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27 juillet 2012 5 27 /07 /juillet /2012 12:47

La médecine vétérinaire au Moyen âge.

 

 


 

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La médecine vétérinaire marque un recul certain durant la période médiévale du V e au XVe siècle, sous l’influence de l’Eglise qui la considère comme suspecte. Une médecine mystique va se substituer à celle héritée de l’Antiquité, que seul l’Islam va conserver. L’animal, qui ne mérite aucune considération aux yeux du Christianisme, aura néanmoins ses protecteurs et ses guérisseurs.

Trois influences importantes se sont exercées sur la médecine vétérinaire au Moyen Âge : la tradition théurgique des « Barbares », l’autorité théocratique du Christianisme et l’apport des Arabes.

 

 

Les Celtes sont dirigés par les druides qui constituent un collège religieux et un sénat intellectuel. Certains druides, appelés eubages, sont des prêtres-guérisseurs qui assurent des soins aux humains et aux animaux. Leur médecine, surnaturelle et empirique, utilise des onguents (graisse, essences végétales), des amulettes et des formules cabalistiques.

 

Les Gaulois développent une agriculture prospère aux mains des barons (propriétaires chevaliers laïques). Ils pratiquent surtout l’élevage du cheval, mais aussi celui des petits ruminants, du porc (le jambon fumé des Séquanes est renommé) et des oies. Les écuyers (« eporidix ») sous les ordres des « mareschaux » (de marc’h = cheval et

skalk = serviteurs) assurent l’entretien des chevaux dans les haras. Des chiens de guerre sont importés de Grande-Bretagne et détenus en meutes.

 

Les Francs adoptent une médecine plus religieuse, de par leur conversion précoce au Christianisme.

 

Les Romains n’exercent que peu d’influence sur ces peuples dits Barbares. Le « veterinarius » antique a disparu et le dogmatisme philosophique s’avère inefficace contre les diverses épidémies de clavelée, de peste ou de variole.

 

Chez les Mérovingiens, les soins aux animaux sont dévolus aux « comes stabulum », connétables qui dirigent les mareschaux.

Au milieu du IX e siècle, la ferrure à clous introduite par les Croisés, marque l’apparition des maréchaux ferrant et de la maréchalerie.

La médecine animale ne fait l’objet d’aucune publication entre le X e et le XII e siècle. Traditionnelle et impuissante, elle recule sous l’influence de l’Eglise, qui va la considérer comme suspecte.

 

 

 

Essor et autorité théocratique du Christianisme

 

Le Christianisme a-t-il contribué à l’effondrement de la médecine antique ? Il semble plus judicieux de considérer qu’un monde nouveau est né, à partir de plusieurs composantes :

 

 

Apparition d’une médecine théocratique

 

Les animaux, nous l’avons dit, ne méritent aucune considération de la part du Christianisme, et ils sont frappés d’ostracisme. « L’Eglise a pour les bêtes le mépris de Platon » (Emmanuel Leclainche) et la médecine vétérinaire est ignorée dans les monastères et les couvents. Cependant des saints guérisseurs et protecteurs sont souvent évoqués dans le traitement des maladies humaines et animales. Plus d’une centaine de saints ont été ainsi répertoriés.

 

 

Les invocations des saints guérisseurs ont lieu dans des sanctuaires qui leur sont consacrés, soit en particulier, soit à l’occasion de leur fête patronale. Elles revêtent un caractère collectif : les animaux sont conduits en procession et rassemblés pour recevoir la bénédiction. Les ecclésiastiques officiant prononcent des prières, proposent des offrandes, adoptent des attitudes rituelles. Les formules incantatoires sont archaïques et naïves, plutôt païennes. Lorsque les résultats sont jugés insuffisants ou inexistants, on a recours à la sorcellerie, quoique celle-ci soit réprimée par l’Eglise. Divers objets et matériaux sont utilisés. L’abbesse Hildegarde de Bingen, par exemple, a recours à la mandragore, au bois de cyprès ou aux pierres précieuses pour protéger les animaux et stimuler la production de lait.

 

 

Apparition d’une médecine laïque

 

Une Ecole de médecine laïque est créée à Salerne, en Italie. Compilation des médecines antiques de Galien et d’Hippocrate, elle se caractérise par un libéralisme hippocratique et elle fournit une oeuvre abondante et variée, mais sans apport à la médecine vétérinaire.

 

 

Concentration de la médecine vétérinaire entre les mains des mareschaux

 

Les mareschaux évoquent les hippiatres de la Grèce Antique et la Chevalerie prend une place prééminente. Ils pratiquent des interventions manuelles sur le cheval et le bétail, administrent des médicaments et pratiquent une chirurgie de base. Quelques livres sont écrits durant cette période : le Leech Book anglais ou le Physica d’Hildegarde de Bingen.

 

 

 

L’influence arabe

 

 

Les invasions arabes en Europe ccidentale

 

Elles vont se traduire par une restitution de la pensée hippocratique. Le bouleversement de nos connaissances médicales qui en découlent sera dû à un double apport :

- apport de la médecine antique, perse et indienne. Le centre d’enseignement des Nestouriens est créé en Perse en 435. La dynastie des Ommeyades rassemble les manuscrits de l’Antiquité et crée, à la fin du X e siècle, la bibliothèque de Cordoue (400 000 volumes).

- apport des connaissances médicales islamiques. Cet apport permet une synthèse des acquis relatifs aux maladies, nombreuses à cette époque, à la chimie et à la pharmacopée. Le cheval a une place privilégiée dans ces connaissances et il est étudié sous ses différents aspects : hygiène, utilisation, extérieur, blessures, maladies….

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Jehanne - dans La Médecine
26 juillet 2012 4 26 /07 /juillet /2012 20:30

Les médecins de la peste.

 

 

 

 

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Le costume du médecin de la peste n’est pas un véritable déguisement mais plutôt un accoutrement porté par les "médecins de la peste", médecins qui allaient visiter les pestiférés, habillés comme décrit sur la photo.

 

En fait il ne s'agissait pas de médecins mais de prêtres, ils portaient une tunique de lin ou de toile cirée et un masque qui les faisaient ressembler à un grand oiseau dans lequel se trouvent des herbes contre l’odeur pestilentielle. Sur le masque, ils portaient des lunettes et ils étaient toujours accompagnés d'une baguette avec laquelle ils soulevaient les
vêtements des pestiférés, imaginant que masqué de la sorte la terrible maladie ne puisse pas l’atteindre.

Dans les hôpitaux les médecins n'approchent donc pas les malades, ils s'aspergent de vinaigre, pendant que les prêtres munis de masques à bec pointus donnent la communion ou l'extrême onction avec des cuillères d'argent fixées à de longues spatules...

Dès l'apparition de la maladie, Philippe VI demande à la faculté de rechercher les remèdes susceptibles de combattre la "pestilence".

Médecins et astronomes remettent bientôt au roi un traité qui recommande d'allumer des feux de bois odoriférants, de se baigner dans l'eau chaude, de ne pas trop manger; les viandes seront de préférence rôties ou accompagnées d'épices si elles sont bouillies. L'eau doit être distillée ou bouillie.

Les médecins recommandent enfin de " faire abstinence de femme..."

Quant aux remèdes, ils se limitent aux laxatifs et aux saignées qui aboutissent, en fait, à affaiblir le patient, plus réceptif encore à la maladie.

 

En fait, les populations luttent essentiellement contre l'épidémie par la fuite, gagnent les campagnes et les forêts où elles se réfugient dans des cabanes. Ceux qui ne s'enfuient pas s'enferment dans leurs maisons, comme l'imposent bientôt les autorités. Si la peste pénètre dans la maison, ces dernières font clouer portes et fenêtres. Seule une fenêtre
reste entrouverte, pour que l'on puisse ravitailler les habitants de la maison, à moins qu'on ne les oublie.

 

Lorsque les morts deviennent trop nombreux, on se contente souvent de les jeter dans les rues où les ramassent les membres des confréries. Les cadavres, entassés dans des charettes, sont ensuite hâtivement enfouis dans des fosses communes, hors des agglomérations.

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Jehanne - dans La Médecine
22 juillet 2012 7 22 /07 /juillet /2012 21:29

L'amputation au Moyen âge.

 

 

 

 

 

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Dans le cas d'entailles profondes ou de plaies gangrenées (la « pourriture fatale des tissus ») au niveau des membres supérieurs ou inférieurs, le chirurgien est dans l'obligation d'amputer soit dans l'articulation (auteurs Arabes, tel Aboulcassis de Cordoue) soit en dehors (auteurs Européens tel Henri de Mondeville).

