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23 octobre 2007 2 23 /10 /octobre /2007 18:20
Les contre-offensives musulmanes (1146 - 1187).



Peu à peu, la contre-offensive turque s'organise. L'atâbeg ou seigneur de Mossoul, le Turc Zengi, est nommé par le sultan gouverneur d'Alep le18 juin 1129. Avec lui va débuter la reconquête musulmane. Celle-ci est favorisée par la mort inopinée du prince Bohémond II d'Antioche en février 1130.

Alix, veuve de Bohémond d'Antioche et par ailleurs fille du roi Baudouin II, veut déposséder sa propre fille Constance de son héritage. Elle n'hésite pas pour cela à demander l'assistance de... Zengi! Surprenante querelle de famille comme on en verra de nombreuses dans cette Syrie franque livrée aux appétits et aux faiblesses des hommes... et des femmes.

Baudouin II ramène heureusement sa fille à la raison et devient régent d'Antioche pour le compte de Constance. Mais il meurt le 21 août 1131. Sa fille Mélisende lui succède avec son époux Foulque d'Anjou (on le surnomme «Plantagenêt» car il a coutume de porter une branche de genêt piquée dans son chapeau!). Celui-ci, homme déjà mûr, a marié son fils Geoffroy (ou Godefroi) à l'héritière du trône d'Angleterre, ce qui vaudra à son petit-fils de devenir roi d'Angleterre sous le nom d' Henri II.

En attendant, voilà Foulque d'Anjou roi de Jérusalem. Pour contrer les ambitions de Zengi, il reprend la diplomatie habile de Baudouin II visant à opposer les princes musulmans entre eux. C'est ainsi qu'en juin 1137, il se porte au secours du royaume turc de Damas, attaqué par Zengi. Il tente par ailleurs de s'allier à l'empereur byzantin Jean Comnène mais la méfiance entre Francs et Byzantins a raison de cet ambitieux projet qui eût changé l'Histoire de l'Orient.

Le roi Foulque meurt le 10 novembre 1143 d'un accident de chasse et lui succède son fils Baudouin III, âgé de 13 ans, sous la régence de la reine Mélisende. Profitant de la faiblesse du royaume, l'atâbeg de Mossoul entame le 28 novembre 1144 le siège de la ville d'Édesse, poste avancé de la Syrie franque en Mésopotamie du nord, au-delà de l'Euphrate. La ville tombe le 23 décembre. Les Latins sont massacrés mais le vainqueur prend soin de ménager les chrétiens indigènes en prévision des conquêtes à venir.

Mais Zengi est assassiné par ses pages le 14 septembre 1146. Son royaume est partagé entre ses deux fils, Ghâzi qui reçoit Mossoul et Nour el-Dîn Alep. Mais un mois plus tard, coup de théâtre. Les Arméniens d'Alep ouvrent les portes de la ville à leur ancien comte Jocelin II. Celui-ci entre dans la ville avec ses chevaliers cependant que la citadelle reste aux mains des Turcs. Nour el-Dîn lui-même accourt avec ses troupes. Les Francs sont taillés en pièces et les Arméniens massacrés sans pitié ou vendus comme esclaves sur les marchés d'Orient.

Là-dessus, la reine Mélisende rompt avec la sage diplomatie de ses prédécesseurs en marchant contre le roi de Damas pour appuyer la révolte d'un émir local. Mauvais présage.


La deuxième croisade (1147).

La chute d'Édesse suscite l'émoi en Occident. Saint Bernard, abbé de Clairvaux et conseiller des souverains, lance sur la colline de Vézelay, en Bourgogne, le jour de Pâques 1146 (31 mars), un appel vibrant aux chevaliers. C'est le signal de ce que les historiens considèrent comme la deuxième croisade.

Deux souverains et non des moindres se mettent à la tête de l'expédition: le roi de France Louis VII, accompagné de sa jeune épouse Aliénor d'Aquitaine, et l'empereur allemand Conrad III de Hohenstaufen.



LouisVIIConstantinople1147.jpg



Allemands et Français suivent l'itinéraire terrestre des premiers croisés (un demi-siècle plus tôt).

Ils entrent de concert à Constantinople mais ne s'entendent pas avec l'empereur byzantin Manuel Comnène. Et l'on frôle (déjà) la guerre entre chrétiens d'Orient et d'Occident.

En Anatolie, la chevalerie allemande, exténuée, est assaillie par la cavalerie turque et obligée de se replier sur Nicée en ayant perdu le quart de ses effectifs.

Louis VII, qui suit Conrad III de loin, n'éprouve pas moins de difficultés. Arrivé en Anatolie par la route terrestre, il est assailli par les Turcs et, pour leur échapper, se résigne à embarquer pour Antioche. Il y est accueilli chaleureusement par le prince Raymond d'Antioche, oncle de sa propre femme Aliénor d'Aquitaine.

Raymond compte sur le roi pour attaquer l'ennemi turc en son coeur, Alep. Mais Louis VII préfère nuitamment quitter Antioche pour gagner Jérusalem. Officiellement, le roi veut gagner le Saint Sépulcre, objectif de son voyage. Mais on sussurre qu'il est jaloux de Raymond et soupçonne Aliénor d'être (trop) sensible aux charmes et à l'énergie de son oncle.

A Jérusalem, Louis VII et Conrad III cèdent aux sollicitations de la reine Mélisende et décident de mettre le siège devant Damas!Le siège va échouer. Il n'aura d'autre effet que de resserrer les liens entre les frères ennemis de l'islam, la principauté de Damas et celle de Mossoul, pour le plus grand malheur des croisés.

La deuxième croisade débouche sur un fiasco et les souverains s'en retournent au bout de quelques mois sans avoir même tenté de repousser l'atâbeg de Mossoul.



croises.jpg



Devenu majeur, le fils du roi Foulque d'Anjou et de Mélisende monte sur le trône de Jérusalem en 1152 sous le nom de Baudouin III. C'est le premier roi de Jérusalem qui soit né dans le pays, un poulain donc! Il chasse sa mère et prend les choses en main, non sans quelques déconvenues. Il presse sa jeune cousine Constance, veuve du prince d'Antioche Raymond de Poitiers, de se remarier. Celle-ci s'éprend d'un beau chevalier français sans fortune, Renaud de Châtillon.

A la tête de la principauté d'Antioche, cet aventurier sans cervelle va multiplier les coups de main et les actes de brigandage, y compris contre l'île byzantine et chrétienne de Chypre... Et l'on verra comment beaucoup plus tard, après une longue captivité en terre d'islam, il mènera le royaume de Jérusalem à sa perte par son comportement éhonté.

De son côté, Nour el-Dîn ne perd pas de temps. Il s'empare de Damas et y fait son entrée le 25 avril 1154. Coup dur pour les États francs de Palestine qui doivent désormais affronter une Syrie unifiée, placée qui plus est sous la direction d'un homme remarquable, combattant de l'islam qui vit en ascète. C'est pour eux le début d'un inexorable déclin.

Baudouin III combat son ennemi, le nouveau sultan de Damas, avec bravoure et habileté. Mais il meurt prématurément en 1162, sans doute empoisonné par son médecin. Il n'a que 33 ans. Son frère Amaury 1er lui succède sur le trône de Jérusalem.

Au même moment, Nour el-Dîn tourne ses regards vers l'Égypte, affaiblie par des luttes de palais. Le maître de la Syrie veut réunifier les deux grandes parties du monde arabe avant de porter ses coups contre les États francs.

Amaury 1er et le sultan de Damas se disputent les faveurs de l'Égypte. C'est finalement le second qui l'emporte ou plutôt son représentant sur place, un jeune officier kurde appelé à un illustre destin, Saladin.


Saladin devient vizir d'Égypte en 1169 et cinq ans plus tard, en 1174, profite de la mort de Nour el-Dîn pour faire son entrée à Damas. Le nouveau sultan refait l'unité des deux grands morceaux du monde arabe, la Syrie et l'Égypte, et prend ainsi en tenaille la Palestine franque.

Le 11 juillet de la même année, à Jérusalem, le roi Amaury 1er meurt du typhus. Il a 39 ans. Pour les croisés établis en Palestine depuis trois générations, c'est une perte immense. Son fils et successeur, Baudouin IV, est courageux et intelligent. Mais il n'a que 13 ans et l'on découvrira bientôt qu'il est atteint de la lèpre. Il en mourra à 24 ans et c'est son beau-frère, un homme faible et indigne, Guy de Lusignan, qui recueillera la couronne de Jérusalem.

Le 3 juillet 1187, au pied des collines de Hattîn, près du lac de Tibériade, Saladin remporte une victoire écrasante sur les Francs, desservis par l'incompétence du roi de Jérusalem, Guy de Lusignan, la trahison du grand-maître des Templiers, Gérard de Ridefort, et la brutalité de Renaud de Châtillon.

Le 3 octobre suivant, le sultan entre à Jérusalem. Stupeur en Occident. Les Francs de Palestine réclament une troisième croisade.

Après s'être beaucoup attardés en Sicile, le roi de France Philippe Auguste et le roi d'Angleterre Richard 1er débarquent avec leurs armées sur la côte proche-orientale. Mais le coeur n'y est plus et les dissensions sont plus vives que jamais.

La malchance est au rendez-vous: le plus puissant des croisés, l'empereur d'Allemagne Frédéric Barberousse, n'atteint pas le terme de son voyage. Il est emporté par un torrent, le Cydnos, en Anatolie, et son armée, privée de son chef charismatique, se débande sans attendre.

Le roi d'Angleterre remporte quelques succès, à commencer par la prise d'Acre au terme d'un interminable siège. Il y gagne le surnom de Coeur de Lion. Il se signale aussi par un acte de barbarie: le massacre sur la plage de 2.700 prisonniers turcs que le sultan Saladin était pourtant disposé à racheter au prix fort.

Mais le départ précipité de Philippe Auguste laisse Richard seul face à Saladin. Le roi d'Angleterre noue de bonnes relations avec Mélik el-Adil, frère et héritier de Saladin. Il envisage même un moment de lui donner sa soeur Jeanne en mariage pour qu'ensemble, dans la tolérance, ils gouvernent la Terre sainte! Mais ce projet utopique avorte dans l'oeuf. Les menaces qui pèsent sur sa couronne d'Angleterre obligent Richard à conclure une trêve et à se rembarquer pour l'Europe. Peu après, le 4 mars 1193, le sultan Saladin meurt à Damas à l'âge de 55 ans.

Lui succède son frère, Mélik el-Adil, l'ami de Richard Coeur de Lion.

Une paix fragile semble enfin prendre forme. Les Francs restent en possession de quelques ports (on dit aussi échelles ou escales, en raison des échelles par lesquelles on accède des bateaux aux quais), en particulier Tyr, qu'a défendu avec énergie Conrad de Montferrat avant d'être poignardé par des Assassins.

Mais ils renoncent à la Ville sainte au profit des Turcs en conservant seulement un droit d'accès au tombeau du Christ, le Saint-Sépulcre... Ce n'est qu'en 1918 qu'une armée occidentale, sous le commandement du général britannique Allenby, reprendra pied à Jérusalem.


