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30 août 2007 4 30 /08 /août /2007 09:47
Le pouvoir des femmes au Moyen âge.




Les historiens et historiennes ont fait des recherches sur la très longue période qui concerne environ deux siècles, de l'an 500 à 1500. Ils n'ont pas eu trop de difficulté à trouver des manuscrits, excepté ceux écrits par des femmes. Leurs avis sont parfois divergents sur les explications concernant les études juridiques, démographiques, économiques, politiques ou sociologiques.

Quels ont été les apports qui ont contribué à contraindre ou augmenter la participation des femmes. A quelles époques la liberté d'agir leur a-t-elles été favorable ou non ?


Les influences :


1. L'héritage grec et romain : Si la femme est placée dans un état de souillure rituelle dans les milieux paiëns, le Digeste de Justinien et le Code Théodosien, dans le droit romain, avancent d'un pas vers l'émancipation féminine concernant le mariage (libre choix, pouvoir de l'épouse non transféré au mari). Par contre, la morale régit strictement le divorce et la sexualité. Si elles plaisent au maître, les femmes de condition modeste, n'ont d'autre choix que de devenir concubines. Lors des Croisades, le contact avec les savants de l'Orient permettra de prendre connaissance des textes grecs. Ils auront une grande influence, notamment les œuvres d'Aristote sur l'Ethique à Nicomaque qui définit les rapports conjugaux relatifs à la morale ; la Politique qui insère la cellule familiale dans la communauté de l'Etat et analyse les divers rapports s'organisant autour de la figure du chef de famille ; l'Economique qui définit les attribut de la femme à l'intérieur de la maison (règles strictes et plutôt misogynes).

2. Les tribus germaniques et les « Barbares »: Selon Tacite (v55-v120) dans sa Germanie « les femmes étaient tenues en haute estime du fait de leur position d'épouses et de mères qui régissaient tout un réseau d'attaches familiales. Elles accompagnaient les hommes sur les champs de bataille, les encouragaient, soignaient les blessés. Certaines se voyaient honorées en tant que prêtresses. Elles cultivaient la terre, élevaient leurs enfants, tenaient le ménage, fabriquaient des étoffes. L'adultère était sévèrement puni. Par contre, la fille était assimilée à un bien meuble dont le sort dépendait de son parent mâle… ». Les Ostrogoths en s'emparant de Rome en 546, interdisent le viol. Sous la loi burgonde, le viol et le rapt sont sévèrement punis. Chez les Wisogothes les femmes détiennent les droits les plus étendus.

3. La chrétienté : Les Pères de l'Eglise se réfèrent, entre autres sources, aux Actes des Apôtres : les femmes sont considérées en tant que créatures spirituelles dotées des mêmes facultés de perfection morale que les hommes. Par contre, le délire anti-sexe (dû, en partie, au Péché Originel) aggravé par les craintes vis-à-vis de l'impureté des femmes (héritées de la tradition juive qui veut que l'écoulement menstruel du sang de la femme la place dans une souillure rituelle) conduiront nombre de prélats au cours des décennies voire des siècles à dicter les lois du mariage, du comportement ou des interdits, selon que la femme sera considérée comme Ange (culte de la Vierge Marie) ou Démon.

« Ange » : Eve est evae, le malheur mais aussi la vie. « Ave/Eva : mort par Eve, vie par Marie », « l'Inaccessible Marie », « les Vierges recueilleront au centuple le fruit de leur mérite, les veuves soixante fois, les épouses trente ». « Pour que la femme soit à l'origine d'un si grand mal, il faut pour rendre l'espérance qu'elle soit à l'origine d'un si grand bien », « louer la Vierge Marie n'est nullement rendre hommage à Eve » et « Marie, refuge du pêcheur, espoir des hommes »…

« Démon » : des invectives : « flamme vorace, folie extrême, née pour tromper, prédateur des hommes, bauge des gras pourceaux, tigresse impure, vipère furieuse ». « Eve, la tentatrice, la porte du Diable, racine du mal, rejeton de tous les vices » « comment pouvons-nous embrasser ce sac de fientes ».