 

L'opération se déroule « simplement ». Le patient est solidement maîtrisé. On place un garrot au-dessus de la future découpe. On coupe les chairs avec un couteau à amputer. Sous l'action des muscles, les chairs vont avoir tendance à s'écarter. Pour stopper l'hémorragie, dans la plupart des cas on cautérise au fer rouge. Certains utilisent l'arsenic ou les aluns de roche comme hémostatiques, d'autres comme le Strasbourgeois Hieronymus Brunschwig ligaturent les vaisseaux au lieu d'utiliser le cautère. Néanmoins, cette technique semble avoir été peu utilisée, car il ne faut pas suturer ensemble vaisseaux, peau et muscles. Une fois cette opération terminée, on coupe l'os à la scie.

 

Les esquilles d'os sont éliminées avec une paire de forces. À noter, la pratique de Hans von Gerssdorf, Stadtscherer (barbier de la ville) de Strasbourg. Ce dernier taille un lambeau de chair qui recouvrira la surface sectionnée en permettant la formation d'un beau moignon. Au soir de sa vie en 1517, il résume son expérience dans feldtbuch der wundtartzney, manuel pratique de chirurgie de guerre. Mais tous les chirurgiens ne sont pas d'accord sur l'endroit de la découpe. Les uns préconisent d'amputer dans les tissus gangrenés car cela serait moins douloureux et moins hémorragique, les autres préfèrent trancher en zone saine.

 

Certains conseillent de trancher au niveau de l'articulation, les autres au-dessus ou au-dessous.

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Jehanne - dans La Médecine
22 juillet 2012 7 22 /07 /juillet /2012 21:25

Soigner les blessures par flèches au Moyen âge.

 

 

 

 

 

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Avant l'apparition des armes à feu, les blessures par flèches préoccupent déjà les chirurgiens depuis l'antiquité (Celse).

 

Au XIIIe siècle, Guillaume de Salicet (pour ne citer que lui) y consacre 22 chapitres sur les 26 de son livre ! La diversité des flèches est à la hauteur de l'ingéniosité des praticiens pour les extraire !


Le Byzantin Paul d'Egine (625-690) utilise des repoussoirs pour évacuer les flèches profondément enfoncées. Prenons l'exemple d'une flèche profondément enfoncée dans le bras : le praticien essaie de tirer sur la hampe pour la dégager, mais la plupart du temps seule la hampe, simplement emboîtée, peut être extraite. Le praticien sonde alors la blessure, s'il s'avère que le fer est prêt à sortir du côté opposé, il utilise l'impulsoir. En passant par le trou laissé par la pointe, il vient loger son instrument dans la douille de la flèche et la pousse en avant. Quand cette dernière pointe de l'autre côté, les chairs se déforment, le praticien pratique alors une coupure en croix pour limiter la déchirure des tissus et une dernière impulsion lui permet d'extraire la flèche.


Si le fer dépasse, on utilise des pinces dites à bec d'oiseau pour s'en saisir, mais comme le disait le grand Aboulcassis au XIe siècle : « si elle ne répond pas aussitôt à la traction sur elle, laissez-là en place pendant quelques jours jusqu'à la suppuration des tissus environnants, alors la traction et son ablation seront faciles ». Certains activent le ramollissement des tissus en utilisant une lotion à base d'huile rosat, de jaune d'oeuf et de safran. Pour faciliter l'extraction il est conseillé d'effectuer un mouvement de torsion de la main en tous sens avec la pince.


Si la flèche est profondément enfouie mais pas au point d'utiliser l'impulsoir et encore moins la pince, il n'y a plus qu'une solution : inciser autour de la plaie. Aboulcassis précise « seulement s'il n'y a pas d'os, de nerf ou de vaisseaux sanguins dans le voisinage ». Dès que l'ouverture est assez grande, on utilise la pince pour extraire le fer. Parfois le patient garde le fer fiché dans sa chair tel Guillebert de Lannoy en 1412 : « je fus blessé à la cuisse par un vireton (carreau d'arbalète) et j'ai gardé la pointe dans la cuisse pendant plus de neuf mois ».

 

Au XIe siècle, Aboulcassis parle déjà de cas similaires, de blessures qui cicatrisent par-dessus le fer, qui parfois se rappelle à son malheureux propriétaire après quelque temps. Dans ce cas, il faut inciser ou utiliser des pommades caustiques pour le dégager avant de l'extraire. Une fois le fer extrait, on traite la blessure comme les blessures classiques mais la profondeur des plaies, les fragments de tissus emportés par la pointe souvent rouillée et souillée de terre ou autre, ont une fâcheuse tendance à causer des complications.


Comme tous les blessés le patient est soumis à la saignée, au lavement (clystère), et à la diète pendant deux semaines

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Jehanne - dans La Médecine
22 juillet 2012 7 22 /07 /juillet /2012 21:15

L'ophtalmologie au Moyen âge.

 

 

 

 

 

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Pendant les onze siècles que recouvre le Moyen Âge, les médecins, héritiers des traditions égyptiennes, grecques, latines et arabes, ou leurs compilateurs ont consacré plusieurs chapitres aux maladies des yeux. Les thérapeutiques des Anciens nous ont été transmises dans leur ensemble, mais les copistes y ont souvent ajouté de leur propre initiative d'autres formules plus ou moins empiriques, plus ou moins efficaces. En effet, à une époque où l'imprimerie n'existait pas encore et où les documents transmettant le savoir étaient écrits à la main, cela impliquait de la part des copistes une excellente vue et le souci qu'ils en avaient se traduisait par l'intérêt porté aux affections oculaires et à leur traitement.

 

 

 

Les débuts de l'optique :


Si les problèmes de vision furent évoqués dès l'antiquité par Aristote, dans le problemata, en particulier la myopie et la presbytie, l'invention des lunettes fut bien plus longue à venir. Elle est, par ailleurs, précédée par une foule d'anecdotes concernant l'utilisation empirique de lentilles, ou de verres grossissants - ainsi de l'exemple, rapporté par Pline, de Néron regardant les combats de gladiateurs à travers une émeraude, quoique l'on ignore s'il le faisait réellement pour mieux voir.

Viennent ensuite les premières études à proprement parler du pouvoir optique de certains éléments, études réalisées par Euclide et surtout le scientifique arabe Alhazen, à qui l'on attribue la première description du pouvoir grossissant des lentilles, dans son livre opticae thesaurus ; ces études sont alors purement théoriques, détachées de l'expérience - Alhazen ne parle pas, par exemple, d'une possible utilisation des lentilles pour faciliter la lecture.


 Euclide (280 avant JC) étudia le pouvoir optique de différents éléments, mais on attribue généralement au scientifique arabe Alhazen la première description scientifique du pouvoir grossissant des lentilles; il ne parle pas de leur utilisation possible pour favoriser la lecture. Dans son livre Opticae Thesaurus, il décrit les différentes formes de lentilles.


Le médecin byzantin Paul d'Égine (625-690), maître dans l'art opératoire et dans celui des accouchements, a consigné dans son Épitomé , rédigé en 675, l'existence d'yeux articiels, de type ecbléphari.

 

 

Roger Bacon (1214-1294) reprit ces travaux d’Alhazen et continua à étudier la réfraction à travers verre et cristal de roche. Cet aristocrate dévoua sa vie à la Science et à la Connaissance. Après un doctorat en théologie il étudia les langues, les mathématiques et la physique. Il étudia à Oxford et à l'Université de Paris, avant de devenir moine.

 

C'est en 1267 qu’il fournit la preuve scientifique que l'on pouvait agrandir les petites lettres à l'aide de verres surfacés de manière particulière. Il demandait des réformes dans les sciences et l'Eglise, ce qui lui fallut la prison en 1257 à Paris, et entre 1278 et 1292. Il mourut peu après, mais avait œuvré pour l'usage des sciences expérimentales. Certains historiens lui accordent la paternité des lunettes, avec l'idée d'intégrer deux verres dans des cercles de bois reliés par un clou. Selon d'autres sources, l'inventeur des premières lunettes est beaucoup plus difficile à connaître. On sait seulement que de nombreuses lunettes font leur apparition en Italie à la fin du siècle. Sandro di Popozo détaille d’ailleurs dans son “Traité de conduite de la Famille” le confort apporté par ses lunettes.


Dans un traité nommé Traité de Conduite de la Famille, Sandro di Popozo écrit en 1299 :"Je suis si altéré par l'âge, que sans ces lentilles appelées lunettes, je ne serais plus capable de lire ou d'écrire. Elles ont été inventées récemment pour le bénéfice des pauvres gens âgés dont la vue est devenue mauvaise". C'est Francesco Redi (1626-1694), professeur de médecine à Pise (Italie) qui rapporte ce document.


