaignier l'arbre à pain - qui n'a aucun rapport avec l'arbre antillais du même nom. Sa culture remonte au XIe siècle. Son bois imputrescible servait à la construction artisanale, au bois de charpente et à la confection des écuelles. Les rames feuillues étaient utilisées comme fourrage et les feuilles sèches pour la litière des porcs. Au niveau de l'alimentation, on la retrouvait partout, grillée (afachades), en soupe (le bajanat), en confiture du petit déjeuner ou réduite en farine pour la confection des pains et des gâteaux.

 

Au Moyen-Âge, les Génois obligent les habitants de Corse à entreprendre la culture du châtaignier sur une grande échelle pour pallier aux disettes.

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Jehanne - dans L'Alimentation
27 octobre 2010 3 27 /10 /octobre /2010 14:42

Château de Chalus.

 

 

 

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A la frontière entre le Duché d’Aquitaine et le Royaume de France, le secteur de Châlus fait partie pendant le haut moyen-âge d’une ligne stratégique majeure. Il est un élément de la fameuse « Route Richard Cœur de Lion ». L'ensemble fortifié présent dans la ville de Châlus est caractérisé par deux éléments fortifiés. Le premier, Châlus-Chabrol, par sa haute tour cylindrique au sommet d'une colline, domine la ville et les vestiges de l’ancienne église Notre-Dame du Haut-Châlus où furent ensevelies les entrailles de Richard Cœur de Lion. Ce monument fortifié n'a rien d'une imposante forteresse en parfait état. Mais pour autant, il ne manque pas d'intérêt puisqu’on lui prête un grand moment de l’Histoire de France...

 

Le château de Châlus-Chabrol fût construit aux alentours du Xème - XIème siècle par ordres de Vicomtes de Limoges. Le donjon, haut de 25 mètres et seul vestige encore aujourd’hui visible, était entouré de deux enceintes elles-mêmes composées de bâtiments fortifiés composés de tours.

 

Le château de Châlus-Maulmont, quant à lui, apparût seulement plus tard. Il fût construit au XIIème siècle par Gérard de Maulmont. De forme rectangulaire, cette forteresse étaient composées de deux tours flanquées à deux angles opposés. La ville, jusqu’alors peut développée encore, se forma autour de cet édifice bénéficiant ainsi de la proximité avec les fortifications.

Ces deux places fortes ont été utilisées pendant les guerres de religion par les protestants, pour mener des expéditions contre Limoges. Elles souffrirent aussi, comme de nombreux édifices du moyen-âge, de la Révolution et furent partiellement détruites et enfin servirent de prison d’Etat jusqu’en 1820. Abandonnées pendant une longue période, les deux édifices continuèrent de se délabrer. Ils ont été classés aux Monuments Historiques en 1981. Et jusqu’à présent, d’importantes rénovations et consolidations ont permis de maintenir le site ouvert au public.

 

Lors de la grande lutte entre les ennemis héréditaires de l’époque, le Royaume de France et celui d’Angleterre, le Vicomte de Limoges, propriétaire de Châlus et vassal du Roi Richard Cœur de Lion, se tourna vers la cause du Roi de France. Richard Cœur de Lion décida alors, en 1199, d’assiéger le château de Châlus. La place, alors défendue par une petite garnison dirigée par Pierre Brun, seigneur de Montbrun, semblait une cible facile. Pourtant, les assiégés décidèrent de se protéger dans le donjon d’où on ne put les déloger. Du haut de ce dernier, un soldat tira un carreau d’arbalète et toucha mortellement le Roi d’Angleterre qui mourût de sa blessure quelques jours plus tard.

D’autres villes revendiquent la mort de ce Roi, et de nombreux ouvragent littéraires relatent cette aventure. En tout cas, la dépouille de ce fameux Roi et héraut d’Angleterre fût enterrée à trois endroits dont un ici dans une ancienne église près du château de Châlus...

 

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Jehanne - dans Patrimoine
8 septembre 2010 3 08 /09 /septembre /2010 14:32

Le Château d'Avezan: Château à vendre.

 

 

 

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Historique:

 

Avezan est le château de tous les mystères. S’il peut aisément être daté du début du XIIIeme siècle, il semble désormais certains, au vu de l’étude du site , qu’une construction primitive existait avant 1230 sur son emplacement. Encore 1209 et 1229, le pays de langue d’oc a fait l’objet de combats sans merci, dans le cadre de la croisade des albigeois.

Prenant prétexte de l’hérésie cathare, les barons originaires du nord du royaume mettent la Gascogne a feu et a sang. Le calme revenu, Othon, vicomte de Lomagne, fait don en 1230 du castrum d’Avezan à Raymond de Manas, l’un des rares barons originaires de la région à profiter des redistributions de terres opérées à l’epoque.

Raymond de Manas est issu d’une puissante lignée de seigneurs gascons qui descend probablement des comtes d’Astarac ( leurs armes, « d’azur a la croix d’argent et a la bordure d’argent semée de tourteaux », sont similaires ). Raymond et ses successeurs rendront foi et hommage au duc d’Aquitaine : Ainsi au cours de la guerre de Cent Ans, la famille de Manas sera toujours fidèle aux Anglais.

Placé en haut d’une éminence rocheuse, le site qui échoit à Raymond portait auparavant un ouvrage fortifié, vraisemblablement détruit au cours de la croisade. S’agissait-il d’un simple donjon, pièce essentielle des systèmes défensifs archaïques ?

Lorsque les travaux de restauration ont débuté, une tour quadrangulaire au rez-de-chaussée voûté en berceau a été identifiée, intégrée au château. De plus de 7 m de coté, cette tour présente des murs d’une exceptionnelle épaisseur (1,60m).

Raymond de Manas fait rétablir le château. Le bourg est protégé par deux lignes de murailles, tandis que le château proprement dit s’abrite à l’arrière d’une troisième ligne de défense, accessible uniquement par le pont-levis. Avezan paraît alors inexpugnable, tant son accès semble difficile : L’ennemi désireux de se lancer à son assaut se trouve, forcément démuni, face à un mur d’une épaisseur de 1,50m, dépourvu de toute ouverture à l’exception de six meurtrières. Aucun ouvrage avancé auquel s’agripper, pas de tour de guet qui puisse servir de cible. Le bâtiment central est flanqué d’un donjon qui le dominait à l’origine et qui fut arasé au XVIIeme siecle lorsque l’ensemble des bâtiments du château reçut une toiture uniforme.

A la fin du XVeme siècle, au terme d’une longue periode qui a vu ses seigneurs prendre tantôt parti pour l’Angleterre, tantôt pour la France, Avezan se métamorphose afin de s’adapter aux nouvelles exigences résidentielles de ses seigneurs, probablement a l’initiative de Jean II de Manas. Pour laisser enfin pénétrer la lumière, on perce des portes et des fenêtres. Cependant le souvenir de la guerre de Cent Ans est encore vivace et Avezan n’abandonne pas pour autant ses équipements défensifs. Deux fossés sont creusés, et le château est surmonté d’un étroit chemin de ronde. Jean II de Manas fait aussi aménager un judicieux réseau de souterrains. Ce dédale permettait à la petite garnison toujours en place ( une vingtaine d’hommes) de se déplacer sans se faire remarquer d’éventuels assiégeants.

En 1511, le décès de Jean II de Manas sans héritier direct sonne le glas du château. La vieille demeure, abandonnée, se meurt.

En 1651, Alexandre de Larrocan, nouveau seigneur d’Avezan, met un terme provisoire a sa déchéance : Il flanque le bâtiment central de deux tours quadrangulaires. Il restaure et modernise les intérieurs, faisant notamment couvrir les planchers de parquet. Le tour ouest comprend, fait remarquable pour l’époque, un système sanitaire.

Bientôt la succession du dernier des Larrocan pose à nouveau problème, les héritiers se déchirent et le château, aux XVIIIeme et XIXeme siècles, sombre lentement dans l’oubli.

Il lui faudra attendre 1972, date à laquelle son nouveau propriétaire maître Patrice Cournot, décide de lui redonner vie en entamant une immense campagne de restauration.

En 1996, le donjon est reconstruit.

 

 

 

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Informations pratiques:

 

Le château d'Avezan se situe a 45 minutes en voiture de la ville d'Agen. Les villages les plus proches sont St Clar, Lectoure, Fleurance.
La vente comprend le château avec ses granges ainsi que les 2 champs le jouxtant ( sur parcelle cadastrée section B n* 170 d'une superficie de 00ha 340a 20ca: un chateau du 13eme siecle avec granges et hangars, cours, terrasses, chemin d'acces - parcelle cadastrée section B n*171 d'une superficie de 01ha 01a 79ca - parcelle cadastrée section B n*128 d'une superficie de 01ha 40a 10ca- sur parcelle cadastrée section B n*591: un batiment a usage de grange élevé d'un etage sur rez de chaussée. )

Dans le château proprement dit il y a 23 pièces et 3 salles de bain .
Le château d'Avezan est classé a l'inventaire des monuments historiques.
Le château a été entièrement rénové dans le respect des matériaux de l'époque.
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Jehanne - dans Patrimoine
18 août 2010 3 18 /08 /août /2010 17:03

Hygiène, fraude et inspection sanitaire au Moyen âge.

 

 

 

 

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Dés sa naissance, sans aucun doute, le commerce engendra la fraude : des viticulteurs gaulois avisés de la Narbonnaise contrefaisaient adroitement les marques de négociants campaniens et paraient ainsi leurs piquettes du prestige des meilleurs crus italiens.

