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29 mai 2009 5 29 /05 /mai /2009 14:42
Christine de Pisan.







Christine de Pizan nous a laissé environ quatre cents poèmes en tout genre, ballades, rondeaux, virelais, complaintes. Elle écrivait ces poèmes “d’amant et de dame” sur commande des particuliers, car elle entendait vivre de sa plume.

En effet, son père, Thomas Pizzano, venu en France comme astrologue de Charles V, l’avait mariée avant de mourir à un seigneur français, qui la laisse veuve en 1390. Jeune, intelligente, ayant une bonne éducation, elle se rend compte que la dédicace des écrits peut rapporter assez d’argent. En 1399 elle publie une Epître au dieu d’Amour. En 1401, avec le Dit de la Rose, elle déclenche la fameuse Querelle du Roman de la Rose, en dénonçant la misogynie grossière de Jean de Meung. A la querelle se sont mêlés des personnages très sérieux, parmi lesquels le chancelier de l’Université de Paris, le théologien Jean Gerson. Le Livre des faits et bonnes moeurs de Charles V est une biographie de ce roi sage et prévoyant. La Cité des Dames paraît en 1405.

Christine sera le seul lettré contemporain qui ait salué par ses écrits l’épopée de Jeanne d’Arc; elle publia son Dittié de la Pucelle en 1429. Quoique son style soit fluet et
banal, elle a le grand mérite d’avoir pris la parole au nom des femmes, contre le flot de méchancetés que déversaient les écrivains du temps.

Sous le titre Les Quinze joies de mariage, nous avons un texte en prose, qui peut dater des dernières années du XIVe siècle, et qui est une satire énergique des relations conjugales. L’auteur laisse entendre qu’il est homme d’Eglise (l’une de ses identités possibles est Gilles Bellemère, évêque d’Avignon), mais sa connaissance des réalités matrimoniales, fût-elle médiate, par l’entremise des confessions, est extrêmement détaillée. Il n’est pas impossible que la méthode de l’auteur ait été à l’origine une sorte d’anthologie des thèmes qui revenaient dans les conversations du temps, à une époque et en un pays où l’on est très au courant des affaires de son voisin. Mais il déploie un style précis, coloré et abondant, qui trahit l’expérience de la plume autant que celle du colloque médisant. Parmi les griefs majeurs du mari il y a la dépense occasionnée par les robes, les fards et les atours; un autre est l’hypocrisie de la femme qui se sert de ses atouts naturels pour embobiner son homme et lui faire prendre les vessies pour des lanternes.

Voici un tableau du mari qui trotte de l’aube jusqu’au soir afin de gagner assez pour satisfaire les caprices de sa femme et de sa fille:

Il est si mat, si las, si dompté du travail et tourment de mesnage, qu’il ne lui chault plus de chouse que sa femme lui die ne face, mès y est adurci comme un vieil asne qui par accoustumance endure l’aguillon, pour lequel il ne haste gueres son pas qu’il a accoustumé d’aller....Il a unes botes qui ont bien deux ou trois ans, et ont tant de foiz esté reppareillées par le bas, qu’elle sont courtes d’un pied, et sans faczon, car ce qui soulloit estre au genoil est maintenant au milieu de la jambe. Et a ungs esperons du temps du roy Clotaire, de la vieille façon, dont l’un n’a point de molete... Et quelque jeu ou instruments qu’il voie, il luy souvient tousjours de son mesnage, et ne peut avoir plaisir en chose qu’il voye....

Les quinze “joies” du mariage sont certes des malheurs, comme les escapades de l’épouse en compagnie de ses cousines, les caprices de la grossesse, le refus de la maîtresse de maison d’accueillir les amis du mari, ses insatisfactions intimes qui se traduisent par des scènes de ménage, le mariage des filles pour lequel il faut se mettre en frais. La femme prétend imposer son point de vue en toute chose, et elle va jusqu’à suborner le fils aîné pour le déterminer à mettre son père en curatelle. L’adultère, parmi toutes ces catastrophes, n’est que peu de chose; pourtant, l’auteur suggère aux maris de se garder de constater le flagrant délit, car, comme la ruse de la femme finira toujours par l’emporter, le mari aura travaillé à sa propre ruine. Heureux encore celui, de retour de la croisade, ne trouve sa femme mariée à un autre, ou celui qui n’aura pas à soutenir en champ clos les prétentions de sa femme à la préséance sur telle ou telle autre dame, car dans ces cas on en arrive d’ordinaire à mort d’homme.

Pour finir, l’auteur déclare qu’il est prêt, si le public le lui demande, à écrire un autre ouvrage sur les malheurs des femmes, à savoir sur les grans tors, griefs et oppressions que les hommes font aux femmes en plusieurs lieux, generalement par leurs forses, et sans raison, pource qu’elle sont febles de leur nature et sans deffense, et sont tousjours prestes à obeir et servir, sans lesquelles ilz ne sauroient ne pourroient vivre.
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Jehanne - dans Personnages Historiques
16 octobre 2008 4 16 /10 /octobre /2008 03:37
L'Ordre du Saint Sépulcre.










L'ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem est un ordre de chevalerie militaire et religieux, dont la fondation est attribuée à Godefroy de Bouillon, le vainqueur de la première croisade en 1099 à Jérusalem. Depuis 1847, l'ordre est une association de fidèles catholiques reconnue par le Saint-Siège et qui œuvre pour aider la communauté chrétienne installée en Terre Sainte, aujourd'hui territoire d' Israël, de la Palestine, de Jordanie et de Chypre. Sa devise est Deus Lo Vult (Dieu le veut).



Histoire.


Dès son installation à Jérusalem pendant la première croisade, le duc de Basse-Lotharingie, Godefroy de Bouillon, s'attache à structurer autour du Tombeau du Christ appelé « Saint-Sépulcre », une communauté mixte, composée de chanoines séculiers et de chevaliers, croisés restés en Terre sainte. Ces derniers constituaient un groupe appelé milites sancti Sepulcri (Chevaliers du Saint-Sépulcre). Cette milice avait pour mission de protéger la sépulture sacrée et ses biens. Parmi ses chevaliers, se trouvait en 1115, un seigneur du nom de Hugues de Payens qui sera en 1129 le premier maître d'un nouvel ordre religieux, l'ordre du Temple.


Les chanoines du Saint-Sépulcre assuraient la vie liturgique du sanctuaire. À partir de 1114, ils devinrent des chanoines réguliers, en respectant la règle de saint Augustin. Les chevaliers du Saint-Sépulcre étaient au service des chanoines et devaient obéissance à leur doyen ou prieur.


Par la suite, profitant des différentes conquêtes des croisés sur les musulmans, l'ordre put se développer en étendant sa mission de protection des lieux saints, sur l'ensemble du Royaume latin Franc de Jérusalem, et ce, jusqu'à la -perte finale du royaume en 1291. À cette date, les chanoines du Saint-Sépulcre s'installent au prieuré de Saint-Luc à Pérouse, en Italie. Le grand prieur prend alors le titre de maître de l'ordre.


À la fin des croisades, l'ordre subsiste et au XVe siècle, les souverains pontifes donnent aux chevaliers un véritable caractère d'ordre chevaleresque, tout en conférant à la Custodie de Terre Sainte (confiée aux moines franciscains) le privilège de créer les chevaliers.


Lors de la Révolution française, les monastères du Saint-Sépulcre sont détruits ou vendus.


En 1847, le pape Pie IX rétablit le patriarcat latin de Jérusalem, qui avait été supprimé au XIVe siècle. Par le bref Nulla celebrior, il réorganise l'ordre du Saint-Sépulcre et le nouveau patriarche devient le grand prieur de l'ordre rénové. Les statuts permettent alors d'adouber de nouveaux membres de l'ordre hors de Jérusalem.


Mgr Valerga est adoubé le 15 janvier 1848. Léon XIII et Pie X signent les documents Venerabilis frater et Quam multa te ordinemque dans le but d'organiser l'ordre. La dernière modification statutaire a été accomplie par le pape Paul VI en 1977.




Buts de l'ordre.



Définis par ses statuts, les buts de l'ordre sont :



d'accroitre au sein de ses membres la pratique de la vie chrétienne, en fidélité absolue au Pontife romain et d'après les enseignements de l'Église catholique, en observant comme base les principes de la charité ;

de soutenir et d'aider les œuvres et institutions cultuelles, caritatives, culturelles et sociales de l'Église romaine en Terre Sainte, particulièrement celles du Patriarcat latin de Jérusalem, avec lequel l'ordre entretient des relations privilégiées ;
d'encourager la conservation et la propagation de la foi dans ces régions, en y intéressant les catholiques répandus dans le monde entier [...] ;
de maintenir les droits de l'Église catholique en Terre Sainte.
Concrètement, l'ordre soutient matériellement et spirituellement les œuvres (petit et grand séminaire, écoles, hospices pour personnes âgées ou handicapées) du patriarcat latin de Jérusalem, autrement dit, la communauté chrétienne installée en Terre Sainte (Israël, Palestine, Jordanie et Chypre).

Les Chevaliers et Dames se réunissent régulièrement pour des veillées, retraites et récollections, sources d'approfondissement de la foi. Tous doivent s'engager bénévolement dans les œuvres de charité de l'ordre. La récitation régulière du rosaire est recommandée aux membres.



Organisation
.

L'ordre du Saint-Sépulcre est une « personne juridique de droit canonique », selon le droit de l'Église catholique, composée essentiellement de membres laïques et d'ecclésiastiques. Les « Constititions de l'Ordre Équestre du Saint-Sépulcre », qui régissent actuellement l'ordre, ont été approuvés le 8 juillet 1977 par le pape Paul VI.





Gouvernement de l'ordre.



Saint Onuphre au janicule, siège de l'ordreBénéficiant du statut de droit pontifical, il est placé sous la protection du Saint-Siège et le gouvernement d'un cardinal Grand maître, charge actuellement occupée par le cardinal John Patrick Foley[1] depuis le 27 novembre 2007.


Le grand-maître donne ses directives et dirige l'ordre. Il assure les rapports de l'institution avec le Saint-Siège et les hautes autorités ecclésiastiques et civiles internationales. Au niveau national, il délègue généralement ses fonctions aux lieutenants ou aux délégués magistraux sur le territoire de leur compétence.


Le grand magistère de l'ordre assiste le grand-maître en organisant et coordonnant ses activités à travers le monde et plus particulièrement en Terre Sainte, ainsi que la gestion et l'administration du patrimoine de l'ordre. Il est composé par :


le lieutenant-général, choisi parmi les membres laïcs de l'ordre, qui représente le grand-maître ;

le gouverneur général, également choisi parmi les membres laïcs, qui supervise les activités du grand magistère, de la Consulta et des commissions, étudie des besoins des œuvres en Terre Sainte et des lieutenances et organise l'administration courante ;
le chancelier, secrétaire du grand magistère et de la Consulta, supervise les nominations et promotions dans l'ordre ainsi que le renouvellement des charges des lieutenances ;
le cérémoniaire, choisi parmi les membres ecclésiastique organise les cérémonies religieuses et traite des questions concernant la vie spirituelle de l'ordre ;
une dizaine de membres de l'ordre, choisis et nommés par le grand-maître, dont les deux tiers sont des laïcs.
Deux assemblées se réunissent pour assister le grand-maître :

le Conseil du grand magistère est l'organe exécutif du grand magistère. Il rassemble le gouverneur général, le chancelier et les membres éventuels du grand magistère ;

la Consulta, convoquée et présidée par le grand-maître qui en détermine l'ordre du jour, réunit le patriarche grand-prieur, l'assesseur, les lieutenants et délégués magistraux, un représentant de la Secrétairerie d'État et un représentant de la Congrégation pour les Églises orientales.



