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29 août 2012 3 29 /08 /août /2012 11:05

Ordre d'arrestation des Templiers.

 

 

 

 

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Le 14 septembre 1307

 

Philippe, par la grâce de Dieu roi de France, à nos âmes et féaux le seigneur d'Onival, le chevalier Jean de Tourville et le bailli de Rouen, salut et dilection.

Une chose amère, une chose déplorable, une chose assurément horrible à penser, terrible à entendre, un crime détestable, un forfait exécrable, un acte abominable, une infamie affre

use, une chose tout à fait inhumaine, bien plus, étrangère à toute humanité, a, grâce au rapport de plusieurs personnes dignes de foi, retenti à nos oreilles, non sans nous frapper d'une grande stupeur et nous faire frémir d'une violente horreur ; et, en pesant sa gravité, une douleur immense grandit en nous d'autant plus cruellement qu'il n'y a pas de doute que l'énormité du crime déborde jusqu'à être une offense pour la majesté divine, une honte pour l'humanité, un pernicieux exemple du mal et un scandale universel. Assurément, l'esprit raisonnable souffre pour qui dépasse les bornes de la nature et, en souffrant, il est tourmenté surtout par cela que cette gent, oublieuse de son principe, non instruite de sa condition, ignorante de sa dignité, prodigue de soi et adonnée à des sentiments réprouvés, n'a pas compris pourquoi elle était en honneur. Elle est comparable aux bêtes de somme dépourvues de raison, bien plus, dépassant leur déraison par sa bestialité étonnante, elle s'expose à tous les crimes souverainement abominables qu'abhorre et que fuit la sensualité des bêtes déraisonnables elles-mêmes. Elle a délaissé Dieu, son créateur, elle s'est séparée de Dieu, son salut, elle a abandonné Dieu, qui lui a donné le jour, oublié le Seigneur, son créateur, immolé aux démons et non à Dieu, cette gent sans conseil et sans prudence (et plût à Dieu qu'elle sentît, comprît et prévît ce qui vient d'arriver!).

Naguère, sur le rapport de personnes dignes de foi qui nous fut fait, il nous est revenu que les frères de l'ordre de la milice du Temple, cachant le loup sous l'apparence de l'agneau et, sous l'habit de l'ordre, insultant misérablement à la religion de notre foi, crucifient de nos jours à nouveau notre Seigneur Jésus-Christ, déjà crucifié pour la rédemption du genre humain, et l'accablent d'injures plus graves que celles qu'il souffrit sur la croix, quand, à leur entrée dans l'ordre et, lorsqu'ils font leur profession, on leur présente son image et que, par un malheureux, que dis-je ? un misérable aveuglement, ils le renient trois fois et, par une cruauté horrible, lui crachent trois fois à la face; ensuite de quoi, dépouillés des vêtements qu'ils portaient dans la vie séculière, nus, mis en présence de celui qui les reçoit ou de son remplaçant, ils sont baisés par lui, conformément au rite odieux de leur ordre, premièrement au bas de l'épine dorsale, secondement au nombril et enfin sur la bouche, à la honte de la dignité humaine. Et après qu'ils ont offensé la loi divine par des entreprises aussi abominables et des actes aussi détestables, ils s'obligent, par le vœu de leur profession et sans craindre d'offenser la loi humaine, à se livrer l'un à l'autre, sans refuser, dès qu'ils en seront requis, par l'effet du vice d'un horrible et effroyable concubinat. Et c'est pourquoi la colère de Dieu s'abat sur ces fils d'infidélité. Cette gente immonde a délaissé la source d'eau vive, remplacé sa gloire par la statue du Veau d'or et elle immole aux idoles.

Voilà, avec d'autres choses encore, ce que ne craint pas de faire cette gent perfide, cette gent insensée et adonnée au culte des idoles. Non seulement par leurs actes et leurs œuvres détestables, mais même par leurs discours imprévus, ils souillent la terre de leur saleté, suppriment les bienfaits de la rosée, corrompent la pureté de l'air et déterminent la confusion de notre foi.

Et quoique nous eussions peine, au début, à tourner notre attention vers les colporteurs de ces rumeurs si funestes, soupçonnant qu'elles provenaient de l'envie livide, de l'aiguillon de la haine, de la cupidité, plutût que de la ferveur de la foi, du zèle pour la justice ou du sentiment de charité, cependant les délateurs et les dénonciateurs susdits s'étant multipliés et le scandale prenant consistance, des présomptions susdites, d'arguments de poids et légitimes, de conjectures probables sortirent une présomption et un soupçon violents nous portant à rechercher la vérité à cet égard. Après en avoir parlé avec notre très saint Père dans le Seigneur, Clément, par la divine Providence souverain pontife de la très sainte Eglise romaine et universelle, après en avoir soigneusement traité avec nos prélats et nos barons et en avoir délibéré avec notre conseil plénier, nous avons commencé à aviser soigneusement aux moyens les plus utiles de nous informer et aux voies les plus efficaces par lesquelles on pût, en cette affaire, trouver plus clairement la vérité. Et, plus nous l'examinions amplement et profondément comme en creusant un mur, plus graves étaient les abominations que nous rencontrions.

Par suite, nous qui sommes établi par le Seigneur sur le poste d'observation de l'éminence royale pour défendre la liberté de la foi de l'Eglise et qui désirons, avant la satisfaction de tous les désirs de notre esprit, l'accroissement de la foi catholique; vu l'enquête préalable et diligente faite sur les données de la rumeur publique par notre cher frère dans le Christ Guillaume de Paris (1), inquisiteur de la perversité hérétique, député par l'autorité apostolique; vu la suspicion véhémente résultant contre lesdits ennemis de Dieu, de la foi et de la nature et contre lesdits adversaires du pacte social, tant de ladite enquête que d'autres présomptions diverses, d'arguments légitimes et de conjectures probables ; acquiesçant aux réquisitions dudit inquisiteur, qui a fait appel à notre bras ; et, bien que certains inculpés puissent être coupables et d'autres innocents, considérant l'extrême gravité de l'affaire ; attendu que la vérité ne peut être pleinement découverte autrement, qu'un soupçon véhément s'est étendu à tous et que, s'il en est d'innocents, il importe qu'ils soient éprouvés comme l'or l'est dans le creuset et purgés par l'examen du jugement qui s'impose; après délibération plénière avec les prélats, les barons de notre royaume et nos autres conseillers, comme il est dit ci-dessus, nous avons décrété que tous les membres dudit ordre de notre royaume seraient arrêtés, sans exception aucune, retenus prisonniers et réservés au jugement de l'Eglise et que tous leurs biens, meubles et immeubles, seraient saisis, mis sous notre main et fidèlement conservés.

C'est pourquoi nous vous chargeons et vous prescrivons rigoureusement en ce qui concerne le bailliage de Rouen de vous y transporter personnellement, seul ou deux d'entre vous, d'y arrêter tous les frères dudit ordre sans exception aucune, de les retenir prisonniers en les réservant au jugement de l'Eglise, de saisir leurs biens, meubles et immeubles, et de retenir très rigoureusement sous votre main ces biens saisis, sans consommation ni dévastation quelconque, conformément à nos ordonnance et instruction, qui vous ont été envoyées sous notre contreseing, jusqu'à ce que vous receviez de nous la dessus un nouvel ordre. D'ailleurs, nous donnons l'ordre, par la teneur des présentes, à nos fidèles juges et sujets de vous obéir d'une manière effective et d'être attentifs relativement aux choses qui précèdent, ensemble ou séparément, et à celles qui s'y rapportent.

Fait à l'abbaye de Sainte-Marie, près Pontoise, le jour de la fête de l'exaltation de la Sainte-Croix, l'an du Seigneur mil trois cent sept.

 

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Jehanne - dans Contexte historique
15 août 2011 1 15 /08 /août /2011 21:51
Traité de Saint-Clair-sur-Epte 911.