La couronne de Jérusalem est confiée à un seigneur franc, le comte Henri II de Champagne, après que celui-ci eût été marié à Isabelle de Jérusalem, soeur cadette de Sybille et du roi Baudouin IV le Lépreux.

Cette belle jeune femme est déjà veuve d'un quelconque Onfroi de Toron et de Conrad de Montferrat. Mais à peine s'est-elle attachée à son nouveau mari que celui-ci tombe à la renverse d'une fenêtre et meurt.

Les barons francs de Terre sainte la marient illico à Amaury de Lusignan, qui a succédé à son frère Guy à la tête du royaume de Chypre et devient de la sorte, sous le nom d'Amaury II, le nouveau roi de Jérusalem.

Ainsi se transmet par les femmes la malheureuse couronne d'un royaume sans capitale.




 

 

 

 

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Jehanne - dans Contexte historique
23 octobre 2007 2 23 /10 /octobre /2007 18:03
Ultimes Croisades (1189 -  1291)



Suite à la victoire du sultan Saladin à Hattîn et à la chute de Jérusalem, les Francs de Palestine ont fait appel une troisième fois à leurs coreligionnaires d'Occident. Mais la nouvelle expédition n'a pas réussi à reprendre Jérusalem, du fait des dissensions entre les rois Richard Coeur de Lion et Philippe Auguste. Après le retour chez eux des deux souverains, les Francs n'ont plus conservé en Palestine qu'un droit d'accès au tombeau du Christ, le Saint-Sépulcre, et quelques ports sur le littoral du Levant.


– Le scandale de la quatrième croisade (1204)

Un siècle après l'appel du pape Urbain II, la chrétienté occidentale est en pleine transformation (mutation, dirait-on aujourd'hui).

Le commerce et l'urbanisation se développent, le niveau de vie s'améliore, le servage disparaît. Des États modernes émergent. L'art gothique est en plein essor... Les gens n'ont plus autant d'enthousiasme pour aller reconquérir Jérusalem. En Terre sainte même, les ports francs d'Acre, Tyr et Tripoli (au nord de l'actuel Liban) sont devenus de très fructueux lieux d'échanges entre l'Orient et l'Occident. Ils font la fortune des marchands italiens.

Il faut toute l'énergie du pape Innocent III pour mettre sur pied une nouvelle expédition. Celle-ci est confiée à de simples chevaliers. Pour le transport, on fait appel aux navires de Venise. Mais les Vénitiens exigent des chevaliers, en guise de paiement, qu'ils s'emparent pour leur compte de la ville chrétienne de Zara en Dalmatie et rétablissent sur le trône de Byzance un empereur à la solde de Venise.

Le pape a beau protester et excommunier les Vénitiens, rien n'y fait. Au lieu d'aller combattre les infidèles, les croisés s'emparent de Byzance le 12 avril 1204 et mettent à sac la ville. Ils instaurent pour finir un «Empire latin» avec à sa tête l'un des leurs. Ce détournement de la 4e croisade scandalise à bon droit la chrétienté et élargit le fossé qui sépare la chrétienté orthodoxe de rite grec de la chrétienté catholique de rite latin.


– «Croisade des enfants» et 5e croisade (1217)

La suite n'est plus qu'une interminable agonie... malgré les qualités du nouveau roi de Jérusalem. Celui-ci, Jean de Brienne, est un seigneur champenois élu par les barons de Terre sainte sur les conseils du roi de France Philippe Auguste.

Énergique sexagénaire, au demeurant bel homme, il est marié en 1208, pour la bonne cause, à l'héritière du royaume de Jérusalem, la fille d'Isabelle et Conrad de Montferrat, alors âgée de 17 ans.

En 1212, en France et en Allemagne, des enfants ou «pastoureaux» se rassemblent au sein d'une improbable expédition, à l'appel d'un jeune illuminé, et malgré les avertissements du pape et des seigneurs, tentent de se rendre à Jérusalem. Leur sort est tragique. Beaucoup, s'étant livrés de confiance à des armateurs, sont vendus comme esclaves en Égypte. Les autres périssent sur les routes.

Là-dessus, le pape Innocent III lance au concile Latran IV l'idée d'une nouvelle croisade. Celle-ci est mise en oeuvre par son successeur, Honorius III et placée sous le commandement du duc d'Autriche Léopold VI, du roi de Hongrie André II et du roi de Jérusalem. Les deux souverains débarquent à Acre en septembre 1217 mais ils rechignent à unir leurs troupes sous le commandement avisé du roi Jean de Brienne. Après de vaines escarmouches avec les musulmans, André II se lasse et rentre chez lui.

Comme de nouveaux renforts débarquent, Jean de Brienne décide alors d'attaquer... l'Égypte. Son objectif est d'asphyxier le poumon du monde arabe en s'emparant de ses débouchés maritimes, Alexandrie et Damiette, puis de négocier leur rétrocession de Jérusalem. Ce calcul n'est pas loin de réussir. Toujours portés par la supériorité militaire que leur confèrent leur discipline et leurs armures de fer, les croisés débarquent devant Damiette le 29 mai 1218.

Le sultan d'Égypte Mélik el-Kâmil, neveu de Saladin, se montre disposé à céder Jérusalem contre la levée du siège... Mais le mauvais sort s'acharne sur les croisés en la personne du légat pontifical, Pélage. Ce nouveau-venu repousse la transaction. Il prétend obtenir à la fois Damiette et la Ville sainte.

Enlevant le commandement de l'armée à Jean de Brienne, il lance une folle expédition vers Le Caire. L'armée est prisonnière de la crue du Nil et doit se rendre. Le sultan, magnanime, la renvoie dans ses foyers cependant que Jean de Brienne se livre en otage... Pélage n'a d'autre solution que de rentrer à Rome où il se fait copieusement tancer par le pape Honorius III.


– La fausse croisade de Frédéric II (1229)

La tentative suivante de reconquête de Jérusalem n'a rien d'une expédition militaire. Elle est le fait de Frédéric II de Hohenstaufen, titulaire de l'empire d'Allemagne et héritier par sa mère du royaume normand de Sicile.

Cultivé, curieux, ami des lettrés musulmans, ce prince manifeste par ailleurs un grand cynisme et une absence totale de piété. L'historien René Grousset dit de lui: «Si Frédéric II affectait de tant admirer l'islam, c'était un peu à la façon de Montesquieu et de Voltaire, moins pour l'islam lui-même que contre l'Église romaine».

A l'occasion de son sacre, en 1220, l'empereur allemand fait au pape Honorius III, en 1220, le voeu de se croiser... Bientôt veuf, il se propose d'épouser la fille du roi de Jérusalem Jean de Brienne, Isabelle. Celle-ci a 11 ans et lui-même 28.

Jean de Brienne, ébloui, envoie sa fille en Sicile. Elle y mourra bientôt de chagrin cependant que son père, victime d'un marché de dupes, devra dès le soir des noces, céder ses droits sur la couronne de Jérusalem à son cynique gendre.







En 1227, lassé d'attendre la croisade promise par Frédéric II, le nouveau pape Grégoire IX excommunie l'empereur.

Encore sous le coup de l'excommunication, Frédéric II se résigne à prendre le chemin de l'Orient. Il traite avec le sultan Mélik el-Kâmil et achète le droit d'entrer dans la Ville sainte et de s'y faire couronner roi de Jérusalem. En échange, il convient de mettre ses troupes au service du sultan d'Égypte dans la guerre que celui a engagée contre... son frère, le sultan de Damas. Mais le temps que l'empereur arrive en Terre sainte, le sultan de Damas est mort et avec lui la guerre fratricide.

De mauvais gré, le sultan d'Égypte livre à Frédéric Jérusalem, Bethléem, Nazareth et Sidon par l'accord de Jaffa du 11 février 1229. Détesté par les Francs de Palestine et leur chef, le seigneur de Beyrouth Jean d'Ibelin, méprisé par les musulmans qui ne goûtent pas son athéisme et son cynisme, Frédéric II reprend sans attendre le chemin de la Sicile. Dès le 23 août 1244, des bandes de Turcs Khwarizmiens allaient définitivement enlever Jérusalem aux Francs.


– La septième croisade (1249-1254)

Le roi de France Louis IX (futur Saint Louis) se montre très affecté par la perte de Jérusalem. Il entreprend de son propre chef une nouvelle croisade. S'embarquant avec son armée à Aigues-Mortes, en Provence, il atteint le delta du Nil et s'empare de Damiette. Le 8 février 1250, il bat à La Mansourah, plus au sud, l'armée du sultan, composée de mercenaires appelés mamelouks.

Mais son avant-garde s'aventure imprudemment sur la route du Caire en dépit de ses ordres. Bientôt, toute l'armée est bloquée sur place par la crue du Nil et menacée par la famine et l'épidémie. Elle tente de battre en retraite. Le roi de France est fait prisonnier en protégeant son arrière-garde. Le vainqueur est un mamelouk turc promis à un grand destin, Baïbars l'Arbalétrier. Sa dynastie, se substituant à celle de Saladin, règnera sur l'Égypte jusqu'à l'arrivée de... Bonaparte.

Hôte forcé des Égyptiens, Saint Louis impressionne ses geôliers par sa piété et sa grandeur d'âme. Libéré contre une rançon et la restitution de Damiette, il rentre en France après un séjour de quatre années dans les échelles franques du Levant dont il restaure l'administration et les défenses.


– Huitième et dernière croisade (1270)

Saint Louis est encore à l'origine de la huitième et dernière expédition. Comme précédemment, il s'embarque avec son armée à Aigues-Mortes mais se dirige vers... Tunis. Son objectif est de convertir le sultan hafside El-Moutansir et de le dresser contre le sultan mamelouk d'Égypte Baïbars, celui-là même qui l'a capturé lors de la précédente croisade.

Mais les barons francs sont las et à peine débarquée à Carthage le 17 juillet 1270, l'armée est frappée par une épidémie de typhus. Le roi lui-même est atteint et meurt pieusement sous les murs de Tunis, emportant avec lui l'idéal religieux de la croisade.

Les ultimes vestiges de la présence franque en Palestine disparaissent en 1291 avec la chute de Saint-Jean-d'Acre aux mains des mamelouks.


André Larané

 

 

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Jehanne - dans Contexte historique
23 octobre 2007 2 23 /10 /octobre /2007 17:21
La grande Jacquerie.



Jacquerie.jpg


Le 21 mai 1358, une centaine de paysans du Beauvaisis s'en prennent aux maisons de gentilshommes et aux châteaux de la région, tuant les habitants et brûlant les demeures. Leur révolte s'étend très vite à la paysannerie du bassin parisien. C'est le début de la plus grande des
«jacqueries» qui ont ensanglanté les campagnes françaises au Moyen Âge.



Les Jacqueries.


Les
jacqueries sont des révoltes paysannes ainsi nommées d'après l'appellation de Jacques    ou Jacques Bonhomme donnée aux paysans.Leurs participants ne sont pas de pauvres hères. Au contraire, ils figurent parmi les paysans aisés de l'une des régions les plus riches d'Europe et leurs révoltes sont motivées par la rage d'être spoliés par les seigneurs et les bourgeois.



Indigne noblesse.


La noblesse française a été laminée par les Anglais à la bataille de Poitiers et le roi Jean II le Bon a été fait prisonnier et emmené à Londres.