Le Moyen-Age connut lui aussi ses fraudeurs : les produits de la glyptique antique et tout particulièrement les "grylles", ces figures grotesques composes d'une tête et d'une paire de jambes sulptées dans des camées étaient imités à la perfection par des artisans joailliers. Les tapissiers "sarrazinois" cités par le Prévôt Etienne Boileau, imitaient au vu et su de tous les fleurons de la tapisserie arabe.

Les "regrattiers" mouillaient quelquefois leur lait, à leurs risques et périls... Les boulangers eux-mêmes n'étaient pas toujours très délicats : en 1316 tandis que la disette sévissait, seize artisans furent condamnés au pilori puis au bannissement du Royaume pour avoir mêlé des ordures à leurs farines ...

Les bouchers de Paris ou d'autres villes recouraient quelquefois à des pratiques qui pouvaient porter préjudice à la santé des consommateurs, formellement interdites par les Ordonnances royales ou par les règlements des Communautés.

Le respect des bonnes coutumes était l'une des attributions du Maître Chef et des Jurés de la Grande Boucherie, en l'absence de tout service sanitaire officiel.

Les Inspections des tueries ou des étals semblent avoir été fréquentes, voire systématiques. Tous les bouchers étant installés dans un espace restreint : il était difficile un contrevenant de ne pas être trahi par un voisin jaloux ou craignant de devoir acquitter la taxe de non dénonciation ...

Bien évidemment les inspecteurs ne pouvaient durant leur travail faire appel à des notions de microbiologie ou de parasitologie. Pas plus que les médecins de l'époque, ils ne savaient que les asticots étaient pondus par les mouches et pensaient qu'ils naissaient par génération spontanée. Ils étaient bien incapables de relier le ténia, grand ver parasite de l'intestin de l'homme, aux petits grains blancs dans la viande bovine, ses formes larvaires.

Cependant, si nos ancêtres du Moyen-Age ignoraient tout des agents infectieux, ils possédaient quelques idées sur le caractère nocif de certaines denrées, idées quelquefois entachées de considérations religieuses, superstitieuses. Ou de conclusions hatives : si une épidémie de rougeole s'abat sur la France en 1411 et qu'une épizootie de clavelée ravage au même moment les troupeaux de moutons, avec des rougeurs comme symptômes communs, c'est que la maladie peut passer de l'homme à l'animal.

Ils avaient pu constater que certaines affections de l'animal pouvaient se transmettre à l'homme et que des mauvaises pratiques ou des erreurs de travail pouvaient faire rapidement "tourner" les viandes.

Le Prévôt de Paris interdira aux charcutiers de vendre "chair cuite, soit qu'elle soit en saucisses ou autrement, qui soit puante ou infectée, et non digne de manger à corps humain." "Que chascun charcutier cuise les chairs qu'il cuira en vaisseaux [récipients] nets et bien écurés; et couvre les chairs, quant elles seront cuites, de nappes et linge blanc qui n'ait à rien servi depuis qu'il a été blanchi."

"Nul cuisinier, ne paticier, ne pourront tuer ne faire tuer nulle bestes, fors cochon de lait, pour ce qu'ilz ne sont pas cognoisseuans de maladies qui sont ès betes" ( Henry VI de France et d'Angleterre 1425, boucherie d'Evreux).

Inspection ante mortem

Les animaux devaient arriver sur leurs pieds jusqu'au lieu de l'abattage et de la découpe : ceci permettait d'empècher que des bouchers malhonnètes tuent discrètement des bêtes malades, voire qu'ils saignent une bête morte et ne les apportent ensuite à la découpe. Les animaux destinés à l'abattage devaient être en parfaite santé ; à plus forte raison la préparation de viandes cadavériques était prohibée : "nul bouchier ne pourra admener chars mortes pour escorchier ne vendre, ne aussi tuer aucune bête malade qui ne menguent [mangent] point qui ne soient voues par les jurez avant qu'ils les tuent" (Statuts de la Boucherie de Sainte-Geneviève 1381). " Que nul bouchier ne soit si hardy de vendre chars à la porte, se elle n' a été vue estre vive de deux ou trois hommes qui le tesmoigneront par un serment convenable et souffisant, et non pourtant ne la povant-ils vendre tant que les Juréz l'aient veue et instituée à bonne" ( Le Mans, statuts de 1317).

Comme aujourd'hui, les personnes chargées de faire respecter l'hygiène alimentaire pouvaient décider de laisser consommer ou non un animal malade, en appréciant le risque pour le consommateur : "l'an de grace l305 […] fut arse [brûlée] une vache qui fut condampnée par les jurés et par le maire [...] pour ce que la dite vache n'estait pas souffisant et qu'elle avait été IIII jours en son hostel, que les piez ne pouvaient porter le cors ... "Une exception notable : les porcs nourris avec les résidus de boulangerie, car ils étaient obèses. Ils pouvaient donc être amenés en chariot. Mais ces animaux, qui permettent aux boulangers de gagner correctement leur vie, étaient moins recherchés que les porcs de banlieue ou de province nourris aux fruits des bois.

Une mention toute particulière était faite des bestiaux atteints du fil encore appellé fy ou loup, transmissible à l'être humain. A Sainte-Geneviève '"Nul boucher ne pourra tuer char pour vendre qui ait le fil sur peine d'être arses devant son huys, gectée aus champs ou en la rivière et de payer l'amende ". Même prescription à Pontoise en 1403 "que toutes bêtes aumailles gouteuzes, mortes de loup ou fy courant ne doivent astre vendues en la dicte boucherie". Cette maladie est mal identifiée, mais on peut raisonnablement penser qu'il s'agissait de la tuberculose. Toute bête simplement suspecte étant détruite, ceci montre que les bouchers du Moyen Age étaient plus radicaux que nos services sanitaires actuels puisque, au début du XXème siècle, on assainissait certaines viandes en les cuisant à l'autoclave et que, actuellement, toutes les formes de tuberculose n'entrainent pas une saisie totale.

Du fait de son caractère de commensal de l'être humain, et de ses moeurs alimentaires assez répugnantes, le cochon semble avoir été soupçonné d'être à l'origine de maladies variées : "Nul bouchier […] ne pourra tuer char de porc qui ait est nourris en maison de huillier, de barbier, ne de maladrerie sur peine estre gectées aus champ ou en la rivière et de payer l'Amende (Sainte-Geneviève).

Nous avouons ne pas comprendre l'ostracisme frappant les pourceaux élevés par les huiliers : leur chair était-elle désagréablement parfumée par les résidus da pression des amandes, des olives ou autres oléagineux ? Etait-elle huileuse ? L'interdiction d'abattre des pourceaux vendus par des barbiers se comprend plus facilement : ces artisans soignaient des malades, effectuaient des saignées ou des amputations. L'horreur de l'anthropophagie, par cochon interposé, s'alliait à l'hygiène dans l'esprit des législateurs.

L' interdiction frappant les cochons nourris en maladrerie pose un problème. Peut-être voulait-on éviter tout contact entre individus sains et lépreux? La claustration des malades dans les léproseries ou "maladreries" n'avait pas d'autre but. On confondait également sous le même vocable la "ladrerie" ou cysticercose porcine, affection parasitaire due à un ténia dépistée par les languiers et la "ladrerie" humaine, la lèpre infectieuse, quelquefois caractérisée par des formes noduleuses. Cette hypothèse est confirmée par la lecture du "traité de Police", de Nicolas de La Mare et par divers textes antérieurs. Sous le règne de Charles VI, des "langoyeurs" institues par le Maître Chef se chargèrent d'inspecter les porcs pour dépister la ladrerie. En 1517, on marquait les porcs ladres à l'oreille, et leur viande était "assainie" par quarante jours de salage, temps suffisant pour tuer les parasites. " Les porcs dont les chairs ne sont encore que sursemées de quelques grains de ladrerie peuvent être ramendez. Si les chairs ne sont pas encore corrompues, le sel peut en corriger la malignité, on peut ensuite en user sans péril. La chair de porc sursemée sera mise au sel pendant quarante jours puis vendue dans un coin particulier des Halles, [marqué] par un poteau et un drapeau blanc" ( in traité de police de Delamare, 1729). De nos jours, on serait plutôt tenté de recourir à la congélation, s'il n'y a pas trop de kystes répugnants.

Les porcs les plus atteints étaient amputés d'une oreille et leur viande n'était pas destinée à la vente en boucherie. Elle devait être ruée en Seine, mais sous Louis XI, on la juge assez bonne pour les prisonniers du Châtelet. Ou bien, on pouvait la donner aux lèpreux, puisqu'ils étaient déjà infectés.

La viande des femelles en activité sexuelle n'était pas utilisée.

"Sa il y a quelque vache qui requière le toreau ou qui y ait esté de nouvel, ou qui ait de nouvel veellé [...] une truie qui est en ruit ou qui a nouveau cochonné il esconvient qu'elle soit résidiée de 3 sepmaines et 3 jours avant qu'elle soit disirée de vendre" (Pontoise 1403). Sans doute les considérations hygiéniques (risque de microbisme post-partum) ne pesaient-elles pas lourd devant le dégoût de la sexualité.

Les animaux trop jeunes n' étaient pas abattus : "nul bouchier ne pourra tuer ni vendre char de lait, se elle n'a plus de 15 jours" (Sainte-Geneviève).