 

 


 

Le traité de Saint-Clair-sur-Epte est conclu à l'automne de l'année 911   entre Charles III le Simple et Rollon, un chef viking. Il permet l’établissement des Normands en Neustrie à condition qu’ils protègent le royaume de Charles III de toute nouvelle invasion des « hommes du Nord ».

 

Depuis le règne de Charlemagne, les abbayes de la chrétienté font l'objet de raids vikings. La mise en place de commandements militaires (notamment la marche de Neustrie) et l’établissement de ponts fortifiés (comme à Pont-de-l'Arche sur la Seine) par les rois carolingiens n’arrêtent pas ces expéditions.

Vers 910-911, un chef scandinave du nom de Rollon entreprend une expédition à travers la marche de Neustrie mais il est battu sous les murs de Chartres par une coalition d’aristocrates francs. C’est le moment que choisit Charles le Simple pour négocier. Une négociation d’autant plus urgente que le roi voudrait mettre la main sur le royaume de Lotharingie sans être menacé par les Vikings.

 

Nous n’avons pas le texte du traité mais un historiographe du début du XIe siècle, Dudon de Saint-Quentin, nous explique son contenu. Quelques doutes subsistent toutefois sur la véracité totale de son récit. Les clauses sont les suivantes :

  • Charles III concède à Rollon la région comprise entre « l’Epte et la mer ». Les historiens ne sont pas d’accord sur l’exacte étendue de la concession. En majorité, ils considèrent que la donation concernait les comtés ou évêchés de Rouen, Évreux et Lisieux. Ce qui correspond à l’actuelle Haute-Normandie, augmentée du Pays d'Auge. Pierre Bauduin émet l’hypothèse d’une concession encore plus réduite. Ce n’est pas la première fois qu’un roi cède une partie de son territoire aux Vikings pour avoir la paix. À la fin du IXe siècle, l’Angleterre du roi anglo-saxon. Alfred le Grand avait ainsi accueilli plusieurs États scandinaves constituant ainsi le Danelaw.
  • Rollon accepte de recevoir le baptême.
  • Il doit assurer la protection du royaume, notamment contre ses compatriotes vikings qui seraient tentés de remonter la Seine. Le chef normand prête hommage au roi. Sur ce dernier point, Dudon de Saint-Quentin, prompt à flatter les Normands, raconte l’anecdote suivante : Rollon refusant de s’agenouiller devant le roi en signe d'hommage, afin de lui baiser le pied, un compromis est alors trouvé. Un des proches de Rollon doit effectuer le geste à sa place. Mais le Normand, sans s’agenouiller, lève si haut le pied du roi que ce dernier perd l’équilibre et tombe à la renverse.

 

L’acte est primordial puisqu’il donne naissance au futur duché de Normandie. Rollon, puis son fils Guillaume Longue-Épée, s’attacheront à étendre la concession originale, notamment à l’ouest (la Basse-Normandie et la Bretagne).

Rollon respectera les clauses du traité et se gardera d’envahir les terres du royaume. Après l’emprisonnement de Charles le Simple, il lancera toutefois des raids en Picardie.

 

 

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Jehanne - dans Contexte historique
29 juillet 2011 5 29 /07 /juillet /2011 21:53

La prière journalière des Templiers.

 

 

 

 

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La desserte de l'office du divin est exercée dans un premier temps par des prêtres autres que ceux de la communauté, puis par ceux de la communauté qui ont le titre de chanoine prêtre. Eugène III accorde aux Templiers par une bulle appelée " Omne datum optimum ", le droit d'avoir des prêtres pour l'office divin dès 1145.



Reprenant une pratique des Juifs, les templiers observent la prière des Heures. Elle consiste en synaxes ou réunions quotidiennes ; un le matin puis à midi, une autre le soir pour achever sa journée. Dans les synaxes, le rituel est le même, c’est-à-dire des psaumes, des hymnes, des prières, des Notre Père dont " XIII pater noster por matines de Notre Dame, XIII fois por cele dou jor si li plaist ". Réciter treize Notre Père pour la Vierge Marie, et treize autres pour le Saint du Jour si la volonté ne lui manque sinon il peut les écouter celles de ses frères.



Selon son rang auquel on appartient à savoir, la sphère des chanoines ou la sphère des convers, le repas ne se déroule pas dans le même lieu, il y a deux pièces où réfectoires pour déjeuner puis souper, notons que ceux-ci se jouxtent.



Étant donné que c'est un ordre canonial, les Templiers suivent le cursus romain, en l'occurrence un office canonial à neuf leçons, six de jours et trois de nuit, cependant la règle permet de regrouper ces leçons afin de pouvoir vaquer aux tâches communes. Le chanoine prêtre dit une messe quotidienne, les Heures restantes sont réalisées par les chanoines-diacres ou sous-diacres si ceux-ci existent dans la préceptorie.



L'office du matin et du soir est quasi similaire à la différence que le soir est ajouté un hymne à la lumière hérité d'un usage juif. Ce dernier est de mise dans le patriarcat de Constantinope cela consiste en une prière au moment de l'illumination par le feu du cierge ou du candélabre. Le martyrologe de la fin du XIIIe nous délivre les manières " d'encenser, d'illuminer, la maison du temple ". Nous apprenons par l'intermédiaire de frère Robert la quantité de cierge nécessaire, la manière de les disposer pour les offices du soir et dominicaux. La liturgie de la lumière a une place essentielle, elle renvoie au passage des ténèbres à la vie, au Christ fils de Dieu venu délivrer le monde par sa mort et sa résurrection, cette liturgie donne à l'homme qui le respecte le salut christique. L'eulogie ou consécration de la lumière renvoie au caractère sacro-saint de l'élément qui génère et accompagne la vie selon la doctrine chrétienne médiévale. Ce martyrologe contient également les messes anniversaires des chanoines du Temple de Reims et du comte troyen Henri III le " XVI kalendas aprilis obit comes Henri III Trecensis " . Le fait de rendre grâce au comte Henri et Thibaut témoigne du respect des templiers à leurs bienfaiteurs mais aussi pour leurs confrères morts dans l'espérance du salut chrétien.



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Jehanne - dans Contexte historique
15 octobre 2008 3 15 /10 /octobre /2008 00:11
Les emblèmes médiévaux.






Emblèmes de Jeanne d'Arc.



De tout temps les troupes se sont regroupées autour d’un emblème signalant la présence du chef de l’armée. Héritier lointain des enseignes carolingiennes, l’étendard de la France capétienne est avant tout le symbole des rois. Les barons se distinguent par leur gonfanon. Au XIIIe siècle, avec la généralisation des armoiries, apparaissent les pennons, réservés aux chevaliers, et les bannières, qui remplacent les gonfanons aux mains des barons.
La première codification parvenue, les “Siete partitas” du roi Alphonse X de Castille (1252-1284), montre une organisation très hiérarchisée :
- Rois et empereurs ont seuls droit à porter l’étendard, pièce de tissu carrée, décorée des armes de leur royaume.
- Les barons suivis de plus de cent chevaliers et les contingents des cités portent l’enseigne capitaine, drapeau carré terminé par trois queues rectangulaires.
- Les barons suivis de 50 à 100 chevaliers portent le “pendon posadero”, drapeau triangulaire qui donnera naissance au pennon.
- Les seigneurs suivis de 10 à 50 chevaliers portent la bannière, rectangle de tissu plus haut que large.
- Les seigneurs suivis de 2 à 10 chevaliers portent une banderole étroite terminée par deux queues rectangulaires. En France, à la même époque, les petits seigneurs royaux portent le pennon ou pennoncel, en forme de bannière coupée en diagonale. Il est à noter que le mot “drapeau” n’a pas, au Moyen Age, le sens que nous lui donnons actuellement, mais celui de pièce d’étoffe.


En 1351, une ordonnance royale établit que le pennon doit être porté par des compagnies de 30 à 35 piétons, ou par un chevalier. L’étendard, désormais également porté par les princes de la famille royale, est reproduit en de nombreux exemplaires et mis à la tête de troupes et des subdivisions de troupes.