Les paysans ne supportent pas que les nobles, défaits au combat et ayant souvent fui de façon très lâche devant les Anglais, fassent maintenant pression sur eux pour leur extorquer de nouvelles taxes. Ils le supportent d'autant moins que, depuis l'épidémie de Grande Peste qui a ravagé l'Occident dix ans plus tôt et tué une grande partie de la population, les seigneurs et les grands propriétaires sont partout en quête de main-d'oeuvre pour remettre en culture les terres abandonnées.

Qui plus est, des bandes de soldats désoeuvrés courent la campagne et ravagent les villages, pillant, violant et tuant à qui mieux mieux. De cette époque date le changement de sens du mot «brigand», qui à l'origine désignait un soldat et finit par ne plus désigner qu'un bandit.

Les villageois résistent avec leurs pauvres moyens. Et l'on raconte à l'envi l'histoire du Grand Ferré, un robuste géant des environs de Compiègne qui, choqué par la mort de son seigneur lors d'une attaque de brigands, s'en prit à ces derniers et en tua, dit-on, des dizaines avant d'aller se désaltérer d'une grande rasade d'eau glacée. Mal lui en prit. Saisi de fièvre, il trouva encore la force d'abattre quelques brigands avant de succomber au mal.






Malentendu.

Dans le même temps, les bourgeois de Paris conduits par le prévôt des marchands, Étienne Marcel, chassent Charles, le fils du roi Jean le Bon.

Le dauphin (ainsi appelle-t-on l'héritier de la couronne) rassemble ses fidèles en vue de reprendre sa capitale. Le 14 mai 1358, il prend l'ordonnance dite du Vermandois en vue de renforcer les forteresses qui bordent l'Oise, la Seine et la Marne. Son objectif est d'affamer Paris en bloquant le ravitaillement qui lui arrive par les trois cours d'eau.

Il semblerait que des agents d'Étienne Marcel aient fait croire aux paysans des environs que ces dispositions militaires visaient à leur soumission. C'est dans ces conditions que survient la Grande Jacquerie du Beauvaisis. Sous l'impulsion d'un certain Guillaume Calle ou Carle (ou Karle), un ancien soldat originaire du village de Mello, près de Senlis, elle rassemble en quelques semaines 6.000 paysans... et trouve auprès d'Étienne Marcel un soutien intéressé.

Respectueux de la monarchie, les paysans veulent exercer le droit qui leur est reconnu de résister aux exactions des hommes d'armes, nobles ou brigands. Mais cette fois, le droit de résistance dégénère en exactions de la pire espèce. Et les habitants des bourgs se joignent aux paysans dans les pillages.



Impitoyable répression.


À Meaux, les Jacques repoussent les soldats et quelques dames de la noblesse, dont la duchesse de Normandie, épouse du régent et dauphin Charles, dans la forteresse qui domine la ville. Les assiégés s'attendent au pire quand ils voient arriver à leur secours le comte de Foix Gaston Phoebus, ainsi surnommé en raison de sa prestance et de sa beauté, ainsi que Jean de Grailly, captal (capitaine) de Buch. L'un et l'autre reviennent d'une croisade contre les païens de Prusse.

Le samedi 9 juin 1358, paysans et bourgeois de Meaux se ruent vers la forteresse de la ville où les attendent de pied ferme les soldats. Un corps à corps se livre sur le pont de la Marne. Les attaquants reculent. Victorieux, les nobles se vengent sans ménagement. Ils pendent le maire et mettent à sac la ville. Celle-ci va brûler pendant deux semaines.

Tandis qu'à Meaux les Jacques se font tailler en pièces, Guillaume Carle fait le siège de la forteresse d'Ermenonville, au nord-est de Paris, avec le concours de quelques milices parisiennes envoyées par Étienne Marcel.

Le capitaine général des Jacques lève le siège en apprenant que le roi de Navarre Charles le Mauvais, assisté de 400 lances, a pris la tête de la répression dans le Beauvaisis. Il se rend à sa rencontre dans les environs de Clermont-en-Beauvaisis. Le roi de Navarre fait mine de vouloir négocier un armistice. Quand Guillaume Carle se rend à sa rencontre pour en discuter, il est aussitôt capturé. Le lendemain, le 10 juin 1358, les paysans privés de leur chef sont écrasés à Mello. C'est la fin. Plusieurs milliers sont massacrés un peu partout et les villages incendiés en guise de punition. Les chefs sont impitoyablement torturés et exécutés. À Clermont-en-Beauvaisis, Guillaume Carle est décapité après avoir été couronné d'un trépied de fer chauffé à blanc !

Ce drame relaté par le chroniqueur Jean Froissart ne met pas pour autant un terme aux révoltes paysannes. D'autres surviennent tout au long des décennies suivantes, notamment en Angleterre, en 1381, sous la conduite de Wat Tyler, et en Hongrie.

Le cinéaste John Huston a réalisé un film intéressant, quoique oublié, autour de la Grande Jacquerie : Promenade avec l'amour et la mort, avec Angelica Huston et Assaf Dayan (le fils de Moshe) dans les rôles principaux.




Source Hérodote.net

 

 

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Jehanne - dans Contexte historique
12 octobre 2007 5 12 /10 /octobre /2007 19:38
Urbain II prêche la Croisade.



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Le 27 novembre 1095, le pape Urbain II, profite d'un concile à Clermont pour lancer un appel à repousser les infidèles, en particulier les Turcs qui menacent les chrétiens d'Orient et multiplient les obstacles aux pèlerinages des Occidentaux en Terre Sainte, sur le tombeau du Christ...

Cet appel est l'amorce de ce que l'on appellera beaucoup plus tard la première croisade.



Un appel à moins de violence.

De son vrai nom Odon de Lagery, le pape Urbain II, né en Champagne 53 ans plus tôt, a été à Reims l'élève de Saint Bruno avant de devenir moine à Cluny.

Il succède en 1088 à Victor III sur le trône de Saint-Pierre. Il s'inscrit dans la lignée des grands papes réformateurs d'après l'An Mil comme Grégoire VII.

Il veut en particulier moraliser la chevalerie, éradiquer la violence et mettre fin aux guerres privées entre seigneurs féodaux, brutales, incessantes et cruelles.

Au concile de Clermont (aujourd'hui Clermont-Ferrand, en Auvergne), le pape tente d'abord de régler les problèmes matrimoniaux du roi capétien Philippe 1er.

Cela fait, il prononce un sermon retentissant à l'adresse des 310 évêques et abbés français. Il rappelle les menaces très graves qui pèsent sur les chrétiens byzantins, du fait de la défaite de leur empereur face aux Turcs à Malazgerd (1071). Il invite les guerriers d'Occident à prendre la croix et à mettre leur énergie au service de la foi.

Il s'inquiète aussi des violences faites aux pèlerins depuis que le Saint-Sépulcre (le tombeau du Christ à Jérusalem) a été détruit sur ordre du sultan fatimide d'Égypte El-Hakim, dans un accès de fanatisme (c'était en 1009).

Il encourage en conséquence les «Francs» de toutes conditions à secourir leurs frères chrétiens. Et il accorde l'indulgence plénière, c'est-à-dire la rémission de tous leurs péchés, à tous ceux qui perdraient la vie au cours de leur combat contre les infidèles.

Après cela, il prononce un sermon à l'adresse des 310 évêques et abbés français dans lequel il invite les guerriers d'Occident à prendre la croix et à mettre leur énergie au service de la foi.

Il accorde l'indulgence plénière, c'est-à-dire la rémission de tous leurs péchés, à tous ceux qui perdraient la vie au cours de leur combat contre les infidèles (il s'agit essentiellement des Turcs).






L'appel de Clermont est dans le droit fil des «trêves de Dieu» par lesquelles le clergé, tout au long du Xe siècle, appelle les chevaliers à interrompre leurs combats et à respecter les non-combattants (femmes, enfants, ecclésiastiques, marchands,...).

Un enthousiasme immédiat.

Après le concile, le pape Urbain II développe ses objectifs dans plusieurs lettres aux clergés des différentes régions d'Europe.

Les ecclésiastiques, tel le prédicateur Pierre l'Ermite, répercutent son message auprès des fidèles qui lui réservent un accueil enthousiaste. Paysans et chevaliers se font coudre une croix sur leurs vêtements et se préparent à partir au cri de «Dieu le veut !»... Les uns et les autres s'apprêtent au «voyage», chacun de leur côté.




Source Hérodote.net

 


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Jehanne - dans Contexte historique
4 septembre 2007 2 04 /09 /septembre /2007 11:32
1337 à 1380
La guerre de Cent Ans (début)


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Le 1er février 1328, le roi de France Charles IV le Bel, troisième et dernier fils de Philippe le Bel, meurt sans postérité mâle comme ses frères aînés mais laisse une femme enceinte. Le jour même, les Grands du royaume attribuent la régence au comte Philippe de Valois, dont le père, Charles, était le frère cadet de Philippe le Bel.

Lorsqu'arrive le jour de l'accouchement, c'est une fille qui naît. La coutume excluant les femmes de la succession au trône, Philippe de Valois est désigné roi sous le nom de Philippe VI, au détriment d'autres prétendants dont le roi d'Angleterre Édouard III.

Dix ans plus tard, à la faveur d'une obscure querelle, le roi Édouard III revendique le trône de France. Il va s'ensuivre un conflit à multiples rebondissements entre les rois de France et d'Angleterre, entrecoupé de longues trêves...

Beaucoup plus tard, au XIXe siècle, les historiens français conviendront de désigner cette longue période sous le nom de guerre de Cent Ans.



De désastre en désastre

EtienneMarcelassassinatBNF.jpgLe roi d'Angleterre a d'abord l'avantage sur son cousin et rival, Philippe VI. La flotte française est détruite dans le port flamand de l'Écluse, en aval de Bruges, le 24 juin 1340.

Le 26 août 1346 survient à Crécy, près de la Somme, le premier affrontement terrestre. Il se solde par une première victoire de l'infanterie anglaise sur la chevalerie française. Les Anglais s'emparent de Calais. Fort de ses premiers succès, le roi Édouard III consent à signer une trêve d'un an avec Philippe VI de Valois. Celle-ci est prolongée de quelques années du fait de la peste.

Le terrible virus de la peste s'est installé en Europe à la faveur de l'accostage d'une nef en provenance d'Asie dans les ports de Marseille et de Gênes en 1347. Il va frapper en quelques mois la plupart des régions d'Europe et tuer jusqu'à 40% de la population de certaines d'entre elles. Moins de dix ans plus tard, profitant d'un conflit entre le nouveau roi de France Jean II le Bon et son gendre, le roi de Navarre, Édouard III rompt pour de bon la trêve.

Parti de Bordeaux, le fils du roi anglais, surnommé le Prince noir, lance une grande chevauchée vers la Loire, en vue de piller quelque peu les paysans et les bourgeois. Le roi Jean II le Bon se porte à sa rencontre avec son armée de chevaliers. Bien que plus nombreuse, celle-ci est écrasée à Poitiers et le roi de France est même capturé.



La France dépecée

100.JPGLe désastre de Poitiers survient peu après celui de Crécy et plonge le royaume capétien dans l'une des plus graves crises de son histoire. Les paysans, oppressés de taxes, se retournent contre les seigneurs, qui se sont montrés indignes à la bataille, tandis que les bourgeois de Paris et des villes du nord envisagent de soumettre la monarchie à leurs volontés.