"Le veau ne doit étre vendu en ladicte Boucherie se il ne a XVII jours frans, et si ne doit estre plus hault de une nuit en sa pel et n'en doit on oster quelque membre jusques a se que la pel en soit toute hors" (Pontoise). Ce dernier article démontre que les bouchers savaient qu'il était dangereux de laisser les chairs en contact prolongé avec les peaux, souillées de diverses déjections. Tant pour faciliter la conservation de la viande que pour éviter les intoxications.

Cependant certaines gravures, en particulier celles du "Tacuinum sanitatis" de l'arabe Albucasis, représentaient des chèvres non écorchées au contact de cuissots dépouillés.

Il n'y avait pas, en l'espéce, deux poids et deux mesures ; ce procédé critiquable répondait à un souci d'honnèteté : le chaland pouvait ainsi différencier la viande ovine de la viande caprine, tellement plus appréciée... Pour mémoire, le mot boucher dériverait du mot "bouc".

Diverses ordonnances entérinaient ces usages à Carcassonne, Meulan, Evreux, Noyon... "Se les bouchiers […] tuent boucs ou chievres pour vendre ils seront tenus de laisser le pel sur l'estal en vendant la chair".

Dans le Nord de la France, la chèvre n'avait pas mauvaise réputation. Il n'en allait pas de même dans le Midi : les statuts de Mirepoix, dûment validés par le seigneur Jean de Lévis et par les consuls de la ville, en présence des bouchers locaux, interdisent la viande de caprins agés de plus d'un an. Diverses raisons expliquent cet ostracisme : moeurs sexuelles débridées des caprins adultes, alors que le chevreau est innocent donc consommable? Troupeau caprin destiné essentiellement à la fromagerie? Risque de contamination de l'homme par la fièvre caprine, c'est à dire la Brucellose, très fréquente dans le bassin méditerrannéen?

Inspection post mortem

Nous n' avons pas trouvé trace, ni dans les textes parisiens ni dans l'iconographie, du soufflage des carcasses pour en faciliter le dépouillement : on perce un trou dans la peau , on introduit un chalumeau et on souffle pour séparer la peau de la masse musculaire. La technique n'était pas autorisée à Paris : "le 15 juillet 1451, le maire [de la GBP] est saisi d'une plainte des jurés contre les vendeurs de Jacques Haussecul, Jean Dauvergne, Jean Thibert, etc. qui avaient débité des viandes soufflées à la bouche ; le 11avril 1456, la cour revient sur cette affaire et sur d'autres qui font l'objet de plaintes continues; elle convoque les propriétaires et les vendeurs pour les admonester de ne pas souffler ni piquer les veaux et les moutons, de ne rien mettre sur les rognons pour les faire enfler, de ne pas médire de quiconque, de ne rien se jeter à la tête l'un de l'autre, etc. " Des textes du Midi de la France connaissaient et interdisaient formellement également cette pratique, jugée répugnante. On considérait que le souffle d'un éventuel malade pouvait être une source de contagion. Finalement les textes législatifs de la Renaissance acceptèrent cette pratique, sous réserve que le boucher utilise un soufflet.

Le soufflage des chairs ou "bouffage" était fort répandu et rigoureusement prohibé '."Se aucun bouchier est trouvé avoir aucune char soufféle au chalumeau ou emplie de vent de corps de créature... "(Ste Geneviève). Ce procédé qui n'a plus de nos jours qu'un intérêt folklorique était très usité au Moyen Age car les viandes n'étaient pas vendues au poids mais à la pièce. La balance représentée sur certaines enluminures n'a qu'une fonction décorative.

Les bouchers indélicats donnaient ainsi un aspect rebondi des morceaux de second choix. Ils utilisaient aussi des produits pour faire enfler les rognons, mais nous ne savons pas lesquels. .

Enfin, à une époque où la graisse était très recherchée, tant pour l'alimentation que pour des usages non alimentaires, ils n'hésitaient pas à "farder" leurs chairs, en violation des usages : " ...toutes les bestes devant dictes ne doivent estre piquées, soufflées, ne fardées c'est assavoir que on n'y doit mettre aucun parement que de leur gresse même comme de leur roignon et de leur coulle et iller [intestin] et de telle gresse comme ilz ont autour eulx… " (Pontoise) .

Les jurés ne méconnaissaient pas la maturation des viandes, absolument nécessaire à son attendrissement : "On ne pourra […] exposer nulles chars chaudes et nouvelles tuées jusques à ce qu'elles soient refroidies bien…" (Henry VI, roi de France et d'Angleterre, 1426, boucherie d'Evreux).

Il fallait plutôt craindre la trop grande maturation ou la putréfaction des viandes, puisqu'il n'existait aucune méthode correcte de longue conservation des aliments, si ce n'était le salage et l'entreposage dans des pièces fraîches, parcourues par des courants d'air perpétuels. Ceci étant, les bouchers pouvaient et devaient ajuster la quantité de bêtes abattues aux consommations estimées.

A Saint-Médard, nul boucher ne pouvait "ne par lui ne par autre tuer char, quelle que elle soit, au jour dont l'en ne mengera point de char l'endemain..." Idem à Sainte geneviève.

Il était aussi interdit de tuer des animaux dans les derniers jours du Charnage et à plus forte raison dans le Carème, sauf pour les malades.

Le Prévôt ordonna en 1391 de brûler "toute char fresche [non salée] gardée du jeudi au dimenche et tout rost aussi gardé…" Au total, il semble que les viandes devaient être consommées dans les deux jours suivant l'abattage. Donc, la légende d'un cuisinier du Moyen Age camouflant l'odeur des viandes putrides sous une tonne d'épices est totalement controuvée...

Nous ne saurons malheureusement jamais de quelle façon se comportaient les artisans de la Porte lorsqu'ils découvraient un kyste hépatique, un abcés pulmonaire ou des arthrites non décelées à l'inspection ante mortem.

Paraient-ils largement la pièce de découpe surtout lorsque l'aspect des lésions était trop répugnant ? Se contentaient-ils d'ôter les formations suspectes et maquillaient-ils les défauts de leurs viandes ? II semble que ce fut parfois le cas, car le Prévôt de Paris dut leur interdire de laisser brûler des chandelles autour des étaux aprés sept ou huit heures, selon la saison : les bouchers "presque tout au long du jour avoient et tenoient grands foisons de chandelles allumées en chascuns leurs étaux. Par quoi leurs chairs, qui étoient moins loyales et marchandes, jaunes, corrompues et flétries, sembloient aux acheteurs très blanches et fraîches sous la lueur d'icelles chandelles." Le travail de nuit était interdit à tous les métiers, sauf exception : par exemple les armuriers, pour une commande urgente et vitale....

Ainsi, les autorités réclamaient des bouchers qu'ils vendissent "de bonnes chars et loiaux et marchandes". Ce n'était pas toujours le cas mais, comme aujourd'hui dans les pays ou les classes sociales défavorisés, les chalands se souciaient souvent plus de manger que de la qualité de la nourriture.

Il semble que dans certaines villes du Midi, les animaux malades ou accidentés étaient interdits de commercialisation dans le circuit des boucheries traditionnelles, mais qu'elles pouvaient être vendues dans des boucheries de deuxième rang. Dès lors, il y avait un marché à deux vitesse : les gens aisés pouvaient faire acheter de la viande réputée saine au "mazel" et les pauvres se rendaient à la "bocaria" pour acheter de la viande malsaine, en toute connaissance de cause.

Les ordures, boues et effluents

Au terme de ce chapitre consacré à l'inspection sanitaire nous désirons évoquer le délicat problème des effluents. Nous avions rappelé dans le premier chapitre la déplorable situation dans laquelle se trouvait Paris au Moyen-Age : aucun égout digne de ce nom, des rues boueuses remplies d'immondices, des puits contaminés par des fosses à déjections à l'étanchéité sciemment déficiente. Sciemment, car la vidange d'une fosse par les Maîtres "Fy Fy " coûtait cher au propriétaire, alors que si l'on disjoignait discrètement quelques moellons de maçonnerie, on pouvait espacer les curages…

"Chacun laisse boues fientes et ordures devant son huis, au grand grief des créatures humaines" (Ordonnance de 1388). La situation était des plus catastrophique encore près des tueries et des boucheries : les urines, les fientes, le sang des bêtes écorchées, le contenu des viscères, les sérosités empruntaient des rigoles creusées dans le sol des ateliers, coulaient dans les rues et stagnaient dans les caniveaux. Les bouchers de Sainte-Geneviève eurent à soutenir les attaques de l'Université qui réclama, longtemps en vain, le respect de la loi : les ordures devaient être transportées hors de la capitale et répandues dans des champs, loin des cours d'eaux ou des voiries. Une ordonnance royale, en 1353, dut interdire le rejet des immondices sur la voie publique et le comblement des fosses : "Nul ne pourra avoir ezvier ne agout par lequel il puisse laissier couler sang […] ne autre punaisie se ce n'est eaue qui ne sente aucune corruption. "

"Nul bouchier ne pourra avoir ne tenir fosse, et celles qui a présent sont, seront emplies dedans la mi août prochain venant, aux dépens et frais de seulz qui les ont ... "

En 1366 un arrêt du Parlement constatant l'inefficacité de ces mesures exila les bouchers de Sainte-Geneviève en dehors de Paris : "Seront tenuz de tuer […] sanz laissier aller ne getter les ordures de leurs escorcheries, excepté que les fanz et laveures qui pevent passer par uns plataine de fer [trémie] percée tros mesnuz du gros d'un petit doigt d'un homme ..."