En 1444, un chroniqueur, Antoine de la Sale, établit le tableau suivant :
- Rois et princes portent à la fois l’étendard, long triangle fendu de deux queues, la bannière carrée et le pennon.
- Les marquis, comtes, vicomtes, barons et chevaliers bannerets portent la bannière rectangulaire. Comme ils sont également chevaliers, ils portent à titre personnel leur pennon.
- Les chevaliers portent le pennon, triangulaire. On peut passer du rang de chevalier à celui de banneret à condition de posséder un château entouré de 25 feux, et en s’entourant de six bacheliers (c’est-à-dire qu’ils ne portent pas de bannière et ne sont donc pas banneret) ou de 50 hommes d’armes. Le maréchal coupe alors symboliquement la queue du pennon pour le transformer en bannière.


Ce système, dont la décoration est strictement héraldique, est organisé en fonction de la hiérarchie de la noblesse. Il est à noter que sur les bannières les armes sont disposées parallèlement à la hampe, alors que sur les étendards, elles sont disposées de façon transversale, la hampe formant le “haut” de l’enseigne.


A partir de 1384, un nouveau système d’enseigne se superpose au premier : Charles VI fait figurer sur son étendard personnel, un cerf ailé, et des anneaux, sur fond rouge.
A l’exemple du roi d’autres grands seigneurs vont faire peindre ou broder des étendards décorés de leur saint patron. Le choix de la figure est libre, quoique principalement à caractère religieux. Au cours de la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons, les princes reprendront quelquefois les insignes de parti dont ils ornent leurs palais, leurs livres et les vêtements de leurs partisans. Le duc Louis d’Orléans ayant adopté le bâton noueux, symbole de ses amicales dispositions envers le duc de Bourgogne, ce dernier prit pour emblème le rabot et deux bâtons lisses en forme de croix de saint André. En novembre 1407 le “bâton noueux était plané” : le duc Louis d’Orléans était assassiné sur ordre de son cousin Jean sans Peur. Quatre ans plus tard, avant de se mettre en campagne contre l’assassin de son père, Charles d’Orléans fit peindre des enseignes d’un nouveau type : 4200 pennons “de sable” (noirs) portant le mot “Justice”. Ces pennons avaient pour fonction de signaler à quel camp appartenaient les combattants de son armée.


Ces deux types d’enseignes, à motif religieux et à devise politique, se combinèrent pour donner naissance à des étendards qui sont à la fois des programmes politiques et des insignes de parti. Les chefs secondaires, parfois bien en peine de produire des armoiries authentiques, ajoutent en effet sur les queues de leurs étendards les emblèmes de leur maître. Chaque étendard est doublé d’un pennon, porté par le chef de la troupe, voire par un page, et dont la décoration est pratiquement identique à celle de l’étendard. Visiblement le pennon ne sert plus à indiquer le rang de son propriétaire, mais doit servir à transmettre des ordres de manoeuvre à la troupe.


Chaque compagnie peut ainsi se trouver dotée de trois drapeaux : l’étendard du roi ou du prince, l’étendard de la compagnie, le pennon de son capitaine, ces deux derniers reprenant dans leurs queues les composantes de l’étendard princier.


Au sein de ce système, la hiérarchie est marquée par la taille des enseignes : la bannière impériale mesure ainsi six pieds carré, soit à peu près 2 mètres sur 2,30 mètres.
Celle d’un banneret ne mesure que deux pieds carré, soit un peu plus de 60 centimètres sur 80. Les étendards royaux mesurent cinq aunes de long, soit près de six mètres, alors que ceux des capitaines ne sont que de trois aunes, soit environ 3,50 mètres pour 80 centimètres de haut. Ils sont fendus sur le quart et jusqu’à la moitié de la longueur. Le pennon d’un chevalier est pour sa part plus grand que celui d’une compagnie de piétons. Cette grande disparité de taille et d’organisation facilite évidemment les confusions, les témoins pouvant confondre, à distance, pennons et étendards.


Les motifs et devises se lisent de la hampe vers la pointe. Pour cette raison les enluminures représentent les étendards de face dans la plupart des cas, c’est-à-dire la queue tournée vers la droite de la page. Sur le revers, la devise se lit en effet de droite à gauche, les surfaces peintes devant se superposer dans la mesure du possible. Le motif du revers peut différer de celui de la face, à condition d’occuper à peu près la même surface, et d’être brodé, en effet, la peinture étant bue par le tissu, il n’est pas possible de peindre des motifs différents sur les deux faces.


On verra que l’étendard de Jeanne est conforme à ces dispositions. Au milieu du XVe siècle, le mot étendard est remplacé par celui d’enseigne pour les cavaliers, par celui de guidon pour les gens de pieds, l’appellation étendard étant de nouveau réservée à l’emblème du prince."







Source Colin.








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Jehanne - dans Contexte historique
28 août 2008 4 28 /08 /août /2008 01:00
Les Vikings.




A la mort de Charlemagne, en 814, l’Empire carolingien paraît triompher. Pourtant, des ennemis nouveaux viennent de surgir : les farouches Vikings, dont les drakkars effrayants apparaissent au large des côtes anglaises vers 790.
L'ère Viking va marquer le monde de manière irrémédiable.
Les Vikings sont célèbres pour leur art de la guerre et leur soif de richesses. Cependant, ce peuple nordique était également féru d’art.
La mythologie des peuples nordiques a traversé les siècles. Les Vikings vénéraient des dieux à leur image. Leur panthéon était avant tout dominé par des divinités guerrières.
Réhabilité depuis peu, le nom de Viking évoque toujours le souffle de l’aventure.



Mythes et réalité sur les Vikings.

Aujourd’hui, les historiens ont tendance à nuancer cette « légende noire » des Vikings. Les redoutables Normands « Hommes du Nord » ont effectivement semé la terreur mais ce peuple de conquérants a également été à la source de législations et fondateur de nations.

Une série de découvertes archéologiques a révélé que les Normands étaient de grands commerçants, artisans et gouvernants.



Broche en or trouvée au Danemark et datée de l'an mil (Musée historique national de Stockholm)


Les Vikings étaient avant tout des navigateurs. C’étaient de véritables explorateurs qui ont atteint des terres plus éloignées au nord et à l’ouest que tous les autres peuples européens avant eux.
Ainsi, ils ont établi une colonie sur la côte ouest du Groenland et ont gagné l’Amérique 500 avant Christophe Colomb.


Drakkar en flammes lors du festival de Up-Helly-Aa, dans les îles Shetland 


Féroces, les Vikings l’étaient sans conteste. Mais, leur détermination et leur courage ont permis l’évolution d’un monde figé.
Ils ont apporté le feu et l’acier ainsi que leur ambition.

Il est indéniable que les Vikings ont changé la face du monde à tout jamais.



L’histoire des Vikings.

Le terme « viking » correspond à une activité, non à un nom de peuple. Les jeunes avides d’aventures décidèrent de partir en « viking » c’est-à-dire d’organiser des raids.
Ces hommes venaient des pays nordiques : futur Danemark, Norvège, Suède. Mais, l’idée de nation n’existait pas encore.
Chaque clan était loyal à un chef local.

Ces peuples du Nord avaient cependant des points communs :

  • Le langage (le vieux nordique)
  • Le même panthéon avec des dieux comme Odin ou Thor
  • Une société divisée en trois classes : nobles guerriers, hommes libres et les esclaves

Comment et pourquoi ces peuples se sont-ils transformés en « Vikings ». Les historiens ne le savent pas exactement.
La pression démographique a sans doute joué un rôle ainsi que l’amélioration technique des navires.
Cependant, aucune de ces raisons n’explique vraiment cet exode.

Les premiers à quitter leurs terres furent les Suédois. Ils traversèrent la Baltique et pénétrèrent en Russie.

Les Danois s’intéressèrent à l’Angleterre et à l’Empire franc de Charlemagne.