Les Reines et les Aristocrates


En 481, à l'arrivée de Clovis, (son ancêtre Mérovée a donné le nom à la Dynastie des rois Mérovingiens) roi des Francs saliens (la loi salique est un code civil et pénal dont une disposition exclue les femmes de la succession à la terre et a été interprété plus tard de façon à les évincer de la couronne de France) Clothilde, princesse burgonde, son épouse, persuade son mari de reconnaître le vrai Dieu et de renoncer au culte des idoles.

Nombreuses sont les Reines qui fondent des monastères et des églises sur leurs domaines . Elles étendent leurs pouvoirs en faisant nommer évêques certains de leurs favoris. Selon la loi salique,bien qu'écarter du pouvoir, les femmes pouvaient hériter de terres n'appartenant pas à leur parents : le Roi Chilpéric (533-566) autorisa sa femme, qui n'avait pas de frère, à hériter de terres. Au VIIIème siècle, le déclin des Francs conduit à la restriction de ces droits. Dans le premier quart du VIème siècle, certains évêques francs se laissent persuader de consacrer le diaconat féminin. Hélarie, fille de Rémi, le saint évêque de Reims et sainte Radegonde sont diaconesses. Le concile d'Orléans retire toute fonction ecclésiastique aux femmes et le synode d'Auxerre à la fin du VIème siècle déclare que les femmes sont par nature impures, qu'elles doivent se voiler et ne jamais toucher ce qui a été consacré.

En 751, lors du sacre de Pépin 1er, premier roi carolingien, son épouse, Berthe (mère de Charlemagne) est couronnée également. A la mort de son mari, elle exerce des responsabilités politiques.
Le droit de propriété est autorisé, au sein de la famille, aux femmes si il n'y pas d'héritier mâle.

Sous le règne de Charlemagne, (747-814), son épouse s'occupait des affaires domestiques et du service royal. Dans le capitulaire De Villis qui traite de l'autorité dévolue à la Reine. L'empereur décrète la création d'écoles dans les monastères pour enseigner à tous ceux « qui, avec l'aide de Dieu, sont capables d'apprendre ». Il donne lui-même l'exemple en fondant l'Ecole palatine pour ses propres enfants et ceux de ses courtisans. Certaines femmes nobles ou religieuses reçoivent une éducation assez poussée.
A noter que cet empereur eut, comme des rois prédécesseurs ou quelques successeurs… plusieurs épouses et plusieurs concubines, ce que l'Eglise désapprouva toujours sans lblâmer, les Prélats reconnaissant aussi la prostitution comme un phénomène social de ce bas monde. Il n'est pas rare qu'eux-mêmes aient des concubines. Des synodes successifs vont interdire aux clercs de vivre avec des femmes, le but étant de transformer le clergé en un corps de célibataires.

En 870, le Capitulaire de Quierzy autorise le partage entre frères et sœurs. En l'absence du roi, la Reine est chargée d'organiser et d'administrer le domaine. Dans l'aristocratie, les femmes ont le droit d'agir dans les activités publiques.

Sauf en l'absence de leur époux, la femme noble ne compte guère dans l'univers violent, agressif, essentiellement viril des châteaux ; son sort est lié à la terre, seule garantie du pouvoir. Elle est une monnaie d'échange pour les seigneurs qui désirent accroître leurs biens et assurer une descendance. Les fillettes sont promises dès leur naissance à des hommes souvent bien plus âgés qu'elles. Dès le plus jeune âge elles quittent l'univers maternel.

Au IXème siècle, les couvents servent de plus en plus à isoler les femmes considérées comme indésirables, socialement dangereuses ou simplement improductives. Avant la sainteté, la richesse constitue le critère majeur d'admission.