Les bouchers d'Amiens connurent les mêmes difficultés en 1281 (ordonnance du 1er avril) : " Il est interdit aux bouchers d'écorcher leurs moutons, veaux, agneaux, pourceaux et autres menus bétails dans leurs maisons ou devant leurs étals, car le sang, les boyaux et la fiente des entrailles de ceux-ci sont jetés et coulent depuis leurs maisons et leurs étaux dans la rue ce qui corrompt l'air, rend malade les hommes, et fait souffrir les passants à cause de cette abomination. Il est donc ordonné aux bouchers de tuer les animaux à l'écorcherie. Ils pourront toutefois tuer des animaux chez eux à condition qu'ils recueillent le sang et les ordures dans des récipients qu'ils iront ensuite porter à l'écorcherie "..

Leurs collègues du Châtelet ne subirent pas le même sort car ils étaient installés dans une enclave industrielle dont tous les habitants tiraient leurs revenus du travail de la viande et des cuirs : bouchers, écorcheurs, tanneurs, tripiers ... Ils purent dont, à loisir, empuantir le voisinage et souiller les rives de Seine en amont du Louvre. L'abolition de la Communauté en 1416 devait s'accompagner d'un transfert de la tuerie dans un terrain de l'Ouest parisien "prés ou environ des Tuileries Saint-Honoré qui sont sur ladicte riviére de Seine, oultre les fossez du chasteau de bois du Lovre".

Cette excellente mesure fut hélas rapportée "et l'eaue de la riviére de Seine [resta] corrompue et infecte par le sang et autres immondices desdites bestes qui descendait et que l'en gectoit en ladite rivière de Seine ..."

Peut être les autorités parisiennes auraient elles pu s'inspirer d'une mesure radicale des échevins d'Amiens en 1413 : " Tout animal découvert en train de divaguer, sera amputé d'une patte la première fois, d'une seconde patte en cas de récidive puis livré au bourreau si le propriétaire n'a pas encore compris. "

Mesure jamais appliquée ; en 1454 il faudra rappeler : " Parce que plusieurs inconvénients peuvent naître à cause du fait que plusieurs personnes demeurant en la dite ville entre les quatre portes, nourrissent des pourceaux dans leur maison, celliers, ou d'autres lieux et que ces bêtes sont sales, corrompent l'air à cause de leurs odeurs, ce qui pourrait rendre dangereusement malade des gens, ces messieurs de la ville ont fait crier et ordonner que personne ne nourrisse des pourceaux entre les quatre portes de la dite ville. "

Précisons toutefois, à l'intention des beaux esprits et persifleurs, prompts se moquer de nos lointains ancètres que l'on ne cessa qu'en 1849 d'épandre les ordures à Montfaucon et que la capitale ne fut dotée qu'en 1894 d'un réseau de tout-à-l'égout au terme d'une bataille épique ou s'illustrèrent médecins et ingénieurs des Ponts et Chaussées...

La fameuse truie de Falaise. Elle fut condamnée à mort pour avoir dévoré un jeune enfant.

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Jehanne - dans L'hygiène
31 juillet 2010 6 31 /07 /juillet /2010 10:06

La chimie au Moyen âge.

 

 

 

 

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Les doctrines mystiques et allégoriques des adeptes de l'art sacré furent reprises et développées au Moyen âge par les alchimistes arabes. Les Arabes traduisirent les oeuvres des Grecs, les commentèrent et firent fructifier les sciences pendant plusieurs siècles. De grands savant, tels Geber ou le médecin Avicenne, illustrèrent l'alchimie en Orient. C'est par l'intermédiaire des Arabes que la science alchimique pénétra en Occident, vers le temps des croisades. Les premiers alchimistes de l'Europe chrétienne ne connaissent et ne commentent que les auteurs arabes : Vincent de Beauvais, dans son Speculum majus, s'en réfère seulement à eux. Le Theatrum chemicum, collection des vieux textes connus au XVIIe siècle, n'en reproduit pas d'autres et ignore à peu près complètement les alchimistes alexandrins. La culture de l'alchimie fut poursuivie avec passion pendant le Moyen âge latin; mais elle fit peu de découvertes nouvelles.

Les adeptes, suspectés et persécutés, se cachèrent sous les noms des personnages les plus illustres de leur époque, tels que Albert le Grand, Thomas d'Aquin, Roger Bacon, mort en 1292, et Arnaud de Villeneuve, mort vers 1319, ont écrit réellement sur l'alchimie; quoique plusieurs des ouvrages qui portent leur nom manquent d'authenticité. On a attribué à tort, au dernier; la découverte de l'alcool, déjà connu des Arabes plusieurs siècles avant lui. Pendant le XIVe et le XVe siècle, les alchimistes se multiplient : les uns sont de purs charlatans, les autres ont concouru aux progrès de la chimie par des expériences souvent obscures et mal interprétées, mais qui sont devenues le point de départ des découvertes ultérieures. Citons seulement, à ce dernier point de vue, Basile Valentin, qui à beaucoup travaillé sur l'antimoine, les deux Isaac, père et fils, Hollandais fort habiles, Bernard Trévisan, mort en 1490, etc.

A côté de l'alchimie proprement dite, une chimie pratique a aussi existé au Moyen Age, les alchimistes eux-mêmes qui l'habillaient de tout l'attirail théorique de la philosophie hermétique s'y livraient, mais souvent aussi cette science perpétuait des savoir-faire remontant à l'Antiquité, et qui n'avaient jamais été perdus depuis.

 

 

 


Exploitation des mines.

Les Anciens avaient entrepris d'immenses travaux pour l'exploitation des richesses métallurgiques des Pyrénées et de l'Espagne. Mais arrivés à une certaine profondeur du sol ils se voyaient forcés de s'arrêter, soit à cause des airs irrespirables, soit à cause des eaux qu'ils rencontraient. Impuissants à vaincre ces obstacles, les ouvriers mineurs abandonnèrent ces anciennes mines, sur lesquelles on avait répandu beaucoup de superstitions, conformément à l'esprit du temps.

« La principale raison, dit Carrault, pour laquelle la plupart des mines de France et d'Allemagne sont abandonnées, tient à l'existence des esprits métalliques qui sont fourrés en icelles. Ces esprits se présentent les uns en forme de chevaux de légère encolure et d'un fier regard, qui de leur souffle et hennissement tuent les pauvres mineurs. Il y en a d'autres qui sont en figure d'ouvriers affublés d'un froc noir, qui enlèvent les ouvrants jusqu'au haut de la mine, puis les laissent tomber du haut en bas. Les follets ou kobalts ne sont pas si dangereux; ils paraissent en forme et habit d'ouvriers, étant de deux pieds trois pouces de hauteur : ils vont et viennent par la mine, ils montent et descendent, et font toute contenance de travailler [...]. On compte six espèces desdits esprits, desquels les plus infestes sont ceux qui ont ce capuchon noir; engendré d'une humeur mauvaise et grossière [...]. Les Romains ne faisaient discontinuer l'ouvrage de leurs mines pour quelque incommodité que les ouvriers pussent recevoir. »

Ce dernier trait est caractéristique : il peut suffire pour distinguer les mentalités de l'Antiquité d'avec celles du Moyen âge. Les souverains étaient censés les propriétaires de tous les trésors souterrains. A l'origine ils ne concédaient qu'à leurs proches le droit d'exploiter des mines.
C'est ainsi que Charlemagne accorda à ses fils Louis et Charles, par lettres patentes, datées de Laon en 786, l'exploitation des mines de la Thuringe. Plus tard ce droit fut concédé à de simples particuliers. Les travaux des Francs et des Maures sont faciles à reconnaître; leurs excavations souterraines ont généralement la forme carrée. Les puits des mines exploitées par les Romains sont toujours ronds.

Lorsqu'on eut appris que les sables de certaines rivières sont aurifères, tout le monde voulait se mettre à la recherche de l'or. L'agriculture fut abandonnée et les campagnes devinrent bientôt désertes. Il en résulta des disettes cruelles, et les gouvernements recoururent à la force ou à des peines sévères pour ramener les chercheurs d'or à la culture des champs.

 

 

 

 

Kermès. Culture du pastel.

Le kermès ou la cochenille du chêne (coccus ilicis), bien connu des Grecs et des Arabes pour la teinture écarlate, parait avoir été introduit dans l'ouest de l'Europe vers le Xe ou XIe siècle. A cette époque, plusieurs abbayes augmentaient leurs revenus en exigeant, sous forme de dîme, une certaine quantité de sang de Saint-Jean, comme on appelait alors le kermès.

Avant l'introduction de l'indigo, on employait le pastel (isatis tinctoria), plante de la famille des Crucifères, pour teindre les étoffes en bleu. Dès le XIIe siècle la culture du pastel avait déjà acquis un haut degré de prospérité dans l'Europe centrale, particulièrement en Lusace et en Thuringe.

 

 

 

Peinture sur verre.

Les vitraux peints étaient primitivement formés d'un assemblage de fragments de verre coloré. Cet assemblage de compartiments de toutes sortes de couleurs, transparents, agréables à la vue, rappelait le travail des artistes romains, connus sous le nom de quadratarii. On admirait beaucoup l'effet que produisait le soleil levant, entre autres, à travers les vitraux de l'Église de Sainte-Sophie, à Constantinople. Les vitres de couleur que le pape Léon III fit, en 795, mettre aux fenêtres de l'église de Latran étaient également fort admirées de leur temps.