Fortifications en ruines pour repousser les Vikings, sur la rivière Ulla, en Galice


Les Vikings de Norvège exploraient pendant ce temps des terres peu connues. Ils s’attaquèrent à l’Irlande et à l’Ecosse.

Vers la fin du Xe siècle, un hors-la-loi nommé Erik le Rouge navigua vers l’ouest et découvrit une terre qu’il baptisa Greenland.

En 1001, Leif Eriksson, fils d’Erik le Rouge, eu le premier contact européen avec l’Amérique alors qu’il débarqua près de la point septentrionale de Terre-Neuve.



Camp viking de l'Anse aux Meadows sur la côte de Terre-Neuve 


Cet exploit a couronné une saga pleine d’aventures et d’explorations. En un peu plus de deux siècles, les Normands avaient atteint Bagdad à l’est et le Nouveau Monde à l’ouest. Ce sont les premiers à avoir découvert l’Islande, le Groenland et le nord du continent américain.



Les expéditions guerrières.

En 844, les Vikings pillent la Galice, Lisbonne et Séville. En 859-862, ils ravagent les côtes du Maroc puis gagnent la Toscane.
De là, ils détruisent Pise et remontent jusqu’au Rhône, à Valence où ils sont arrêtés.

Charlemagne avait créé une défense côtière mais ses successeurs, en pleine guerre de partage de l’Empire, ne se soucient pas de la menace des pirates barbares.

A partir de 833, les Vikings découvrent la faiblesse des Carolingiens. Aussitôt, ils multiplient les expéditions. Rouen brûle en 841, Nantes en 843, Paris succombe en 845 et Tours en 853.



Détail d'un drakkar datant du IXe siècle, découvert avec le vaisseau d'Oseberg, près du fjord d'Oslo


Les Vikings établissent alors des têtes de pont permanentes sur les embouchures de la Seine et de la Loire. Ils s’y installent et font de fréquents raids.

Toutefois, en 887, le carolingien Charles le Gros, est déposé. C’est Eudes, compte de Paris, qui est élu roi des Francs pour lutter contre les envahisseurs.
C’est en fait surtout la famine qui, en 892, chasse temporairement les Vikings de France.

De 834 à 850, les Vikings pillent les royaumes anglo-saxons. En 865, une immense armée arrive et occupe York en 866. De raid en raid, ils arrivent jusqu’à Londres en 871.
A la fin du IXe siècle, l’Angleterre est si dévastée qu’il ne reste plus rien à piller. Les Danois s’y installent et fondent le royaume viking d’York dans le Yorkshire.



Proue d'une réplique du vaisseau d'Oseberg, découvert en 1904, dans un tumulus funéraire du IXe siècle


Une société anglo-scandinave naît alors dans cette région que l’on appelle le Danelaw « loi danoise ».

C’est l’avènement du Christianisme qui va marquer la fin de l’ère viking. L’adoption de la nouvelle religion va peu à peu faire tomber la principale barrière entre les pays nordiques et le reste de l’Europe.

Dès la fin du IXe siècle, les rois scandinaves commencent à se convertir pour assurer leur légitimité et battre en brèche les chefs de guerre. Ils tentent également d’unifier leurs pays. A partie de 1016, la Norvège est unifiée.
Mais, ces nouvelles monarchies ressemblent vite à celles de l’Occident chrétien. Elles réduisent la turbulence des grands chefs de guerre.
La source du dynamisme viking se tarit au cours du XIe siècle.



Le drakkar.

Le drakkar (pluriel de dreki « dragon ») est le symbole de l’épopée viking. Cependant, tous les bateaux scandinaves ne sont pas ces grands navires de guerre, à la proue ornée d’une tête de dragon sculptée.

Robustes et rapides, capables de résister aux houles de l’Atlantique et de la mer du Nord, possédant un faible tirant d’eau qui leur permet de remonter les cours d’eau, les drakkars sont un véritable outil tactique.



Drakkar reconstitué


Mus à la rame, jusqu’à 30 rangs de rameurs pour les plus grands, ils sont symétriques, ce qui permet une très grande maniabilité dans les manœuvres.

Pourvus d’une quille, ils sont dotés d’une toile triangulaire (latine). On abaisse le mât pour aller à terre ou naviguer sur les fleuves ; on le redresse pour naviguer en pleine mer.



Proue décorée d'un drakkar (Photo © Viking Ship Museum, Oslo)


Des répliques modernes ont montré que les drakkars dépassaient les dix nœuds à l’heure, soit presque 20 km/h. Ils pouvaient parcourir en moyenne 200 km par 24 h.

Les rois et les nobles de haut rang couvraient leurs plus beaux drakkars de riches décorations. Certains portaient des girouettes de bronze.



Un animal mythique orne le sommet de cette girouette du XIIe siècle, découverte en Norvège (Photo © Historiska Museet, Oslo)


Les drakkars n’étaient pas les seuls bateaux. Les knarrs étaient des navires de transport très larges.



Les armes et les techniques guerrières des Vikings.

Tout Scandinave, de naissance libre, possédait des armes dès le plus jeune âge. Les meilleures et les plus coûteuses étaient les épées longues à double tranchant.
Ces armes précieuses recevaient parfois des noms comme « Mord-la-jambe » ou « Garde d’or ».



L'épée viking était tenue à une main, l'autre portant le bouclier


Ensuite venaient la lance, une arme de poing et le javelot, une arme de jet.

Dans les croyances, il s’agissait des armes d’Odin, connu sous le nom de « Seigneur de la Lance ».
Son arme magique, Gungnir, touchait toujours sa cible.



La lance était constituée d'un fer fixé à une longue perche (Photo © National Museet, Copenhague)


On évoque souvent les Vikings, armés de haches mais ces armes n’étaient utilisées que par les pauvres, qui s’en servaient aussi pour couper le bois.

Enfin, les Vikings utilisaient également des poignards et des arcs, mais ces derniers surtout pour la chasse.

Outre les raids maritimes éclairs, ces guerriers savaient s’adapter à une guerre plus statique. Les Danois menèrent de longues campagnes en Angleterre et en terre franque.



Casque viking découvert à Vendel, en Suède, daté du VIIe ou VIIIe siècle (Upplandsmuseet, Uppsala)


Ils excellaient au corps à corps. Dans le combat rapproché, ils avaient un gros avantage : la taille.
Grâce à un régime hyper-protéiné, ils mesuraient en moyenne 1,72 m contre 1,65 m pour leurs adversaires.

Ils avaient également pris conscience des aspects psychologiques. Ils se rendaient aussi effrayants que possible. L’une de leurs tactiques consistait à faire des bruits terrifiants, en agitant leur carquois ou en poussant des cris.



Casque dit "de Sigurd" découvert en Suède, dans une barque funéraire (VIIe siècle, Upplandsmuseet, Uppsala)


Un groupe particulier atteignait des stades de folie furieuse. Connus sous le nom de berseks, du nom de la peau d’ours qu’ils portaient parfois, ils appartenaient à une confrérie.
Ils devaient frapper d’horreur leurs adversaires en roulant des yeux, en ayant l’écume à la bouche, en mordant leurs boucliers ou en allant se battre nus.



Rites funéraires des Vikings.

Selon les régions, l’au-delà était appréhendé différemment. Parmi ces croyances, la plus connue est celle de Walhalla, la salle de banquet d’Asgardr où Odin recevait les rois et les guerriers morts.

Les Vikings qui mourraient y étaient emmenés par les Walkyries, « celles qui choisissent les morts, des vierges guerrières.

Ceux qui ne mourraient pas au combat étaient condamnés à une triste existence dans les ombres du royaume de Hel.




Cimetière viking à Lindholm Höje, près d’Älborg, au Danemark


Parallèlement aux mythes, les rites funéraires variaient. Les êtres chers étaient parfois enterrés près de leur habitation.

Les fouilles archéologiques montrent que la plupart des morts étaient enterrés avec des objets, armes ou bijoux.