Grand magistère.


Grand-maître : Cardinal John Patrick Foley[2]

Grand-maître émérite : Cardinal Carlo Furno
Grand prieur : Patriarche Michel Sabbah
Assesseur : N. (fonction vacante en janvier 2007)
Lieutenant-général : Comte Peter Wolff-Metternich
Gouverneur général : Chevalier de collier Pier Luigi Parola
Vice-gouverneur généraux : Chevalier Grand-croix Baron Hubert Simonart
Vice-gouverneur généraux d'honneur : George T. Ryan
Chancelier : Mgr Juan José Dorronsoro
Chevaliers Grand-croix : Jean-Marc Allard, Robert Hugh Benson, Philippe Husson, Otto Kaspar
Cérémoniaire : Francis D. Kelly



Les lieutenances.

L'ordre est organisé en lieutenances, nationales ou régionales. Une ou plusieurs lieutenances existent dans tous les pays où l'ordre possède une organisation structurée. Actuellement, on en compte une cinquantaine, réparties dans 32 pays.

Les lieutenances assurent l'exécution des directives du grand -maître dans la limite de leur compétence territoriale. Elles informent chaque année le grand magistère de toutes les activités développées localement. Chaque lieutenance est responsable de son administration et de sa gestion financière.


La lieutenance est dirigée par un « lieutenant », désigné par le grand-maître. Il est assisté d'un grand prieur, membre ecclésiastique le l'ordre nommé par le grand maître et choisi parmi les évêques. Il dirige les activités religieuses de la lieutenance.




Comme le grand-maître, le lieutenant est assisté d'un Conseil, généralement composé :


du chancelier,

du secrétaire,
du trésorier,
du cérémoniaire ecclésiastique,
du cérémoniaire laïc,
de quelques conseillers.

Afin de décentraliser son action, la lieutenance peut instituer des délégations régionales, dirigées par un commandeur -ou délégué magistral- laïc, assisté par un prieur ecclésiastique.







Source la curieuse histoire du monde.

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Jehanne - dans Personnages Historiques
5 septembre 2008 5 05 /09 /septembre /2008 01:21
Les chevaliers teutoniques.







Les Chevaliers Teutoniques (Deutsche Ritter) forment le troisième grand ordre de chevalerie religieuse et militaire issu des croisades. Fondé en 1128 à Jérusalem, cet ordre  était initialement un ordre hospitalier voué au soulagement des Croisés malades ou blessés. Les premiers membres portaient le titre de Frères de Ste-marie. Réorganisé en ordre militaire en 1190, au siège de St-Jean-d'Acre, par l'empereur Frédéric de Souabe, l'ordre eut dès lors son siège à St-Jean-d'Acre. Les nouveaux chevaliers étaient soumis, pour les devoirs de charité, à la règle des Hospitaliers, et, pour la discipline militaire, à celle des Templiers. 

A la fin des Croisades, l'ordre vint s'établir en Europe où il acquit de vastes possessions en Allemagne, en Italie, en Hongrie, en Transylvanie, et fut mis au rang des puissances européennes. Son histoire se confond dès lors avec celle de la Prusse et des pays riverains du Sud-Est de la Baltique. A partir du début du XVe siècle son pouvoir commença a se déliter. Il a cessé d'exister de fait avec l'empire d'Allemagne au commencement du XIXe siècle. Napoléon l'avait définitivement supprimé par un décret du 24 avril 1809: le roi de Prusse tenta de le relever en 1852 sous le titre d'Ordre évangélique de St-Jean. L'Autriche a également institué en 1840 un ordre teutonique. Mais il ne s'agira plus dès lors que titres honorifiques.

 

 

Des Croisades à la Baltique.

L'ordre des Chevaliers Teutoniques prit naissance dans sa forme militaire au siège de Saint-Jean-d'Acre, par les Croisés, le 19 novembre 1190.  Il eut auparavant pour point de départ un hôpital (Hôpital teutonique de Notre-Dame de Sion) fondé dès 1128 en Palestine  par des bourgeois de Lübeck et de Brême, et desservi par des Allemands (Deutschen ou Teutons). Frédéric de Souabe, commandant le corps des croisés allemands, obtint du pape Celestin III, par l'entremise de son frère Henri, roi de Germanie, l'érection  de cet hôpital en ordre religieux et militaire, assimilé aux Hospitaliers de Saint-Jean et aux Chevaliers du Temple. Henri de Waldpott en fut le premier grand-maître. 

L'ordre fut divisé en trois classes comme celui de Malte : les chevaliers, les prêtres, les frères servants. Le costume fut la dalmatique blanche avec la croix noire, à laquelle Jean de Brienne ajouta plus tard la croix d'or de Jérusalem. 

Obligé de quitter la Palestine à la fin des croisades, l'ordre Teutonique vint se fixer en Allemagne, où il possédait déjà d'immenses territoires, et prit pour chef-lieu le château de Neuhaus, près Mergentheim en Souabe. Frédéric II donna à Hermann de Salza, le quatrième grand-maître de l'ordre, le titre de prince d'Empire (1230). A cette époque, Conrad, duc de Cujavie et de Mazovie, offrit aux chevaliers de combattre les Prussiens rétifs la christianisation, moyennant la cession de Culm qui devint leur deuxième capitale.

La Prusse fut soumise en peu d'années, et devint la propriété de l'ordre sous la suzeraineté de la Pologne. Marienbourg, fondée par les chevaliers, en 1280, devint leur capitale en 1309, sous Sigefried de Feuchtwangen, leur quinzième grand-maître. En 1237, l'ordre s'accrut par la fusion des Chevaliers Porte-Glaives de Livonie.

Le siège de l'Ordre fut transféré en 1309 à Marienbourg. Sa puissance finit par s'étendre non seulement sur la Prusse, mais sur l'Estonie (vendue à l'ordre teutonique par le Danemark en 1346) , la Livonie, la Courlande, de sorte que presque tout le littoral de la Baltique, depuis la Vistule jusqu'au golfe de Finlande, à l'exception de la Samogitie, finit par lui appartenir. C'est vers 1400 que les Chevaliers Teutoniques atteignirent leur apogée. Mais ils ne tardèrent pas à décliner. Le luxe, la débauche, les prodigalités ruinèrent les finances de l'Ordre; son despotisme lui aliéna l'esprit de ses sujets, qui implorèrent contre eux la Pologne et la Lituanie. Les défaites des chevaliers à Kowno (1396), à Tannenberg (1410), où ils perdirent 40 000 des leurs, préludèrent à la prise de Marienbourg (1464). Privés de leur capitale, qui fut livrée par trahison aux Polonais, les chevaliers Teutoniques se retirèrent à Koenigsberg, qui devint le chef-lieu de l'ordre. En 1466, Louis d'Erlichshausen fut obligé, à la suite d'une nouvelle défaite, d'abandonner à la Pologne la partie occidentale de la Prusse : il ne garda que la Prusse orientale, et cela en se reconnaissant vassal de la Pologne (paix de Thorn).

 

 

Le délitement de l'ordre.

En 1525, Albert de Brandebourg, qui était alors grand maître, se déclara, pour la réforme de Luther, se maria, sécularisa les biens de l'ordre, et se fit reconnaître comme duc héréditaire de Prusse, sous la suzeraineté de la Pologne. Une partie des Chevaliers nommèrent alors à sa place Walter de Cromberg, et le siège de l'ordre fut transporté à Marienthal ou Mergentheim en Franconie; en même temps, l'ordre des Porte-Glaives se sépara d'eux et se reconstitua sous Walter de Plettenberg. 

L'ordre Teutonique se perpétua seulement en Allemagne où il fut réorganisé, le maître d'Allemagne ayant été proclamé grand maître par les chevaliers assemblés à Mergentheim. Les domaines, dont l'administration demeura la principale occupation et la raison d'être des chevaliers, se répartissaient en 12 bailliages (Ballei) : Thuringe, Autriche, Hesse, Franconie, Coblentz, Alsace, Botzen-sur-l'Adige, Utrecht, Alten-Biesen, Lorraine, Saye, Westphalie; Utrecht se détacha en 1637; Coblentz et la Lorraine disparurent avec l'annexion française, mais en 1805, il demeurait 9 bailliages. Le traité de Presbourg (auj. Bratislava, en Slovaquie) donna à l'empereur d'Autriche le droit de désigner pour grand maître un prince de sa famille, lequel percevrait tous les revenus de l'ordre Teutonique.  Il végéta ainsi dans l'obscurité jusqu'au début du XIXe siècle.

Le 24 avril 1809, de Ratisbonne, Napoléon décréta son abolition; les biens furent donnés aux princes sur les territoires desquels ils se trouvaient. En 1834, l'empereur d'AutricheFrançois Ier releva l'ordre Teutonique auquel il donna de nouveaux statuts le 28 juin 1840; le titre de grand maître et maître d'Allemagne est porté par un archiduc; depuis 1894, c'est l'archiduc Eugène, né en 1863, petit-fils de l'archiduc Charles; au-dessous, sont les deux commandeurs des bailliages d'Autriche et de Tyrol. 

A cette époque, pour l'admission dans l'ordre, il faut professer la religion catholique et prouver 16 quartiers de noblesse; on distingue les capitulaires, les chevaliers profès et les chevaliers honoraires; les profès font voeu de célibat et sont rentés sur les revenus de l'ordre. Celui-ci entretient deux hôpitaux à Troppau et Frendenthal et équipe en cas de mobilisation 44 ambulances. L'insigne est une croix d'or émaillée de noir à liséré d'argent. Une nouvelle réorganisation de l'ordre Teutonique a eu lieu le 13 juillet 1865 (22 chevaliers profès et 30 honoraires); l'ordre a été encore étendu le 26 mars 1871.

Le bailliage d'Utrecht s'est conservé comme ordre Teutonique des Pays-Bas; aboli en 1809, il a été rétabli le 8 août 1815 par le roi Guillaume (3 classes); il avait encore au début du XXe siècle son commandeur, confirmé par le roi; pour l'admission dans l'ordre, il fallait ici professer la religion réformée et prouver quatre ancêtres nobles.







Source: E.-D. Grand. /  M. Barroux / H. Vast./ H. Gourdon de Genouillac. / A.-M. B. / B. / H. G.


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Jehanne - dans Personnages Historiques
14 août 2008 4 14 /08 /août /2008 08:46
Le Roi Arthur.




Arthur et les chevaliers de la Table ronde.







La légende du roi Arthur et de ses chevaliers s'est constituée et développée durant des siècles. L'aventure est l'élément essentiel de ce grand mythe qui traverse le Moyen Âge : les chevaliers partent prouver leur courage, et surtout, avec la Quête du Graal, éprouvent leur foi et leur vertu… Les exploits du roi Arthur, de Merlin, de Lancelot ou de Perceval continuent, par-delà les siècles, à fasciner notre imaginaire, et les chevaliers de la Table ronde nous apparaissent aujourd'hui comme des chercheurs de Connaissance, lancés dans une quête initiatique. Mais d'où viennent ces chevaliers mythiques ? Et comment naît l'histoire de la Table ronde ?



La Table ronde.