Les états généraux de langue d'oïl (autrement dit les représentants des Français du nord) se réunissent sans attendre et décident de libérer Charles II le Mauvais, roi de Navarre, cousin et beau-frère du roi captif, que ce dernier avait incarcéré pour le punir de ses manigances. Les bourgeois attendent du Navarrais qu'il les protège dans la défaite.

Charles le Mauvais veut mettre à profit la captivité du roi pour prendre sa revanche sur la décision de 1328 qui avait écarté sa lignée de la couronne au profit des Valois.

Il négocie avec les Anglais la cession à son profit de quelques provinces comme la Normandie. Il met fin par ailleurs à la Jacquerie paysanne et entre dans une alliance contre nature avec le prévôt des marchands de Paris, Étienne Marcel.

Mais le 31 juillet 1358, un échevin fidèle à la royauté fait assassiner le prévôt devant la porte Saint-Denis alors qu'il s'apprêtait à livrer les clés de la ville à Charles le Mauvais.



Vers le redressement

L'héritier de la couronne, le dauphin Charles, qui a surpris tout le monde par sa force de caractère, peut rentrer en triomphe dans sa capitale le 2 août 1358 (quelques années plus tard, devenu roi sous le nom de Charles V le Sage, il n'aura rien de plus pressé que de faire édifier la Bastille afin de tenir en respect les turbulents Parisiens). De tous ces malheurs qui auraient pu entraîner révolution et séditions, la monarchie et l'État vont paradoxalement sortir renforcés.

Le régent convoque à nouveau les états généraux et ceux-ci dénoncent les accords signés par Jean II avec Édouard III, qui abandonnent à l'Angleterre toutes les anciennes possessions des Plantagenêt, de la Normandie à l'Aquitaine (ou Guyenne) en passant par le Limousin, le Quercy, l'Anjou,...

Édouard III débarque à Calais et tente en vain d'entrer à Reims pour s'y faire sacrer roi de France. Sur le chemin du retour, craignant que sa chevauchée ne s'achève sur un désastre, il signe enfin des préliminaires de paix à Brétigny, près de Chartres, le 8 mai 1360. Le traité sera ratifié à Calais le 24 octobre 1360.

Il se solde par des amputations importantes du territoire national au profit du roi anglais, à savoir l'Aquitaine et, au nord, Calais, le Ponthieu et le comté de Guînes. Le domaine capétien est ramené à ce qu'il était au début du règne de Philippe Auguste, 150 ans auparavant.

Le roi de France promet de renoncer à la souveraineté sur l'Aquitaine et le roi d'Angleterre à la couronne de France dès que les termes du traité auront été exécutés. Là-dessus, il quitte sa prison (pour quelques mois seulement et saisit l'occasion pour créer une nouvelle monnaie, le franc).



Vers le redressement

Le Dauphin (ainsi appelle-t-on désormais l'héritier du trône), futur Charles V le Sage, régent du royaume de France en l'absence de son imbécile de père, doit lutter contre les Anglais mais aussi contre son beau-frère, le roi de Navarre, et contre ses frères qui ont bénéficié de vastes apanages de la part de leur père et désirent s'émanciper de la couronne tout en abaissant celle-ci.

Le duc de Bourgogne Philippe le Hardi et ses héritiers, Jean sans Peur, Philippe le Bon et Charles le Téméraire, constituent la plus grave menace pour la monarchie des Valois.

Après la mort de Jean II, en 1364, il faut toute l'habileté de Charles V le Sage et la hardiesse de Bertrand Du Guesclin, son futur connétable, pour peu à peu restaurer le royaume dans son intégrité. En 1380, la disparition successive de Du Guesclin et Charles V laissent la France dans un état relativement serein et le conflit entre les monarchies anglaise et française pourrait s'arrêter là.


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André Larané
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Jehanne - dans Contexte historique
4 septembre 2007 2 04 /09 /septembre /2007 10:47
1380 à 1453
La guerre de Cent Ans (suite et fin)


bertrand.jpg

En 1380, le nouveau roi de France, Charles VI, n'a que 12 ans et il doit laisser le gouvernement à un Conseil de régence animé par ses puissants oncles. Les finances du royaume sont alors pressurées.

Une longue embellie

Le jeune roi est surnommé le Bien-Aimé par le peuple et son règne s'annonce sous de bons auspices. Il est vrai que les conditions économiques et sociales sont très favorables...

Du fait du dépeuplement consécutif à la Grande Peste de 1347, les campagnes manquent de main-d'oeuvre et les seigneurs s'efforcent par tous les moyens de retenir leurs paysans. Ils leur concèdent des allègements de charges ainsi que la pleine propriété des terres qu'ils cultivent. Le servage disparaît presque partout en France comme dans le reste de l'Europe. De la même façon, les seigneurs multiplient les franchises communales pour encourager l'activité artisanale et le commerce sur leurs terres.

Mais cette expansion suscite aussi des tensions sociales. Les paysans et les bourgeois en voie d'enrichissement supportent de moins en moins les exactions seigneuriales. Bientôt surviennent les plus graves révoltes sociales qu'ait jamais connues la France, des Jacqueries paysannes aux soulèvement des Maillotins et des Cabochiens parisiens. Les autres régions d'Europe occidentale, de l'Angleterre à la Bohême, donnent lieu à de semblables tensions.

Désastre et miracle

bataille-ecluse.jpgA sa majorité, le roi Charles VI chasse ses oncles et rappelle les anciens conseillers de son père, les «marmousets». Mais, bientôt frappé de folie, il doit abandonner le pouvoir à un Conseil présidé par sa femme, Isabeau de Bavière, et constitué de ses oncles et de son frère Louis d'Orléans.

Celui-ci est assassiné à l'instigation de son oncle, le duc de Bourgogne Jean sans Peur, qui s'allie à la bourgeoisie parisienne. La monarchie rétablit son autorité avec le concours du comte d'Armagnac, beau-père de Louis d'Orléans.

Le roi d'Angleterre profite de cette guerre civile, communément appelée «querelle des Armagnacs et des Bourguignons», pour reprendre pied sur le continent. En 1415, la bataille d'Azincourt, suivie en 1422 du traité de Troyes, permet de réunir les couronnes de France et d'Angleterre sur la tête de l'héritier anglais.

Le Dauphin Charles, fils et héritier du malheureux roi Charles VI le Fou, est dépossédé de ses droits par sa propre mère mais il tente de résister à partir de sa résidence de Bourges.

Le 21 octobre 1422, le malheureux Charles VI s'éteint dans l'indifférence. Selon les termes du traité de Troyes, le jeune roi d'Angleterre Henri VI, encore au berceau, lui succède sur le trône, la régence étant assurée par son oncle, le duc de Bedford. Mais selon la tradition capétienne, c'est à son fils le Dauphin, devenu Charles VII, que revient normalement la couronne.

L'historien Emmanuel Bourassin compare la longue période qui s'ouvre à l'occupation de la France par les Allemands (1940-1944), avec le conflit civil entre collaborateurs (qualifiés de«Français reniés»), autour du duc de Bourgogne, et résistants, autour du Dauphin (*).

Notons que les «Français reniés» se recrutent surtout dans le clergé et la bourgeoisie. La noblesse reste pour l'essentiel fidèle à Charles VII, en vertu du vieux lien féodal. Cantonné entre Bourges et Orléans, l'héritier reçoit en particulier le soutien du gouverneur du Languedoc qui, après quelques hésitations, rallie le Midi à son camp.

Mais cela est loin de suffire et le «petit roi de Bourges» n'est pas loin de renoncer à ses droits quand survient Jeanne d'Arc. Orléans est délivrée et le Dauphin couronné roi à Reims selon le rituel des Capétiens. La chance sourit de nouveau aux Valois.

Après l'exécution de Jeanne d'Arc, le roi Charles VII poursuit la contre-offensive contre les Anglais. Pour commencer, il se réconcilie à Arras avec le duc de Bourgogne, Philippe le Bon. Il n'hésite pas à lui céder les comtés d'Auxerre et de Mâcon et les villes de la Somme. En contrepartie, le Bourguignon renonce à son alliance avec les Anglais. C'est l'épilogue de la fameuse querelle dite des Armagnacs et des Bourguignons.

Après le traité d'Arras, le roi retrouve sa capitale. Son capitaine Richemont reprend Paris en 1436 et l'ancien «petit roi de Bourges» y fait une entrée triomphale le 12 novembre 1437. Le roi anglais, qui prétend toujours régner sur la France, se résigne à signer une trêve à Tours le 28 mai 1444.

Tranquille pour quelques années, Charles VII peut mettre les affaires du royaume en ordre.

Il est bien servi par le «Grand Argentier» Jacques Coeur, qui restaure ses finances, et par les frères Jean et Gaspard Bureau, qui réorganisent son armée et constituent pour la première fois une artillerie puissante et relativement efficace.

En 1450, près de vingt ans après la mort de Jeanne d'Arc, Charles VII remporte la victoire de Formigny sur les Anglais. L'ost royal commandé par le comte de Penthièvre descend la vallée de la Dordogne. Bergerac est conquise le 10 octobre 1450.

Bordeaux se rend enfin aux Français par le traité du 12 juin 1451. Les Anglais sont alors chassés de tout le continent à l'exception de Calais. La Guerre de Cent Ans pourrait s'arrêter là.

Mais à Bordeaux et dans l'Aquitaine, les sujets de Charles VII regrettent très vite les Anglais qui ménageaient leurs droits communaux et leur autonomie. Ils rappellent les Anglais mais leur corps expéditionnaire est bientôt battu à Castillon, sur les bords de la Dordogne, le 17 juillet 1453.

Une Europe nouvelle

100ans03.jpgSurvenant quelques semaines après la chute de Constantinople aux mains des Turcs, la bataille de Castillon passe presque inaperçue des contemporains. Elle n'en marque pas moins l'Histoire militaire par le triomphe de l'artillerie. Les Anglais sont obligés de rembarquer. Empêtrés dans un conflit dynastique, la guerre des Deux-Roses, ils renonçent à jamais à l'Aquitaine et aux possessions continentales de l'ancienne dynastie des Plantagenêt.

La France et l'Occident sortent bouleversés de la guerre de Cent Ans. Une nouvelle classe d'artisans, de marchands et de paysans libres prend son essor tandis que s'éteint la vieille chevalerie de tradition féodale. La Renaissance, en germe en Italie depuis déjà un à deux siècles, atteint la France et le coeur de l'Europe.



André Larané
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Jehanne - dans Contexte historique
29 août 2007 3 29 /08 /août /2007 00:59

L'approvisionnement en eau de la maison est une tâche importante : une servante en transporte dans un seau de bois posé sur sa tête ; une autre femme prépare le bain d'un nouveau-né dans une cuvette posée sur le banc coffre placé le long du lit : elle teste de la main la température de l'eau, qu'elle rectifiera en y versant le contenu d'un pichet.  

 

La cuisine
De la hotte de la cheminée pend une crémaillère à anneaux, permettant de suspendre un chaudron plus ou moins près des flammes selon le mode de cuisson désiré.
Des chenets retiennent les bûches.
Ici l'objet accroché à la crémaillère est un « calent », lampe à huile en métal que sa tige recourbée en crochet permet d'agripper en divers endroits.