A Lindholm Höje, au Danemark, on a retrouvé dans les années 50 un cimetière viking qui a été recouvert de sable vers l’an 1000.
Les 700 pierres funéraires étaient soit en forme de bateau, carrées, circulaires ou rectangulaires.
Mais, le motif du drakkar semble s’être répandu vers l’an 800. La plupart des cadavres avaient été incinérés.



Les runes.

Les origines de l’alphabet runique demeure un mystère. D’autres peuples germaniques l’utilisaient plusieurs siècles avant l’ère viking.



Stèle gravée de Ahrus. Tête de taureau et entrelacs de serpents, surmontés d'une inscription en caractère runiques (Xe siècle, Musée archéologique de Moesgard, Danemark)


Chaque lettre est faite de lignes simples donc facile à graver. La plupart des 4 0000 inscriptions retrouvées ont été gravées dans la pierre, l’os ou le métal.
Il s’agit souvent de pierres tombales portant le nom du défunt.



Les runes avaient aussi une signification magique. Selon le mythe, c’est Odin qui apprit en premier l’écriture au terme d’une épreuve épouvantable que l’on peut assimiler à la crucifixion du Christ.



Les historiens actuels donnent le nom de « Futhark » à l’alphabet runique. Comme les hiéroglyphes, chaque signe représentait un son et symbolisait un objet ou une notion abstraite.




Par exemple, la première rune de l’alphabet correspondait à la lettre « f » mais aussi au mot « bétail » ou « richesse ».

Le nombre des runes est limité et certaines lettres ne sont pas représentées et certains sons sont dédoublés. Il n’existe pas par exemple de rune propre au « d », « g » ou « p ». La traduction est d’autant plus difficile.





Source terra nova.

 
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Jehanne - dans Contexte historique
7 janvier 2008 1 07 /01 /janvier /2008 06:13
Le traité de Meaux.




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Le 12 avril 1229, à Meaux, près de Paris, le comte de Toulouse Raimon VII se réconcilie avec le jeune roi de France Louis IX (15 ans).

Leur réconciliation annonce la fin de la croisade des Albigeois par laquelle, vingt ans plus tôt, des armées venues du nord de la Loire ont envahi et saccagé le Midi toulousain.



Vers la réconciliation.
Le roi Louis VIII Le Lion est mort le 8 novembre 1226 au retour d'une ultime campagne dans le Midi toulousain, dans le cadre de la croisade destinée à éradiquer l'hérésie cathare.
Cette campagne ayant entraîné la soumission des seigneurs locaux, il revient à sa veuve Blanche de Castille, mère du nouveau roi Louis IX, futur Saint Louis, d'engager les négociations de paix. Celles-ci sont menées par Thibaud de Champagne, qui est apparenté à elle-même ainsi qu'au comte de Toulouse.
C'est ainsi qu'est signé le traité de Meaux (aussi appelé traité de Paris). Par ce traité, le comte met la plupart de ses terres à la disposition du roi et cède le marquisat de Provence au Saint-Siège (les papes le conserveront sous le nom de Comtat-Venaissin jusqu'à la Révolution française).
Raimon VII promet surtout de donner sa fille unique, Jeanne, en mariage à l'un des frères du roi (peu importe lequel !). Il est conscient que cela signifie la fin de sa dynastie et de l'autonomie de son comté...
Quelques années plus tard, le comte de Toulouse tente une dernière fois de se libérer de l'étreinte capétienne. Il apporte son appui au roi d'Angleterre Henri III, et au comte de la Marche, beau-père du roi anglais, dans leur révolte contre la régente Blanche de Castille. Mais les coalisés sont battus par le jeune roi de France à Taillebourg puis à Saintes.


Le traité de Lorris : la France réunie.
Raimon VII n'a plus d'autre solution que de se soumettre sans réserve au roi de France. Le 30 octobre 1242, à Lorris, près d'Orléans, il signe la paix avec Louis IX, futur Saint Louis. Les deux hommes renouvellent le traité de Meaux (ou Paris).
À Lorris, Raimon VII donne en mariage sa fille Jeanne à Alphonse, frère du roi de France. Le couple n'aura pas d'enfant et à sa disparition, le comté de Toulouse tombera dans l'escarcelle des Capétiens. Le Midi toulousain perdra définitivement son indépendance.
Deux siècles plus tard, c'est le Midi qui sauvera la dynastie capétienne en conservant sa fidélité au «petit roi de Bourges» dépouillé de ses droits au profit de l'Anglais.






Source Hérodote.net

 

 

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Jehanne - dans Contexte historique
27 octobre 2007 6 27 /10 /octobre /2007 19:45
Le traité de Troyes.




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Le 21 mai 1420, un traité est signé à Troyes. Il consacre le triomphe de la dynastie anglaise des Lancastre. La dynastie capétienne est au plus mal...



Querelles civiles

Ayant défait la chevalerie française à Azincourt, le jeune roi anglais Henri V a réoccupé la Normandie. Son armée menace Paris tandis que les seigneurs français s'épuisent dans les querelles entre Armagnacs et Bourguignons.

Le dauphin Charles, qui s'est proclamé régent en raison de la folie de son père, poursuit le combat contre les Anglais à la tête des Armagnacs. Il affiche l'intention de se réconcilier avec son rival, le duc de Bourgogne Jean sans Peur. Mais celui-ci est assassiné sous ses yeux à Montereau, le 10 septembre 1419.

Très affecté, Philippe le Bon, fils et héritier du duc assassiné, n'a plus qu'une envie : se venger. Et pour cela, il ne craint pas de faire alliance avec le vainqueur d'Azincourt, le roi anglais Henri V.

Le 19 janvier 1419, celui-ci, déjà bien établi en basse-Normandie, s'est emparé de Rouen, capitale de la Normandie, au terme d'un siège long et cruel. La route de Paris lui est désormais ouverte.


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Le traité infâme

Henri V et Philippe le Bon retrouvent à Troyes, en Champagne, la famille royale. Les deux alliés dénient tout droit à la couronne de France au dauphin Charles. Ils poussent Charles VI et Isabeau de Bavière à déshériter leur propre fils, Charles. Ils conviennent par ailleurs qu'Henri V épousera leur fille Catherine la Belle. Il sera à ce titre le seul héritier de la couronne capétienne.

Ces prescriptions sont consignées dans le traité de Troyes, dont le texte a été approuvé le 29 avril précédent par les représentants de la bourgeoisie parisienne :

«Comme accord final et paix perpétuelle soient aujourd'hui faits et jurés en cette noble ville de Troyes par nous et par notre très cher fils Henri roi d'Angleterre, héritier du royaume de France pour nous, et lui les royautés de France et d'Angleterre, tant par le moyen du mariage de lui, de notre chère fille et aimée Catherine,...

considéré les horribles et énormes crimes et délits perpétrés au dit royaume de France par Charles [le meurtre de Jean sans Peur], soi-disant dauphin de Viennois, il est accordé que nous, notre dit fils le roi, et aussi notre très cher fils Philippe, duc de Bourgogne, ne traiterons aucunement de paix ni de concorde avec ledit Charles, ni ferons traiter, sinon du consentement et assentiment de tous et de chacun de nous trois et des trois Etats des royaumes susdits.»

Le mariage de Catherine et Henri est célébré le 2 juin suivant en l'église Saint-Jean de Troyes. Et le 1er décembre 1420,Charles VI et son gendre font une entrée solennelle à Paris. La ville, épuisée par la guerre civile, leur fait bon accueil sans plus.

L'Université et les états généraux de langue d'oïl apportent aux deux rois un soutien sans réserve en enregistrant le traité de Troyes. L'empereur d'Allemagne, Sigismond, arbitre aussi en faveur de l'Anglais dans la rivalité dynastique qui partage la France.


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Un roi binational pour la France

Henri V puis Charles VI meurent deux ans plus tard. Le 21 octobre 1422, à la mort du pauvre roi fou (il aura régné pas moins de 42 ans !), le fils d'Henri et Catherine, à peine âgé de dix mois, est comme prévu proclamé roi de France et d'Angleterre sous le nom d'Henri VI.