C'est vers 1150 que la Table ronde est mentionnée pour la première fois dans Le Roman de Brut, œuvre d'un moine anglo-normand, Robert Wace (v. 1110-v.1170). Histoire légendaire de la Grande Bretagne, le récit s’organise en grande partie autour du roi Arthur, fils du roi Uterpandragon, de sa naissance extraordinaire, de ses guerres contre les Saxons et de ses guerres et de ses conquêtes : Arthur s’empare de l’Ecosse, de l’Irlande, de la Gaule et triomphe des Romains. La figure d’Arthur s’impose ainsi comme symbole de puissance et de gloire et, le Roman de Brut, composé pour le roi d’Angleterre Henri II Plantagenêt, flattait sans aucun doute les ambitions et les rêves de prestige de la cour d'Angleterre d'alors. C'est dans ce contexte que Wace place l'éloge des chevaliers d'Arthur et présente la Table ronde comme un lieu idéal, conçu pour attirer l'élite des chevaliers et aussi ne pas établir de hiérarchie entre eux.



Le symbole de l’idéal chevaleresque.





Peut-on voir dans l’institution de cette Table ronde une allusion d’origine celtique à une ancienne coutume voulant que les guerriers siègent autour de leur chef ? Y a-t-il là le souvenir d’une table de festins ? Wace fait allusion à des récits d’origine bretonne, qui, transmis oralement, auraient circulé en Occident. Leur origine celtique est vraisemblable, mais n’explique pas tous les aspects de la création de la Table ronde. En effet, au moment où Wace rédige son œuvre, la chevalerie constitue au sein de la société féodale un compagnonnage guerrier, marqué par certains rites d’initiation comme l’adoubement, et l'esprit de caste rejoint alors l'exaltation du mérite personnel. L'arrière-plan féodal sur lequel repose la société des XIIe et XIIIe siècles ne doit en aucun cas être négligé quand, dans les textes littéraires, est exaltée la figure du chevalier.






Le témoignage d'un autre moine anglo-saxon, Layamon, auteur lui aussi d'un Roman de Brut à la fin du XIIe siècle, raconte que le roi Arthur, effrayé par une querelle sanglante de préséance entre plusieurs chevaliers, se rendit en Cornouailles pour commander une Table ronde de mille six cents places ; ainsi, plus personne ne pourra se sentir relégué au second plan.
Il est souvent question, dès ces premiers textes, de la bravoure de la "mesnie" du roi, c'est-à-dire de ceux qu'il retient auprès de lui par des dons précieux et à qui il accorde des fiefs lorsqu'ils l'ont bien servi. Élite guerrière, cette "mesnie" constitue une réserve inépuisable de héros jeunes et disponibles, venus de tous les horizons, attirés par le prestige d'une cour puissante. L'expression "cil de la Table ronde" (ceux de la Table ronde) apparaît alors, et les poètes se plaisent à la faire rimer avec le mot "monde".






Par la suite, au XIIIe siècle, l'invention de la Table ronde est attribuée tantôt à Merlin, tantôt Uterpandragon, le père d'Arthur, et la rotondité de la Table est clairement explicitée comme représentation symbolique du monde :
 

Elle est, en effet, appelée Table ronde parce qu'elle signe la rotondité du monde et le cours des planètes et des éléments du firmament dans lequel on peut voir les étoiles et les autres astres. Aussi peut-on à juste titre affirmer que la Table ronde représente le monde.

 La Quête du Saint-Graal, vers 1220-1230





Merlin l'Enchanteur, maître du destin.





C'est grâce à Merlin que le roi Arthur est au cœur de la plus brillante chevalerie. Utilisant ses dons d'enchanteur et de magicien, il préside à la naissance d'Arthur en réunissant son père, Uterpandragon, et sa mère, Ygerne. Réitérant la ruse qui permit à Jupiter de prendre les traits du mari d'Alcmène et de séduire sa jeune femme, Merlin donne à Uterpandragon l'apparence du duc de Tintagel : ainsi Ygerne, femme du duc, accueille sans se méfier Uterpandragon et, au cours de leur nuit d'amour, engendre le futur roi Arthur. Bien plus, en faisant couronner Arthur malgré sa naissance illégitime, Merlin l'impose et l'amène à devenir le plus grand de tous les souverains. C'est lui aussi qui suggère à Uterpandragon de faire réaliser une table et de réunir à Carduel, à la Pentecôte, les cent cinquante meilleurs chevaliers du royaume. C'est du moins la version que développe au XIIIe siècle l'auteur du roman de Merlin, Robert de Boron. Passée dans les mains du roi de Carmélide, Léodogan, père de Guenièvre, la Table ronde devient la dot de celle-ci lorsqu'elle épouse le roi Arthur. Cependant, cette Table ronde n'est pas complète au moment où elle parvient à Arthur, car il y manque cinquante nouveaux chevaliers, forts et vaillants. C'est encore Merlin qui choisit lui-même ces hommes de haut mérite, sans exclure ceux qui seraient de naissance pauvre. Tous sont unis par une amitié sans faille, et une atmosphère d'amour et d'affection règne à cette Table.
Cependant, en son centre, un siège reste vide, le "Siège Périlleux", réservé au "meilleur de tous les chevaliers" et jamais personne ne pourra s'y asseoir sans être tué ou estropié. Par ailleurs, sur chacun des sièges, apparaît soudain, sous forme d'une inscription, le nom de celui qui y a pris place, preuve miraculeuse que Dieu agrée et bénit cette compagnie.



À la cour d'Arthur.
Dans les romans français de la fin du XIIe siècle et du XIIIe siècle, l'expression "chevaliers de la Table ronde" est devenue synonyme de "chevalerie arthurienne". Les auteurs, et tout particulièrement Chrétien de Troyes, reprennent ce motif et l'intègrent dans un univers romanesque nourri de réminiscences de "la matière" de Bretagne. Les sources de Chrétien de Troyes étaient vraisemblablement en grande partie celtiques, contes et récits lointains, circulant oralement et présentant des schémas qui annoncera parfois certains motifs romanesques : enlèvement de reines, voyages dans l'au- delà, quête d'objets merveilleux etc. De ce fonds ancien, imprégné de mythologie, Chrétien de Troyes a tiré des romans structurés, habilement agencés, où la matière arthurienne s'organise selon le modèle féodal.







La cour d'Arthur rallie les meilleurs chevaliers du monde.
Les récits s'ouvrent le plus souvent sur une scène présentant la cour dans toute sa splendeur, symbolisée par l'assemblée prestigieuse des chevaliers de la Table ronde, lors des fêtes solennelles, comme l'Ascension ou la Pentecôte, ou bien lors de mariages ou d'un couronnement. Ainsi, dans Érec et Enide, l'auteur dénombre trente et un chevaliers présents. Quelques-un étaient déjà nommés par Wace, comme Gauvain, Lot, Keu et Bédoier ; beaucoup sont ajoutés par Chrétien de Troyes. Aux plus grands noms portés par des chevaliers issus de haut lignages, tels Erec, Lancelot, Sagremor, Gomemant de Goort, sont mêlés des personnages moins connus, comme Banin, Karados Court-bras ou Bliobléris. Dans d'autres romans, des aventures de premier plan sont réservées à Yvain, Calogrenant ou Perceval. Combien de chevaliers font partie de cette compagnie de la Table ronde ? Le roman de Merlin, dit cent cinquante, mais d'autres texte doublent le chiffre. Les récits jouent de cette imprécision, mais s'accordent sur le fait que la vitalité de la Table ronde est constante et qu'elle concerne uni élite. Douze chevaliers hors de pair son parfois désignés parmi tous comme les meilleurs.







L'honneur d'être admis à cette Table ronde est fort grand et les qualités du chevalier qui mérite d'y prendre plan éclatent aux yeux de tous. C'est tout d'abord sa valeur chevaleresque qui est en cause, et le meilleur moyen pour un jeune homme de montrer ce qu'il vaut est de se mesurer aux compagnons de la Table ronde eux-mêmes. C'est par exemple ce que fait Perceval lorsqu'il arrive pour la première fois à la cour d'Arthur, du moins selon la version racontée par Robert de Boron.
Tous les regards se portent alors sur ce chevalier qui se voit désigné comme "mereoir a toutes gens" : miroir, car il reflète les qualités exigées à la Table ronde et tous se reconnaissent en lui, mais aussi modèle, car il vient d'accomplir un exploit qui le qualifie. Ainsi, le chevalier admis à cette place d'honneur s'identifie-t-il à la gloire de la cour d'Arthur.



Le chevalier errant en quête d'aventures.
Attiré et fasciné par cette société, le chevalier doit l'être aussi par l'aventure. Il n'occupe une place à la Table ronde que pour la quitter à nouveau et retourner à la recherche de l'épreuve qui prouvera sa valeur. C'est auprès de cette Table que s'ouvrent et se terminent les quêtes et les expéditions. De la cour arthurienne partent tous les chevaliers, appelés les uns après les autres à des aventures prestigieuses, non seulement par souci de leur gloire, mais pour obéir à une sorte de mission qui leur est réservée. Soit ils cherchent à sauver l'honneur de la cour, comme Lancelot ou Gauvain s'élançant à la poursuite de la reine Guenièvre enlevée par Méléagant (Le Chevalier à la charrette ou Lancelot de Chrétien de Troyes), ou, comme Perceval partant punir le Chevalier Vermeil d'avoir osé défier le roi Arthur (Le Conte du Graal ou Perceval de Chrétien de Troyes). Soit ils affrontent des coutumes anciennes et merveilleuses comme Erec qui va chasser un cerf blanc (Erec et Enide de Chrétien de Troyes), ou comme Yvain qui assiste aux prodiges de la fontaine de Laudine dans la forêt de Brocéliande (Le Chevalier au lion ou Yvain de Chrétien de Troyes).






L'aventure est alors à chaque fois individuelle, mais lorsque le chevalier vainqueur revient à la cour, la joie collective est telle que le héros rehausse et consacre par sa prouesse l'institution de la chevalerie à laquelle il appartient.
Les romans arthuriens ont créé ainsi le personnage superbe du "chevalier errant", toujours disponible, toujours en quête d'aventures et qui ne songe qu'à partir et à prouver sa valeur avant de revenir à la cour parmi ses pairs de la Table ronde. Son unique souci est de ne pas paraître "recréant", c'est-à-dire qu'on ne puisse l'accuser d'oublier ce qui doit être la justification de l'existence d'un chevalier.
Au centre de cette cour règne donc le roi Arthur, modèle de sagesse et de courtoisie ; par sa générosité et sa détermination, il encourage les chevaliers à prouver leur vaillance. Il distribue présents et richesses avec libéralité et sa royauté est liée à ces dons par lesquels il s'attache ses vassaux, tenus de répondre à ces bienfaits par des exploits qui vont, en retour, rehausser l'éclat de sa cour.



Le roi Arthur cautionne les exigences chevaleresques.
Dans les romans arthuriens et, tout particulièrement dans ceux de Chrétien de Troyes, la Table ronde et la convivialité d'Arthur avec ses chevaliers symbolisent l'équilibre du royaume. Quand il arrive au roi d'oublier ses devoirs, lorsqu'il néglige de distribuer ses biens et d'organiser des fêtes, ses chevaliers se dispersent et la cour sombre dans la tristesse et la décadence. Il faut alors qu'un nouveau venu se manifeste et se lance dans des aventures qui permettront à la cour de retrouver son rayonnement. C'est le cas dans le roman du Conte du Graal où Chrétien de Troyes montre le roi Arthur pensif, au bout de la Table, parce qu'aucun chevalier n'a relevé le défi lancé par le Chevalier Vermeil. C'est Perceval, encore naïf et impatient, qui partira alors à la conquête des armes de ce chevalier.
Ainsi le rôle joué par la cour du roi rythme-t-il les récits arthuriens : les chevaliers de la Table ronde lui procurent tout son dynamisme et sont les garants de sa vitalité, à condition que le souverain les incite à donner toute la mesure de leur valeur, physique et morale.