L'art de brûler, dans la substance même du verre, des dessins de différentes couleurs, ne paraît pas être antérieur au XIe siècle. L'abbé Suger, ministre de Louis le Gros, nous apprend lui-même qu'il fit venir de l'étranger les artistes les plus habiles pour peindre les vitres de l'abbaye de Saint-Denis, qu'ils brûlaient des saphirs en abondance et les brûlaient dans le verre, pour lui donner la couleur d'azur, la plus estimée des couleurs.

L'art de la peinture sur verre, où dominaient le bleu et le rouge (obtenu par l'oxyde de fer), se perfectionna aux XIIIe, XIVe et XVe siècles. il se perdit vers le XVIIIe siècle, et fut retrouvé vers le milieu duXIXe siècle, grâce aux progrès de la chimie.

 

 

 

Altération des monnaies.

Les vices de l'humain sont, qu'on nous passe cette comparaison, le fumier du progrès. Pour s'assurer à quel point les monnaies étaient altérées par la cupidité, il fallait de nouveaux moyens chimiques. La pierre de touche, dont se servaient depuis longtemps les orfèvres, était un procédé devenu insuffisant. La coupellation, décrite par Geber (L'alchimie arabe), fut bientôt universellement pratiquée. Une ordonnance de Philippe de Valois, en date de 1343, entre à cet égard dans des détails curieux.

« Les coupelles, y est-il dit, sont de petits vaisseaux plats et peu creux, composés de cendres de sarment et d'os de pied de mouton calcinés et bien lessivés; pour en séparer les sels qui feraient pétiller la matière de l'essay, on bat bien le tout ensemble, et après cela on met, dans l'endroit où l'on a fait le creux, une goutte de liqueur qui n'est autre chose que de l'eau où l'on e délayé de la mâchoire de brochet ou de la corne de cerf calcinés, ce qui fait une manière de vernis blanc dans le creux de la coupelle, afin que la matière de l'essay y puisse être plus nettement, et que le bouton de l'essay s'en détache plus facilement.»

La même ordonnance recommandait aux essayeurs d'employer du plomb parfaitement pur pour opérer le départ du cuivre allié à l'or ou à l'argent. Cette recommandation était d'autant plus nécessaire que le plomb était alors presque toujours argentifère, comme le montre l'analyse des couvertures de plomb d'anciennes églises. C'est de là que vient probablement la croyance populaire que le plomb qui vieillit sur les toits se change en argent.

Cependant pour opérer le départ de l'argent dans les alliages d'or et d'argent, la coupellation ne suffisait plus. On employa l'eau-forte pour dissoudre l'argent sans toucher à l'or. Ce moyen devint d'un usage fréquent dès le commencement du XVIe siècle, à en juger par une ordonnance du roi François Ier. Les Vénitiens et les Hollandais avaient alors le monopole de la fabrication de l'eau-forte et de l'eau régale.

Avant l'emploi de l'eau-forte, les essayeurs se servaient du ciment royal et de l'antimoine. Le ciment royal était un mélange de briques pilées, de vitriol, de sel commun et de nitre, mélange déjà connu des anciens. Quant à l'emploi de l'antimoine, le procédé de calcination devait être très défectueux : l'or ainsi séparé était peu malléable, il fallait le calciner de nouveau et en chasser les fleurs d'antimoine au moyen de soufflets.

L'altération des monnaies était un des moyens les plus ordinaires que les princes employaient alors pour remplir leurs caisses. Pour détourner d'eux les soupçons, ils accusaient de ce crime les physiciens et les alchimistes. Le roi Charles V fit, en 1380, une ordonnance par laquelle il interdisait à tous les citoyens « de se mêler de chimie et d'avoir aucune espèce de fourneau dans leurs chambres ou maisons. » Les souverains se relâchèrent plus tard de cette rigueur. On trouve, dans les archives des chancelleries de France, d'Allemagne et d'Angleterre, des transcriptions de lettres patentes conférant à des particuliers le privilège d'exploiter, pendant un certain nombre d'années , des procédés secrets « pour changer les métaux imparfaits en or et en argent. » C'était une prime d'encouragement donnée à la recherche de la pierre philosophale.

 

 

 

 

Falsification des aliments.

La fraude a puissamment contribué aux progrès de la chimie. La vente de la farine, du pain, de la viande de boucherie fut de tout temps l'objet d'une surveillance particulière. Le beurre même n'y échappait point. Une ordonnance du prévôt de Paris, en date du 25 novembre 1390, interdisait à toutes personnes faisant le commerce du beurre frais ou salé, « de mixtionner le beurre pour lui donner une couleur plus jaune, soit en y mêlant des fleurs de souci, d'autres fleurs, herbes ou drogues ». Elle leur faisait aussi défense « de mêler le vieux beurre avec le nouveau, sous peine de confiscation et d'amende arbitraire. »

La bière ou cervoise était alors sophistiquée autant qu'elle l'est aujourd'hui. C'est ce qui résulte des plus anciens statuts des brasseurs de Paris, qui portent que

« nul ne peut faire cervoise, sinon d'eau et de grain, à savoir d'orge, de méteil ou de dragée; que quiconque y mettra autre chose, comme baye, piment ou poix-résine, sera condamné à vingt sous d'amende, et ses brassins confisqués. »
Ces statuts furent renouvelés avec quelques additions qui portaient

« que les brasseurs seront tenus de faire la bière et cervoise de bous grains, bien germés et brassinés, sans y mettre ivraie, sarrasin, ni autres mauvaises matières, sous peine de quarante livres parisis d'amende; que les jurés visiteront les houblons avant qu'ils soient employés, pour voir s'ils sont mouillés, chauffés, moisis et gâtés; afin que s'ils sont trouvés défectueux, les jurés en fassent rapport à la justice, pour faire ordonner qu'ils seront jetés à la rivière. Aucuns vendeurs de bière et cervoise en détail n'en pourront vendre si elles ne sont bonnes, loyales et dignes d'entrer au corps humain, sous peine d'amende arbitraire et confiscation.»

 

 

Le vin, plus encore que la bière, avait de tout temps exercé l'esprit malfaisant des sophisticateurs. Une ordonnance du prévôt de Paris, porte
« que pour empêcher les mixtions et les autres abus que les taverniers commettaient dans le débit de leurs vins, il serait permis à toutes personnes qui prendraient du vin chez eux, soit pour boire sur le lieu, soit pour emporter, de descendre à la cave et d'aller jusqu'au tonneau pour le voir tirer en leur présence, etc. »

En traitant les vins par la litharge (oxyde de plomb), on en corrigeait l'acidité. Mais, par cette addition, il se produisait du sucre de Saturne (acétate de plomb), qui est un poison. D'anciennes ordonnances de police mentionnent plusieurs cas d'empoisonnement, dus à cette falsification. C'est ainsi que plusieurs vignerons d'Argenteuil furent punis d'une forte amende pour avoir mis de la litharge dans leurs vins, "afin de laur donner une couleur plus vive, plus de feu, et en diminuer la verdeur".


 

 

 

Pharmacopées. Poisons.

Au Moyen âge, les pharmacies n'étaient que des dépôts (apothèques) de sirops, d'électuaires, de conserves, de liqueurs alcooliques épicées, etc. Les apothicaires étaient primitivement placés sous la surveillance des médecins, et ils faisaient venir de l'Italie la plupart des médicaments officinaux, surtout les poisons.

L'une des substances dont les princes paraissent avoir alors fait souvent usage, et dont ils connaissaient parfaitement les propriétés, c'est l'arsenic sublimé, la mort-aux-rats, autrement nommé acide arsénieux. C'est ce qui résulte des instructions que donna, en 1384, Charles le Mauvais, roi de Navarre, au menestrel Woudreton, pour empoisonner Charles VI, roi de France, le duc de Valois, frère du roi et ses oncles, les ducs de Berry, de Bourgogne et de Bourbon :

« Tu vas à Paris; tu pourras, lui disait le roi de Navarre, faire grand service, si tu veux. Si tu veux faire ce que je te dirai, je te ferai tout aisé et moult de bien. Tu feras ainsi : Il est une chose qui s'appelle arsenic sublimat. Si un homme en mangeait aussi gros qu'un pois, jamais ne vivrait. Tu en trouveras à Pampelune, à Bordeaux, à Bayonne et par toutes les bonnes villes où tu passeras, ès hôtels des apothicaires. Prends de cela et fais-en de la poudre. Et quand tu seras dans la maison du roi, du comte de Valois son frère, des ducs de Berry, Bourgogne et Bourbon, tiens-toi près de la cuisine, du dressoir, de la bouteillerie, ou de quelques autres lieux où tu verras mieux ton point; et de cette poudre mets ès potages, viandes et vins, au cas que tu le pourras faire à ta sûreté; autrement ne le fais point. »

Rien de plus clair que ces royales instructions d'empoisonnement. Elles nous apprennent plus sur cette matière que tous les alchimistes du Moyen âge. Ajoutons que c'est avec l'arsenic sublimat de Charles le Mauvais que se commettent encore aujourd'hui la plupart des crimes d'empoisonnement.