Le duc de Bedford, frère cadet du roi Henri V, assure la régence en France au nom de son neveu. Son poids politique dans le pays est renforcé par son mariage avec la soeur du duc de Bourgogne.

Par conviction autant que par habileté, le régent se montre soucieux de bonne entente avec ses sujets français... Il est bien différent en cela des Anglais de l'armée d'occupation, volontiers arrogants et vindicatifs, que les Français surnomment avec mépris les «goddons».

Tandis que les nobles, en vertu du serment féodal, restent pour la plupart fidèles à l'ancien dauphin Charles, leur suzerain légitime, les clercs, parlementaires, officiers (hauts fonctionnaires), docteurs de l'Université et bourgeois de Paris se rallient en masse au roi franco-anglais et au régent Bedford. Les partisans de Charles les appelle dans le langage de l'époque : «Français reniés».

La France est désormais divisée entre les possessions anglaises (dont Paris), les possessions bourguignonnes et les provinces restées fidèles à l'héritier légitime, l'ancien dauphin.

Ce dernier, qui s'est auto-proclamé roi sous le nom de Charles VII, ne croit guère en ses chances de survie. Il se remet mal de l'accusation de lèse-majesté et de parricide dans le crime de Montereau ainsi que d'avoir été dépouillé de ses droits par ses parents. Triste, démuni et abandonné, il compte avec parcimonie ses sous et ses soutiens.

Ses possessions se limitent au coeur de la France et lui-même réside à Bourges d'où le surnom méprisant qui lui est donné : «petit roi de Bourges». Il ne dispose que d'un seul accès à la mer avec le port de La Rochelle. Le ralliement du gouverneur du Languedoc va toutefois lui apporter une bouffée d'oxygène salvatrice.

A la guerre dynastique s'ajoutent les exactions des bandes. On tue et on s'étripe un peu partout. Les paysans sont comme souvent les premières victimes de cette insécurité ambiante.


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Sous les coups de boutoir des Anglais et de leurs alliés bourguignons, les possessions du «petit roi de Bourges» se racornissent de mois en mois. Orléans, la dernière ville qui lui est encore fidèle au nord de la Loire, est sur le point de tomber aux mains du duc de Bedford.

On peut penser que la France et l'Angleterre n'auront bientôt plus qu'un seul roi... Mais le destin en décidera autrement par la grâce d'une bergère lorraine, Jeanne d'Arc.



André Larané

 

 

 

 

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Jehanne - dans Contexte historique
23 octobre 2007 2 23 /10 /octobre /2007 22:09
De l'appel de Clermont au départ des croisés.

Les croisades commencent le 27 novembre 1095 lorsque le pape Urbain II invite les guerriers d'Occident à délivrer le Saint-Sépulcre et secourir les chrétiens d'Orient.

Le Saint-Sépulcre (le tombeau du Christ à Jérusalem) avait été détruit en 1009, sur ordre du sultan fatimide d'Égypte El-Hakim, dans un accès de fanatisme. Plus gravement encore, la Palestine avait été occupée en 1071 par les Turcs Seldjoukides, lesquels empêchaient depuis lors les pèlerins d'aller faire leurs dévotions à Jérusalem. De son côté, l'empereur chrétien de Byzance, bien qu'en froid avec le pape, attendait une aide militaire urgente pour résister à la pression turque. C'était pour les chrétiens d'Occident autant de raisons de prendre la route de Jérusalem, selon une tradition déjà bien établie.


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Le pèlerinage

En Europe, la tradition des pèlerinages remonte au lendemain du règne de l'empereur romain Julien l'Apostat (IVe siècle) : les fidèles désirent se rendre sur les lieux où Jésus a vécu et partent à pied sans se soucier du temps qu'ils mettront ni des souffrances qui les attendent. Ils veulent mettre en pratique les paroles du Christ : «Quiconque abandonnera son père, sa mère, son épouse, ses enfants et ses champs à cause de moi, recevra le centuple et possèdera la vie éternelle».

En 638, lorsque les musulmans s'emparent de Jérusalem, les pèlerinages continuent comme si de rien n'était. Il est vrai qu'ils assurent des revenus importants aux Orientaux.

Sous le règne des califes abbassides de Bagdad, des monastères relais se multiplient sur les routes des pèlerins pour apporter aide et secours à ceux-ci.

Vers l'an 880, le pape Jean VIII explique dans une lettre que les guerriers morts en combattant les païens ou les infidèles sont assurés d'accéder à la vie éternelle.

L'aspiration au salut éternel pousse tant les nobles que les paysans sur les routes de la Terre sainte. En 1054, par exemple, on dénombre 3.000 pèlerins de Picardie et de Flandre qui n'hésitent pas à affronter les dangers de la route et les attaques des Bédouins. En 1064, plusieurs centaines de pèlerins allemands, moins chanceux, conduits par l'évêque Gunther de Blamberg, sont massacrés par les Bédouins.

La coexistence pacifique des chrétiens d'Occident et des musulmans d'Orient est en voie de se terminer. Le 19 août 1071, la situation se transforme du tout au tout avec la victoire des Turcs sur les armées byzantines à Malazgerd. L'empereur byzantin Romain Diogène est fait prisonnier. LesTurcs s'emparent de Jérusalem, jusque là sous l'autorité des Arabes fatimides d'Égypte.

En dix ans, tirant parti des dissensions au sein des troupes chrétiennes, les Turcs enlèvent aussi l'Asie mineure aux Byzantins. Constantinople, la capitale de l'empire byzantin, n'est pas loin de tomber entre leurs mains.

En accourant à l'aide des chrétiens orientaux, les croisés d'Occident vont repousser de quatre siècles la chute de Constantinople.



Enthousiasme général.


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L'appel du pape tombe à pic et obtient un écho inespéré.

C'est que la «chrétienté» (ainsi appelle-t-on alors l'Europe occidentale), encore fragile et fruste, beaucoup moins avancée que les empires byzantin ou arabe, garde le souvenir des invasions hongroises et sarrasines du siècle précédent. Mais elle déborde d'énergie et commence à se sentir à l'étroit dans ses terres du bout du monde.

Depuis l'An Mil, cette chrétienté vit une grande époque de renouveau religieux. Les guerriers codifient leurs combats et respectent les trêves de Dieu avec plus ou moins bonne grâce. Bénéficiant d'une meilleure sécurité, les paysans améliorent leurs conditions de vie. La population se met à croître rapidement et beaucoup de jeunes gens peinent à trouver leur place dans leur région de naissance.

Dans les familles, les cadets reçoivent l'appel du pape Urbain II avec un enthousiasme d'autant plus débordant qu'ils entrevoient un champ d'aventures à la mesure de leurs frustrations.

L'idée de combattre les infidèles n'est pas nouvelle. Depuis Charlemagne, trois siècles plus tôt, les guerriers francs sont nombreux à combattre les musulmans au-delà des Pyrénées, aux côtés des chrétiens d'Espagne.


Échec de la croisade populaire

Les paysans partent les premiers, par milliers, sans autres armes que leur foi. Ils suivent un apôtre d'Amiens quelque peu fanatique, Pierre l'Ermite, et un simple chevalier, Gautier-sans-Avoir.


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Ces pèlerins, comme la plupart de leurs contemporains, n'ont guère conscience du temps historique. Ils se figurent le Christ comme à peine antérieur à eux et sont enclins à reconnaître ses meurtriers dans les juifs de rencontre. C'est ainsi que certains égarés, sous la conduite de chefs peu recommandables, se livrent à des massacres de juifs en Rhénanie, malgré la défense des évêques, et commettent des pillages jusqu'en Hongrie. C'est le début de l'antijudaïsme en Occident après plusieurs siècles de coexistence relativement pacifique entre juifs et chrétiens.


La croisade populaire arrive à Constantinople le 1er août 1096.