 

Les repas
La table est recouverte d'une nappe blanche à laquelle le tissage de la toile a donné un aspect gaufré.
Au centre de la table, dans une grande coupe sur pied se trouve le plat principal, un agneau rôti.  
Les aliments ne sont pas posés sur des assiettes mais sur des « tailloirs », larges tranches de miches de pain, qui absorbent le jus.
D'autres petits pains, façonnés en boules détachables les unes des autres, sont à la disposition des convives. Ceux-ci partagent quelques verres et quelques couteaux, mais mangent avec leurs doigts ; la cuiller est réservée au service du plat central, la fourchette n'existe pas à cette époque.
Deux petites boîtes, contenant sel et épices, et une carafe, complètent le dressage de cette table.
Les carafes, pour l'eau et pour le vin, et différentes sortes de cruches et de pichets sont utilisés dans chaque maison.

 

Les outils de métier
Le berger surpris en pleine activité par l'apparition de l'ange de la Nativité, est en train de fabriquer des aliments à partir du lait de ses brebis et de ses chèvres.
Derrière lui un seau à traire en bois est posé sur le sol,
devant lui un chaudron.
La louche et l'écuelle qu'il tient sur ses genoux lui servent dans quelque étape de la fabrication du fromage.
Dans la partie gauche de cette scène de Fuite en Égypte, le paysan interpellé par les soldats porte un panier d'osier tressé ; il guide ses bœufs couplés par un joug.
Dans son exil, saint Joseph a emporté les outils qui lui permettent d'exercer son métier de charpentier : hache passée dans sa ceinture, grande scie de long tenue sur son épaule.
Le barillet contenant une petite provision d'eau potable, est utilisé par tous ceux qui voyagent ou travaillent loin de leur maison.
L'âne est la monture la plus utilisée dans les régions alpines ; licol et bât le harnachent. 
Le transport des produits de la terre ou de l'artisanat se fait également grâce à des charrettes.
Celle qui est représentée ici appartient à une scène de miracle, c'est pourquoi elle est utilisée comme charrette funéraire, et elle est tirée par un ours.
Dans la vie ordinaire on ne rencontrait pas de tel attelage, mais plutôt des paires de bœufs. 

 

Les sons
A la campagne comme en ville, illettrés ou doctes, les gens du Moyen Âge ont une grande familiarité avec le domaine des sons, émis ou reçus.
Les claquettes en bois signalent l'approche d'un lépreux, et sont également utilisées dans certaines cérémonies religieuses de la Semaine Sainte. 
La parole est le principal instrument de la pastorale, et s'exerce dans les églises mais aussi sur les places publiques : une chaire provisoire peut alors être installée pour le prédicateur. 
La musique est présente jusqu'aux champs : l'un des bergers de l'Annonce de la Nativité porte sous son bras une cornemuse. 

 

Costumes
Le vêtement possède au Moyen Âge une signification sociale : selon le rang et les fonctions occupés, on ne s'habillera pas de la même façon.
Ainsi la plupart des hommes ont adopté au XVe siècle le port d'un vêtement de dessus très court, tel le donateur du décor de la chapelle Saint Sébastien ; mais certains, par décence, continuent de porter des robes et manteaux longs : les prêtres, les notables, les doctes. 
Parmi ceux-ci, médecins et juristes partagent le privilège de porter le même costume rouge doublé de fourrure blanche.
En revanche, l'aumônière que le docteur représenté ici porte à la ceinture ne constitue pas un accessoire spécifique : nombreux sont les hommes à accrocher à leur ceinture une bourse ou une sacoche.

 

Les accessoires
Les vêtements proprement dits sont complétés par de nombreux accessoires du costume.
La ceinture, le plus souvent une simple lanière de cuir, est parfois cloutée comme sur cet exemple.  
Celle des femmes peut être orfévrée et constituer un véritable bijou, estimé comme tel dans les inventaires de dot ou de succession. 
Mais rares sont les femmes à porter des parures de cou telles que la chaîne à larges maillons plats, retenant un médaillon ouvragé, arborée ici par la femme de Pilate sur ses riches vêtements.
Accessoire indispensable du costume, les aiguillettes sont des lacets accrochant l'un à l'autre deux vêtements (braies ou chausses et chemise par exemple) ou deux pièces d'un même vêtement.
Coutures défaites pour donner de l'aisance, la chemise en tissu fin dépassant par ces fentes, les manches de cet archer sont ponctuées d'aiguillettes nouées à intervalles réguliers. 
 Réservés par les peintres aux vieillards et aux sages, comme ce grand prêtre juif de La Brigue, les lunettes sont d'un usage connu depuis le début du XIVe siècle.

 

Les coiffures masculines
Diversité et hiérarchie apparaissent également dans les coiffures masculines.
 Travailleurs manuels et hommes de peine portent un simple calot, dont les brides sont soient nouées sous le menton, soit attachées comme ici sur le dessus du crâne.
 Apprêter son chaperon demande une certaine dextérité : cette longue pièce de drap est enroulée au sommet de la tête de manière à laisser dépasser les deux pans.
L'un, court, retombe sur le côté, l'autre plus long, drape souplement les épaules ; en cas de mauvais temps il peut aussi serrer davantage le cou et les oreilles pour les protéger du froid. 
Certains chapeaux d'apparat, tel celui du centurion de la Crucifixion de la Brigue se distinguent par la largeur de leurs bords et la richesse de leur matériau, ici des plumes de paon.
Le pourpoint du centurion présente le même caractère exceptionnel, par la richesse décorative, par la cherté du tissu façonné. 

 

Les couvre-chefs
Les gens du Moyen Âge ne conçoivent pas de vivre tête nue.
La variété des couvre-chefs, tant masculins que féminins, est flagrante dans toute image d'un groupe de personnes.

 


Les coiffures féminines
Les femmes de plus haut rang portent des coiffes à cornes cachant complètement leurs cheveux tirés en arrière.
Ces coiffes sont recouvertes de tissu façonné et parfois d'une résille. 
Un type de coiffure féminine répandu dans l'Italie du Nord, visible sur cette image, est le « balzo », bourrelet de cheveux vrais ou faux enroulé autour de la tête en bandeau retenu par des rubans.
Dans le même groupe de femmes, on voit que certaines portent un simple voile blanc tombant sur leurs épaules.
Quand elles sont vieilles, les femmes s'entourent toute la tête, y compris le menton, dans des linges blancs appelés touailles.
La touaille est une pièce de tissu étroite et très allongée qui fait partie du trousseau de la mariée et sert à tout dans la maison : torchon, serviette, essuie-mains, maillot, bandage... on en enveloppe les aliments ou les objets précieux.
Passée dans la ceinture elle devient tablier, comme le porte la servante témoin du reniement de saint Pierre à la Brigue.

 

Activités

À la faveur de représentations de la vie du Christ ou des saints, diverses activités quotidiennes de la fin du Moyen Âge sont dépeintes.


Dans la maison,  les servantes vont et viennent ; c'est sur la tête qu'elles transportent leurs charges ; elles retroussent leurs jupes pour être plus agiles.  
Les soins sont donnés aux enfants : ici, dans la chambre où a eu lieu un accouchement, une femme prépare le bain du nouveau-né. 
Les tables sont dressées pour les repas dans les salles communes, ou pour les demeures plus vastes, dans le « tinel ».

 


Les conditions de vie 

La durée du jour solaire, la rigueur de l'hiver, un été étouffant, étaient autant de facteurs climatiques naturels auxquels il fallait s'adapter à défaut de moyens pour les surmonter. Ainsi, la journée de travail était rythmée par le soleil. Rares étaient les métiers où l'on pratiquait de nuit, car l'éclairage artificiel était de mauvaise qualité et faisait courir le risque d'incendies.
Pour se protéger du froid, les combustibles ne manquaient pas : tourbe, houille, bois, charbon de bois… Généralement, les cheminées permettaient de grandes flambées, sauf en ville et dans les régions déboisées (la population devait brûler bouses de vaches et herbes sèches) où les feux se faisaient plus petits. Cependant, même les plus pauvres avaient accès au chauffage. En effet, le droit d'usage les autorisait à ramasser les branches mortes de la forêt voisine. On se doute d'ailleurs qu'ils ne se privaient pas pour couper également du bois vert. Parallèlement, les vêtements fourrés et chauds étaient répandus parmi toutes les couches de la population.
La chaleur posait plus de problèmes, seules les salles voûtées de châteaux et des églises offrant un refuge efficace. Ailleurs, et bien il fallait supporter... Cependant, ouvriers et paysans n'hésitaient pas à se mettre en dessous pour échapper à la chaleur ajoutée par des vêtements lourds et inadaptés.

 

 La demeure campagnarde 
Elle est construite sur un plan simple : une seule pièce, plus ou moins grande. Salle commune, elle sert de cuisine, salle à manger, bureau, chambre et salle de réception, que ce soit chez le paysan le plus pauvre ou chez un riche seigneur.
A côté de l'habitation principale, des dépendances sont édifiées.
Il fallait ainsi une cave pour le vin, un grenier pour le grain, une grange pour le blé à battre, un hangar pour le foin et les charrettes, une étable, une crèche, une porcherie… Le nombre et la taille de ces bâtiments annexes varient avec l'importance des terres et indiquent donc la richesse du propriétaire. Cependant, dès que la vie sort du cadre strictement familial et qu'il faut réunir un grand nombre de personnes, le plan initial se complique, donnant naissance aux logements distinctifs et aux pièces séparées.
Les logements distinctifs étaient adoptés par certains riches suzerains ou d 'autres personnalités importantes. Chaque personnage dispose alors de son propre appartement, où il vit avec sa famille : une chambre servant aussi de salon et de salle à manger, partagée généralement avec les chevaliers. Une autre chambre, un étage plus bas : celle de la dame, équivalente à la première et communiquant avec celle-ci grâce à un petit escalier privé. La cuisine était installée dans un bâtiment séparé, et il en allait généralement de même de la grande salle, lieu de toutes les grandes réunions, où se déroulaient banquets, noces et autres réjouissances.
Au sein de ordres monastiques, ce sont les pièces séparées qui ont été adoptées : un réfectoire, un dortoir, une librairie, une cuisine, etc.