Vers 1285, les lunettes apparaissent pour la presbytie et l'hypermétropie.

 

La fabrication de verre blanc était à cette époque là une exclusivité des souffleurs de verre de Venise. Les célèbres verreries de Murano peuvent être considérées comme étant le berceau des lunettes: C'est des verreries vénitiennes que vinrent aussi lespremiers vers lunettes surfacés. La fabrication de ces verres fut réglementée en 1300 en définissant les premiers critères de qualité et les conditions de cette dernière. Ces aides visuelles nommées Bril étaient faites d'un verre surfacé convexe, entouré d'un cercle en fer, de corne ou encore de bois, puis équipé d'un manche pour être tenues. La première forme de lunettes, les lunettes clouantes, fut développée grâce au rivetage de deux verres. C'est avec quelque effort que ces lunettes devaient être retenues sur le nez à la main, elles permettaient par contre la lecture et l'écriture jusqu'à un âge avancé.

 

Des rapports chirurgicaux de Bernard Gordon, en 1305, où " un collyre " est préconisé « en remplacement des lunettes ».


 Un dominicain italien appelé Allesandro Spina, mort en 1313, a fabriqué des lunettes qu'il distribuait autour de lui. Un inconnu lui apprit ce qu'étaient les lunettes, et il diffusa son savoir de fabrication à tous ceux qui s'y intéressaient. Il est décrit comme quelqu'un au grand cœur, toujours prêt à aider les autres.

Donc il semble que différents italiens inventèrent les lunettes...

Des discussions se sont engagées pour savoir si la Chine avait utilisé les lunettes avant ces dates, mais aucun document ne l'évoque, pas même les récits de Marco Polo.

 

Le français Bernard Gordon, professeur de chirurgie à Montpellier, parle des lunettes dans son livre en latin, écrit en juillet 1305 : Lilium Medicinae : Il conseillait un collyre "...qui rend la lecture des petites lettres de nouveau possible pour les gens âgés, sans qu'ils aient besoin d'utiliser des lunettes".


Guy de Chauliac (1298-1368), toujours à Montpellier, évoqua, dans son livre Chirurgia Magna de 1363, différents médicaments contre la mauvaise vision mais ajoute :"Si cela ne marche pas, il faudra que le patient utilise des lunettes".


On peut considérer qu'une des premières reproductions de lunettes dans une peinture, est due à Tommaso da Modena en 1352 :

 Le français Pansier cite les poèmes français du XVème siècle, comme la balade de Charles d'Orléans (1391-1463) :"Et maintenant que je deviens vieux, j'utilise des lunettes pour lire. Elles grossissent les lettres..."


En fait c'était surtout les moines qui utilisaient les lunettes pour recopier les manuscrits.

Malgré leur utilité indéniable, les lunettes restent avant tout destinées aux personnes âgées. Avec Gutenberg et l'imprimerie, la lecture se démocratise et les lunettes deviennent indispensables pour certains. Ces “appareils” n’ont alors rien à voir avec les lunettes que nous utilisons aujourd’hui : il ne s'agit que d'un verre fixé devant l'œil, que les anglais appelaient « spectacle », puis de deux verres joints par un clou, d'où le nom de besicles clouantes. Par la suite on monta les verres sur le nez, ce qu'on appelait un 'pince-nez'. L'inconfort fit naître le 'face-à-main', qui permettait de tenir avec une tige les deux verres devant les yeux.


Au XIIIème et XIVème siècle on ne proposait que des lentilles biconvexes, pour corriger la presbytie. Il fallut attendre le XVème siècle pour voir des lunettes corrigeant la myopie, donc avec des verres concaves. Le premier texte qui parle des verres concaves nécessaire pour corriger la myopie, en 1440, est la description du Cardinal Nicolas de Cuse (1401-1464) dans l'ouvrage De Beryllo.

 

 Ce n'est que vers la fin du XV° siècle que les lunettes clouantes furent remplacées par les lunettes à branches ou des montures à arc faites d'une seule pièce. Les matériaux utilisés à cet effet étaient le fer, l'argent, le bronze ou le cuir. Afin d'améliorer le siège sur le dos du nez, on utilisa un pont à ressort, muni d'une lamelle laquelle exerça un effet de serrage sur le nez. Ces lunettes à lamelles munies de branches furent offertes jusqu'au XVIII° siècle.


 Le développement se poursuivit aux XVI° et XVII° siècles en Espagne. Là-bas, le port des lunettes était un signe de richesse et de niveau social: Plus grand les verres, plus cher étaient les lunettes et plus nobles furent leurs porteurs. On développa en Espagne les lunettes à fil sur lesquelles deux nœuds assuraient le maintien autour des oreilles.

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Jehanne - dans La Médecine
1 octobre 2008 3 01 /10 /octobre /2008 00:41
Le composé des composés d'Albert le Grand.










Je ne cacherai pas une science qui m'a été révélée par la grâce de Dieu, je ne la garderai pas jalousement pour moi seul, de peur d'attirer sa malédiction. Une science tenue secrète, un trésor caché, quelle est leur utilité ? La science que j'ai apprise sans fictions, je vous la transmets sans regrets. L'envie ébranle tout, un homme envieux ne peut être juste devant Dieu. Toute science, toute sagesse vient de Dieu ; c'est une simple façon de parler que de dire qu'elle vient de l'Esprit-Saint. Nul ne peut dire : Notre-Seigneur Jésus-Christ sans sous-entendre : fils de Dieu le Père, par l'opération du Saint-Esprit. De même cette science de vérité ne peut être séparée de Celui qui me l'a communiquée.

Je n'ai pas été envoyé vers tous, mais seulement vers ceux qui admirent le Seigneur dans ses œuvres et que Dieu a jugé dignes. Que celui qui a des oreilles pour entendre cette communication divine recueille les secrets qui m'ont été transmis par la grâce de Dieu et qu'il ne les révèle jamais à ceux qui en sont indignes.


La nature doit servir de base et de modèle à la science, aussi l'Art travaille d'après la Nature autant qu'il peut. Il faut donc que l'Artiste observe la Nature et opère comme elle opère.



DE LA FORMATION DES MÉTAUX EN GÉNÉRAL PAR LE SOUFRE ET LE MERCURE.

On a observé que la nature des métaux, telle que nous la connaissons est d'être engendrée d'une manière générale par le Soufre et le Mercure. La différence seule de cuisson et de digestion produit la variété dans l'espèce métallique. J'ai observé moi-même que dans un seul et même vaisseau, c'est-à-dire dans un même filon, la nature avait produit plusieurs métaux et de l'argent, disséminés ça et là. nous avons en effet démontré clairement dans notre Traité des minéraux que la génération des métaux est circulaire, on passe facilement de l'un à l'autre suivant un cercle, les métaux voisins ? ont des propriétés semblables ; c'est pour cela que l'argent se change plus facilement en or que tout autre métal.

II n'y a plus en effet à changer dans l'argent que la couleur et le poids, ce qui est facile. Car une substance déjà compacte augmente plus facilement de poids. Et comme il contient un soufre blanc jaunâtre sa couleur sera aussi aisée à transformer.


Il en est de même des autres métaux. Le Soufre est pour ainsi dire leur père et le Mercure leur mère.


C'est encore plus vrai, si l'on dit que dans la conjonction le Soufre représente le sperme du père et que le Mercure figure un menstrue coagulé pour former la substance de l'embryon. Le Soufre seul ne peut engendrer, ainsi le père seul.


De même que le mâle engendre de sa propre substance mêlée au sang menstruel, de même le Soufre engendre avec le Mercure, mais seul il ne produit rien. Par cette comparaison nous voulons faire entendre que ; l'Alchimiste devra enlever d'abord au métal la spécificité que lui a donnée la Nature, puis qu'il procède comme la nature a procédé, avec le Mercure et le Soufre préparés et purifiés toujours en suivant l'exemple de la nature. Le Soufre contient trois principes humides.


Le premier de ces principes est surtout aérien et igné, on le trouve dans les parties extérieures du Soufre, à cause même de la grande volatilité de ses éléments, qui s'envolent facilement et consument les corps avec lesquels ils viennent en contact.