Du milieu du Xè siècle à la moitié du XIIème une femme non mariée peut signer des actes et agir en son propre nom (les sceaux représentaient le droit de propriété légalement valable). Au nord de la Loire, les femmes, dans l'Aristocratie, utilisent fréquemment les sceaux, mais celles de moindre noblesse, encore plus, en leur nom. Elles sont donc plus indépendantes. Aliénor d'Aquitaine, épouse de Louis VII, roi de France puis d'Henri II, roi d'Angleterre est une femme dont le pouvoir s'est exercé auprès de l'Eglise et en politique.

Du XIIIè au XIVè siècle, mis à part, de fortes personnalités de dames de la noblesse qui imposent leurs ordres, la société limite et contrôle considérablement le pouvoir des femmes. Dans le mariage, par exemple, l'épouse doit subir le joug de son seigneur et maître qui contrôle ses pratiques religieuses et sa façon de vivre. Il est à noter qu'un mariage durait en moyenne une quinzaine d'années en raison de la forte mortalité des femmes autour de trente ans due, en partie, aux dangers de la grossesse et de l'accouchement. (Dans les couches sociales inférieures des villes et dans les campagnes ces contrôles étaient bien moins sévères).

En l'absence de leurs époux, les femmes mariées étaient chefs de famille et maîtresses de maison, propriétaires terriennes, châteleines, propriétaires d'églises. Elles pouvaient participer aux assemblées tant laïques qu'écclésiastiques, exercer leur pouvoir dans le commandement militaire, le droit de justice et d'autres domaines car il n'y avait pas de barrière pour les en empêcher

Les veuves détiennent leur pouvoir jusqu'à la majorité de leurs fils. Si elles sont menacées dans leurs droits, elle se réfugient dans les couvents. Les jeunes filles qui refusent un mariage arrangé contre leur gré font de même.



Les Abbesses


Les monastères fondés par les religieuses anglo-saxonnes comptent parmi les premières communautés.

L'abbaye de Fontevrault fondée en 1101 par l'ermite Robert d'Arbrissel pour ses disciples hommes et femmes présente l'originalité d'être placée sous l'autorité de l'Abbesse.

Naissance du Faubourg St Antoine à Paris et des corporations : sous Louis XI, Jeanne IV, abbesse de St Antoine des Champs protège ses ouvriers sur lesquels elle exerce ses droits de haute et basse justice. Ces derniers cessaient ainsi d'être sous la coupe des jurandes parisiennes (jurés élus ou tirés au sort ayant pour charge de faire respecter les normes de fabrication et les procédures de vente, de contrôler l'exercice de la concurrence et d'arbitrer les litiges professionnels : des règles rigides et contraignantes). Le Roi signe une ordonnance qui reconnaît aux métiers le droit de s'exercer librement sous le contrôle de l'abbesse.



Les célibataires :


Les femmes seules et sans aide se retrouvent très vite à la limite de la pauvreté. Les mères célibataires ou les veuves dans la misère qui avaient des enfants à nourrir n'hésitent pas à mendier ou voler. La prostitution est le recours de nombre d'entre elles et la source de revenus pour les tenanciers de « maisons communes » ou « maison de filles ». Elle s'emplifie en France au cours de la Guerre de Cent ans.
La société et tous les Papes de la chrétienté conscients de l'assistance à porter à cette situation crée des communautés de filles repenties, tel l'ordre de « Marie-Madeleine » fondé au XIIIème siècle.

Les monastère offrant des « refuge » pour les femmes seules issues de la noblesse s'ouvre aussi aux autres catégories sociales et font apparaître un nombre considérable de couvents féminins chez les cisterciens, les dominicains, et les franciscains. La première fondation est une maison dominicaine dans le sud-ouest de la France le Couvent de Prouille.

Dans les monastères, les femmes savent lire et chanter, copier des manuscrits et les enluminer, filent, tissent et brodent des motifs qu'elles ont conçus.