L'empereur Alexis Comnène recommande à Pierre l'Ermite d'attendre la croisade seigneuriale et installe les pèlerins de l'autre côté du Bosphore, sur la rive asiatique, pour prévenir les débordements. Mais, désobéissant à leurs chefs, les croisés se remettent en route. Leur périple tourne court et ils ne tardent pas à être massacrés ou capturés par les Turcs.

Les guerriers, quant à eux, prennent le temps de se préparer, et attendent le 15 août 1096 pour se mettre en route selon les instructions du pape. Près de trois ans s'écouleront avant qu'ils atteignent leur but, la libération de Jérusalem et du tombeau du Christ. -


André Larané

 

 

 

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Jehanne - dans Contexte historique
23 octobre 2007 2 23 /10 /octobre /2007 21:42
Succès de la première Croisade (1096 - 1099).


Les guerriers francs d'Occident répondent en masse à l'appel du pape Urbain II, au concile de Clermont, en 1095, à faire le voyage de Jérusalem et délivrer le tombeau du Christ.

A la différence des paysans, ils prennent le temps de s'organiser. C'est le 15 août 1096, selon les instructions du pape, qu'ils se mettent en route pour la Terre sainte, sous la direction du légat pontifical Adhémar de Monteil.


Les croisés au secours de Byzance

L'expédition comprend quatre armées.

– Comme le roi Philippe 1er était sous le coup d'une excommunication et ne pouvait participer au voyage, les Français du nord se sont placés sous le commandement de Hugues de Vermandois.

– Les chevaliers des régions du Rhin et de la Meuse, au nombre de 10.000, sont dirigés par le comte Baudouin de Flandre et son frère, le duc de Basse-Lotharingie Godefroi (ou Godefroy) de Bouillon. Ce dernier n'a pas hésité à vendre ou engager une grande partie de ses domaines pour financer son expédition.

– Les Français du midi suivent le comte de Toulouse, Raimon IV de Saint-Gilles.

– D'Italie méridionale part une armée commandée par Bohémond de Tarente. Celui-ci est le fils de Robert Guiscard, l'un des seigneurs normands qui règnent sur la Sicile et l'Italie du sud. Il est accompagné de son neveu Tancrède.


GodefroideBouillon.jpg



C'est Bysance !


Les trois armées de croisés venues de France se rejoignent à Constantinople
. Au total 150.000 personnes, seigneurs, soldats, clercs et serviteurs. Par son faste et sa munificence, la ville suscite l'émoi chez ces frustes guerriers d'Occident. Elle est à cette époque la plus grande cité du monde et sans doute la plus belle et la plus animée.

De cette rencontre entre l'Occident et l'Orient nous reste l'expression triviale : «C'est Byzance !»

Les Byzantins, de leur côté, croient pouvoir employer les Occidentaux à leur service comme de simples mercenaires. Ils ne tarderont pas à déchanter car les croisés n'ont nullement l'intention de se mettre à leurs ordres.

Mais pour l'heure, Godefroi de Bouillon s'agenouille devant l'empereur et invite les autres croisés à faire de même. Il promet à l'empereur de lui restituer tous les territoires qui seront repris aux Turcs et avaient naguère appartenu aux Byzantins.

Les croisés traversent le détroit du Bosphore. En mai 1097, avec leurs puissantes machines de siège, ils s'emparent de Nicée (aujourd'hui Iznik), qu'ils restituent comme promis à l'empereur Alexis 1er.

Le sultan turc Kilij Arslan croyait jusque-là n'avoir affaire qu'à des mercenaires engagés par le «roi des Roms», Alexis Comnène. Il se rend compte que les croisés sont mûs par une ardeur nouvelle qui les rend infiniment dangereux. Il envoie à leur rencontre une nombreuse armée de cavaliers. Mais celle-ci est défaite à Dorylée, au nord-ouest de l'Anatolie, le 1er juillet 1097, grâce à la charge in extremis d'une centaine de chevaliers conduits par Godefroi de Bouillon.

Les croisés, malgré un sol escarpé et un climat torride, franchissent le défilé du Taurus et débouchent dans les plaines de Cilicie. Entre temps, la quatrième armée, venue d'Italie méridionale, a débarqué à Constantinople et rejoint les autres.



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Bohémond de Tarente met le siège devant la ville d'Antioche, au nord de la Syrie. C'est la première cité importante sur le chemin de Jérusalem.

Pendant le siège, si l'on en croit la chronique citée par l'historien René Grousset, il se débarrasse d'une curieuse façon des espions musulmans qui infestent le camp: il ordonne de mettre à la broche des prisonniers turcs et à qui l'interroge, il répond sur un ton naturel qu'il s'agit d'améliorer l'ordinaire de l'état-major avec des espions.

Ces derniers ayant discrètement vérifié la chose ne se le font pas dire deux fois et quittent le camp sans attendre !

Le même Bohémond fait croire aux Byzantins qui l'accompagnent que des Francs de son armée en veulent à leur vie. Sans demander leur reste, les Byzantins s'enfuient. Alors, Bohémond réunit ses hommes et leur déclare que les Byzantins l'ayant abandonné, il se libère de son engagement de vassalité à l'égard de l'empereur byzantin ! Il se proclame prince d'Antioche le 2 juin 1098, lors de la chute de la ville après huit mois de siège et des pertes considérables chez les assiégeants comme chez les assiégés.

Si l'on en croit encore la chronique, c'est un habitant de la ville, un certain Firouz, fabricant de cuirasses de son état, qui aurait ouvert les portes de la ville aux croisés pendant la nuit, pour se venger de sa femme qui l'avait trompé !


Les croisés grisés par le pouvoir

Au terme de ces épreuves, les croisés sont à bout : longues marches sous la chaleur, maladies et manque de nourriture, sièges épuisants, combats frontaux contre les cavaliers turcs,... Un très grand nombre d'entre eux sont morts en chemin et chez les survivants, la lassitude le dispute à la foi.

Après la mort du légat pontifical, le 1er août 1098, beaucoup de seigneurs oublient la promesse faite à l'empereur byzantin et ne résistent plus à la tentation de s'offrir une principauté. Ainsi, à l'imitation de Bohémond de Tarente, qui s'est proclamé prince d'Antioche, Baudouin de Flandre attaque pour son compte la ville d'Édesse, en Mésopotamie du nord, au-delà de l'Euphrate.

Les croisés font ensuite le siège de la ville syrienne de Maaret en-Nomân (ou Maarat al-Numan), sur le chemin de Jérusalem. La ville est prise mais Bohémond et Saint-Gilles s'en disputent la possession.

L'expédition menace de s'enliser dans les querelles intestines. C'est alors que survient un événement inattendu : le 2 janvier 1099, les pèlerins les plus misérables de l'expédition s'insurgent. Pour obliger les grands seigneurs à reprendre leur voyage, ils décident de détruire eux-mêmes Maaret. Chose dite, chose faite. Au bout de quelques jours, il n'en reste plus une pierre debout... Ce qui n'arrange pas la situation des croisés, voués à la faim et au cannibalisme.

Des témoignages concordants attestent de cette pratique, inspirée par la nécessité de la survie et également par la haine de l'ennemi, dont les cadavres sont embrochés et rôtis. Les croisés vont de ce fait et pour longtemps s'attirer une réputation odieuse au sein des populations musulmanes.






La prise de Jérusalem

Enfin, les chefs de l'expédition se ravisent. Raimon de Saint-Gilles surmonte le premier la griserie du pouvoir.

Après quelques mois d'hésitation, il reprend sa marche vers Jérusalem en suivant la corniche libanaise. Il est bientôt rejoint par Godefroi de Bouillon.