Le second principe est flegmatique, autrement dit aqueux, il se trouve immédiatement placé sous le précédent. Le troisième est radical, fixe, adhérent aux parties internes. Celui-là seul est général, et on ne peut le séparer des autres sans détruire tout l'édifice. Le premier principe ne résiste pas au feu ; étant combustible, il se consume dans le feu et calcine la substance du métal avec lequel on le chauffe. Aussi est-il non seulement inutile, mais encore nuisible au but que nous nous proposons. Le second principe ne fait que mouiller les corps, il n'engendre pas, il ne peut non plus nous servir. Le troisième est radical, il pénètre toutes les particules de la matière qui lui doit ses propriétés essentielles. Il faut débarrasser le Soufre des deux premiers principes pour que la subtilité du troisième puisse nous servir à faire un composé parfait.


Le feu n'est autre chose que la vapeur du Soufre ; la vapeur du Soufre bien purifié et sublimé blanchit et rend plus compact. Aussi les alchimistes habiles ont-ils coutume d'enlever au Soufre ses deux principes superflus par des lavages acides, tels que le vinaigre des citrons, le lait aigri, le lait de chèvres, l'urine des enfants. Ils le purifient par lixivation, digestion, sublimation. Il faut finalement le rectifier par résolution de façon à n'avoir plus qu'une substance pure contenant la force active, perfectible et prochaine du métal. Nous voilà en possession d'une partie de notre Œuvre.




DE LA NATURE DU MERCURE.

Le Mercure renferme deux substances superflues, la terre et l'eau. La substance terreuse a quelque chose du Soufre, le feu la rougit. La substance aqueuse a une humidité superflue.


On débarrasse facilement le mercure de ses impuretés aqueuses et terreuses par des sublimations et des lavages très acides. La nature le sépare à l'état sec du Soufre et le dépouille de sa terre par la chaleur du soleil et des étoiles.


Elle obtient ainsi un Mercure pur, complètement débarrassé de sa substance terreuse, ne contenant plus de parties étrangères. Elle l'unît alors à un Soufre pur et produit enfin dans le sein de la terre des métaux purs et parfaits. Si les deux principes sont impurs les métaux sont imparfaits. C'est pourquoi dans les mines on trouve des métaux différents, ce qui tient à la purification et à la digestion variable de leurs Principes. Cela dépend de la cuisson.




DE L'ARSENIC.


L'Arsenic est de même nature que le Soufre, tous deux teignent en rouge et en blanc. Mais il y a plus d'humidité dans l'arsenic, et sur le feu il se sublime moins rapidement que la Soufre.


On sait combien le soufre se sublime vite et comment il consume tous les corps, excepté l'or. L'Arsenic peut unir son principe sec à celui du soufre, ils se tempèrent l'un l'autre, et une fois unis on les sépare difficilement ; leur teinture est adoucie par cette union. " L'Arsenic, dit Geber, contient beaucoup de mercure, aussi peut-il être préparé comme lui. " Sachez que l'esprit, caché dans le soufre, l'arsenic et l'huile animale, est appelé par les philosophes Elixir blanc. Il est unique, miscible à la substance ignée, de laquelle nous tirons l'Elixir rouge ; il s'unit aux métaux fondus, ainsi que nous l'avons expérimenté, il les purifie, non seulement à cause des propriétés précitées, mais encore parce qu'il y a une proportion commune entre ses éléments.


Les métaux diffèrent entre eux selon la pureté ou l'impureté de la matière première, c'est-à-dire du Soufre et du Mercure, et aussi selon le degré du feu qui les a engendrés.


Selon le philosophe, l'élixir s'appelle encore Médecine, parce qu'on assimile le corps des métaux au corps des animaux. Aussi disons-nous qu'il y a un esprit caché dans le Soufre, l'arsenic et l'huile extraite des substances animales. C'est là l'esprit que nous cherchons, à l'aide duquel nous teindrons tous les corps imparfaits en parfaits. Cet esprit est appelé Eau et Mercure par les Philosophes. " Le Mercure, dit Geber, est une médecine composée de sec et d'humide, d'humide et de sec. " Tu comprends la succession des opérations : extrais la terre du feu, l'air de la terre, l'eau de l'air, puisque l'eau peut résister au feu. Il faut noter ces enseignements, ce sont des arcanes universels.


Aucun, des principes qui entrent dans l'Œuvre n'a de puissance par lui-même ; car ils sont enchaînés dans les métaux, ils ne peuvent perfectionner, ils ne sont plus fixes. Il leur manque deux substances, une miscible aux métaux en fusion, l'autre fixe qui puisse coaguler et fixer. Aussi Rhasès a dit: " II y a quatre substances qui changent dans le temps ; chacune d'elles est composée des quatre éléments et prend le nom de l'élément dominant. Leur essence merveilleuse s'est fixée dans un corps et avec ce dernier on peut nourrir les autres corps. Cette essence est composée d'eau et d'air, combinés de telle sorte que la chaleur les liquéfie. C'est là un secret merveilleux. Les minéraux employés en Alchimie doivent pour nous servir avoir une action sur les corps fondus. Les pierres, que nous utilisons, sont au nombre de quatre, deux teignent en blanc, les deux autres en rouge. Aussi le blanc, le rouge, le Soufre, l'Arsenic, Saturne n'ont qu'un même corps. Mais en ce seul corps, que de choses obscures ! Et d'abord il est sans action sur les métaux parfaits. "


Dans les corps imparfaits, il y a une eau acide, amère, aigre, nécessaire à notre art. Car elle dissout et mortifie les corps, puis les revivifie et les recompose. Rhasès dit dans sa troisième lettre : " Ceux qui cherchent notre Entéléchie, demandent d'où provient l'amertume aqueuse élémentaire. Nous leur répondrons : de l'impureté des métaux. Car l'eau contenue dans l'or et l'argent est douce, elle ne dissout pas, au contraire elle coagule et fortifie, parce qu'elle ne contient ni acidité ni impureté comme les corps imparfaits. " C'est pourquoi Geber a dit: " On calcine et on dissout l'or et l'argent sans utilité, car notre Vinaigre se tire de quatre corps imparfaits ; c'est cet esprit mortifiant et dissolvant qui mélange les teintures de tous les corps que nous employons dans l'œuvre. Nous n'avons besoin que de cette eau, peu nous importe les autres esprits. "


Geber a raison ; nous n'avons que faire d'une teinture que le feu altère, bien au contraire, il faut que le feu lui donne l'excellence et la force pour qu'elle puisse s'allier aux métaux fondus. Il faut qu'elle fortifie, qu'elle fixe, que malgré la fusion elle reste intimement unie au métal.


J'ajouterai que des quatre corps imparfaits on peut tout tirer. Quant à la manière de préparer le Soufre, l'arsenic et le Mercure, indiquée plus haut, on peut la reporter ici.


En effet, lorsque dans cette préparation nous chauffons l'esprit du soufre et de l'arsenic avec des eaux acides ou de l'huile, pour en extraire l'essence ignée, l'huile, l'onctuosité, nous leur enlevons ce qu'il y a de superflu en eux ; il nous reste la force ignée et l'huile, les seules choses qui nous soient utiles ; mais elles sont mêlées à l'eau acide qui nous servait à purifier, il n'y a pas moyen de les en séparer ; mais du moins nous sommes débarrassés de l'inutile. Il faut donc trouver un autre moyen d'extraire de ces corps, l'eau, l'huile et l'esprit très subtil du soufre qui est la vraie teinture très active que nous cherchons à obtenir. Nous travaillerons donc ces corps en séparant par décomposition ou encore par distillation leurs parties composantes naturelles, et nous arriverons ainsi aux parties simples. Quelques-uns, ignorant la composition du Magistère, veulent travailler sur le seul Mercure, prétendant qu'il a un corps, une âme, un esprit, et qu'il est la matière première de l'or et de l'argent. Il faut leur répondre qu'à la vérité quelques philosophes affirment que l'Œuvre se fait de trois choses, l'esprit, le corps et l'âme, tirées d'une seule. Mais d'autre part on ne peut trouver en une chose ce qui n'y est pas. Or, le Mercure n'a pas la teinture rouge, donc il ne peut, seul, suffire à former le corps du Soleil ; il nous serait impossible avec le seul Mercure de mener l'Œuvre à bonne fin. La Lune seule ne peut suffire, cependant ce corps est pour ainsi dire la base de l'œuvre.


De quelque manière qu'on travaille et transforme le Mercure, jamais il ne pourra constituer le corps, Ils disent aussi : " On trouve dans le Mercure un soufre rouge, donc il renferme la teinture rouge. " Erreur! le Soufre est le père des métaux, on n'en trouve jamais dans le mercure qui est femelle.


Une matière passive ne peut se féconder elle-même. Le Mercure contient bien un Soufre, mais, comme nous l'avons déjà dit c'est un soufre terrestre. Remarquons enfin que le Soufre ne peut supporter la fusion ; donc l'Elixir ne peut se tirer d'une seule chose.