 

 La demeure citadine
En ville, l'espace étant restreint et le terrain cher, les habitations s'élevaient en hauteur, au lieu de s'étaler comme dans les campagnes. Les lots étaient longs et étroits et, souvent, un passage sur le côté donnait accès à l'entrepôt et à l'écurie.
Généralement, chaque foyer possède sa maison dont le plan de base, modifié parfois selon les richesses ou la puissance, dessine un rectangle, dont le plus petit côté donne sur la rue.
En sous-sol, il peut y avoir une cave puis, au rez-de-chaussée, se trouvent souvent deux pièces : l'une côté rue, sui sert d'atelier et de boutique, la seconde munie d'une cheminée tenant lieu de cuisine et de salle à manger.
Quand l'habitation ne comporte qu'un étage, il est divisé en petites chambres, auxquelles on accède soit par un escalier intérieur, soit par un escalier donnant sur la cour, du côté opposé à la rue.
Lorsqu'il y avait deux étages, le premier pouvait être une grande salle à tout faire, reliée à la rue par un escalier extérieur, auquel cas le second se composait de chambres. Sinon, le premier étage, avec son escalier intérieur, comprenait les chambres et le second était alors un grenier, servant souvent d'entrepôt.
Le sol du rez-de-chaussée était fréquemment dallé, et les étages étaient munis de planchers qui formaient le plafond de la salle inférieure. Les fenêtres, souvent assez larges, pallient à l'étroitesse des rues en laissant entrer un maximum de lumière. Elles sont pourvues de papier ou de toiles huilés ou encaustiqués, ou bien de grillages en osier ou en bois. Des volets en bois complètent la fermeture, placés à l'intérieur aux étages, et à l'extérieur au rez-de-chaussée.
Les latrines étaient, dans la mesure du possible, des petites loges en encorbellement dont le siège s'ouvre sur une rivière ou une fosse d'aisance, parfois garnie de cendre ou de bois désodorisant. Les vases de nuits (également appelés orinal) étaient quotidiennement utilisés, et on les vidait par la fenêtre. Ainsi, des horaires autorisés étaient souvent instaurés, et il était établi de prévenir les passants, afin d'éviter un malencontreux incident.
La maison de ville était individualisée par une enseigne : statue de saint, image pieuse, peinture d'animal, emblème en fer forgé, … Cette enseigne pouvait aussi servir à renseigner sur le métier pratiqué. Ainsi, on a tous l'image d'une icône représentant un fut de chêne pour indiquer l'emplacement d'une taverne.
Les maisons des riches bourgeois étaient faites en pierre afin de diminuer les risques d'incendie. Les marchands moins fortunés habitaient des maisons dont la structure en bois était bourrée de boue, de fumier et de crin de cheval.
L'insécurité liée aux guerres locales fréquentes incitait les populations des villes à serrer les maisons et rétrécir les rues, afin de restreindre l'espace au sol, et par là même, la surface à défendre en cas d'attaque. Les murailles externes, ceinturant la ville, étaient alors moins coûteuses et plus facile à surveiller ou à défendre.

 


Vivre en ville
Les villes étaient situées sur les propriétés du seigneur local. Les habitants devaient payer les droits seigneuriaux tout comme les villageois locaux.
L'octroi, par le roi ou un noble local, d'une charte en vertu de laquelle l'agglomération devenait un bourg (ville) était un événement important. Les principaux habitants - ou bourgeois - étaient alors libérés de l'emprise du seigneur et devenaient des "citoyens d'honneur". La charte leur donnait le droit d'avoir un marché, d'élire un maire et un conseil municipal, de faire des lois et de rendre leur propre justice.
Les villes médiévales étaient modestes : au XIIe siècle, elles dépassaient rarement 20 000 habitants, et Paris, avec ses 100 000 habitants faisait figure de monstre.
Cependant, les villes étaient des endroits très animés. Les bruits de charrettes et de sabots retentissaient dans les rues. Les crieurs publics annonçaient les détails des foires, les maisons à vendre et les mariages. Les mendiants demandaient l'aumône. Les colporteurs et les boutiquiers attiraient leur clientèle à grands cris. Dans les rues, on apercevait un colporteur, un marchand de pâtés, un vendeur d'eau, un mendiant boiteux, un fermier menant son cheval au marché et, près de la boutique du drapier, un rémouleur... Les cloches sonnaient sans cesse, annonçant l'ouverture des portes de la ville, le début des activités du marché, les services religieux, les réunions du conseil municipal et, même, la naissance d'une princesse.
En principe, chacun était responsable du devant de sa maison et devait ne pas le salir, ni l'encombrer, mais aussi le nettoyer. Pourtant, à défaut d'espaces réservés, il fallait bien jeter les immondices (déchets et excréments) devant la porte, ou dans la rivière adjacente. Les animaux en liberté se chargeaient d'en enlever ce qu'ils pouvaient manger.
De temps à autre, les particuliers procédaient au nettoyage de leurs ordures, qu'ils amenaient hors de la ville. Parfois aussi, des entreprises privées passaient des accords pour s'en charger.
Même si par la suite les conseils municipaux payaient des éboueurs pour ôter les ordures, il y avait souvent des plaintes au sujet de l'état des rues. Les gens n'avaient pas les moyens d'acheter l'eau fraîche que les marchands d'eau apportaient de l'extérieur de la ville et s'approvisionnaient dans les fontaines publiques, dans un puits derrière la maison ou dans la rivière.
Le soir, les voleurs hantaient les rues non éclairées. Parfois, le conseil municipal chargeait des citoyens de faire des rondes de nuit mais dans la plupart des villes, on fermait simplement les portes de la cité à la tombée du jour et on sonnait le couvre-feu. Les citoyens fermaient leurs volets, barraient leur porte et restaient chez eux. On sait d'autre part que, pour prévenir la délinquance, l'accès aux quartiers les plus mal famés était barré la nuit, à l'aide de lourdes chaînes, et nul ne devait en entrer ou en sortir passée l'heure du couvre-feu.

 

Le système féodal 
C'est un système hiérarchique très échelonné, basé sur l'interdépendance des protagonistes.
Ainsi, un seigneur (le suzerain) attribue un fief à un homme moins élevé que lui socialement (le vassal). Le suzerain offre des terres, la protection, et l'assurance que justice sera rendue quelque soit le conflit. En retour, le vassal gère les terres et promet fidélité et loyauté, ainsi qu'aide militaire en cas de guerre.
En raison du faible développement des moyens de transports (on se déplace à pied, en charrette ou à cheval), le lien vassalique est généralement restreint à une zone géographique bien définie : il faut pouvoir effectuer l'aller et le retour entre le lever et le coucher du soleil. D'ailleurs, le vassal appelé pour remplir son "obligation militaire" avait l'autorisation de rentrer chez lui tous les soirs, et il pouvait refuser d'effectuer une marche si elle devait le conduire hors des limites de la seigneurie.
Lorsqu'un homme prête serment de vassalité, il le fait sur des reliques sacrées, et sous l'œil de l'Eglise qui se place ainsi en légitimatrice des rapports sociaux. Si le vassal appartient à son seigneur qui a, théoriquement, droit de vie et de mort sur lui, il est aussi surveillé par des clercs qui "veillent à la pureté de son âme".
Il pouvait arriver, par exemple, qu'un vassal soit jugé par son suzerain suite à une plainte de l'homme d'église, condamnant une attitude, des paroles, un geste... De la même façon, un suzerain qui estimait que son vassal ne méritait plus de vivre se heurtait à un clerc qui pesait la situation, et dont l'avis était crucial et souvent décisif. En effet, à cause de liens financiers ou d'arrangements divers, le seigneur était souvent lié à l'Eglise et ne pouvait agir contre son gré, sous peine d'y perdre ses avantages. Le clerc faisait ainsi parfois la mesure auprès d'un seigneur trop impulsif.
Le vassal gère donc un fief pour son seigneur. Ce fief est une terre dont il n'est pas propriétaire, mais qu'il gère librement. Selon les cas, il n'avait même pas forcément de comptes à rendre pour cette gestion, et pouvait véritablement disposer de ses terres à sa guise. On sait que parfois les fiefs étaient vendus à d'autres petits seigneurs, avec l'accord du suzerain et contre dédommagement.
Mais il existait aussi les alleux, c'est-à-dire des terres en pleine propriété. Ces terres sont celles données par le roi en remerciement d'un service rendu particulièrement important, ou celles obtenues en héritage. Souvent, un futur vassal offrait à celui qu'il choisissait pour seigneur une partie de son alleu : s'il perdait une partie de ses terres, il gagnait en revanche un protection qu'il espérait puissante, et se voyait, de toute façon, remettre en retour un fief, qui pouvait être plus petit ou de taille équivalente à l'alleu cédé. Ainsi, il y avait une sorte de rotation des terres, qui permettait aux seigneurs de ne pas se retrouver trop facilement à cours de fiefs potentiels...
Seuls les hommes pouvaient gouverner, même s'il n'était pas rare, en période de guerre, que ce soit l'épouse qui s'occupe de la gestion du royaume, et qui résolve les problèmes courants. Par contre, jamais une épouse ne pouvait rendre justice car, suivant les préceptes inculqués par l'Eglise, la femme, impure et créatrice de péché, était incapable de distinguer le bien du mal.

 

 La croissance des villes au XIIIe 
Des moyens de transport peu développés, et des routes souvent impraticables ont largement favorisé le développement de systèmes autarciques. En effet, les populations étaient attachées à leurs terres, les liens vassaliques se restreignaient géographiquement, … de la même façon, il fallait que les moyens de communication et le commerce soient "à portée de main".
Ainsi, les petites villes, c'est à dire des agglomérations de consommateurs, comportaient dans leur enceinte même des jardins, des granges et des hangars qui permettaient d'engranger les récoltes de l'année. Ces villes était habitées essentiellement par des agriculteurs exploitants et des propriétaires terriens.
Les villes plus grandes, peuplées alors d'artisans, de commerçants, d'administrateurs, etc… ne produisaient pas elles-mêmes les denrées nécessaires. Elles s'annexaient donc les villages voisins ainsi que leurs terres. Chaque maison, chaque ferme, chaque petit pays tend alors à se suffire, et s'applique à vivre sur soi. Par la constitution de stock, les populations s'efforçaient également de palier les disettes locales. L'économie n'était donc pas tournée vers la vente ou le profit, mais uniquement vers la satisfaction des besoins locaux.
Peu à peu, de gros villages situés dans des régions fertiles, où les fermiers venaient vendre leurs produits, devinrent des bourgs, images réduites des centres de commerce. En effet, un port, un village situé au confluent de deux rivières, ou près d'un carrefour achalandé, se transformait souvent en ville en pleine expansion. Quand des crises se faisaient sentir, les gens s'y rassemblaient pour se trouver plus proches des produits dont ils avaient besoin : ils n'avaient pas à craindre que le froid les coupe des autres paysans, et pendant les périodes de famine, ils pouvaient résister plus longtemps, puisque l'endroit était mieux desservi.
Parallèlement, lors de périodes de guerres (et, antérieurement, d'invasions barbares) les paysans se sont regroupés autour du château de leur seigneur, ou autour d'un monastère réputé et puissant. Ils espéraient y être à l'abri des attaques et les maisons naissaient à l'intérieur des murailles, créant des villes tassées, appelées villes neuves. Les seigneurs acceptaient cette situation, non seulement par leur obligation de protection, mais aussi parce que cette population supplémentaire leur fournissait de la main d'œuvre, sur place, pour le renforcement des murailles ou l'élévation de nouvelles enceintes.
A la fin du Moyen Age, les paysans se révoltaient souvent contre leurs conditions de vie, trop rudes et trop précaires. Or s'ils quittaient leur seigneur et leur terre et passaient un an sans avoir été retrouvés et capturés, ils gagnaient leur liberté. Ainsi, de nombreux paysans s'évadaient et se réfugiaient en ville, ou la densité de la population les rendait moins facilement repérables, et où ils avaient des chances de survivre en vendant leurs services.