Des communautés de « béguines » se trouvent dans toute l'Europe. Elles offrent aux couches les plus pauvres le logement, l'éducation, le travail notamment dans le textile, dans les hôpitaux en tant que personnel soignant. D'après le statut des béguines de Strasbourg, seules sont acceptées des femmes de bonnes mœurs et des vierges. Au bout de deux mois si cette vie leur convient elles revêtent l'habit gris, prononcent des vœux de chasteté et doivent se conformer aux règles strictes de la communauté.



Les conditions du travail féminin :


Les connaissances sont surtout dues à des recherches effectuées par des historiens et des historiennes américains et allemands en Europe du Centre et de l'Ouest. Elles restent mal connues concernant l'espace méditerranéen.

L'intensification de la spécialisation du travail s'applique aux hommes et aux femmes. Elle est fondée sur le couple marié qui travaille en commun, et sur toutes les formes de travail salarié qui s'y rattachent. A l'intérieur de l'entreprise familiale se forme le noyau de la nouvelle organisation de l'activité économique autonome, artisanale, marchande ou paysanne.

Le souci était de se procurer un revenu familial maximal. Il était à peine suffisant dans les couches moyennes et inférieures. En dehors des tâches ménagères, les femmes participaient à la fabrication du textile ou à la production de denrées alimentaires destinées à être vendues.

A la fin du Moyen-Age, une hostilité croissante envers les femmes conduit semble-t-il à l'exclusion des femmes de la vie professionnelle : la femme vertueuse doit se consacrer à ses enfants et à son mari selon l'idéologie bourgeoise.
On observe une diminution de la participation féminine mais les besoins économiques sont tels qu'on les retrouvera encore dans de nombreux domaines des activités.

1. Les Bourgeoises.

La bourgeoisie a son origine dans la renaissance du commerce en Occident, de l'expansion des villes, du mouvement communal. C'est l'époque des Croisades, de l'accroissement de la population, du défrichage des terres vierges. Pendant 300 ans, de la fin du Xème à la fin du XIIIème, les villes seront animées par le grand commerce à forme itinérante et par des foires périodiques. Beaucoup de cités seront le théâtre de luttes à caractère social : une scission s'opère entre riches et pauvres. Le terme « bourgeois » implique dès lors une certaine aisance et la possession de droits ou de biens meubles sur le territoire de la cité. Le commerce étant source de litiges donne l'occasion de redécouvrir le droit romain. Nombre de jurés deviennent conseillers (tel Nogaret, conseiller de Philippe le Bel).

De la fin du XIIIème à la fin du XIVème siècle une époque de catastrophes et de conflits répandent la ruine (la Peste Noire (1348), la Guerre de Cent Ans qui ensanglante le pays). Une crise économique, la fureur religieuse, la remise en cause des valeurs culturelles, des révoltes paysannes et l'agitation dans les villes vont révéler la puissance de la grande bourgeoisie.

Le commerce :
Dans les villes de nombreuses femmes s'adonnent au petit commerce de marchandises qu'elles fabriquent elles-mêmes, qu'elles achètent et revendent. Ce sont les mercatrices, les boutiquières, les revendeuses. Des femmes pratiquaient aussi le grand commerce. Elles étaient organisées en guildes ou en corporation dans l'artisanat et pouvaient léguer de grosses sommes par testament.




L'artisanat :

On rencontre des femmes indépendantes ou salariées dans tous les domaines d'activités non réglementées ou dans les corporations. Outre les métiers du textile ou de l'alimentation on trouve des femmes dans des métiers masculins tels la métallurgie et le bâtiment où la main-d'œuvre féminine journalière est bien moins chère.

L'éducation :

Paris dispose à la fin du XIIIème siècle du nombre considérable de 21 maîtresses d'écoles placées à la tête d'écoles élémentaires de jeunes-filles. Les enfants des couches supérieures reçoivent l'enseignement de percepteurs dans la maison de leurs parents.