DE LA PUTRÉFACTION.

Le feu engendre la mort et la vie. Un feu léger dessèche le corps. En voici la raison : le feu arrivant au contact d'un corps, met en mouvement l'élément semblable à lui qui existe dans ce corps.


Cet élément c'est la chaleur naturelle. Celle-ci excite le feu extrait en premier lieu du corps ; il y a conjonction et l'humidité radicale du corps monte à sa surface tant que le feu agit au dehors. Dès que l'humidité radicale qui unissait les diverses portions du corps est partie, le corps meurt, se dissout, se résout ; toutes ses parties se séparent les unes des autres. Le feu agit ici comme un instrument tranchant. Quoiqu'il dessèche et rétrécisse par lui-même, il ne le peut qu'autant qu'il y a dans le corps une certaine prédisposition, surtout si le corps est compact comme l'est un élément. Ce dernier manque d'une mixte agglutinant, qui se séparerait du corps après la corruption. Tout cela peut se faire par le Soleil, parce qu'il est d'une nature chaude et humide par rapport aux autres corps.




DU REGIME DE LA PIERRE.

Il y a quatre régimes de la Pierre: 1° Décomposer ; 2° laver ; 3° réduire ; 4° fixer. Dans le premier régime on sépare les natures, car sans division, sans purification, il ne peut y avoir conjonction. Pendant le second régime, les éléments séparés sont lavés, purifiés, et ramenés à l'état simple. Au troisième on change notre Soufre en minière du Soleil, de la Lune et des autres métaux. Au quatrième tous les corps précédemment extraits de notre Pierre, sont unis, recomposés et fixés pour rester désormais conjoints.


Il y en a qui comptent cinq degrés dans le Magistère : 1° résoudre les substances en leur matière première ; 2° amener notre terre, c'est à dire la magnésie noire à être prochaine de la nature du Soufre et du Mercure ; 3° rendre le Soufre aussi prochain que possible de la matière minérale du Soleil et de la Lune ; 4° composer de plusieurs choses un Elixir blanc ; 5° brûler parfaitement l'élixir blanc, lui donner la couleur du cinabre, et partir de là, pour faire l'Elixir rouge.


Enfin il y en a qui comptent quatre degrés dans l'Œuvre, d'autres trois, d'autres deux seulement. Ces derniers comptent ainsi : 1° mise en œuvre et purification des éléments ; 2° conjonction.


Remarque bien. ce qui suit : la matière de la Pierre des Philosophes, est à bas prix ; on la trouve partout, c'est une eau visqueuse comme le mercure que l'on extrait de la terre. Notre eau visqueuse se trouve partout, jusque dans les Latrines, ont dit certains philosophes, et quelques imbéciles prenant leurs paroles à la lettre, l'ont cherchée dans les excréments.


La nature opère sur cette matière en lui enlevant quelque chose, son principe terreux, et en lui adjoignant quelque chose, le Soufre des Philosophes, qui n'est pas le soufre du vulgaire, mais un Soufre invisible, teinture du rouge. Pour dire la vérité, c'est l'esprit du vitriol romain. Prépare-le ainsi : Prends du salpêtre et du vitriol romain, 2 livres de chaque ; broye subtilement. Aristote a donc raison quand il dit en son quatrième livre des météores. " Tous les Alchimistes savent que l'on ne peut en aucune façon changer la. forme des métaux, si on ne les réduit auparavant en leur matière première. " Ce qui est facile comme on le verra bientôt. Le Philosophe dit qu'on ne peut pas aller d'une extrémité à l'autre sans passer par le milieu. A une extrémité de notre pierre philosophale sont deux luminaires, l'or et l'argent, à l'autre extrémité l'élixir parfait ou teinture. Au milieu l'eau-de-vie philosophique, naturellement purifiée, cuite et digérée. Toutes ces choses sont proches de la perfection et préférables aux corps de nature plus éloignée. De même qu'au moyen de la chaleur, la glace se résout en eau, pour avoir été jadis eau, de même les métaux se résolvent en leur première matière qui est notre Eau-de-vie. La préparation est indiquée dans les chapitres suivants. Elle seule peut réduire tous les corps métalliques en leur matière première.




DE LA SUBLIMATION DU MERCURE.

Au nom du Seigneur, procure-toi une livre de mercure pur provenant de la mine. D'autre part, prends du vitriol romain et du sel commun calciné, broye et mélange intimement. Mets ces deux dernières matières dans un large vase de terre vernissé sur un feu doux, jusqu'à ce que la matière commence à fondre et à couler. Alors prends ton mercure minéral, mets-le dans un vase à long col et verse goutte à goutte sur le vitriol et le sel en fusion. Remue avec une spatule de bois, jusqu'à ce que le mercure soit tout entier dévoré et qu'il n'en reste plus trace. Quand il aura complètement disparu, dessèche la matière à feu doux pendant la nuit. Le lendemain matin, tu prendras la matière bien desséchée, tu la broyeras finement sur une pierre. Tu mettras la matière pulvérisée dans le vase sublimatoire nommé aludel pour la sublimer selon l'art. Tu mettras le chapiteau et tu enduiras les jointures de lut philosophique, afin que le mercure ne puisse s'échapper. Tu placeras l'aludel sur son fourneau et tu l'y luteras de façon qu'il ne puisse s'incliner et qu'il se tienne bien droit ; alors tu feras un petit feu pendant quatre heures pour chasser l'humidité du mercure et du vitriol ; après l'évaporation de l'humidité, augmente le feu pour que la matière blanche et pure du mercure se sépare de ses impuretés, cela pendant quatre heures ; tu verras si cela suffit en introduisant une baguette de bois dans le vase sublimatoire par l'ouverture, supérieure, tu descendras jusqu'à la matière et tu sentiras si la matière blanche du mercure est superposée au mélange. Si cela est, enlève le bâton, ferme l'ouverture du chapiteau avec un lut pour que le mercure ne puisse s'échapper et augmente le feu de telle sorte que la matière blanche du mercure s'élève au-dessus des fèces, jusque dans l'aludel, cela pendant quatre heures. Chauffe enfin avec du bois de manière à obtenir des flammes, il faut que le fond du vase et le résidu deviennent rouges ; continue ainsi tant qu'il restera un peu de substance blanche du mercure adhérente aux fèces. La force et la violence du feu finiront par l'en séparer. Cesse alors le feu, laisse refroidir le fourneau et la matière pendant la nuit. Le lendemain matin retire le vase du fourneau, enlève les luts avec précaution pour ne pas salir le Mercure, ouvre l'appareil ; si tu trouves une matière blanche, sublimée, pure, compacte, pesante, tu as réussi. Mais si ton sublimé était spongieux, léger, poreux, ramasse-le, recommence la sublimation sur le résidu en ajoutant de nouveau du sel commun pulvérisé ; opère dans le même vase sur son fourneau, de la même manière, avec le même degré de feu que plus haut. Ouvre alors le vase, vois si le sublimé est blanc, compact, dense, recueille-le et mets-le soigneusement de côté pour t'en servir quand tu en auras besoin pour terminer l'Œuvre. Mais s'il ne sa présentait pas encore tel qu'il doit être, il te faudrait le sublimer une troisième fois jusqu'à ce que tu l'obtiennes pur, compact, blanc, pesant.


Remarque que par cette opération tu as enlevé au Mercure deux impuretés. D'abord tu lui as ôté toute son humidité superflue ; en second lieu tu l'as débarrassé de ses parties terreuses impures qui sont restées dans les fèces ; tu l'as ainsi sublimé en une substance claire, demi fixe. Mets le de côté comme on te l'a recommandé.




DE LA PRÉPARATION DES EAUX D'OU TU TIRERAS L'EAU-DE-VIE.

Prends deux livres de vitriol romain, deux livres de salpêtre, une livre d'alun calciné. Ecrase bien, mélange parfaitement, mets dans un alambic en verre, distille l'eau selon les règles ordinaires, en fermant bien les jointures, de peur que les esprits ne s'échappent. Commence par un feu doux, puis chauffe plus fortement ; chauffe ensuite avec du bois jusqu'à ce que l'appareil devienne blanc, de telle sorte que tous les esprits distillent. Alors cesse le feu, laisse le fourneau refroidir ; mets soigneusement cette eau de côté, car c'est le dissolvant de la Lune ; conserve-la pour l'Œuvre, elle dissout l'argent et le sépare de l'or. Elle calcine le Mercure et le crocus de Mars ; elle communique à la peau de l'homme une coloration brune qui s'en va difficilement. C'est l'eau prime des philosophes, elle est parfaite au premier degré. Tu prépareras trois livres de cette eau.