( Woudreton fut pris, jugé et écartelé en place de Grève en 1384. Voy. les Chroniques du moine de Saint-Denis et de Juvénal des Ursins. Le procès-verbal de l'interrogatoire du menestral Woudreton, conservé au Trésor des Archives, a été rapporté par Sacousse).

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Jehanne - dans La Société
31 juillet 2010 6 31 /07 /juillet /2010 10:01

La terre et les paysans.

 

 

 

 

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Alleu, tenure et réserve

Au Moyen Âge, la grande majorité de la population vit à la campagne et cultive la terre. En contrepartie de leur protection, les seigneurs exigent des paysans un certain nombre de services et de redevances. Les terres cultivables sont réparties en 3 catégories : l'alleu, la tenure et la réserve. L'alleu est une terre qui n'appartient pas au seigneur. Elle est la pleine propriété du paysan et clé sa famille et est libre de tous droits seigneuriaux. Toutefois, le paysan peut être soumis à certaines obligations.

Mais la grande majorité de la terre appartient au seigneur qui la divise en tenures et en réserve. Les tenures sont louées à des paysans libres qui les cultivent, moyennant l'acquittement d'une location, le cens, et de divers services et redevances, le tout payable en nature ou en argent. Quant à la réserve, elle est constituée des terres qui appartiennent directement au seigneur. Elle est culti­vée la plupart du temps par les domestiques et les serviteurs du château. Les produits de la récolte sont stockés dans les greniers et les celliers du seigneur et servent à le nourrir, lui, sa famille et son entourage. Les surplus éventuels sont vendus, ce qui procure au seigneur une source de profit supplémentaire. A certaines époques de l'année, les autres paysans de la seigneurie sont astreints à des travaux agricoles sur la réserve. L'ensemble de ces obligations en nature constitue les corvées.

Paysans libres et serfs

Dans les campagnes, on distingue généralement les serfs des vilains. Les serfs sont des paysans totalement dépendants du seigneur. Ils sont attachés à la terre qu'ils cultivent; si la terre est vendue, ils sont vendus avec elle. En outre, ils ne peuvent quitter leur maître. Pour se marier en dehors de la seigneurie ils doivent s'acquitter d'une taxe, le formariage. Ce ne sont cependant pas à proprement parler des esclaves, tels que l'on en rencontrait durant l'Antiquité. Contrairement à une idée reçue, les serfs sont minoritaires parmi l'ensemble de la paysannerie.

Les paysans libres, appelés vilains, sont moins étroitement soumis au seigneur, même si, comme les serfs, ils sont également astreints à toute une série clé droits seigneuriaux : cens, taille, corvées, obligations d'utiliser le four banal, le moulin banal... En plus de ces taxes, redevances et services, les paysans sont soumis à la dîme, un impôt versé au profit de l'Église et qui représente environ un dixième des récoltes.

Semailles et moissons

Le seul engrais connu au Moyen Âge est le fumier. Or, les paysans ont peu de gros bétail. La terre, qui n'est donc pas correctement enrichie, devient stérile après quelques années de culture. Pour remédier à cette situation, on développe la jachère. Les surfaces cultivées doivent être laissées au repos l'année suivan­te. Il en découle une rotation des cultures, la moitié des terres étant tour à tour ensemencées puis mises en jachère un an sur deux.
C'est l'assolement bien­nal. L'inconvénient majeur de cette technique est une déperdition d'environ 50% de la production de la surface agricole. Peu à peu, une autre méthode va être développée : l'assolement triennal. Les champs sont divisés en 3 zones ou soles. Une seule est laissée en jachère tandis que la production est répartie sur les deux zones restantes, où l'on alterne la culture du blé avec celle d'autres céréales ou de légumes qui épuisent moins le sol (seigle, avoine, lentilles, choux, haricots...).

Parallèlement, les XIe et XIIIe siècles sont une période d'intenses défrichements. De nouvelles terres cultivables sont gagnées sur les forêts, les taillis, les marécages. Nombre de villages sont créés durant cette période. Les seigneurs encouragent ces défrichements, car ils leur permettent d'augmenter leurs revenus. Ils proposent aux paysans de venir s'implanter sur ces espaces et leur concèdent certains avantages et libertés. La condition des paysans, et notamment des serfs, s'en trouve améliorée. En effet, les défricheurs reçoivent du seigneur un lot de terres ainsi que la liberté complète, s'ils sont d'origine servile. L'attrait de la liberté fait, dès lors, affluer les paysans vers ces régions défrichées. L'étude de la toponymie renseigne sur ce mouvement et l'importance des nouvelles installations humaines. Ainsi, les localités comportant, par exemple, des noms en -sart, -rode, -hout ou la terminologie «neuville» évoquent ces déboisements et ces récentes implantations.

Cependant, malgré les défrichements, les famines restent une menace très présente et régulièrement, des régions entières sont frappées par ce fléau.

Les innovations technologiques

Entre le XIe et le XIIIe siècle, on assiste à de grands progrès dans le domaine de l'agriculture. Jusqu'à cette époque, les paysans disposent d'outils rudimentaires (houe, araire construits en bois) pour cultiver le sol. Enfouies à faible profondeur, les semences ne donnent qu'un faible rendement.

Peu à peu, l'usage du fer se développe, ce qui rend possible l'usage d'instruments métalliques plus perfectionnés : la charrue à soc en fer qui retourne la terre, la herse qui brise les mottes et enfouit les grains ou la faux qui coupe les foins. Mieux mis en valeur, les champs et terres de cultures produisent une récolte plus abondante.

Parmi les autres innovations technologiques, on peut citer l'amélioration de la traction et des procédés d'attelage plus performants : utilisation plus fréquente du cheval (dont les sabots sont ferrés) recours au collier d'épaule, apparition du joug frontal et de l'attelage en file pour les boeufs.

Agriculture et alimentation

L'alimentation est essentiellement composée de céréales : blés d'hiver (froment, épeautre, mil, seigle...) ou de printemps (orge et avoine) utilisés pour confectionner le pain, les galettes, la cervoise et la bouillie. Le pain, blanc pour les nobles et les nantis, est la nourriture de base. Cet aliment a, en outre, une haute valeur symbolique : le pain consacré représente le corps du Christ; partager le pain, en famille, c'est manifester son appartenance à la communauté chrétienne. Les légumineuses (pois, fèves, raves, «herbes» et «racines») viennent en complément, en accompagnement. On les consomme sous formes de bouillies ou de soupes. Les laitages et les œufs s'ajoutent à cette alimentation quotidienne. Les fruits (noisettes, noix, fraises, framboises...) sont rares et essentiellement issus de la cueillette.

Le développement des échanges favorise la culture de la vigne. Celle-ci s'étend progressivement vers le nord de l'Europe, depuis les côtes méditerranéennes jusqu'à nos régions. Mais les techniques de vinification étant rudimentaires, le vin est peu alcoolisé. On le coupe alors d'eau et on lui ajoute des épices. De même, les modes de conservation sont peu développés. Le vin se conserve dans des tonneaux et devient souvent imbuvable au bout d'une année. La consommation de viande est exceptionnelle, sauf à la table des seigneurs, grands amateurs de gibier. Porcs, moutons, volaille et bétail sont élevés pour leur viande, mais également pour les multiples ressources qu'ils procurent (laine, œufs, animaux de trait...).

Textes

La tenure au XIIe siècle
«... Guichard, bon paysan, qui doit en service :
- à Pâques, un agneau;
- à la fenaison, six pièces de monnaie;
- à la moisson, un repas (avec plusieurs associés) et un setier d'avoine;
- aux vendanges, douze deniers;
- à Noël, douze deniers, trois pains, un demi-setier de vin;
- à Carême-entrant, un chapon;
- à la Mi-Carême, six pièces de monnaie...».
G. Duby, L'Economie rurale et la vie des campagnes, livre III, Paris, Aubier, 1962, p. 650.
Rotation des cultures en 1178
«(L'abbaye du Neufmoustier doit remettre à l'ancien détenteur de la dîme entre Champion-Seraing et Seraing-le-Château) trois muids d'épeautre, l'année des blés d'hiver (...), rien qu'un muid d'épeautre l'année de l'orge et de l'avoine; mais la troisième année, pendant laquelle la terre vide reste en jachère, le cou­vent de Huy ne devra rien».

J.-P. Rorive, «Un cas précoce d'assolement triennal en Hesbaye hutoise (1178)», Bulletin de l'Institut archéologique liégeois, t. XC, Liège, 1978, p. 3.

Concession de terres à des paysans à l'occasion d'un défrichement (charte du 10 août 1161)
«Moi Thierry, par la grâce de Dieu, comte de Flandre, et aussi mon fils Philippe, nous avons donné à cultiver à des paysans, moyennant un cens annuel, les friches de Reninge (Renninghelst, localité près d'Ypres), qui appartiennent spécialement à notre domaine (...). A tous ceux qui voudraient y demeurer, s'ils sont retenus par leurs obligations dans une autre seigneurie, nous prendrons soin de leur faire donner la permission de venir vers nous. Qu'il soit donc connu aux hommes présents et futurs, que nous avons accordé et donné pour toujours, non seulement à ceux qui demeurent à présent sur cette terre mais à tous ceux qui y demeureront plus tard, une telle liberté qu'ils ne soient en aucune façon soumis aux lois, aux justices ou aux causes de la communauté du pays de Fûmes (...); mais qu'ils soient toujours libres et indépendants, soit de tous les services, demandes, tailles, soit de toutes les autres exactions quelconques, auxquelles sont astreints les autres habitants de notre terre, (...)».