La médecine :

Les femmes occupaient également une place importante dans le domaine de la médecine et de la gynécologie (l'interdit fait aux hommes d'entreprendre un examen médical d'une personne du sexe féminin, l'obstétrique était réservée aux femmes). Ces sages-femmes avaient des privilèges pouvaient être assermentées et recevoir un salaire par la municipalité dans de grandes villes. On ne sait pas combien il pouvait y avoir de guérisseuses ou de barbières-chirurgiennes.



La vie intellectuelle :

Au Xème siècle, la sœur et la fille de Charlemagne, religieuses à Chelles, dans l'est de Paris, correspondent avec Alcuin (clerc anglo-saxon appelé par Charlemagne pour présider l'école d'Aix-la-Chapelle) qui leur demande de critiquer son commentaire de l'Evangile selon St Jean et autres écrits religieux.
A partir du XIIIè siècle, les écrits sont plus nombreux et mieux conservés. Des femmes issues de milieux aisés prennent part à la vie spirituelle et intellectuelle et marquent de leur empreinte la vie médiévale.
Marie de France, poète française vivant en Angleterre compose des lais, et des poèmes romantiques basés sur de vieilles légendes.
Christine de Pizan, femme de lettres franco-italienne et première féministe, dans la Cité des Dames, s'élève contre la culture misogyne, en opposant la défense de l'honneur du sexe féminin.

A Toulouse, les femmes étaient admises à concourir dans une institution littéraire pour favoriser la « science du gaie savoir » fondée en 1323, connue sous le nom des « Jeux Floraux ». En signe d'honneur, le vainqueur recevait une violette d'or fin et recevait la qualification de « maître » ou « maîtresse ». Depuis 1513, l'Académie des Jeux Floraux de Toulouse célèbre chaque année Clémence Isaure, sa prétendue fondatrice (dont l'existence est cependant mise en doute par plusieurs historiens).



Les envoyées de Dieu :


L'exaltation du mariage mystique incite à la vie religieuse et l'on observe une canonisation de femmes qui ne sera jamais aussi élevée qu'entre 1250 et 1300. Au cours des XIV-XVème siècle une inquiétude religieuse pousse des groupuscules d'hommes et de femmes à abandonner les formes traditionnelles de piété pour se tourner vers des pratiques blasphématoires et des idées anticléricales. En vagabondant à travers tous le pays, ils trouvent des adeptes.

La fin du Moyen-Age sonne le glas de la célébrité et de la sainteté féminine. La connaissance de la Bible et la réforme théologique commencent à compter davantage que l'inspiration divine. On transforme les ravissements extatiques des mystiques en voyage nocturnes de sorcières. Certaines femmes, se sentent « envoyée de Dieu » comme Jeanne d'Arc, exemple de femme d'armes. Mais d'autres se disent « envoyées du Diable ». Notamment dans le sud-ouest, s'organisent des sabbats (39 sites de sabbat répertoriés dans le Gers selon l'historien Roger Gensac). Nombre de ces femmes cependant ne se contentaient pas de jeter des mauvais sorts. Elles connaissaient les herbes médicinales et soignaient les malades, ce qui explique leur succès prolongé dans les campagnes. Jugées hérétiques, ces faits conduiront à la chasse aux sorcières et à leur persécution en particulier par les Princes de l'Eglise





2. Les paysannes


La majorité des femmes exerçent leur activité dans le domaine de l'agriculture, bien que les possibilités de travail salarié soit nettement plus réduit. Charlemagne se penche attentivement sur le rôle primordial des paysannes. Il ordonne que les lieux où besognent les femmes soienentourés de boiserie, munis d'une porte solide, chauffés par des poêles et équipés de celliers où elles pourront conserver les produits qu'elles fabriquent. L'intensification de la culture des céréales, des « plantes industrielles » telles le lin, la garance et le chanvre indispensables à la production textile urbaine, la viticulture (pour laquelle homme et femmes recevaient le même salaire), l'élevage, etc, exige une main d'œuvre saisonnière et libre.