Eau seconde préparée par le sel ammoniac.

Au nom du Seigneur, prends une livre d'eau prime et y dissous quatre lots de sel ammoniac pur et incolore ; la dissolution faite, l'eau a changé de couleur, elle a acquis d'autres propriétés. L'eau prime était verdâtre, elle dissolvait la Lune, était sans action sur le Soleil ; mais dès qu'on lui ajoute du sel ammoniac, elle prend une couleur jaune, elle dissout l'or, le mercure, le Soufre sublimé et communique une forte coloration jaune à la peau de l'homme. Conserve précieusement cette eau, car elle nous servira dans la suite.




Eau tierce préparée au moyen du mercure sublimé.

Prends une livre d'eau seconde et onze lots de Mercure sublimé (par le vitriol romain et le sel) bien préparé et bien pur. Tu verseras peu à peu le Mercure dans l'eau seconde. Puis tu scelleras l'orifice de la fiole, de peur que l'esprit du Mercure ne s'échappe. Tu placeras la fiole sur des cendres tièdes, l'eau commencera aussitôt à agir sur le Mercure, le dissolvant et se l'incorporant. Tu laisseras la fiole sur les cendres chaudes, il ne devra pas rester un excès d'eau et il faudra que le Mercure sublimé se dissolve entièrement. L'eau agit par imbibition sur le Mercure jusqu'à ce qu'elle l'ait dissous.


Si l'eau n'a pu dissoudre tout le mercure, tu prendras ce qui reste au fond de la fiole, tu le dessécheras à feu lent, tu pulvériseras et tu le dissoudras dans une nouvelle quantité d'eau seconde. Tu recommenceras cette opération jusqu'à ce que tout le mercure sublimé se soit dissous dans l'eau. Tu réuniras en une seule toutes ces solutions, dans un vase de verre, bien propre, dont tu fermeras parfaitement l'orifice avec de la cire. Mets soigneusement de côté. Car c'est là notre eau tierce, philosophique, épaisse, parfaite au troisième degré. C'est la mère de l'Eau-de-vie qui réduit tous les corps en leur matière première.




Eau quarte qui réduit les corps calcinés en leur matière première.

Prends de l'eau tierce mercurique, parfaite au troisième degré, limpide, et mets-la putréfier dans le ventre du cheval en une fiole à long col, propre, bien fermée, pendant quatorze jours.


Laisse fermenter, les impuretés tombent au fond et l'eau passe du jaune au roux. A ce moment tu retireras la fiole et tu la mettras sur des cendres à un feu très doux, adaptes-y un chapiteau d'alambic avec son récipient. Commence la distillation lentement. Ce qui passe goutte à goutte est notre eau-de-vie très limpide, pure, pesante, Lait virginal, Vinaigre très aigre. Continue le feu doucement jusqu'à ce que toute l'eau-de-vie ait distillé tranquillement ; cesse alors le feu, laisse le fourneau se refroidir et conserve avec soin ton eau distillée. C'est là notre Eau-de-vie, Vinaigre des philosophes, Lait virginal qui réduit les corps en leur matière première. On lui a donné une infinité de noms.


Voici les propriétés de cette eau : une goutte déposée sur une lame de cuivre chaude la pénètre aussitôt et y laisse une tache blanche. Jetée sur des charbons, elle émet de la fumée ; à l'air elle se congèle et ressemble à de la glace. Quand on distille cette eau, les gouttes ne passent pas en suivant toutes le même chemin, mais les unes passent ici, les autres là. Elle n'agit pas sur les métaux comme l'eau forte, corrosive, qui les dissout, mais elle réduit en Mercure tous les corps qu'elle baigne, ainsi que tu le verras plus loin.


Après la putréfaction, la distillation, la clarification, elle est pure et plus parfaite, débarrassée de tout principe sulfureux igné et corrosif. Ce n'est pas une eau qui ronge, elle ne dissout pas les corps, elle les réduit en Mercure. Elle doit cette propriété au Mercure primitivement dissous et putréfié au troisième degré de la perfection. Elle ne contient plus ni fèces ni impuretés terreuses. La dernière distillation les a séparées, les impuretés noires sont restées au fond de l'alambic. La couleur de cette eau est bleue, limpide, rousse ; mets-la de côté. Car elle réduit tous les corps calcinés et pourris en leur matière première radicale ou mercurielle.




Lorsque tu voudras avec cette eau réduire les corps calcinés prépare ainsi les corps.


Prends un marc du corps que tu voudras, Soleil ou Lune ; lime-le doucement. Pulvérise bien cette limaille sur une pierre avec du sel commun préparé. Sépare le sel en le dissolvant dans l'eau chaude ; la chaux pulvérisée retombera au fond du liquide ; décante. Sèche la chaux, imbibe-la trois fois d'huile de tartre, en laissant chaque fois la chaux absorber toute l'huile ; mets ensuite la chaux dans une petite fiole ; verse par-dessus l'huile de tartre, de façon que le liquide ait une épaisseur de deux doigts, ferme alors la fiole, mets-la putréfier au ventre du cheval pendant huit jours ; puis prends la fiole, décante l'huile et dessèche la chaux. Ceci fait, mets la chaux dans un poids égal de notre Eau-de-vie ; ferme la fiole et laisse digérer à un feu très doux jusqu'à ce que toute la chaux soit convertie en Mercure. Décante alors l'eau avec précaution, recueille le Mercure corporel, mets-le en un vase de verre ; purifie le avec de l'eau et du sel commun, dessèche selon les règles, mets-en un linge fin et exprime-le en gouttelettes. S'il passe tout entier, c'est bien. S'il reste quelque portion du corps amalgamé, venant de ce que la dissolution n'a pas été complète, mets ce résidu avec une nouvelle quantité d'eau bénite. Sache que la distillation de l'eau doit se faire au bain-marie ; pour l'air et le feu, on distillera sur les cendres chaudes. L'eau doit être tirée de la substance humide et non d'ailleurs ; l'air et le feu doivent être extraits de la substance sèche et non d'une autre.
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Jehanne - dans La Médecine
29 septembre 2008 1 29 /09 /septembre /2008 00:30

L'alchimie médiévale.

 





 

 




Buts de l'Alchimie.

Le Grand Œuvre: redonner à l'homme ses caractéristiques de perfection perdue: celle qu'avait Adam lors de l'Âge d'Or. Les alchimistes considèrent qu'un Adam déchu persiste encore dans chacun, ils veulent lui redonner sa pureté. Ils font une analogie entre l'homme et l'or, qui sont les éléments purs et supérieurs respectivement du règne animal et minéral. La quête de la Pierre Philosophale (capable de changer un métal vil en or) est la base du Grand Œuvre, si cette pierre est trouvée, on pourra redonner sa pureté à l'homme.




Le Laboratoire.



L'Agencement du Local.


Les alchimistes désiraient toujours dissimuler leur local aux regards des curieux. On suppose que ceux-ci étaient peu nombreux au XIIe s., et qu'ils se sont multipliés au cours des XIVe et XVe s., période où ils furent un chiffre notable dans les villes. N'importe quel pièce pouvait être un laboratoire, mais les caves étaient préférées, et les cheminées toujours obligatoires. Ces laboratoires se trouvaient aussi bien à la campagne qu'à la ville.




Laboratoire et Oratoire.

Dans le laboratoire de l'alchimiste; il y avait toujours un coin pour la spiritualité: prières, dévotions, etc... Les quelques rares manuscrits (un luxe à l'époque) sont posés sur une étagère.




Appareils et Ustensiles.

Aucune variation de profondeur entre les premiers outils des adeptes d'Alexandrie et ceux utilisés au Moyen-Âge.

Le Grand Œuvre doit se réaliser soit au fourneau soit au creuset :
* le creuset avait généralement une forme de croix.
* le fourneau alchimique se nomme athanor: il doit être chauffé soit au bois, soit à l'huile, jamais au charbon chez les vrais alchimistes. Il avait parfois une forme de tour, et avait un regard ménagé dans sa paroi, afin d'observer l'œuf philosophique (ou aludel), où la matière première subissait ses changements. Ce dernier est une cornue ovoïde en terre cuite, ou plus généralement en verre ou cristal, afin de faciliter l'observation. Ce fourneau devait être parfaitement fermé avec des jointure, dont la clôture est appelée sceau d'Hermès.




Le Pélican était leur appareil de distillation, nom qui venait de sa forme.