 


 La population itinérante
Cette économie autarcique n'incitait pas au déplacement, la population étant au contraire très attachée à son "chez soi". Si les routes était fréquemment empruntées par des voyageurs occasionnels (famille se rendant chez un voisin, suzerain en déplacement, etc…), la population itinérante était par ailleurs réduite.
Les professionnels du voyage sont ceux qu'un crime, la misère ou une disette locale avaient chassé de chez eux, les vagabonds (voleurs ou non) qui profitaient de l'hospitalité monastique, les jongleurs, montreurs de bêtes ou chanteurs, qui courraient les noces, les foires, les pèlerinages et les tournois, et enfin les clercs qui prenaient des distances avec l'église ou souhaitaient répandre la bonne parole. Ils côtoient sur les routes les commerçants se rendant à une foire, mais aussi les enquêteurs, les coursiers et les messagers…
Viennent aussi des voyageurs dont la vie se partage entre sédentarité et vie itinérante : des ouvriers à la recherche de travail, ou se déplaçant pour se perfectionner dans leur métier, des étudiants qui suivent leur maître d'une université à une autre, voire parfois d'un pays à l'autre, et surtout des prêtre, religieux ou laïcs, qui suivent la route d'un pèlerinage.
Le pèlerinage est une véritable institution à cette époque : c'est un témoignage de piété, une pénitence infligée à certains crimes, ou une peine à laquelle condamnaient certains tribunaux. Mais c'est aussi un moyen d'échapper à la routine et de chercher les aventures

 

Le Moyen Age s'étend sur plus de mille ans, entre l'Antiquité et la Renaissance.
Dix siècles de notre histoire résumés en deux mots peu explicites, pour une période méconnue, jugée souvent obscure, indigne de l'humanité, barbare... Durant de longues années, les historiens ont méprisé cette ère soi-disant archaïque, insidieusement coincée entre deux étapes glorieuses de l'histoire de l'homme...
Et pourtant, ces dix siècles sont riches en événements, tant historiques qu'économiques, et c'est à travers eux que se dessinent les fondements de l'Europe actuelle.
Par souci de simplicité et de clarté, je n'aborde ici (comme dans tout le site) que le Moyen Age en France, et parfois en Grande-Bretagne.


 La fin de l'Empire Romain, en 476     
Depuis 395, l'Empire Romain est divisé entre l'Empire d'Orient et l'Empire d'Occident.
L'Empire d'Occident prend fin en 476, quand l'empereur Romulus Augustule est déposé par le chef barbare Odoacre, et cette date est souvent retenue pour marquer le début du Moyen Age. Mais un comportement nouveau, qui se retrouve au début du Moyen Age, se développe en fait depuis le IIIe siècle : le peuple veut échapper à la pression fiscale et aux charges militaires imposées par l'état romain. Dans le même temps, une poussée démographique et une chute du prestige des villes entraînent une ruralisation économique, alors que le christianisme, religion officielle depuis 391, assoit les bases de la puissance ecclésiastique.


 L'assimilation des barbares, du IVe au VIIe siècle 
A peu près dans le même temps, les Huns (venus du Nord du Caucase) entreprennent une migration vers l'ouest, obligeant les Ostrogoths et les peuples germains qui se trouvaient là, à envahir de nouveaux territoires.
Face à ces invasions qui se succèdent jusqu'au VIIe siècle, un effort d'intégration est fait par ce qui reste de l'Empire Romain : peuples et coutumes se mélangent de manière assez homogène.
En schématisant, la romanité apporte sa langue, le latin, et ses connaissances dans le commerce, alors que les barbares, par leur manière de vivre, font disparaître le schisme entre civils et militaires : dans les communautés, seule prévaut la figure du chef, guerrier élu et mythifié.
De plus l'économie pastorale des barbares renforce la ruralisation, et devant les nombreuses pressions de l'état, les aristocrates se replient sur leurs terres, le véritable fondement de leur pouvoir.
Mais le véritable ciment des communautés antiques et barbares est la religion catholique.
Jusqu'en 653, une lutte féroce se joue entre les partisans du christianisme et ceux de l'arianisme (doctrine qui niait le divinité de Jésus-Christ, refusait l'idée de la trinité, et ne reconnaissait qu'au Père des qualités divines et d'éternité).
Mais un large mouvement de conversion des moines au christianisme est entrepris, et le baptême de Clovis (en 498), qui s'attire ainsi le soutient du clergé et du Pape, marque le déclin de l'arianisme : pouvoir et christianisme sont désormais étroitement liés.
Si l'arianisme perdure, il est très fortement affaibli par le Pape Grégoire le Grand (540-604), qui renforce les campagnes de conversion, et définitivement écrasé en 653, quand les rois barbares finissent de se convertir.
Aux Ve et VIe siècles, des pestes et des famines récurrentes contribuent également à la montée du christianisme.


 Vers un grand Empire Chrétien, du VIIe au Xe siècle 
Les premiers royaumes barbares sont balayés par les Vandales (groupement de divers peuples germaniques) et les Francs, qui constituent des royaumes centralisés. Celui des Francs doit en partie son succès au baptême de Clovis.
En 754, le sacre du roi Pépin le Bref par le pape Étienne II confirme le prestige franc, et marque un premier pas vers le principe dynastique.
Quelques années plus tard, Charlemagne, en pratiquant la christianisation forcée fait ressurgir la notion d'Empire, aidant par-là même le Pape à assurer sa position, qui était contestée par la noblesse. Il devient ainsi le seul candidat fiable à l'Empire et est couronné à Noël de l'an 800.
Rapidement, Charlemagne entreprend une rénovation de l'état : l'administration régionale est gérée par des comtes assermentés à l'empereur, la législation redevient publique et votée, un réseau de fidélités se met en place, remontant juqu'à l'empereur lui-même.
Toutes ces mesures, finalement, ont le même but : redresser et consolider l'autorité impériale.
Pendant ce temps, la population s'accroît sensiblement, mais l'espérance de vie moyenne ne dépasse guère 30 ans et près de 45 % des enfants n'atteignent pas l'âge de 5 ans. La quasi-totalité de cette population, qu'il faut imaginer groupée en hameaux isolés les uns des autres par de vastes étendues laissées à l'abandon, vit essentiellement des richesses issues de la terre.
La production agricole semble suffire, sans qu'il soit nécessaire d'accroître la surface exploitée. L'équilibre entre les terres cultivées et les zones de pacage et de forêt, dont les ressources sont indispensables à la vie quotidienne, est préservé.
Ce système procure même un surplus en céréales, en vin ou en produits artisanaux, qui contribue à sortir le domaine de son apparente autarcie. En effet, outre la production domaniale, le renouveau urbain, les efforts de centralisation et d'unification monétaires induisent et entretiennent une économie de marché.
Louis le Pieux (778-840), troisième fils et successeur de Charlemagne, adopte une politique trop favorable à l'Eglise. L'empire révèle alors ses faiblesses : le pouvoir laïc est mis en danger.
Les fils de Louis divisent l'Empire en trois royaumes rivaux malgré la proclamation, en 817, du droit d'aînesse. Dès lors, l'unité de l'Empire n'est plus que théorique.
En 909, une réforme place d'ailleurs les monastères sous l'autorité directe de Rome, fragilisant d'autant plus le pouvoir politique franc.

 Naissance d'une aristocratie guerrière, à partir du VIIe siècle 
A partir du VIIe siècle, émerge une aristocratie guerrière. Mais les nobles sont désunis, s'opposant en luttes de clans, et c'est Charlemagne qui incite ces hommes à une reconnaissance mutuelle.
Peu à peu les conflits de clans sont remplacés par des relations fraternelles et le concept de classe noble guerrière apparaît à ce moment là.
Ces aristocrates assurent leur puissance grâce à leurs richesses foncières. Les mieux nantis, les vassaux royaux, disposent d'alleux (terres dont ils sont propriétaires), issus d'héritages familiaux, mais aussi d'honneurs, concédés pour la durée d'exercice d'une charge, comtale par exemple, et de bénéfices accordés en échange de services, surtout militaires.
Ces possessions deviennent héréditaires, et de nouvelles relations naissent : c'est l'engagement vassalique. La puissance se mesure désormais au nombre d'hommes à qui l'on est en mesure de procurer une terre en échange de leur engagement. Inversement, les vassaux multiplient leurs fidélités afin d'accroître le nombre de leurs bénéfices. Et beaucoup d'hommes libres cherchent à se recommander : en ces temps incertains, servir un protecteur vaut mieux qu'une totale indépendance.
Évêques et abbés, à la recherche d'une protection, entrent eux aussi en vassalité et n'échappent pas à l'intégration dans l'univers féodal.
Ne pouvant, du fait de leur vocation religieuse, remplir les obligations militaires, ils ont confié la gestion des églises et des abbayes à des avoués laïcs. Ces derniers ont fini par s'approprier les domaines ecclésiastiques, maintenant menacés de dissolution par les partages des terres lors d'héritages.


 Etats et monarchie, du XIe au XIIIe siècle
De plus en plus, l'autorité publique se concentre entre les mains des châtelains. Parallèlement, les fidélités vassaliques se multiplient, ce qui jette les nobles dans d'interminables conflits sanglants.
La conséquence est simple : les populations, déjà terrorisées par l'annonce des catastrophes inhérentes à l'an mille, se trouvent prises dans une insécurité qui va croissante, cherchant plus qu'avant encore la protection d'un seigneur puissant et résistant.
Entre le XIe et le XIIIe siècle, l'idée qu'un roi doit gouverner l'ensemble d'un état, pour le bien commun, se développe. Certes, la notion d'état n'est encore qu'en gestation, mais des parlements, des assemblées de contrôle s'établissent un peu partout.
Le régime monarchique est finalement bien établi : les engagements de vassalités perdurent, mais au-dessus de tous, il y a maintenant le roi, dont le rôle est d'unifier le pays, tout en moralisant les mœurs féodales et en rendant une justice la plus objective possible.
Ce pouvoir monarchique est consolidé par le principe dynastique, légitimé par le sacre et appuyé sur l'Église.
En Angleterre, l'équilibre des pouvoirs s'instaure au milieu de violents conflits. La victoire de Guillaume en 1066 ouvre l'île saxonne à la colonisation et à la féodalité normandes. En 1154, la prise du pouvoir par les Plantagenêt jette les bases d'un scénario de trois siècles de guerre entre la France et l'Angleterre.
En France, la monarchie capétienne est aux prises avec les féodaux, et ce n'est qu'avec les victoires de Philippe Auguste (1180-1223) sur l'Angleterre et l'Empire que l'indépendance du royaume de France peut s'affirmer.
La hausse nominale des prix et des salaires est sensible à partir du milieu du XIIe siècle, témoignant de l'expansion. Par ailleurs, l'économie monétaire pénètre les campagnes, le commerce de l'argent se répand.
Dans un même temps, la pression fiscale des seigneurs s'accroît sur une population plus nombreuse en quête de nouvelles terres à cultiver.
Le rayonnement et la piété personnels de Louis IX, canonisé au XIIIe siècle par l'Eglise, portent le prestige royal à son comble. Des enquêteurs, chargés d'inventorier les abus dans le royaume, jouent un rôle important dans la formation de la mystique monarchique.