P. Bonenfant, F. Quicke, L. Verniers, Lectures historiques. Histoire de Belgique, t. I, Bruxelles, 1937, pp. 142-143.

Une famine à Liège en 1197
«Une multitude de pauvres gens est morte de faim. On mangeait les cadavres des animaux crevés et presque personne n'avait conservé l'espoir, tant la misère menaçait tout le monde. (...) Les pauvres gisaient dans les rues et mouraient; ils étaient couchés devant les portes de nos églises, lorsqu'on chantait les matines, moribonds et gémissants, attendant l'aumône que l'on faisait à la première lueur du jour. Cette année, le blé nous manqua dès l'Epiphanie (...). Quant à la bière, elle nous fit défaut toute l'année (...)».
P. Bonenfant, F. Quicke et L. Verniers, op. cit., pp. 140-141.

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Jehanne - dans La Société
24 juillet 2010 6 24 /07 /juillet /2010 10:33

Le tissage de la laine.

 

 

 

 

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Depuis les premiers Gaulois et jusqu'au XIIe siècle, le tissage de la laine n'a cessé de progresser en France. L'industrie nationale s'est organisée en différents centres de fabrication dans les provinces de Picardie (Cambrai, Amiens, Beauvais), de Champagne, de Bourgogne, Ile-de-France, de Normandie (Caen, Rouen) et du Languedoc. En Flandre, les villes comme Arras, Bruges, Lille, Valenciennes et Douai ont déjà acquis leur renommée. La production de chaque région se reconnaît à la qualité de son tissage et à la couleur de sa teinture : le vert de Douai, le noir de Rouen ou l'écarlate du nord sont quelques-unes des teintes les plus estimées.

Au XIIIe siècle, les lainages en vogue proviennent des manufactures du nord. Le camelin oriental (fin et souple tissage de laine de chameau), également très prisé, est rapidement imité en Occident. Par ailleurs, on utilise des lainages légers, dont certains sont importés d'Italie : des tamines (étoffe non croisée et peu serrée, servant à la confection des chemises), des serges (fin tissage croisé), des tiretaines ( étoffe grossière ou de prix, tissée avec une chaîne de filou de coton), et des droguets (sorte de drap peu épais, tout laine ou demi-laine, demi-fil).

Les draps sont unis ou rayés de bandes horizontales aux couleurs bigarrées. Le perfectionnement des techniques de tissage permet la confection de nouveaux tissus. Ceux-ci sont "eschiquetés ", c'est-à-dire divisés en petits carreaux de différentes couleurs, ou marbrés ou bien chinés.

Jusqu'au XIIe siècle, l'usage de la soie dans le costume français est issu du commerce pratiqué avec l'Orient. Les Croisades font découvrir de nouvelles soieries, dont la richesse, l'éclat des coloris et l'ornementation, alliés à leur finesse, séduisent les Européens. Par leur intermédiaire, ces somptueux tissus sont introduits en Occident où ils connaissent un immense succès auprès des classes favorisées, avides de luxe. Dès lors, les rapports commerciaux avec l'Orient s'amplifient, diffusant le cendal, soie ressemblant à notre taffetas actuel, particulièrement répandue dans une teinte rouge ; la paile, soie brochée provenant d'Alexandrie, importée en grande quantité dès le XIIe siècle ; le siglaton, brocart d'or fabriqué dans tout l'Orient pour les vêtements de très grand luxe ; l'osterin, drap de soie teint en pourpre ; et le samit, étoffe d'origine byzantine, proche du cendal en plus épais et plus riche. A partir du XIIIe siècle, la soie commence à être fabriquée en Italie, à Gènes, Sienne, Lucques et Venise, villes produisant essentiellement des imitations orientales. La France possède aussi ses propres manufactures, où se travaille la soie grège importée par les marchands italiens. Ainsi, des motifs occidentaux, religieux ou profanes se substituent à l'ornementation des pays orientaux.

Un trafic commercial de fourrures en provenance d'Asie, s'est développé en parallèle avec celui de la soie, lorsque les Croisés découvrent les pelleteries asiatiques. Et malgré leur cherté, l'importation de fourrures précieuses augmente considérablement : fourrures d'ours, de zibeline et de martre, dont raffole la noblesse. On les apprécie tout particulièrement teintes en rouge ou en vermeil, ou bien mélangées et combinées entre elles. Cette vogue se prolonge aux XIIIe et XIVe siècles en dépit de prix très élevés, puis de l'instauration de lois somptuaires visant à réduire leur consommation. Tout au long du Moyen Age, les fourrures servent presqu'exclusivement de bordure aux manches et aux encolures ou comme doublure aux vêtements de dessus. Les pelleteries entrent aussi dans le costume des personnes moins fortunées qui se contentent de produits locaux tels que le lièvre, le renard, le chien, l'écureuil et le petit-gris, d'où vient le vair .

Depuis l'Antiquité, le lin se tisse en des étoffes plus ou moins fines, généralement blanches. On trouve le coutil, grosse toile à trame serrée, appliquée à la confection de vêtements de dessus ou comme doublure ; le cainsil, fine toile utilisée pour les chemises, les tuniques, les braies ; et le couvre-chef, tissu léger pouvant être très transparent, servant essentiellement à la fabrication de coiffes.

Employé depuis les premiers siècles de notre ère, le coton commence par être importé d'Egypte ou d'Inde avant d'être cultivé, puis travaillé en Italie à partir du XIIe siècle. Il est alors utilisé à l'état d'ouate, de filou de tissu. La production française de cotonnades semble remonter au XIIIe siècle. Du Xe au XIVe siècle sont utilisés l'auqueto simple toile de coton qui donnera son nom à un vêtement la futaine, étoffe mi-fil, mi-coton, et le mollequin, sorte de mousseline de coton servant aux voiles et couvre-chef féminins.

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9 juin 2010 3 09 /06 /juin /2010 15:36

Le château du Lude.




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Le château du Lude surplombe la riante vallée du Loir de ses quatre puissantes tours rondes. Malgré l'apparente régularité de son plan en quadrilatère, le château a connu plusieurs états successifs et de nombreuses modifications qui ont même fait pivoter son orientation de 180° au XVIII siècle.

Au 10e s, la forteresse primitive, « le castellum Lusdi » appartient aux comtes d'Anjou. Du fait de sa position, elle sert à défendre l'Anjou contre les incursions des Normands, puis des Anglais durant la guerre de 100 ans. C'est au 13ème siècle, qu'une nouvelle forteresse élève ses six tours près du château primitif. Elle appartient aux Vendôme en 1378. Prise par les Anglais en 1419, elle est délivrée par Gilles de Rais, le légendaire Barbe Bleue, en 1427, au terme d'un combat victorieux. Gilles de Rais reprend la place avant de rejoindre Jeanne d'Arc à Orléans. Il reste quelques vestiges de cette forteresse dans la tour nord-est et dans les sous-sols.


Vingt ans plus tard, apparaît la grande famille militaire des Daillon.


Les Daillon.

Le chambellan et ami d'enfance de Louis XI, Jehan de Daillon né à Bourges en 1423, prend possession du domaine du Lude en 1447. Le domaine restera dans sa famille jusqu'en 1685.
Jehan de Daillon s'attacha, en 1453, à la personne de Charles VII après avoir abandonné le parti du Dauphin, le futur Louis XI. Mais, celui-ci devenu roi, Jehan de Daillon dut se réfugier dans une grotte de la vallée de la Maulne pour échapper au courroux royal : il y aurait vécu 7 ans. Louis XI lui accorda enfin son pardon et Daillon parvint aux plus hautes destinées : Chambellan du roi.
A partir de 1456, Jehan de Daillon transforme la forteresse en une élégante demeure de plaisance, que ses descendants embelliront durant 2 siècles. On leur doit la façade Renaissance de style italien et la cour d'honneur aux plaques de marbre.
Au service du roi Louis XI, Jehan de Daillon est également en relation avec l'entourage du roi René et confie la reconstruction du château à Jean Gendrot, maître maçon du duc d'Anjou, qui a la "charge des oeuvres du sire du Lude". De cette période date essentiellement l'aile nord remaniée par la suite.