Ils disposaient également d'instruments de musique, qui grâce à certaines mélodies pouvaient produire certains effets matériels précis au cours du Grand Œuvre. Mais ils n'utilisaient que rarement des formules magiques, que l'on prête à la magie cérémonielle.

Tous les autres ustensiles étaient les même que ceux des artisans de l'époque (pinces, tisonniers, marteaux, soufflets, récipients de toutes sortes...) et étaient donc faits de grès, métal, cuivre ou verre.

Seule le clepsydre ou le cadran solaire pouvaient être utilisés pour mesurer le temps. Le balancier de l'horloge ne sera découvert qu'à la fin du XIIIème, début du XIVème siècle.

Des petits miroirs étaient également utilisés pour capter les rayons solaires et lunaires.

Leur seul moyen de mesurer la température était des méthodes empiriques (comme l'observation du changement de couleur des métaux)

Technique, Mystique et Magie

Le Grand Œuvre est une activité sacrée (il est basé sur le rythme des saisons et le passage des constellations zodiacales), et dangereuse (explosions possibles).




Ce qui se faisait:
 


Les Opérations de Laboratoire.

Les étapes de la formation de la Pierre Philosophale sont:
-le lion vert: un liquide épais qui fait sortir l'or caché dans les matières ignobles
-le lion rouge: poudre d'un rouge vif qui convertit les métaux en or
-la tête de Corbeau, ou la voile noire du navire de Thésée: dépôt noir qui sert à la décomposition et à la putréfaction des objets dont on veut tirer l'or
-la poudre blanche qui transmue les métaux blancs en argent fin
-l'élixir au rouge avec lequel on fait de l'or et qui guérit les plaies
-l'élixir au blanc ou la fille blanche des philosophes: un onguent qui procure une vie très longue
...



La Matière Première.

Les alchimistes divergeaient quant à la matière première à utiliser: matières organiques diverses, mais plus généralement minérales.

L'utilisation d'apports préliminaires était courante: rosée de mai ou plus sinistrement, le sang des enfants (cas rare, comme ceux qui utilisaient la Magie Noire)

Les Métaux, Corps Composés:
Tout métal est composé de 2 principes: le Soufre, la partie fixe, masculine, et le Mercure, la partie volatile, féminine. L'or était comparé au Soleil (père du Grand Œuvre), et l'argent à la Lune (Mère du Grand Œuvre).

Toutes ces considérations physiques et cosmiques ont amenés des adeptes (de l'alchimie) à utiliser comme matière première soit le cinabre (qui contient du soufre et du mercure); soit la stibine (minéral sulfureux), soit l'or et l'argent, dont l'alchimiste voulait extraire des 2 principes qu'ils contenaient une semence, qui pourrait multiplier par la suite l'or et l'argent.



Voie Humide et Voie Sèche.

La voie humide était celle où la matière première était placé dans l'œuf philosophique de l'athanor. Elle est constituée de 2 étapes: le petit œuvre, ou petit magistère, ou petit élixir, qui constituait à la transmutation en argent, et le grand œuvre, grand magistère ou grand élixir: la transmutation en or. Cette voie avait une durée de 40 jours dans la plupart des cas. Mais cette durée semble courte quand on sait que les diverses opérations préliminaires sur la matière première pouvaient prendre plusieurs années.

La voie sèche était celle faite dans un creuset. Elle ne prenait que 7 ou 8 jours, voire quelques heures, mais était beaucoup plus dangereuse, car plus explosives.

Il aurait même existé une troisième voie, dite directissime, avec une chance de réussite immédiate, mais les risques étaient prodigieux: elle nécessitait la foudre!




"Secrets" Médiévaux.

Malgré l'aspect très artisanal des travaux alchimiques, on accorde à ses adeptes des œuvres, qu'aucun artisans actuels n'arrivent à obtenir: les vitraux rouges de la cathédrale de Chartres, ou le feu grégeois, arme byzantine puis arabe qui était un feu qui s'attisait quand on jetait de l'eau dessus.



Travaux et Veilles.

Vue la longueur des expériences, l'alchimiste devait avoir des capacités de veille extraordinaires, voire inhumaine. C'est pourquoi ils avaient parfois besoin d'aide, qui se manifestait en la personne d'une compagne, avec qui il formait un couple alchimique.

 


Alchimie et Astrologie.

Les alchimistes liaient constamment le Grand Œuvre à l'astrologie: ils devaient le commencer qu'au niveau de l'équinoxe de printemps, et le cycle des saisons ainsi que la position des constellations et des astres de notre système solaire les influençaient énormément.

 


Le "Feu Secret" .

Le Feu Secret des Sages fait partie des mystères inélucidés de l'alchimie, certains pensent que ce serait des résultats découlant de la physique nucléaire, d'autres supposent qu'il s'agirait de l'énergie du cosmos, qu'ils auraient réussi à capter... Ces 2 hypothèses partant de l'idée improuvée que des alchimistes auraient réussi à accomplir le Grand Œuvre.



Rêves et Songes Symboliques.

Dans la littérature alchimique du Moyen-Age, on voit souvent des récits de rêves et songes symboliques, manifestant bien le lien entre l'expérimental et le sacré, entre les activités de laboratoires et celle de l'oratoire:

Exemple: le Récit de l'exil occidental, du Persan Sohrawardi (1155-1191)

Le héros s'embarque. Son navire fait naufrage sur des récifs, près d'une île, l'île redoutable de Gôg et Magôg. Aidés par les génies du feu, le héros y réalisera les 2 étapes successives du Grand Œuvre: l'élixir lunaire (transmutation en argent), puis l'élixir solaire (transmutation en or). L'adepte atteint même le plus grand des mystères alchimiques: "Lorsque tu sais cela de source certaine, tu connais la résurrection des morts." Viens alors l'ascension de quatre montagnes symboliques (Sâd, Nân, Qâf, le Sinaï), puis l'arrivée au pays de la Reine de Saba, où croîtra le germe du corps subtil, celui de la Résurrection céleste.



Témoignages Médiévaux sur les Propriétés Accordées à la Pierre Philosophale.

Aucune preuve certaine de l'existence de la Pierre Philosophale n'a jamais été trouvée, mais considérant la multitude de témoignages, dont beaucoup appartiennent à des érudits importants, et vue les résultats impressionnants qu'on peut obtenir par méthodes artisanales, le doute persiste toujours.

Il existerait trois formes pour la Pierre Philosophale:
Celle que vient juste d'obtenir l'alchimiste, dans son creuset ou dans l'œuf philosophique, qui ressemblerait à une structure mi-liquide, mi-solide, qui se cristalliserait rapidement.

A partir de la pierre des sages décrite précédemment, on pouvait tirer une substance liquide, l'élixir, avec des propriétés médicales fabuleuses.

La forme pulvérisée qui était en 2 étapes: la poudre blanche tout d'abord, celle aboutissant du petit magistère, puis celle résultant du grand magistère, la poudre rouge.

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Jehanne - dans La Médecine
27 septembre 2008 6 27 /09 /septembre /2008 00:47
La psychologie au Moyen âge.










Le haut Moyen Age.

Au Moyen Age, les thérapies des maladies de l'âme étaient menées par le prêtre, le seul qualifié pour cette tache. En effet, la confession était l'unique moyen employé à l'époque pour le traîtement des troubles psychiques.

De ces "thérapies religieuses" il découlera un "savoir psychologique" qu'acquièreront les prêtres. Ils avaient la conviction que ce qui perturbe et entraîne la pathologie provient de ce que le malade cache, mais aussi, que le fait de se "debarasser" de son secret auprès de quelqu'un, pouvait entraîner la guerison.

Pour St Augustin comme pour St Thomas, qui constitaient les deux grandes sources de pensées au Moyen Age, le monde sensible est une illusion. La perception ne nous mène qu'à une connaissance fallacieuse tant qu'elle n'est pas "éclairée" par la foi. Le divin, latent, est lui bien réel.

Les liens entre le Vrai, religieux, et le monde sensible se font tout d'abord par l'existence du Christ. L'Eglise avec les prêtres se chargera par la suite de maintenir et de perpetuer ce lien.

On peut voir ici émerger une idée qui sera fondamentale pour la psychologie moderne, celle des structures qui font lien entre la sensation et la connaissance.



Le Moyen Age et l'évolution dans le savoir.

Jusqu'au 12 ème siècle, l'élite savante est formée sous la doctrine de Saint Augustin, mais elle verra son influence diminuer suite à des changements dans la vision du monde et de la culture européenne.

Le 12 ème siècle voit l'émergence de mutations économiques et d'un développement du commerce. En parallèle, on observe des mutations dans les études dans lesquelles apparaissent la logique, la grammaire, arithmétique ... Nous sommes alors en période scolastique.