Pour les aventures que doivent affronter les héros, la vaillance est, certes, indispensable, mais n'est pas seule en cause : les chevaliers agissent aussi selon un code de l'honneur, au nom de la justice et du droit, et mettent volontiers leurs forces et leur épée au service des défavorisés. C'est, en effet, à la cour qu'on vient demander aide ou protection, que des demoiselles réclament vengeance pour la mort de leur ami ou de leurs parents, que des reines assiégées envoient des messagères pour qu'on vienne à leur secours. La cour arthurienne n'est jamais en défaut car il y a toujours un chevalier de la Table ronde pour accepter la mission qui se présente. Les valeurs ainsi exaltées dans ces romans arthuriens ne sont plus seulement liées à la gloire et à la renommée, mais sont fondées sur une exigence éthique et un accomplissement moral indéniables qui rejoignent les valeurs chrétiennes.






Source BNF.


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Jehanne - dans Personnages Historiques
1 juillet 2008 2 01 /07 /juillet /2008 09:49
Louis VI Le Gros.









LOUIS VI le Gros ou le Batailleur
(né en décembre 1081, mort le 1er août 1137)
Roi de France : règne 1108-1137


Surnommé le Gros ou Thibaut, il fut aussi appelé le Batailleur. Il était fils de Philippe Ier et de la reine Berthe. Né en 1081, il fut associé par son père au gouvernement en l'année 1100, et lui succéda au mois de juillet 1108. Il fut sacré à Orléans par l'archevêque de Sens.

Louis VI monta sur le trône n'ayant que des domaines peu considérables, séparés les uns des autres par des fiefs qui appartenaient à des seigneurs rivaux de leur roi, tyrans de leurs vassaux, ennemis de leurs voisins, et ne reconnaissant d'autre droit que la force, d'autre honte que la défaite, d'autre gloire que le succès. Le monarque devait assistance à ses vassaux, c'est-à-dire qu'il était obligé de les secourir quand ils réclamaient son appui ; de sorte qu'avec peu de forces à sa disposition (puisqu'il ne pouvait lever de troupes que dans ses domaines) il était appelé par les querelles des grands à se mêler de toutes les guerres qui éclataient dans le royaume.

Philippe, qui n'avait jamais eu d'affaires plus importantes que ses plaisirs, était mort généralement méprisé. Louis, son fils, en prenant les rênes du gouvernement, eut pour ennemis tous les seigneurs que par son courage il avait ramenés au devoir pendant l'excommunication de son père ; leurs projets n'allaient pas moins qu'à le priver du trône. Louis les prévint par son activité ; il poussa si rudement les révoltés qu'il les battit, les divisa, et devint en moins de deux ans plus puissant qu'aucun de ses prédécesseurs depuis Hugues Capet.

A peine ce monarque avait-il obligé à se soumettre un de ces petits seigneurs qui de leurs châteaux faisaient sans cesse des incursions dans le voisinage, et pillaient les peuples et les églises, qu'il était obligé de marcher contre un autre de ces véritables tyrans. Comme un nouvel Hercule, il les réduisit tous successivement, ce qui le rendit en même temps le restaurateur de l'autorité royale et le bienfaiteur de ses peuples.

Ce fut ainsi qu'il eut à combattre son propre frère Philippe, comte de Mantes, fils d'une autre mère, Bertrade ; celle-ci poussait Philippe à disputer à Louis le Gros la couronne. Une ligue s'était formée entre le comte de Mantes, son oncle, Amauri, comte de Montfort, et Foulques, comte d'Anjou. Louis cita son frère devant les pairs du duché de France, s'empara de Mantes et d'Arpajon et détermina ses gens de Montlhéry à chasser les gens de Philippe. Louis eut ensuite à combattre Guy de Rochefort, son fils, Hugues de Créci, et Eudes, fils de Bouchard de Montmorency, ainsi que plusieurs autres barons.

Ces guerres toutes de sièges et d'escarmouches se continuèrent pendant toute la première partie du règne du monarque. L'une de ses entreprises les plus difficiles fut l'attaque du château du Puiset, qu'occupait Hugues le Beau, qui exerçait son brigandage dans toute la Beauce : ce seigneur fut fait prisonnier et envoyé à la forteresse de Château-Landon. Enfin tous les seigneurs insurgés furent soumis et firent leur hommage au roi ; la plupart devinrent ses défenseurs les plus zélés.

Sa puissance eût été alors établie sans la moindre contestation ; mais il comptait parmi ses vassaux Henri Ier, roi d'Angleterre, et malheureusement duc de Normandie. Il était de la politique de Henri de seconder tous les mécontents de France, afin de conserver les domaines qu'il y possédait : par le même motif, les possesseurs de grands fiefs s'unissaient volontiers à lui ; car si le duché de Normandie rentrait dans les domaines de la couronne, il n'y avait plus de garantie pour eux contre le pouvoir des rois de France.

Ces intérêts produisirent beaucoup de guerres qui ne furent ni vives, ni longues, et autant de traités qui ne durèrent pas davantage. Si le roi d'Angleterre trouvait des alliés dans les seigneurs français, le roi de France trouvait de puissants appuis dans les neveux du roi d'Angleterre, qui excitaient en leur faveur des révoltes dans cette Normandie, objet de tant de contestations. On laissa d'abord avec trop d'indifférence le monarque anglais s'établir dans le Vexin : il avait promis dès le commencement de raser la forteresse de Gisors ; mais plus tard il s'y refusa, et le roi de France se vit obligé de marcher contre lui en l'an 1109.

Les deux armées étaient en présence à Néaufle, sur la rivière d'Epte, lorsque Louis fait proposer à son ennemi de vider leur différend par un combat singulier de roi à roi, pour épargner le sang de leurs sujets. Le monarque anglais ne répond à ce défi que par une plaisanterie ; et l'on en vient à une bataille, où il est défait et obligé de prendre la fuite. La guerre continua, avec des alternatives de revers et de succès, jusqu'à l'an 1113, où la lassitude des peuples obligea Louis VI d'abandonner Gisors au monarque anglais, et celui-ci d'en faire hommage au roi de France.

Cet arrangement avait mis fin aux hostilités ; mais elles recommencèrent bientôt lorsque Louis voulut prendre sous sa protection Guillaume Cliton, fils de Robert Courtecuisse, qui avait été dépouillé de la Normandie par son frère Henri. Le monarque français, malgré la valeur personnelle qu'il déploya, fut battu au combat de Brenneville en 1119. Après cet échec, Louis consentit à la paix ; mais le roi d'Angleterre ayant perdu toute sa famille et une grande partie de sa noblesse qui périt dans un naufrage, Cliton profita de cette circonstance pour lui faire encore la guerre, qu'appuyait secrètement Louis.

Henri s'en vengea en suscitant au roi de France un ennemi puissant dans la personne de Henri V, empereur, qui haïssait Louis comme protecteur du pape Calixte II, par lequel il avait été excommunié. Henri V leva une armée formidable composée de Lorrains, d'Allemands, de Saxons, de Bavarois et de tous les autres peuples au delà du Rhin, avec l'intention de venir brûler la ville de Reims, où s'était tenu le concile qui avait fulminé contre lui la sentence d'excommunication.

Louis convoqua une assemblée générale des seigneurs, et leur représenta qu'il s'agissait d'une guerre étrangère, dans laquelle les intérêts et l'honneur de la France étaient compromis : il avait de l'éloquence, et passait avec raison pour le plus intrépide soldat de son royaume. Il s'empara si bien des esprits que toutes les querelles particulières cessèrent aussitôt : les seigneurs les plus dévoués au roi d'Angleterre se montrèrent dignes de leur patrie, et la France trouva deux cent mille hommes à opposer à ses ennemis.

D'autres grands vassaux éloignés accouraient encore à la tête de leurs troupes afin de grossir l'armée royale. Pour rencontrer un pareil exemple d'union, de promptitude et de patriotisme, il faudrait remonter jusqu'à Charlemagne. L'empereur, étonné de voir un roi si faible contre ses feudataires déployer tant de forces contre l'étranger, retourna sur ses pas ; et la tranquillité de la France fut assurée sans combat. Louis le Gros aurait bien voulu profiter d'une si belle occasion pour enlever le duché de Normandie au roi d'Angleterre ; mais l'intérêt des grands s'y opposa : ils distinguaient les guerres de la nation d'avec les guerres du prince, et n'étaient pas tentés d'augmenter son pouvoir ; ils intervinrent pour ménager la paix entre les deux royaumes, et cette fois elle fut durable.

Louis ne se reposa cependant point : les querelles entre les grands n'avaient cédé qu'à un intérêt national ; le danger passé, chacun reprit ses animosités, ses prétentions ; et le roi continua d'avoir les armes à la main pour se faire obéir. En 1126 il marcha au secours de l'évêque de Clermont, chassé de son siège par le comte d'Auvergne ; et il fut accompagné dans cette expédition par plusieurs grands seigneurs qui avaient d'abord été ses ennemis, tels que Conan, duc de Bretagne, Foulques d'Anjou et le comte de Nevers. Il força les passages des montagnes, assiégea le château de Montferrand, près de Clermont, qu'il prit, et obligea le comte rebelle à rétablir le prélat.

Quelques années plus tard, le même seigneur, oubliant son serment, recommença ses premières vexations contre l'évêque. Le monarque franchit de nouveau les montagnes, et obligea encore le comte à reconnaître son autorité, malgré le duc d'Aquitaine, qui était accouru à son secours, mais qui, ayant vu les forces du roi, se soumit lui-même et lui fit hommage de la manière la plus humble.

Enfin le monarque jouissait des douceurs de la paix, lorsqu'il se vit obligé d'aller punir les assassins du comte de Flandre. Ce comte ne laissant point d'enfants, il lui fit donner pour successeur le fils du duc de Normandie, Cliton, dont il chercha toujours à augmenter la puissance, afin d'en faire au roi d'Angleterre un ennemi plus redoutable. Mais ce jeune prince périt peu de temps après, les armes à la main, en poursuivant les troupes de son compétiteur, le comte d'Alsace, qu'il avait battu dans les plaines d'Alost.

Vers le même temps, l'évêque de Paris, sans aucune considération des services que Louis avait rendus à l'Eglise, se plaignant de la nomination faite par ce monarque à quelques bénéfices, avait été jusqu'à prononcer une excommunication contre son souverain : mais, malgré les plaintes de Bernard, abbé de Clairvaux, qui s'était réuni au prélat, le pape Honoré II déclara l'excommunication abusive, et leva l'interdit. Si l'on en excepte cette circonstance, Louis fut toujours parfaitement d'accord avec l'autorité ecclésiastique.

La pureté de ses mœurs, l'amour qu'il conserva toujours envers Alix ou Adélaïde de Savoie, sa femme, le soin qu'il mit à défendre le clergé de l'avarice et de la brutalité des nobles, le sauvèrent de toute discussion avec la cour de Rome. On vit sous son règne cinq papes venir chercher un asile en France ; et il eut besoin de beaucoup de prudence pour terminer le schisme né de la rivalité d'Innocent II et d'Anaclet, revêtus ensemble, par des partis opposés, de la dignité papale.