Les rivalités entre musulmans vont servir les croisés. Pendant que les troupes turques du calife de Bagdad combattaient les croisés en Syrie, les musulmans fatimides d'Égypte profitaient de la situation pour attaquer la Palestine. C'est ainsi que le 26 août 1098, les Égyptiens avaient enlevé aux Turcs la ville de Jérusalem... avec les encouragements des Francs. Quand, un an plus tard, Raimon de Saint-Gilles et Godefroi de Bouillon arrivent au pied des murailles de Jérusalem, ils ont en face d'eux une ville en état de choc, avec des défenses affaiblies par un premier assaut.

Après un siège de plusieurs semaines, ils arrivent à bout de la garnison égyptienne et pénètrent dans la ville. Enfreignant les ordres de leur chef, les croisés massacrent les habitants qui s'étaient réfugiés dans les mosquées.

Avec la prise de Jérusalem, la croisade a atteint le but fixé par Urbain II, non sans d'immenses souffrances. Sur environ 150.000 croisés, combattants et non-combattants, moins d'un dixième sont arrivés au terme du voyage. Mais ceux-là ne sont pas au bout de leurs difficultés...


André Larané

 

 

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Jehanne - dans Contexte historique
23 octobre 2007 2 23 /10 /octobre /2007 18:31
Les Croisés consolident leur conquête  (1099 - 1144).



Avec la conquête de la Syrie, de la Palestine et surtout de Jérusalem, les croisés ont atteint en 1099 le but que leur avait fixé trois ans plus tôt le pape Urbain II.

Deux ans plus tard est annoncée l'arrivée d'un nouveau convoi de 150.000 pèlerins en armes. Raimon de Saint-Gilles va à leur rencontre à Constantinople pour les guider à travers l'Anatolie. Mais les pèlerins veulent avant tout délivrer Bohémond de Tarente, momentanément prisonnier des Turcs dans une forteresse du Taurus, à l'Est de l'Anatolie. Raimon tente de les dissuader de cette folie. En vain.

L'immense troupe s'enfonce dans des déserts inconnus et se fait massacrer par les Turcs. Avec ce désastre, les croisés perdent l'espoir de peupler de chrétiens d'Occident les terres qu'ils viennent de conquérir. Ils vont devoir survivre en petit nombre, en s'appuyant sur les chrétiens orientaux, Grecs, Arabes ou Arméniens, qu'ils encourageront à s'établir sur leurs terres.

Des croisés repartent chez eux, estimant leur mission accomplie, cependant qu'en Occident, d'autres chevaliers se croisent et vont par petits groupes prêter main-forte à ceux qui sont restés en Orient. Ces flux, par terre ou par mer, ne vont jamais cesser pendant un siècle.


La Palestine à l'heure féodale

Les barons francs se partagent leurs conquêtes. Ils reconstituent sur place le système féodal. Ainsi se constituent les États francs de Palestine et de Syrie : comté d'Édesse et principauté d'Antioche, sous l'autorité d'un suzerain commun, l'«avoué du Saint-Sépulcre», Godefroi de Bouillon. A ce dernier, qui meurt en 1100, succède son frère Baudouin de Boulogne qui prend le titre de roi de Jérusalem sous le nom de Baudouin 1er.

Raimon de Saint-Gilles, déçu de n'avoir pas eu la couronne de Jérusalem, entame le siège de Tripoli, un port prospère situé au nord du Liban actuel. La forteresse de Mont-Pèlerin, qu'il a érigée au-dessus de la ville, domine encore celle-ci. Mais c'est seulement à ses héritiers que reviendra l'honneur d'entrer enfin dans la ville le 12 juillet 1109 et de fonder ainsi un quatrième État franc, le comté de Tripoli.





Au contact des musulmans et des chrétiens orientaux, les croisés restés en Palestine et en Syrie créent une culture originale, mi-latine, mi-orientale.

Leurs descendants, souvent issus de mariages avec des femmes orientales (arméniennes, grecques ou syriaques, voire sarrasines), sont connus sous le surnom de «poulains» (l'équivalent du mot actuel «créoles»). Bons connaisseurs des réalités du pays, ils savent que leurs États, pris en tenaille entre l'Égypte fatimide et la Syrie turque, l'une et l'autre musulmane, ne pourront survivre qu'aussi longtemps que ces États resteront désunis.


Première contre-offensive turque

Dès 1110 prend forme la contre-offensive turque avec le siège d'Édesse par le seigneur turc (ou atâbeg) de la ville voisine de Mossoul. Les croisés, unissant leurs forces, sauvent Édesse mais doivent évacuer quelques postes avancés. La population arménienne de ces villes est massacrée. En représailles, le chef normand Tancrède impose un tribut au roi turc d'Alep et fait ériger une croix au sommet du principal minaret de la ville.

A Bagdad, où siège le calife, chef spirituel de tous les musulmans, la foule, conduite par des bourgeois d'Alep, manifeste violemment sa colère dans la grande mosquée, à l'heure de la prière. Elle exige du calife et du sultan une réplique immédiate. Mais Baudouin 1er, prodigieux guerrier et roi efficace, réunit tous ses vassaux et repousse avec succès une nouvelle offensive de l'atâbeg de Mossoul, Maudoud.

La chevalerie franque, disciplinée, ferme sur ses positions et protégée par ses armures de fer, a encore raison de la cavalerie légère des Turcs et des Arabes. Au terme de cette campagne, le royaume musulman d'Alep fait allégeance aux Francs. Le roi meurt le 2 avril 1118 alors qu'arrive à Jérusalem son cousin Baudouin du Bourg, comte d'Édesse. Les barons font aussitôt de ce dernier le roi Baudouin II.


Moines et chevaliers

Le nouveau roi va consolider la conquête franque. On assiste sous son règne à la naissance d'ordres monastiques originaux, qui rassemblent des chevaliers dévoués à la défense du Saint-Sépulcre et de la Terre sainte. Tout en conservant leur vocation militaire, ces chevaliers font, comme les moines ordinaires, voeu de chasteté et de pauvreté.


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Les plus connus de ces ordres combattants sont les Templiers (Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon) et les Hospitaliers, futurs chevaliers de Rhodes puis de Malte.

L'ordre des Templiers est fondé de toutes pièces en 1118 par le Champenois Hugues de Payens et installé dans le «Temple de Salomon» (l'actuelle mosquée el-Aqsâ, sur l'esplanade du Temple).

Les Hospitaliers tirent leur nom d'un hôpital fondé à Jérusalem vers 1070 et développé par un mystique provençal, Gérard, mort en 1120. Il revient à son successeur, Raymond du Puy, de transformer cette communauté charitable en ordre monastique voué à la défense du Saint-Sépulcre.

Les uns et les autres construisent de puissantes forteresses en pierre qui condensent le savoir-faire militaire de l'Occident et de l'Orient. Appelées kraks, d'après un mot arabe qui signifie forteresse, elles ne seront jamais conquises par des armées ennemies.

Faisant preuve d'un remarquable esprit de discipline et d'une redoutable efficacité militaire, ces ordres monastiques vont se pervertir au bout de quelques décennies du fait de leur succès et de leur colossale richesse, jusqu'à trahir la cause franque comme on le verra lors de la bataille de Hattîn.


Précaire équilibre

Les Turcs mènent en ordre dispersé la guerre contre les principautés franques, elles-mêmes trop souvent divisées.

Le 28 juin 1119, le prince Roger d'Antioche assisté de 700 chevaliers attaque imprudemment quelques dizaines de milliers de Turcs. Le massacre est général et la ville d'Antioche manque d'être conquise par les Turcs, n'était la réaction immédiate du roi de Jérusalem.

Habile politique, Baudouin II veille à attiser les divisions dans le camp turc et n'hésite pas à s'allier avec tel chef musulman contre tel autre. Cette attitude suscite la désapprobation et le mépris des nouveaux arrivants. Ces guerriers fraîchement débarqués d'Europe se montrent avides d'en découdre avec les infidèles. Ils ne comprennent pas la prudence du roi et des poulains. D'où de très nombreuses erreurs stratégiques qui vont mener les États francs à leur perte en l'espace de deux générations.


André Larané

 

 

 

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Jehanne - dans Contexte historique

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