Au 13 ème siècle, des écoles apparaîssent qui echappants au contrôle des évèques, en particulier dans les pays influencés par la culture arabe (sicile, byzance ... ). Des traductions d'Aristote circuleront pour finalement parvenir jusqu'à l'université de Paris ou de Chartres. Des oppostions y feront face, nottament des franciscains, aboutissant à un banissement des textes d'Aristote.



Le recours à la Raison.

Conscient des agitations présentes dans l'Eglise, causées par le renouveau des pensées antiques, le pape Urbain IV fait à appel à Thomas d'Aquin, afin de faire une synthèse de textes sacrés et d'Aristote. Il est reconnu comme un connaisseur de la dialectique aristotélicienne, et concluera que la Raison est d'origine divine, elle ne peut contredire les dogmes de la Révélation.

Dans le Thomisme, il n'y a de connaissance veritable que du general, de l'universel. Les objets ne sont que des formes dans lesquelles s'organisent le réel, et le monde n'est pas un amas d'êtres individualisés. La Nature comprend des classes, de l'ordre, des formes dans lesquelles la matière se moule et qui existent objectivement. L'accès à cette connaissance de la Nature se fait par l'intellect.

Mais au 13 ème siècle, on voit apparaître des opposants à cette conception (les franciscains notament). Ils voient en cette conception thomiste une offense à la puissance de Dieu qui serait soumise à un ordre de la Nature.

Fondé en 1210 par François d'Assise, les moines de l'ordre des franciscains doivent, selon leur conception, lire l'Evangile et non le commenter. Mais la plus part de ces membres ayant une éducation dont ils ne pourront se detacher, finiront par manier parfaitement l'art de la dialectique aristotélicienne.



Les thèses de Roger Bacon.

Moine franciscain d'Oxford, Roger Bacon prend position contre le recours permanent à la Raison comme moyen d'accès à la connaissance. A celle-ci, il oppose la méthode experimentale, qui seule est source de certitude.

Avec Bacon, la méthode experimentale est prise en consideration par les théologiens et philosophes comme moyen d'accès la connaissance. Même si le mot experience n'a pas encore la même signification qu'aujourd'hui, il renvoie avec Bacon à la constatation de faits comme moyen primordial pour connaître la nature, et ce à partir d'observations positives (au sens du positivisme).

Roger Bacon peut donc être consideré, un peu contre sa volonté car ne se doutant sûrement pas de l'impact de ses idées, comme le père fondateur de la méthode experimentale. Cependant il faudra attendre trois siècles et les textes de son homologue Francis Bacon, en plus des principes de la science moderne, pour qu'un recours à cette méthode soit remise en avant.
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Jehanne - dans La Médecine
23 juillet 2008 3 23 /07 /juillet /2008 00:51
Le serment d'Hippocrates.








(Bien que très antérieur à la période médiévale, le serment d'Hippocrates a été souvent publié notament sous l'empire byzantin au XIIème siècle, voir image d'illustration, c'est pour cela que je lui consacre un article).




Le serment d'Hippocrate est un serment traditionnel prêté généralement par les médecins en Occident avant de commencer à exercer. Probablement rédigé au IVe siècle av. J.-C., il appartient aux textes de la Collection hippocratique, traditionnellement attribués au médecin grec Hippocrate.

En France, même si les jeunes médecins prêtent obligatoirement serment de respecter le code de déontologie médicale, le serment d'Hippocrate n'a aucune valeur juridique ; cependant le Code de déontologie en question, "émis" par le Conseil national de l'ordre des médecins, (et qui est en réalité le chapitre VII du titre II du livre Ier de la 4e partie du Code de la Santé Publique ayant trait aux professions de santé), s'en est largement inspiré, notamment en ce qui concerne des mesures telles que l'obligation de recueillir le consentement de la personne avant toute opération, ou encore le respect du secret médical.

Le serment que font les médecins et pharmaciens en France n'est pas le serment d'Hippocrate d'origine, même s'il en est inspiré. L'une des principales différences est que le serment d'Hippocrate interdit explicitement de pratiquer l'avortement ; il prescrit aussi des devoirs face à celui qui a enseigné la médecine.




Serment d'Hippocrates d'origine traduit du grec ancien par Emile Littré:

« Je jure par Apollon, médecin, par Esculape, par Hygie et Panacée, par tous les dieux et toutes les déesses, les prenant à témoin que je remplirai, suivant mes forces et ma capacité, le serment et l'engagement suivant :

Je mettrai mon maître de médecine au même rang que les auteurs de mes jours, je partagerai avec lui mon avoir et, le cas échéant, je pourvoirai à ses besoins ; je tiendrai ses enfants pour des frères, et, s'ils désirent apprendre la médecine, je la leur enseignerai sans salaire ni engagement. Je ferai part de mes préceptes, des leçons orales et du reste de l'enseignement à mes fils, à ceux de mon maître et aux disciples liés par engagement et un serment suivant la loi médicale, mais à nul autre. »

« Je dirigerai le régime des malades à leur avantage, suivant mes forces et mon jugement, et je m'abstiendrai de tout mal et de toute injustice. Je ne remettrai à personne du poison, si on m'en demande, ni ne prendrai l'initiative d'une pareille suggestion ; semblablement, je ne remettrai à aucune femme un pessaire abortif. Je passerai ma vie et j'exercerai mon art dans l'innocence et la pureté.

Je ne pratiquerai pas l'opération de la taille (ouverture chirurgicale de la vessie ou cystostomie).

Dans quelque maison que je rentre, j'y entrerai pour l'utilité des malades, me préservant de tout méfait volontaire et corrupteur, et surtout de la séduction des femmes et des garçons, libres ou esclaves.

Quoi que je voie ou entende dans la société pendant, ou même hors de l'exercice de ma profession, je tairai ce qui n'a jamais besoin d'être divulgué, regardant la discrétion comme un devoir en pareil cas. »

« Si je remplis ce serment sans l'enfreindre, qu'il me soit donné de jouir heureusement de la vie et de ma profession, honoré à jamais des hommes ; si je le viole et que je me parjure, puissè-je avoir un sort contraire. »





Serment d'Hippocrates réactualisé en 1996:


« Au moment d'être admis à exercer la médecine, je promets et je jure d'être fidèle aux lois de l'honneur et de la probité.

Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux.

Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leur convictions. J'interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de l'humanité.

J'informerai les patients des décisions envisagées, de leur raisons et de leurs conséquences. Je ne tromperai jamais leur confiance et n'exploiterai pas le pouvoir hérité des circonstances pour forcer les consciences.

Je donnerai mes soins à l'indigent et à quiconque me le demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire.

Admis dans l'intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés. Reçu à l'intérieur des maisons, je respecterai les secrets des foyers et ma conduite ne servira pas à corrompre les mœurs.

Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément.

Je préserverai l'indépendance nécessaire à l'accomplissement de ma mission. Je n'entreprendrai rien qui dépasse mes compétences. Je les entretiendrai et les perfectionnerai pour assurer au mieux les services qui me seront demandés.

J'apporterai mon aide à mes confrères ainsi qu'à leurs familles dans l'adversité.

Que les hommes et mes confrères m'accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ; que je sois déshonoré et méprisé si j'y manque. »





Source Wikipedia.


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Jehanne - dans La Médecine
20 décembre 2007 4 20 /12 /décembre /2007 09:16
L'hémostase.




h--mostase.jpg



Le problème majeur à l'époque médiévale est l'hémostase (processus physiologique au cours duquel le saignement est arrêté). Il faut trouver différents moyens pour venir à bout de cette difficulté. Henri de Mondeville préconise, dans les cas de saignée ayant du mal à coaguler, de faire un point de compression et de le maintenir à l'aide d'un poids positionné sur la saignée. Une autre façon de juguler les saignements est le tamponnement avec de la charpie de coton.

Dans quelques traités de chirurgie, il est fait allusion à la ligature des vaisseaux et ce bien avant Ambroise Paré. Henri de Mondeville et Guy de Chauliac en parlent dans leurs livres respectifs, mais il est à noter que cette technique ne fut guère employée car les chirurgiens qui s'y essayeront, ligatureront vaisseaux, muscles et peau en même temps. Les résultats ne sont pas ceux escomptés.

Le moyen qui le plus employé reste la cautérisation à chaud ou chimique. La cautérisation ignée se pratiquait avec des fers rougis. La cautérisation chimique se faisait à l'aide de sulfate de cuivre par exemple.






Source ars medicinae.
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Jehanne - dans La Médecine

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