En 1128, il fit couronner à Reims son fils aîné, Philippe ; mais ce prince mourut d'une chute de cheval le 13 octobre 1131. Louis avait trop de vertus pour n'être pas un excellent père ; et quoiqu'il eût beaucoup d'enfants, on n'en vit aucun dans ces temps de révoltes prêter son nom aux rebelles. Il se montra fort sensible à la perte de son fils aîné ; mais le pape Innocent II, qui était alors à Paris, l'abbé Suger et ses courtisans intimes lui firent sentir que l'intérêt du royaume exigeait qu'il ne mît aucun retard à désigner son successeur : il choisit Louis, son second fils, qui fut sacré à Reims par le pape Innocent, douze jours après la mort de Philippe.

La dernière expédition de Louis VI eut lieu en 1135, contre le seigneur de Saint-Brisson-sur-Loire, qui exerçait toutes sortes de brigandages dans les environs de son château. Le roi assiégea cette forteresse, et après l'avoir prise d'assaut, il la réduisit en cendres. Mais les fatigues qu'il essuya dans cette occasion lui causèrent une dysenterie qui le conduisit au tombeau, après deux ans de souffrances.

Avant de fermer les yeux, il eut la satisfaction d'apprendre que le duc d'Aquitaine, qui n'avait qu'une fille nommée Eléonore, l'offrait par testament au jeune Louis, avec les immenses domaines qu'il possédait ; il envoya son fils en Guyenne pour accomplir ce mariage, et mourut avant le retour du prince, le 1er août 1137, dans sa 57e année, comblé des bénédictions du peuple, dont il avait toujours été le défenseur. Les historiens ne lui reprochent que d'avoir manqué de cette politique qui ne s'accordait pas toujours avec les vertus qu'il possédait dans un degré éminent.

Il laissa en mourant, outre Louis VII, qui lui succéda, cinq fils et une fille. La reine Adélaïde, sa veuve, épousa Matthieu de Montmorency, connétable de France. On attribue à Louis le Gros l'établissement des communes, desquelles est sorti le tiers état ou troisième ordre ; car il est remarquable que sous la première dynastie il n'y eut qu'un ordre politique, celui des conquérants ou gentilshommes (gentis homines), hommes de la nation.

Sous la seconde dynastie le clergé devint un ordre politique, c'est-à-dire qu'il prit place dans les assemblées nationales ; et ce fut lui particulièrement qui fit passer la couronne sur la tête de Pépin. Sous la troisième dynastie s'éleva le tiers état, qui n'était pas alors composé du peuple, mais des bourgeois (burgenses), des propriétaires en charge, et des chefs de corporations.

Les guerres continuelles des seigneurs et le mouvement donné par les croisades ayant relâché les liens de la servitude, il se forma des bandes de brigands, qui pillaient indistinctement tous les partis : le commerce sentit qu'il le devait attendre de protection que de lui-même ; et l'on vit se relever peu à peu le pouvoir municipal, origine et soutien de toutes les libertés.

Les paysans avaient été organisés par le clergé en communautés paroissiales conduites par leurs curés ; ces communautés prêtèrent plusieurs fois secours au roi, ainsi que cela eut lieu notamment au siège du château de Puiset. Déjà antérieurement à Louis le Gros, Beauvais, St-Quentin, Noyon avaient obtenu de leurs seigneurs des chartes de commune. La ville de Laon eut une charte en 1112 ; et deux ans après, Amiens en eut à son tour. Puis un grand nombre d'autres villes obtinrent des franchises analogues, dont on trouve du reste des traces avant le règne de Louis VI.

Dès lors, le contingent des troupes à fournir, la part à prendre dans les contributions, la police à exercer dans le territoire, le droit même de juger, en un mot tout ce qui constituait le pouvoir des grands passa aux communes, que gagna aussi l'esprit d'indépendance qui régnait à cette époque. L'usage de présenter aux rois les clefs des villes qu'ils traversent rappelle le temps où l'on refusait souvent de les y recevoir. Les villes affranchies devinrent d'autant plus fortes, que les châtelains des environs se faisaient recevoir membres de la cité, afin de profiter des avantages de l'association : ils donnaient leur esprit guerrier aux citadins en échange de l'esprit d'ordre et d'union qu'ils en recevaient.

Le pouvoir municipal existait dans les Gaules lors de la conquête franque, et s'était conservé sous la première dynastie : il se perdit sous la seconde, mais le souvenir n'en fut jamais anéanti. Louis le Gros en a secondé le rétablissement, décidé en grande partie par la force même des circonstances ; car on voit ce pouvoir se reproduire à la même époque en Italie, en Allemagne, en Angleterre où il a gardé le nom de communes : il n'avait jamais été totalement aboli dans la Flandre, où l'activité du commerce rendait les bourgeois des personnages considérables. La preuve s'en trouve dans le règne même de Louis le Gros, qui fut obligé de marcher contre les bourgeois de Bruges, assez puissants en richesses et en nombre pour tenter une révolution contre leur souverain.

Louis VI est le premier de nos rois qui soit allé prendre l'oriflamme à Saint-Denis, à l'occasion de la guerre nationale dont on a parlé. Cette espèce d'étendard rouge, suspendu au bout d'une lance dorée, avait d'abord été porté dans les guerres que le monastère de Saint-Denis soutenait pour la défense de ses domaines avant leur réunion à la couronne. L'oriflamme parut pour la dernière fois à la bataille d'Azincourt, en 1415.






Source france-pittoresque.com

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Jehanne - dans Personnages Historiques
21 avril 2008 1 21 /04 /avril /2008 11:28
Isabelle de France.








Isabelle de France (vers 1292 à Paris-1358), reine d'Angleterre, était la fille du roi de France Philippe IV le Bel et de la reine Jeanne Ire de Navarre, et surnommée la « Louve de France » pour son tempérament particulièrement violent.

En 1308, après de longues négociations, elle épouse le roi d'Angleterre Édouard II à Boulogne-sur-Mer. Quatre enfants sont issus du mariage, bien que le roi ait une réputation d'homosexuel avec des mignons comme Piers Gaveston et Hugh le Despenser. On attribue à Isabelle de France une relation extraconjugale avec l'Écossais William Wallace, ennemi du roi d'Angleterre, dont l'histoire est héroïquement retracée dans le film Braveheart, dans lequel le rôle d'Isabelle est interprété par Sophie Marceau. Ce n'est en fait que pure fiction puisque, selon les dernières datations, elle aurait été âgée de 10 à 13 ans à la mort de Wallace.

Quand son frère le roi Charles IV le Bel confisque les territoires d'Édouard en France, elle s'y rend afin de réunir une armée et, en 1325, en alliance avec son amant Roger Mortimer, conduit la révolte des barons anglais qui entraîne la déposition d'Édouard II et l'avènement nominal de leur fils aîné Édouard III, qui n'a que 14 ans. Isabelle et Mortimer gouvernent comme régents de 1326 à 1328.

Isabelle et Mortimer sont célèbres pour avoir comploté le meurtre du roi, déposé de manière à ne pas attirer les soupçons sur eux. Mais quand Édouard III atteint sa majorité et prend le pouvoir, en 1330, il fait exécuter Mortimer pour trahison et exiler Isabelle au château de Rising, à Norfolk, où elle meurt le 23 août 1358.







Source wikipédia.

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Jehanne - dans Personnages Historiques
11 février 2008 1 11 /02 /février /2008 08:40
Chrétien de Troyes.




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Le plus célèbre poète français du XIIe siècle. Ce que nous connaissons de sa vie est fort peu de chose. On a quelque raison de supposer qu'il exerçait la profession de héraut d'armes. Il fut le protégé de Marie, la fille du roi Louis VII et l'Aliénor de Poitiers, mariée en 1164 au comte Henri Ier de Champagne. Le Perceval, que la mort du poète laissa inachevé, est dédié à Philippe d'Alsace, comte de Flandres et de Vermandois, qui périt à la croisade en 1191. Chrétien écrivait le dialecte de Troyes, peu différent de la langue de Paris, qui ne s'imposait pas encore à la province. Il débuta probablement par l'imitation de l'antiquité, qui inspirait vers le même temps le roman de Troie de Benoît de Sainte-More, le roman de Thèbes et l'Eneas. Une parenté d'esprit naturelle le fit s'attacher avec prédilection à Ovide : il traduisit, sans doute le premier au moyen âge, L'Art d'aimer et emprunta aux Métamorphoses l'épisode de Progné, Térée et Philomèle. La version de cette muance a été intercalée, avec d'autres ouvrages anciens d'auteurs inconnus, dans L'Ovide moralisé, paraphrase des Métamorphoses versifiée au XIIIe siècle par Chrétien Legouais de Sainte-More. La Philomena de Chrétien de Troyes a échappé ainsi à la destruction, tandis que L'Art d'aimer et le Mors de l'épaule, qui semble être l'histoire de Pélops, n'ont pas été retrouvés jusqu'à présent. On regrette davantage le poème perdu sur les amours de Tristan et d'Iseut, qui a peut-être été la source du grand roman en prose, dont la vogue a duré jusqu'à la Renaissance. Bien que les poésies lyriques attribuées à Chrétien par divers manuscrits ne soient ni d'une authenticité ni d'une date certaines, on croit pouvoir reconnaître en lui, sinon le premier, au moins l'un des premiers qui aient imité au nord de la Loire la poésie provençale. Le reste de l'œuvre du trouvère champenois paraît nous être bien conservé. La suite chronologique de ses grands romans, tous consacrés à des héros du cycle de la Table Ronde, est assurée par divers témoignages, et rien n'y fait soupçonner de lacune.

L'Historia regum Britanniae de Gaufrei de Monmouth était encore dans sa nouveauté et répandait parmi les savants et les lettrés le nom et la gloire du grand roi Arthur de Bretagne. Depuis longtemps, des musiciens et des conteurs en prose colportaient dans les cours anglaises et françaises des légendes celtiques, principalement galloises. Leurs thèmes préférés avaient séduit des poètes anglo-normands, comme ce Béroul dont nous possédons un fragment considérable sur Tristan. La vive et merveilleuse fantaisie qui animait ces histoires bretonnes, l'esprit d'aventure qui y régnait, le rôle qu'y jouaient la femme et l'amour, tout cela était bien fait pour charmer la société contemporaine de Chrétien de Troyes, cette société déjà raffinée, galante, éprise de fêtes et de bel esprit, si éloignée des mœurs rudes et sévères que nous retracent les chansons de geste. On s'accorde aujourd'hui à revendiquer pour notre poète l'honneur d'avoir créé le roman breton, en introduisant dans la littérature française du continent Arthur et les chevaliers de la Table Ronde. Du moins, c'est lui qui a eu la gloire de fixer les traits les plus caractéristiques sous lesquels ce monde enchanté a persisté dans l'imagination de la postérité. Les successeurs de Chrétien imitent son style, ses procédés de composition, lui empruntent des noms propres, des lieux communs, des situations, des aventures, des caractères. Aux yeux des Français d'Angleterre, Arthur et ses chevaliers apparaissaient déjà comme des modèles de la courtoisie et de toutes les vertus chevaleresques. Grâce à Chrétien de Troyes, cet idéal raffiné de l'homme de bonne compagnie et une conception nouvelle des rapports des deux sexes trouvèrent leur meilleure expression dans les romans de la Table Ronde, comme cinq siècles plus tard la mélancolie rêveuse de nos arrières-grand-pères s'empara d'Ossian et des héros populaires écossais.