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Jehan de Daillon, alors gouverneur du Dauphiné, meurt en 1482. Le Lude revient à son fils Jacques, qui combattit dans les guerres d'Italie. Jacques de Daillon continue les travaux dans le corps de logis nord et la tour nord-est, et il élève un autre corps de logis et deux tours au sud, où apparaît le nouveau répertoire ornemental. Il faut imaginer le château Renaissance orienté différemment, avec un plan général en U, disposé autour d' une cour en forme de trapèze, simplement fermée à l'est par un mur de clôture. De ce côté et en contrebas, se trouvait une avant-cour, dont chaque aile latérale se terminait par une tour.
Le système défensif est purement ornemental, tant à la tour nord-est où le chemin de ronde est trop étroit pour être efficace, que dans les tours sud où une double lucarne interrompt le mâchicoulis décoratif. Un remplage gothique, caractéristique de la fin du XV siècle, orne le parapet de la tour nord-est, tandis que celui des tours sud reçoit des médaillons qui font écho à ceux de la façade. La façade sud appartient en grande partie au XVIème siècle, avec toutefois quelques modifications et restaurations du XVIII et du XIX siècles. Elle est entièrement quadrillée par les pilastres qui bordent les travées et par les corps de moulures horizontaux. D'énormes médaillons occupent les trumeaux. Cette organisation à l'effet colossal se prolonge dans les deux tours, où les médaillons ne sont pas placés au centre des trumeaux mais rapprochés de la fenêtre, pour paraître de face. La progression stylistique indique que l'on a commencé les travaux par la travée droite de la façade. En effet, à droite, les chapiteaux des pilastres ont encore une forme très compacte, une séparation peu marquée entre le tailloir et la corbeille et des figures d'angle peu débordantes, selon une manière qui fleurit autour de 1510. En outre, toutes les fenêtres de la travée sont couronnées d'un fronton à coquille qui occupe l'allège de la fenêtre placée au-dessus, comme dans le châtelet d'entrée de Gaillon peu avant 1510. Dans la travée centrale et les travées des tours, les chapiteaux s'étirent en largeur, avec un tailloir plus développé et des figures d'angle qui jaillissent hors de la corbeille, et les frontons à coquille se limitent aux lucarnes, autant de signes qui montrent un style plus évolué. Enfin dans la travée gauche, les chapiteaux sont clairement articulés en profondeur avec une corbeille nettement dissociée du tailloir, tels qu'on les rencontre dans les années 1520-1530. La sculpture s'affine, avec des rinceaux plus fins et plus nerveux dans la travée de gauche.
Dans le premier quart du XVII ème siècle, autour des larges douves, l'ancienne place forte est rasée pour l'aménagement d'une grande terrasse bordée d'une élégante balustrade de pierre sur plus de 200 m. A cette époque, on régularise la cour d'une part on double le corps de logis ouest, ce qui enferme la vieille tour d'escalier hors-oeuvre qui débordait dans l'angle sud-ouest, d'autre part on réduit l'épaisseur du mur nord.



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Les modifications de l'architecte Barré.

En 1751, Le Lude devient la propriété de Joseph Duvelaër, chef du Conseil de la Compagnie des Indes. Sa nièce, la Marquise de La Vieuville, fait débuter une nouvelle campagne de travaux. Celle-ci est mené sous la direction de l'architecte Barré qui s'est illustré quelques années plus tôt à Montgeoffroy. Barré supprime l'avant cour, remplace le corps de logis ouest par le portique actuel et édifie l'aile classique de style Louis XVI. Il donne ainsi une nouvelle orientation au château.
À l'est, Barré masque les tours par des pavillons latéraux dont les toitures sont plus élevées que celle du pavillon central, qui paraît d'autant plus abaissé qu'il est couronné d'un fronton aplati. La composition tripartite de la façade, avec de forts pavillons latéraux, donne curieusement à l'aile orientale une allure un peu archaïsante qui évite la rupture architecturale avec l'élévation de la cour réalisée au XVII siècle.




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De la Révolution à nos jours

la Marquise de La Vieuville défend le Château pendant la Révolution. Ses descendants, les Talhouët-Roy, entreprendront tout au long du XIXème siècle de vastes travaux de restauration.
Depuis 250 ans dans la même famille, le Lude est aujourd'hui la propriété du Comte et de la Comtesse Louis-Jean de Nicolaÿ, qui poursuivent la tradition de restauration et d'embellissement, notamment par la création de nouveaux jardins.
La richesse et la diversité des styles qui caractérisent le Château du Lude se retrouvent aussi dans la décoration intérieure et son mobilier.
Les appartements offrent l'intimité et la vie des demeures habitées. On peut encore voir dans la tour sud-est un remarquable cabinet de peintures, réalisé par l'Ecole de Raphaël pour la Duchesse du Lude. Ce cabinet fut commandé dans les années 1560 par Guy de Daillon.. C'est un exemple unique de studiolo à l'italienne dans un château français. Un décor de grotesques couvre les voûtes tandis que des panneaux historiés ornent les murs. Cette pièce a été réduite d'un tiers environ à la fin du XVIII siècle, aussi le décor du nouveau mur ouest date du XIX ème siècle.
Au sous-sol, les anciennes cuisines voûtées sont en service depuis le XVème siècle, tandis que les communs abritent les écuries et le grenier à blé doté d'une remarquable charpente.
Le parc historique du Lude s'étend sur plusieurs niveaux entre le Château et le cours du Loir, Il est orné de beaux vases de marbre du 18ème siècle. et d'un remarquable groupe du 17ème siècle, en marbre blanc, Hercule et Antée.
Les jardins bas, le long de la rivière, accueillent à l'origine le potager, avant d'être transformés au XIXème siècle par Edouard André en jardins à la française. Parterres de fleurs et bassins se succèdent, tandis qu'une collection d'arbustes à floraison parfumée (chimonanthus, lilas, seringats, calycanthus.) souligne la muraille. A la même époque, les vastes prairies qui s'étendent sur la rive opposée sont aménagées en ''parc agricole''.
Le jardin de la source fait la transition avec le parc boisé. Des plantes vivaces de printemps (hellébores, euphorbes, hostas.) entourent les éléments de rocaille construits au XIXème siècle : kiosque, grotte et embarcadère.
Le potager de 2 hectares est dessiné par Edouard André en 1880. Comportant plusieurs serres, une orangerie, des couches de semis, il est toujours en usage aujourd'hui. Des alignements d'arbres fruitiers, de fleurs et de légumes rares occupent les 3 terrasses qui le composent.
Enfin, le jardin de l'éperon, redessiné en 1997, s'étend aux pieds de la façade Louis XVI. Les haies d'ifs taillés soulignent l'emprise de la forteresse et encadrent un labyrinthe de buis et une roseraie. On y trouve une collection de roses chinoises, thé et hybrides de thé, telles que 'Mutabilis', 'Old Blush', 'Louis XIV', 'Irène Watts'.

Maison des Architectes.

Près de l'entrée du château, cette élégante habitation Renaissance (occupée par la poste) aurait été construite par les maîtres d'oeuvre qui travaillaient à l'aile François 1er du château.



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Note personnelle:


Je tiens à remercier Bettie VRIGNAUD, pépiniériste, pour m'avoir permis de découvrir ce magnifique château à l'occasion du week end des jardins 2010. J'invite d'ailleurs les passionnés mais aussi les curieux à faire un détour par sa pépinière où vous trouverez, entre autres, fleurs à papillons, plantes vivaces, aromatiques, condimentaires ...  de culture 100% biologique !!!

Son adresse: PAYSAGE ACTUEL - Lieu dit La Coudrelle - 79 390 AUBIGNY - 05 49 69 84 02 -




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Bettie, encore merci à vous !!!!

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Jehanne - dans Patrimoine
12 mai 2010 3 12 /05 /mai /2010 11:40

Radegonde.

 

 

 

 

 

 

 

 

Radegonde née vers 518, fille du roi de Thuringe, Berthaire, sa famille fut massacrée en 531 par un fils de Clovis, Clotaire, qui la fit prisonnière, alors qu'elle n'avait guère plus de 12 ans. Elle fut emmenée comme captive à la villa royale d'Athies, où elle reçut une bonne éducation. En 538, Clotaire devenu veuf décide d'épouser Radegonde à Vitry en Artois. Elle s'enfuit, mais rattrapée, le mariage a lieu à Soissons.


Très pieuse, elle se consacra à accueillir les pauvres, soigner les malades, consoler les affligés, elle fut une reine aimée de ses sujets. Radegonde avait un frère plus jeune qui partageait sa captivité. Il fut assassiné sur l'ordre de Clotaire, pour haute trahison, il était soupçonné d'entretenir des relations trop étroites avec Constantinople. A partir de ce moment la reine Radegonde refusa la vie commune avec Clotaire.


Depuis longtemps attirée par une vie de prière et d'austérité, elle rechercha refuge auprès de Saint Médard, évêque de Noyon, et lui demande de lui donner l'habit religieux ; devant son hésitation elle le menace : " Si tu tardes à me consacrer et que tu craignes un homme plus que Dieu, le Pasteur te demandera compte de l'âme de ta brebis ". Elle obtint de se retirer à Poitiers où elle fonda, entre 552 et 557, un monastère qui allait prendre, plus tard, le nom de Sainte-Croix, lorsqu'elle recevra de l'empereur de Byzance une relique de la vraie Croix ; c'est à l'occasion de l'arrivée de cette relique de la Croix que le poète Saint Fortunat compose le Vexilla Regis et le Pange Lingua. Par humilité, elle refusa d'assumer officiellement la direction du monastère. Sur sa proposition, la communauté élit comme Abbesse Agnès, et Radegonde se soumit à son autorité.


Craignant pour le devenir du monastère, elle va chercher à Arles la Règle rédigée par saint Césaire (qui restera en vigueur dans les abbayes de femmes pendant deux siècles, jusqu'à ce que celle de saint Benoît la supplante), elle obtient également la signature de sept évêques, dont Germain de Paris, pour garantir ce que l'on appellera plus tard l'exemption de son monastère.


Bien qu'ayant renoncé à toutes les richesses, à toutes les facilités de la vie et à son titre de reine pour ne s'attacher qu'au Christ, elle continuait à intervenir, de l'intérieur du monastère, auprès des princes qui se déchiraient, pour arrêter ou éviter les conflits. Même retirée du monde, Radegonde garda une grande autorité dans tout le royaume jusqu'à la fin de sa vie. Elle meurt en 587 à Poitiers, l'église Sainte Radegonde abrite son tombeau.

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Jehanne - dans Personnages Historiques

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