Dans le couple qui possède sa terre, les femmes s'efforcent d'apporter un revenu complémentaire en fabricant le beurre, le lait, le fromage, les œufs, le petit bétail ainsi que les fruits, légumes, baies et occasionnellement, du linge de toile, du savon ou de la moutarde.



L'Amour courtois ou la « Fine Amor » :


L'amour conjugal était considéré comme sans importance. Seuls étaient pris en considération les associations de biens et la procréation. Pour échapper au mariage arrangé, les femmes n'avaient que le recours d'entrer en religion. Pour rechercher une liaison hors du lit conjugal, les clercs ou les prêtres jouissaient de faveurs particulières : les biographies de femmes mariées sont pleines d'anecdotes concernant des prêtres débauchés qui, sous le couvert d'efforts vertueux pour sauver l'âme féminine, obtenaient par la ruse, la confiance de leur pénitente et ensuite leurs faveurs amoureuses.

Au XIIème siècle, se crée un modèle de relation entre l'homme et la femme connu sous le nom de « Fine Amour » dont quelques manuscrits sous forme de chansons et de poèmes ont laissé des traces. Il semble que les plus anciens textes soient l'œuvre de Guillaume de Poitiers, duc d'Aquitaine (le père d'Aliénor d'Aquitaine laquelle s'entoura par la suite dans sa cours de troubadours). Des poèmes en langue d'oc ont laissé des traces. Ils étaient chantés par les troubadours dans le monde méditérannéen et par les trouvères dans le Nord. Ces poèmes, élaborés pour le divertissement des gens de cour, connurent un succès grandissant dans les grandes cours princières de Normandie, de Touraine, de Champagne et de Flandre et se répandirent dans toute l'Europe sous forme de romans (Le roman de la Rose, Les chevaliers de la Table ronde,etc). Dante en subit la fascination.

 L'historien Georges Duby définit l'Amour courtois : le modèle est une Dame (du latin dominae = en position dominante) mariée (l'épouse du Seigneur) dont un jeune homme (généralement un chevalier) de son entourage tombe éperdument amoureux et fou de désirs. Il use de stratagème pour la séduire. Un jeux dangereux se trame entre les deux en raison de l'honneur de la Dame et celui de son mari. Le jeune-homme doit se montrer patient et maître de son corps. La Dame est lointaine, inaccesible, nimbée de mysticisme. Cet amour onirique concède à la femme un pouvoir certain. La cérémonie de « l'assag » (l'essai) donne à la Dame le moyen de vérifier dans quelle mesure son ami est capable de la respecter, alors que, couché à côté d'elle, il est dans une situation d'extrême tentation. L'amour devient un art, une exaltation de l'âme et une délicieuse souffrance.

Georges Duby en déduit que ces modèles culturels forgés dans les milieux aristocratiques s'infiltrèrent jusque dans les couches les plus profondes de la formation sociale. Les rapports entre le masculin et le féminin prirent dans la société Occidentale une tournure singulière. Ils dépouillèrent d'une forte part de grossièreté le comportement des mâles et la politique matrimoniale des lignages. Ces traits qui dérivent de l'Amour Courtois sont ceux par quoi notre civilisation se distingue le plus abruptement des autres.



Ce document est une compilation de :

  • l'Histoire des Femmes en Occident, tome II. Le Moyen-Age (auteurs : Georges Duby, Michelle Perrot, Christiane Klapisch-Zuber, Jacques Dalarunn Claude Thomasset, Carla Casagrande, Silvana Vecchio, Diane Owen Hughes, Suzanne Fonay Wemple, Paulette L'Hermite-Leclercq, Claudia Optiz, Françoise Piponnier, Chiara Frugoni,, Danielle Régnier-Bohler).
  • de l'Histoire médiévale de l'Encyclopaedia Universalis,
  • Dictionnaire encyclopédique Quillet de 1935
  • Images et extraits de la collection Les Grandes Epoques de l'Homme, « L'Age de la Foi »
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Jehanne - dans La Société

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