À la brutalité de certaines scènes, au plaisir que le poète éprouve à décrire de grands coups d'épée, on reconnaît encore dans Erec l'influence des chansons de geste. Bien qu'il y ait du charme dans la peinture du dévouement conjugal d'Enide, ce roman n'est guère qu'une suite de descriptions brillantes et d'aventures guerrières, faiblement liées entre elles. Dans Cligés, les longs monologues des amants trahissent curieusement le goût du jour pour les subtilités de l'analyse psychologique, appliquée aux émotions tout artificielles d'un amour de tête, spirituel, raisonneur et froid. Le fond du récit est une légende orientale, dont l'héroïne habituelle est la femme de Salomon, enlevée à son mari par un amant, grâce à un narcotique qui la fait passer pour morte, comme Juliette dans le drame de Shakespeare. C'est vraisemblablement par un intermédiaire byzantin que ce conte est parvenu jusqu'à Chrétien, et l'action principale de Cligés se déroule à Constantinople. Mais l'écrivain qui avait mis le roman breton à la mode s'est plu à conduire ses héros grecs à la cour d'Arthur et à leur faire jouer un rôle marquant parmi les chevaliers de la Table Ronde. Les poètes du moyen âge aiment à relater les aventures successives de plusieurs générations: Chrétien raconte longuement les amours d'Alexandre, père de Cligés, et son mariage avec Soredamors, sœur de Gauvain, avant de passer à son véritable sujet, l'histoire de Cligés et de Fénice. Ce personnage de Fénice est traité avec beaucoup de délicatesse; il semble que l'auteur se soit appliqué à dissimuler, à effacer, à force d'habileté, ce qu'avait de scabreux la donnée de l'adultère entre un neveu et la femme de son oncle. Le mari, nommé Alis, a usurpé la couronne impériale qui appartient légitimement à Cligés. Fénice, qui a aimé le jeune homme avant son mariage, répugne à appartenir, comme Iseut, à deux hommes à la fois. Aidée par les sortilèges de sa fidèle Thessala, elle veut n'être la femme d'Alis que dans l'opinion de celui-ci et du monde. Elle ne consent à se donner à Cligès qu'après la mort feinte et l'enlèvement.

Entre 1164 et 1175, il écrivait le Conte de la Charrette; mais il ne l'acheva pas, nous ne savons pour quelle raison. Un millier de vers environ ont pour auteur le clerc Godefroy de Lagny. La narration est, peut-être à dessein, embarrassée et obscure. Chrétien nous apprend que sa dame de Champagne lui avait fourni la matière et le sens de cet ouvrage. Un vieux conte gallois d'origine mythologique disait l'enlèvement de la reine Guenièvre, femme d'Arthur, par le roi du pays dont nul ne revient et sa délivrance par un héros, qui franchissait un pont mince et tranchant comme le fil d'une épée. C'est probablement parmi les Français d'Angleterre que l'aventure fut attribuée à Lancelot, personnage tout à fait inconnu de la tradition celtique. On racontait qu'en poursuivant le ravisseur il avait perdu son cheval et avait été obligé de monter sur une charrette : par suite de ce qu'il y avait là de peu noble pour un chevalier, il résultait pour lui de cet accident quelque déshonneur et le surnom du Chevalier de la Charrette. Telles sont les grandes lignes du récit qu'a recueilli Chrétien et dont il a tiré une des œuvres capitales de la littérature du moyen âge, en transformant la relation de fidèle vassalité, qui unissait Lancelot à la femme de son suzerain, en un commerce amoureux.

Les fameuses cours d'amour n'ont jamais existé que dans l'imagination de quelques modernes. Mais on parlait beaucoup d'amours à ces cours brillantes d'Henri Ier et d'Henri II d'Angleterre, où s'éveillait le goût de la vie mondaine et des plaisirs de l'esprit. On aimait à raffiner sur les sentiments, à discuter de délicats problèmes d'étiquette galante et de casuistique amoureuse, dans l'entourage de ces intelligentes et spirituelles princesses qui gouvernèrent des États et encouragèrent les poètes, comme la reine Aliénor et sa fille Marie, Ermenjart de Narbonne, Marguerite de Flandres, sœur de Philippe d'Alsace, Aéliz de Champagne, reine de France en 1160. Sous l'empire de la tendance logicienne et généralisatrice si puissante au moyen âge, et par l'influence d'Ovide, l'un des plus goûtés d'entre les poètes anciens, au contact des mœurs et de la poésie du Midi, un nouvel idéal sentimental naissait dans ces compagnies distinguées, qui font songer, en plein XIIe siècle, à l'hôtel de Rambouillet. L'amour courtois, l'amour chevaleresque apparaît pour la première fois en littérature dans le Conte de la Charrette. M. G. Paris en a exposé la théorie d'après ce roman, éclairé par des documents postérieurs. Guenièvre et Lancelot sont les types accomplis de la dame et de l'ami; leur amour, furtif, illégitime, adultère, à la fois exalté et mystique sans cesser d'être sensuel, « fondé sur la pleine possession, mais ne laissant aux sens qu'une part secondaire », cet amour quintessencié, si rare, si peu humain, est celui que rêvèrent les âmes sensibles au temps de Louis VII et de Philippe-Auguste. La femme, placée par l'amour qu'elle inspire et le péril qu'elle court en s'y livrant sur une sorte de piédestal surnaturel, encourage l'homme à s'élever plus près d'elle et ne craint pas de le soumettre à de dures épreuves pour le faire plus valoir et le rendre plus parfait. Par suite, l'amour est conçu comme un art, une science, une vertu, dont l'exercice est « étroitement lié à la pratique et à l'accroissement des vertus sociales ». Ces idées, dont il ne serait pas difficile de retrouver la trace au fond de nos cœurs d'hommes du XIXe siècle, eurent un immense retentissement : le roman en prose de Lancelot, dont le poème de Chrétien, dérimé, a fourni en quelque sorte le noyau, les répandit dans toute l'Europe. Le récit de Françoise de Rimini nous offre comme un lointain écho du prodigieux succès qu'obtint le Conte de la Charrette et atteste que le sens n'en fut point perdu pour les contemporains ni pour la postérité.

Ivain ou le Chevalier au Lion, composé vers 1175, est peut-être, malgré quelques longueurs, le chef-d'œuvre de Chrétien de Troyes et le meilleur type du roman arthurien. Il y a de belles parties dans le Conte du Graal ou le Perceval, que divers poètes eurent l'ambition de continuer et d'achever. L'étude spéciale des dix mille vers écrits par Chrétien est inséparable d'une étude d'ensemble sur l'immense littérature du Saint-Graal, qui en est dérivée presque tout entière. Certains critiques attribuent à notre romancier le poème de Guillaume d'Angleterre, dont l'auteur se nomme aussi Cresthien. Pourtant le Guillaume ne ressemble en rien aux ouvrages authentiques du trouvère champenois: c'est à la fois une vie de saint et l'un de ces romans d'aventures qui ne se dénouent que par une série de reconnaissances et de hasards miraculeux. Au lieu de brillantes descriptions de costumes, d'habitations, de fêtes et de tournois, on y trouve de vives peintures de la vie des petites gens, misérables sans feu ni lieu, pirates, marchands, bourgeois. Le style n'a pas l'élégance et la grâce habituelles chez Chrétien de Troyes, mais frappe par l'énergie, la fermeté, l'élévation.

Toutes les qualités du Français de race, la clarté, la vivacité, l'esprit, sont celles du poète favori de Marie de Champagne. Nous sommes encore aujourd'hui charmés par son art délicat, son style facile et limpide, la fraîcheur et l'éclat de sa diction. Le « beau français » de Chrétien, si admiré au moyen âge, est une langue excellente, savoureuse, pittoresque, vraiment classique. À la vérité, l'enchaînement des phrases est mou, lâche; la composition est souvent incohérente, obscure, surchargée d'épisodes inutiles; mais ce sont là des défauts communs à presque tous les poètes antérieurs à la Renaissance. Le nôtre s'entend à merveille à faire courir deux à deux les petits vers de huit syllabes et manie admirablement le dialogue vif et rapide. Ce qui lui manque à nos yeux pour être mieux qu'un très habile écrivain et un très agréable romancier, c'est le rêve, la mélancolie, le don des larmes, les grands horizons poétiques. Superficiel et charmant, il a rarement su peindre la passion vraie et ne provoque jamais d'émotion grandiose ou profonde. L'épouvantable malheur de sa Philomena semble le toucher à peine: son récit, élégant et froid, est dépourvu de tout accent pathétique. Ces lacunes d'un riche et souple talent frappaient sans doute moins que nous les contemporains de Chrétien. Peu de poètes ont exercé une influence si forte et si prolongée. Dans le domaine de l'art, comme dans celui du sentiment, il a joué le rôle glorieux d'un initiateur et d'un révélateur. Sa réputation littéraire ne fut pas moins grande à l'étranger que dans les pays où résonnait la langue d'oui. Ses romans furent imités en allemand, en norvégien, en anglais, peut-être en gallois, et trouvèrent des traducteurs comme Hartmann d'Aue ou Wolfram d'Eschenbach. Depuis que l'érudition contemporaine a remis son nom en honneur, Chrétien de Troyes a grandi sans cesse dans l'opinion de ceux qui connaissent assez bien notre ancienne langue et notre ancienne littérature.







Source Ernest Muret
Chrétien de Troyes
La grande encyclopédie: inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts
1895 - 1902
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Jehanne - dans Personnages Historiques
18 janvier 2008 5 18 /01 /janvier /2008 07:44
William Wallace.




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Sir William "Braveheart" Wallace (1270 - 1305) est l’un des plus grands héros nationaux de l’Écosse et le chef incontesté de la résistance écossaise face à l’Empire Anglais qui prévalait sur l’Écosse à la fin du 13e siècle.  L’importance du rôle qu’a joué William Wallace pour son pays découle de la situation en Écosse à cette époque.

 

Historique de la situation en Ecosse au 13ème siècle.


Le roi d’Écosse à l’époque de William Wallace, Alexandre III, était au pouvoir depuis plus de 20 ans et son règne avait été caractérisé par une période de paix, de stabilité économique et de prospérité. Ce dernier avait de plus repoussé les nombreuses attaques des Anglais dans leur revendication de suzeraineté sur l’Écosse.

C’est en 1274 que le plus grand adversaire de Wallace, Edward I, connu aussi sous le nom de Longshanks, succéda au trône d’Angleterre après la mort du roi Henri III. Le 18 août de la même année, Longshanks, alors âgé de 35 ans, fut couronné à Westminster.




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Une nouvelle lutte pour le contrôle et le pouvoir en Écosse avait débuté lors de la mort d’Alexandre III en 1286.  La seule héritière au trône était la petite fille d’Alexandre III, Margaret, la ‘demoiselle de Norvège’ et fille du roi de la Norvège. Cette dernière fut alors nommée reine d’Écosse par les Seigneurs écossais alors qu’elle n’était âgée que de 4 ans. Un gouvernement provisoire avait été mis sur pied afin de gouverner l’Écosse jusqu’à ce que Margaret soit en âge de prendre le trône. Par contre, le roi Edward Longshanks, ayant ses yeux rivés sur la soumission complète de l’Écosse, a profité de la situation d’incertitude et d’instabilité qui régnait sur la succession de l’Écosse pour la tourner à son avantage. Ce dernier proposa donc aux Seigneurs écossais un mariage entre Margaret et son fils Edward, héritier de Caernarvon (devenu par la suite Edward II d’Angleterre), sous l’accord que l’Écosse serait reconnue comme royaume indépendant et séparé de l’Angleterre.

En 1290, Margaret tomba malade lors de son voyage vers l’Angleterre et mourra subitement à l’âge de 8 ans. Plus de 13 prétendants au trône se sont alors présentés dont la plupart provenait de la noblesse écossaise. À cette période, l’Écosse était alors occupée essentiellement par les anglais et assaillie par ses propres conflits internes. Les différents ‘gardiens’ et aristocrates écossais ne cessaient de comploter les uns contre les autres, tout en jurant loyauté envers le roi Edward Longshanks ou en le défiant lorsque ceci jouait en leur faveur. Au même moment, des troupes anglaises, incluant des mercenaires Irlandais, opéraient librement dans le pays, dévastant et abusant les villageois. Le peuple écossais était confronté à des atrocités et peu d’efforts de la part des nobles et de la bourgeoisie étaient fournis pour faire respecter les lois et protéger les populations.

C’est avec l’absence d’un vrai successeur au trône que les différents prétendants demandèrent à Edward Longshanks de trancher en faveur de l’un des trois principaux candidats. Ceux-ci étaient tous des descendants de David, Compte de Huntingdon et frère de William le Lion, roi d’Écosse de 1165 à 1214; John de Balliol, Robert de Bruce (devenu plus tard le roi d'Écosse) et John de Hastings. En 1292, Balliol fut choisi et se déclara Roi d’Écosse. Le but d’Edward était d’installer une monarchie écossaise qu’il pourrait facilement manipuler. Ce dernier sous-estima par contre la souveraineté de l’Écosse et Balliol ne se laissa pas influencer par le roi d’Angleterre. Il assura à son peuple qu’il ne répondrait qu’à de ce dernier, refusant toutes demandes militaires ou autres provenant d’Angleterre.

Après la signature d
'un premier traité de paix avec les français, Edward Longshanks monta une armée et attaqua Balliol à Dunbar. Balliol avait refusé de céder 3 châteaux sur la frontière écossaise et refusa toute demande provenant des anglais.. Il emprisonna Balliol et se déclara souverain d’Écosse. Il plaça le gouvernement entre les mains de 3 gouverneurs anglais qui gouverneraient sous son nom; John de Warrenne, William Ormsby et Hugh Cressingham.

 


Biographie de William Wallace.


Il existe très peu d’information sur l’historique de la vie de William Wallace et celle-ci est souvent imprécise. Plusieurs faits sur sa ville natale et sur sa famille (tels que le nom des ses parents, ses premières années, etc.) diffèrent d’un auteur à l’autre. Ceci est grandement dû au fait que ses actions héroïques sont majoritairement basées sur des suppositions et qu’à l’époque, il a inspiré une telle peur dans l’esprit des écrivains anglais que ceux-ci ont démonisé ses accomplissements, ses motifs et lui-même. Ces informations ne sont par contre que très peu pertinentes lorsque nous regardons l’importance du rôle qu’a joué William Wallace dans l’histoire de l’Écosse.





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William Wallace est né en 1270 à Ellerslie (Eldersie aujourd’hui) en Ayrshire en Écosse. Deuxième d’une famille de trois garçons, son père était Sir Malcom Wallace, un petit propriétaire foncier d’Eldersie et d’Auchinbothie et chevalier écossais peu connu. Sa mère, Margaret de Crawford, était la fille de Sir Hugh Crawford, le Shérif de Ayr. Étant le deuxième fils de la famille, William n’a pas hérité du titre et des terres de son père. Celles-ci sont plutôt allées à Malcom, le frère aîné de William. 

Les premières années de William Wallace sont très peu détaillées. Il existe peu d’information fiable concernant cette époque et plusieurs disent qu’il passa sa jeunesse à Dunipace, tout près de Stirling, sous la supervision de son oncle qui était prêtre. Wallace grandit en un géant, mesurant tout près de 6 pieds 7 pouces, tout en ayant le physique d’un géant. La taille moyenne des hommes de l’époque ne dépassait que très rarement les 5 pieds. Pendant les trois années d’insécurité qui suivirent la mort du roi Alexandre III, William Wallace développa ses capacités intellectuelles et son éducation avec l’aide de son oncle et s’aligna pour faire carrière à l’Église, une tradition pour les jeunes garçons qui n’avait pas hérité de terres, tout en démontrant ses grandes capacités pour le français et le latin. Son amour et sa passion pour la liberté peuvent en grande partie être créditées à son oncle, qui lui inculqua les vraies valeurs et essence de la liberté.


 

Les débuts de William Wallace.


En 1291, le père de William Wallace, Sir Malcom Wallace, fut tué par un chevalier anglais nommé Fenwick car il refusait de céder à l’autorité du roi Edward Longshanks.  William Wallace prit sa vengeance sur Fenwick en mai 1296 lorsqu’il intercepta le convoi mené par ce dernier en direction du village d’Ayr. William organisa une attaque de guérilla et ses partisans ont alors attaqué le convoi en bordure de ‘Loudoun Hill’, tuant ainsi tous les soldats anglais et Fenwick et vengeant la mort de son père. 

Cette première attaque fut le premier exploit de Wallace, qui lui rapporta plus de 200 chevaux, des armes et armures ainsi qu’un bonne quantité d’or et d’argent. La forte présence d’armées anglaises au Nord de l’Écosse et la croissance du nationalisme chez les écossais ont entraîné le besoin pour de nouveaux leaders écossais. Le jeune Wallace, avec sa haine envers l’occupation étrangère de son pays, s’est alors retrouvé à la tête d’un mouvement, toujours plus grandissant, de résistance nationale.

 

 

La bataille de "stirling Bridge".


L’un des plus grands exploits de Wallace fut sa victoire sur les anglais lors de la bataille de ‘Stirling Bridge’. Presque toute l’Écosse était revenue aux mains des Écossais en août 1297. Seul le Nord était encore occupé par la présence des anglais.  Stirling était la ‘porte’ pour accéder au Nord de l’Écosse et la clé de cette porte était le pont de Stirling. Le 10 septembre 1297, l’armée anglaise, dirigée par John de Warren, rejoignait les garnisons anglaises du château de Stirling et son constable, Sir Richard de Waldegrave, afin de livrer bataille à Wallace et ses hommes et reprendre le contrôle du territoire écossais.

John de Waldegrave avait amassé une formidable armée, de plus de 1000 cavaliers lourds et 50 000 soldats.  Cette armée était la plus réputée en Europe pour sa grande expérience au combat, ses soldats, réputés pour être les meilleurs de l’époque et finalement, elle n’avait jamais connu la défaite. L’armée de Wallace, qui s’était rallié avec Sir Andrew de Moray, était composée tout au plus de  16 000 soldats, incluant 150 cavaliers armés. Ces soldats étaient pauvrement armés et ne détenaient aucune expérience ou formation de combat, ceux-ci étaient dépassés en nombre par 3 : 1. Les écossais avaient par contre un esprit insatiable face combat et la motivation compensait pour le manque d’expérience au combat. Les écossais, principalement poussés par leur sens du patriotisme, étaient prêts à se battre et à mourir plutôt que de supporter la tyrannie de l’occupation anglaise sur leur propre territoire.





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William Wallace avait décidé de se positionner sur la rive opposée du château de Stirling, occupant ainsi le plateau élevé de la plaine sur les pentes des collines d’Ochil. Ceci forçait les anglais à se battre vers le haut sur les collines. John de Warren était alors obligé de traverser la rivière en empruntant  le pont de Stirling. Ce pont en bois était par contre étroit et limitait la traversé des cavalier lourds à 2, côte à côte. Les anglais n’auraient aucun moyen d’évasion rapide en cas d’attaque sur ce pont. La terre sur les rives de la rivière était beaucoup trop molle pour que les soldats ou les cavaliers ne puissent traverser.

Lors de la traversé de l’armée anglaise sur le pont de Stirling, Wallace donna le signal d’attaque à son armée et les rebelles chargea en grand nombre, levant et brandissant leurs lances et épées vers les ciel, et hurlant comme des déchaînés. Les lances en avant, ils foncèrent directement sur les soldats traversant le pont. Les soldats anglais étaient pris au piège car ils se faisaient transpercés par les écossais qui ne pouvaient plus avancés mais qui étaient par contre poussés vers l’avant par les autres troupes anglaises situées derrière eux. Ceux qui sautaient par dessus le pont se noyait avec le poids de leur armure ou étaient transpercés par les lances des rebelles écossais.  Plusieurs soldats et beaucoup d’archers anglais étaient piétinés et tués par les sabots des chevaliers qui traversaient le pont pour livrer bataille aux rebelles. 

La bataille dura un peu plus d’une heure et les rebelles écossais avaient massacré, sans pitié. En un seul coup, les hommes de Wallace avait anéanti la plus part des chevaliers lourds et 5 000 soldats de pied, incluant plus de 300 archers Welsh.  Cette victoire démontra clairement qu’une armée de simple paysans, avec la discipline et le courage de se battre et de mourir pour leur pays, est capable de détruire le mythe de l’invincibilité Anglaise. Pour William Wallace, cette victoire démontra une fois de plus qu’il n’était pas seulement un chef et un guerrier charismatique, mais que ses capacités et tactiques de guerre étaient toutes aussi fortes. Le château de Stirling tomba alors entre les mains de Wallace et l’Écosse était presque entièrement libérée des forces anglaises.

Sous Wallace, les écossais, paysans et chevaliers plutôt que la noblesse écossaise, étaient réunifiés dans le but de libérer l’Écosse de toute occupation étrangère. Contrairement aux nobles écossais qui avaient souvent auparavant juré loyauté et allégeance au roi Edward Longshanks, la force patriotique de Wallace demeura dédié à la lutte pour l’indépendance de l’Écosse.

Wallace envahit par la suite le nord de l’Angleterre et ravagea les comptés e Northumberland et Cumberland. À son retour en Écosse en décembre 1297, il fut promus chevalier et proclamé ‘Gardien’ du royaume de l’Écosse. La noblesse écossaise par contre ne lui accordait qu’un petit support dans sa quête pour l’indépendance.



La fin de William Wallace.


La victoire de Wallace sur le Pont de Stirling fut rapidement oubliée par Edward Longshanks. En 1298, ce dernier envahit le nord de l’Écosse en ayant pour but d’écraser Wallace et tous ceux qui se battaient pour l’indépendance de l’Écosse. Avec plus de 90 000 soldats et une technologie des plus avancée, Longshanks attaqua une plus petite armée écossaise dirigée par Wallace tout près de Falkirk. Lors de cette défaite, plus de 10 000 guerriers écossais avaient perdu la vie. Wallace fut obligé de battre en retraite et sa réputation militaire fut complètement détruite. Il se cacha pendant les années qui suivirent la défaite de Falkirk. Plusieurs historiens croient qu’il serait allé en France pour une mission diplomatique afin de trouver un support militaire auprès du roi Philippe IV.  

En 1304, après avoir signé le Traité de Paris (1303) avec les Français, Edward Longshanks repris sa conquête de l’Écosse. Même si la grande majorité des nobles écossais lui avaient juré allégeance, il continua de poursuivre Wallace sans relâche. Le refus de Longshanks de reconnaître Wallace comme un ennemi d'un pays indépendant de l'Angleterre signifiait que les anglais pouvaient le considérer officiellement comme un traître.

En 1305, Wallace fut trahi par un de ses chevaliers, oeuvrant sous le service d’Edward Longshanks, et fut capturé par les anglais tout près de Glasgow. Il fut par la suite amené à Londres où il subit sont procès pour traîtrise envers le roi d’Angleterre. Wallace répondu seulement qu’il était un Écossais, né en Écosse, et qu’il n’avait jamais juré allégeance au roi d’Angleterre et qu’il ne reconnaissait pas la souveraineté d'Edward sur son propre pays. Le 23 août de la même année, Wallace fut exécuté. À cette époque, le châtiment pour trahison était assez pénible. Wallace fut traîné, en arrières de chevaux, sur une distance de 6 miles dans les rues de Londres jusqu’à Smithfield Elms, l’endroit de son exécution. Il fut par la suite pendu et  éventré avant de mourir. Ses entrailles ont été brûlées devant ses yeux, il fut décapité et son corps a été divisé en 4 parties. Les anglais avaient par la suite exposé sa tête sur le Pont de Londres, celle-ci empalée sur un pique. Son bras droit fut exposé au Pont de Newcastle, son bras gauche à Berwick, sa jambe droite fut envoyée à Perth et sa jambe gauche à Aberdeen.

Edward Longshanks pensait que la capture de Wallace et son exécution auraient détruit l’esprit de liberté chez les écossais. Il était par contre dans l’erreur car l’exécution barbare de Wallace signifiait pour les écossais que les anglais avaient martyrisés un leader militaire écossais très populaire et ceci avait qu’empirer le désir et la détermination des écossais à être libre.

Peu de temps après la mort de Wallace, Robert de Bruce mena une armée d’écossais, plus déterminés que jamais à venger Wallace et a se battre pour leur liberté. Robert de Bruce avait fait revive la rébellion nationale et écrasa les anglais. En 1306, il fut couronné roi d’Écosse. La plus grande contribution de Wallace à son pays est qu’il a sorti de l’ombre Robert de Bruce pour qu’il prenne enfin part à l’indépendance de l’Écosse.


 



 


 

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Jehanne - dans Personnages Historiques
13 janvier 2008 7 13 /01 /janvier /2008 09:53
L'Ordre de la Jarretière.





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L’Ordre très Noble de la Jarretière (en anglais : The Most Noble Order of the Garter) est un ordre de chevalerie anglais, fondé par Edouard III en 1348. Selon la légende, la comtesse de Salibury, maîtresse d’Edouard III, laissa tomber sa jarretière lors d’un bal de la cour. Le roi la ramassa vivement et la rendit à la comtesse ; devant les plaisanteries des courtisans, il s’écria : " Honi soit qui mal y pense " (devise de l’ordre). Il promit alors à sa favorite de faire de ce ruban bleu un insigne si prestigieux que les courtisans les plus fiers s’estimeraient trop heureux de le porter. Les premiers membres furent Edouard III lui même, le prince de Galles (Edouard, le Prince Noir), ainsi que 24 compagnons. Ces " chevaliers fondateurs " étaient des hommes d’armes, entraînés aux batailles et aux tournois, dont certains n’avaient pas plus de vingt ans.

. L’ordre de la Jarretière est le plus important ordre de chevalerie britannique, et l’un des plus prestigieux au monde. L’admission en son sein donne à ses membres le droit au titre de " Sir ". Les bannières et armoiries des compagnons chevaliers sont suspendus dans la chapelle de l’ordre : la chapelle St. George à Windsor. Chaque stalle est munie d’une plaque montrant le nom et les armes de l’occupant. Les bannières et armoiries restent en permanence au dessus de la stalle du chevalier, et ne sont retirées qu’à sa mort. St. George, patron des croisés, connu pour son combat face au dragon, est aussi le patron de l’ordre (tout comme de l’Angleterre). Le 23 avril, " St. George's Day ", est par conséquent, le jour anniversaire de l’ordre.

. Durant le Moyen Age, des femmes étaient associées à l’ordre, et, sans être membres à part entière, assistaient aux différentes réunions et fêtes. Mais, après la mort en 1509 de la mère d’Henry VII (Lady Margaret Beaufort), l’ordre devint exclusivement masculin, à l’exception des reines en tant que souveraines ; jusqu’à 1901 où le roi Edouard VII fit de la reine Alexandra une " Lady " de l’ordre. A partir de ce moment, d’autres femmes furent admises dans l’ordre, et, en 1987, la reine Elisabeth décida que leur éligibilité serait la même que celle des hommes.

. L’ordre a pour grand maître le roi ou la reine, et comprend, en outre 3 chevaliers royaux (le prince de Galles, le duc d’Edimbourg, le duc de Kent), 3 dames, 24 chevaliers anciennement choisis dans la plus haute noblesse, et 7 " extra knights " (dont les rois de Belgique, de Suède, d’Espagne et le grand duc de Luxembourg). Il est parfois conféré à des personnalités étrangères. Pendant la majeure partie de son histoire, l’Ordre de la Jarretière fut exclusivement réservé aux personnes de l’aristocratie, mais aujourd’hui, en cas de places disponibles, les membres recrutés peuvent être d’origines diverses.






Source Laurent Lamôle.

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Jehanne - dans Personnages Historiques
10 décembre 2007 1 10 /12 /décembre /2007 09:16
Charles VI (1368 - 1422).




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Il accède au trône à l'age de 6 ans. Ce seront donc ses oncles qui assureront la régence (les ducs de Bourbon, d'Anjou, de Berry et de Bourgogne). Seulement ceux-ci se battent pour le pouvoir, dilapidant le Trésor et rétablissant des impôts (la fouasse et la gabelle) tout en n'en augmentant le taux d'imposition. Cela eut pour conséquence de déclencher des révoltes (à Montpellier et au Puy) qui tournèrent en guerre civile qui sera matée par la levée de troupes qui seront ensuite utilisées contre les Flamands vaincus à la bataille de Roosebeke le 27 novembre 1382.

En 1385, Philippe de Bourgogne hérita de la Flandre, ce qui lui conféra plus de pouvoir. Il arrangea la rencontre de Isabeau de Bavière avec Charles VI afin de tenter un rapprochement de la France avec l'Empire allemand. Les deux jeunes personnes se marieront. Isabeau était une femme plutôt gracieuse mais se révéla vite une personne futile, avide de plaisirs et très égoïste. Charles VI a été décrit par un religieux de Saint Denis :

"Sa taille, sans être trop grande, surpassait la taille moyenne; il avait les membres robustes, une large poitrine, un teint clair, les yeux vifs. On remarquait en lui toutes les heureuses dispositions de la jeunesse. Fort adroit à tirer de l'arc et à lancer le javelot, passionné pour la guerre, bon cavalier, il témoignait une impatiente ardeur toutes les fois que ses ennemis le provoquaient pour l'attaquer. Il se distinguait par une telle affabilité qu'en abordant les moindres gens, il les saluait avec bienveillance et les appelait par leur nom. Il se fit remarquer dès ses premières années par sa libéralité ; plus tard sa munificence dépassa les bornes de la modération au point de faire dire qu'il ne gardait rien pour lui que le pouvoir de donner."



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Cependant leur ménage paraissait harmonieux. C'est alors que Philippe de Bourgogne poussa Charles VI à préparer un débarquement pour reprendre Calais et soumettre la Flandre. Malgré les préparatifs, cela ne fit pas, mais les anglais alertés par ces intentions poussa à négocier avec ceux-ci. Richard II, pacifiste, accepta (il sera souverain de la Guyenne mais il doit rendre l'hommage de vassal à Charles VI).

En 1388, il renverra ses oncles, voyant qu'ils ne servaient que leurs intérêts personnels, assumant dorénavant seul le pouvoir (avec les anciens conseillers de son père, Olivier de Clisson, Jean de Vienne, Bureau de la Rivière, Juvénal des Ursins. Ils rétablirent l'ordre et modérèrent la fiscalité.

En 1392, de Clisson fut mortellement blessé. Charles VI entreprit une expédition punitive, et au Mans, pris d'un accès de folie tuera quatre de ses hommes à coups de hache.

Le 28 janvier 1393, lors d'un bal, Louis d'Orléans s'approche d'un groupe de danseurs vêtus uniquement de plumes avec une torche à la main. Or celle-ci enflamma ses danseurs parmi lesquels se trouvait Charles VI. Il fut sauvé de la mort par sa tante qui avait jeté son manteau sur lui. Cet incident contribua à faire vaciller à nouveau la raison de Charles VI. Jusqu'à sa mort, il y aura alternance de périodes de démence et de périodes consciente. Charles VI compris bien dans quel état il se trouvait.



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Isabeau souffrira de l'état de son mari qui la repoussera dans ses périodes de démence. Elle multipliera les aventures extra conjugales, mais lui donnera plusieurs enfants (la paternité de Charles VI est parfois mise en doute). Cet état de santé s'en ressent également dans le gouvernement de la France.

La trêve avec les Anglais, confortée par le mariage de Richard II avec une fille de Charles VI, va connaître une anicroche. Richard II va jouer le roi absolu et confisque l'héritage de son cousin Lancastre. L'héritier, spolié, débarque en Angleterre et se proclame roi sous le nom d'Henry IV. Ce dernier ne pourra cependant rien tenter. C'est son fils Henry V qui envisagera de reprendre la guerre avec les français.

Les origines de ce nouvel affrontement sont à rechercher dans les ambitions du duc d'Orléans, souhaitant constitué un royaume fort en Italie, appuyées par Philippe le Hardi, duc de Bourgogne. Ces vues entraient en contradiction avec la papauté. Cependant, quand le duc d'Orléans récupéra le Luxembourg, naquit un différent entre lui et le duc de Bourgogne, du moins son fils Jean, nommé Jean sans Peur (Philippe le Hardi meurt en 1404). En 1407 ce dernier mettra à mort son rival, le duc d'Orléans. Ce dernier laissera un fils marié à une fille du comte d'Armagnac et le pays se retrouva divisé en deux factions : les Bourguignon et les Armagnac. Une guerre civile pointe à l'horizon, les Bourguignons se montrant partisans des anglais.



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Assuré de ce soutien moral, Henry V débarque le 12 août 1415 au cap de la Hève, s'empare d'Harfleur le 22 septembre et écrasera les français à la bataille d'Azincourt le 25 octobre 1415 (Charles d'Orléans, chef des Armagnac y sera fait prisonnier). Henry V sera le seul maître de la Normandie en 1417. Les Bourguignons s'emparent de Paris, matant la résistance des Armagnacs, livrant Paris à l'émeute et au massacre.

Une rencontre entre le dauphin, le futur Charles VII, et le duc de Bourgogne se termine par l'assassinat de ce dernier pour le punir du meurtre du duc d'Orléans. Philippe le Bon, fils du duc de Bourgogne signera avec les Anglais une convention le 2 décembre 1419 permettant de suspendre les hostilités. Elle sera suivie de la signature du traité de Troyes le 22 mai 1420 qui conclue le mariage de sa fille Catherine de France et de Henry V. Ce dernier, à la mort de Charles VI, Henry V deviendrait également roi de France. Compte tenu de l'état de santé de Charles VI, Henry V prend la régence et le dauphin (Charles VII) destitué de ses droits se réfugie à Bourges.

Henry V meurt à Vincennes le 31 août 1422. Charles VI le suivra le 21 octobre 1422. Henry VI sera proclamé roi d'Angleterre et de France le 11 novembre 1422. La trahison de Isabeau de Bavière laissait penser qu'il n'y aurait plus de roi de France.




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Source Office du tourisme ville d'Amboise.


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Jehanne - dans Personnages Historiques

Présentation

  • : Vivre au Moyen âge
  • : Le blog vivre au Moyen âge a pour but de renseigner le lecteur sur les us et coutumes du Moyen âge. Les articles et iconographies publiées dans ce blog sont le fruit de mes recherches sur internet et dans les livres . Je ne suis pas auteur des textes publiés qui sont des citations extraites de mes trouvailles. Bon voyage dans le temps !!!!
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