 

 Une période de crise, au XIVe siècle

- la famine :
Une famine ravageuse survient en Allemagne en 1309, puis s'étend à toute l'Europe occidentale en 1315 et 1316.
Un refroidissement climatique explique en partie ce phénomène, aggravé en 1315 par de fortes pluies continues. Cependant, la catastrophe prend toute son ampleur à cause de la surpopulation qui touche les terroirs et les villes manufacturières, où affluent les immigrés ruraux.


- la peste :
Dans les villes, insalubres, les populations sous-alimentées résistent mal aux épidémies de peste, qu'une médecine balbutiante se révèle incapable d'enrayer.
De 1347 à 1349, suivant les grands axes commerciaux, la maladie se propage jusqu'en Ile-de-France, où elle ravage Paris de juin 1348 à juin 1349. Présente en Europe centrale dès 1347, elle gagne les Pays-Bas et l'Angleterre, puis l'Écosse et les pays scandinaves en 1350. Paris doit encore subir ses attaques récurrentes en 1361-1362, alors que la peste des enfants s'abat, particulièrement sévère, sur le Languedoc en 1363.
Certains préfèrent fuir, d'autres se murent chez eux. Prince ou serf, riche ou pauvre, nul n'est épargné par le fléau. Les historiens estiment à 25 millions (soit le tiers de la population) les victimes de la Grande Peste en Europe occidentale.
Les effets varient cependant d'une région à l'autre, voire d'un village à l'autre. Le Béarn, tout comme l'Allemagne méridionale, semble avoir bénéficié d'une grâce particulière. En raison de la promiscuité qui règne dans les grandes villes, celles-ci sont plus ravagées que les hameaux isolés.

- la guerre et les pillages :
Enlisée dans la guerre de Cent Ans (1337-1475), à laquelle s'ajoute de 1407 à 1413 le conflit entre Armagnacs et Bourguignons, la France, est sans doute le pays le plus touché par les multiples conflits qui s'étendent sur toute l'Europe occidentale.
Les conflits mobilisent de plus en plus d'hommes, sur terre ou sur mer, où pirates et gardes côtes mercenaires sévissent. Les armes se multiplient et se perfectionnent.
Les trêves n'apportent aucun soulagement aux campagnes pillées par des armées dépourvues de tout autre moyen de ravitaillement, et la tactique de la terre brûlée, utilisée pour repousser l'ennemi, n'arrange rien.
Inévitablement, les récoltes, mauvaises et peu nombreuses, provoquent une hausse des prix jusqu'en 1310. Les salaires aussi sont en hausse : les hommes deviennent rares, et les seigneurs sont prêts à y mettre le prix, afin d'avoir de la main d'œuvre et de relancer l'exploitation de leurs terres.
Mais en 1317, les récoltes sont trop nombreuses, c'est le phénomène inverse qui se produit...
En fait, curieusement, la condition paysanne s'améliore plutôt au début du XIVe siècle. Certes, le servage sévit encore, plus fortement en Angleterre et en Europe centrale. Mais beaucoup de ruraux tirent profit de la hausse des produits céréaliers de 1317-1318.
Ceux qui ont survécu à la peste profitent du bas prix de la terre désertée : nombre de paysans élargissent leurs terroirs et louent cher leur force de travail à une noblesse souvent ruinée.
Néanmoins, dans ce climat d'incertitude et d'insécurité, la population ne supporte pas les taxes, sans cesse augmentées pour payer la guerre. La production et la consommation sont en recul dans cette société perturbée, où les pouvoirs, publics comme seigneuriaux, sont plus que jamais contestés.

 


 La fin du Moyen Age, aux XIVe et XVe siècles

Les péripéties de la guerre de Cent Ans dévalorisent le pouvoir royal au profit des aristocraties.
Les états généraux entendent jouer leur rôle : ils sont réunis dix-sept fois en France au cours du XIVe siècle, pour le vote de subsides, le règlement des successions ou l'approbation des traités. Mais, malgré le contrôle qu'ils prétendent exercer sur les finances publiques, ils ne menacent guère le pouvoir du roi, pas plus que ne le font les assemblées locales, que le souverain sait finalement utiliser à son avantage.
Les grands du royaume cherchent plus à contrôler l'autorité du souverain qu'à la détruire.
Entre 1314 et 1483, les conflits se succèdent au sein d'une même dynastie, ou entre dynasties rivales. L'enchevêtrement des liens familiaux et des obédiences vassaliques a depuis longtemps brouillé les points de repère politiques et sociaux, tout en nourrissant des conflits d'autorité dont l'arbitrage incombe à la force plus qu'au droit.
Les échecs dans la guerre de Cent Ans ternissent profondément le prestige de la monarchie française, en même temps que celui de la chevalerie. Les défaites préparent certes une remise en cause de la stratégie et des armées, mais aussi de toute une organisation sociale fondée sur l'aristocratie militaire.
Dans un royaume humilié, désorienté, privé de souverain (Jean II le Bon est prisonnier en Angleterre), soumis aux ambitions de Charles de Navarre et en proie aux révoltes populaires, un mouvement de révolte se crée, pour être étouffé dans l'oeuf.
Mais partout en Europe, campagnes et villes sont gagnées par des flambées de violence. Expression d'une rageuse lassitude, ces mouvements sont dépourvus de programme social et politique, bien qu'ils soient, de fait, antifiscaux et antiseigneuriaux.
Dans les campagnes, les défaites militaires, l'incurie des seigneurs absents, les pillages et les destructions, l'accroissement de la fiscalité royale et seigneuriale provoquent de brusques protestations, non pas tant des plus pauvres, mais surtout des nouveaux enrichis, qui craignent de voir fondre leur acquis. Les meilleurs terroirs agricoles sont touchés.
Ces révoltes prennent généralement l'aspect d'effrois spontanés, violents, et cruellement réprimés.
Mais le malaise est loin d'être seulement d'ordre politique. En effet, après guerres, famine, pestes, les hommes s'étonnent d'être encore en vie et, ne trouvant aucune explication acceptable dans la religion, ils la délaissent.
La population se met à penser qu'il faut profiter de chaque instant, au maximum. La mode se développe, les parures se font somptueuses, les bals, banquets, se succèdent parmi la bourgeoisie. Mais le phénomène se ressent également chez les paysans.
Dans ce nouveau climat, la monarchie s'installe sur des bases plus solides qu'auparavant : plus aucune principauté ne vient défier l'autorité monarchique, c'est la fin de la féodalité et, avec elle, la fin du Moyen Age.
Après cela, viennent les grands voyages, et les découvertes que l'on connaît :)

 

Les chevaliers
Au Xe siècle, les chevaliers n'étaient que des soldats de cavalerie, et la société les distinguait nettement des nobles.
Au XIe siècle, les chevaliers sont soit des non-nobles nourris au château de leur seigneur, soit des cadets de noble lignée, possesseurs de quelques fiefs et qui, pour bien se distinguer de la masse paysanne dans laquelle ils craignent de tomber, entrent dans la chevalerie.
L'Eglise, qui exalte la condition chevaleresque, incite les nobles d'un niveau social de plus en plus élevé à se faire adouber. Peu à peu, les différentes strates de l'aristocratie fusionnent au sein de la chevalerie.
Au XIIe siècle, le prestige de cette catégorie sociale est immense : le chevalier représente la respectabilité et a de plus en plus de pouvoir, possédant à son tour des vassaux, des terres plus grandes... L'éthique chevaleresque et le mode de vie noble se fondent au sein d'une nouvelle classe sociale, résultant de la fusion des deux précédentes.


L'éthique
Même si le processus de chevalerie fait partie de l'aristocratie, la chevalerie n'est pas héréditaire : elle s'acquiert par l'adoubement et se mérite par le respect d'une éthique qui repose essentiellement sur la prouesse et la largesse.
La prouesse associe vaillance et loyauté : vaillance dans le combat, mais aussi dans la vie quotidienne. Loyauté envers son seigneur, son roi, sa dame... Le parfait chevalier doit être "sans peur et sans reproche", comme l'est encore le chevalier Bayard au XVIe siècle.
La largesse comprend la prodigalité, la générosité, le faste. Dépenser sans compter, mais aussi être généreux envers ses adversaires, envers les faibles, tel est le code de l'honneur chevaleresque. Le chevalier a maintes occasions de prouver ses qualités, dans les tournois ou à la guerre, à la croisade ou dans les fêtes, sur les chemins ou auprès des dames, dans les châteaux.
Tous ces sentiments se fondent dans la notion de courtoisie.

L'apprentissage
Dès l'âge de sept ans, les jeunes garçons sont placés comme page chez des oncles, ou des seigneurs amis. Ils commencent à apprendre à soigner les chevaux, à s'occuper des

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Jehanne - dans Contexte historique
29 août 2007 3 29 /08 /août /2007 00:57

L'équipement d'un chevalier
L'attribut essentiel d'un chevalier est, bien entendu, son cheval. Mais il possède également un certain nombre d'armes, offensives et défensives :
Les armoiries sont des signes de reconnaissance, apparues dans le second quart du XIIe siècle. Elles seules permettent aux combattants, devenus méconnaissables sous le heaume, de s'identifier.
Les chausses (9) sont des bas faits dans un tissu métallique et recouvrant les jambes et les pieds.
La coiffe est dans un premier temps une calotte de laine placée entre le heaume et le capuchon du haubert. Au XIIIe siècle, elle est en fer.
La cotte d'armes (2) est un vêtement à longues manches orné des armoiries que les chevaliers, lors des tournois, portent par-dessus l'armure. C'est avant tout un habit d'ornement, sans aucune valeur défensive.
Le ceinturon (6) est une ceinture grossière, en cuir, généralement garni d'une boucle de fer émaillé ou ciselé. Il est souvent utilisé comme emblème pour marquer son appartenance à un groupe.
L'écu (4) est un bouclier mesurant 1,50 m en hauteur et 70 cm en largeur. Il peut couvrir un homme debout depuis la tête jusqu'aux pieds. Il est en bois cambré, couvert d'un cuir plus ou moins orné et peint (les armoiries), le tout solidement relié par une armature de métal. Il est muni dans sa partie concave de courroies (des enarmes) dans lesquelles le chevalier passe le bras, et d'une sangle (guigue) qui lui sert à le suspendre à son cou durant la marche. Au milieu de l'écu se trouve une protubérance, une saillie de métal appelée boucle. Parfois on y met une boule de métal précieux ou de cristal. L'écu sert de civière pour le transport des blessés après la bataille.
L'épée (7) est l'arme chevaleresque par excellence. Au XIIe siècle, elle mesure environ 1 m et pèse 2 kg. Sa lame est large d'environ 9 cm. Elle a une longue lame à deux tranchants. On s'en sert surtout pour assommer l'adversaire. Il est d'usage d'enfermer des reliques dans le pommeau, destinées à porter chance au combattant et à le protéger des mauvais coups.
Les éperons (10) sont des petites branches de métal, terminées par une pointe, que le chevalier attache par-dessus les chausses. Ils sont l'un des emblèmes du chevalier, car remis et attachés par le parrain lors de l'adoubement.
Le gambison (8) est une cotte de tissu rembourré. Il se porte sous le haubert, afin de servir de protection du corps supplémentaire. Il est aussi appelé surcot ou jaséran.
Le haubert (1) apparaît au XIe siècle. C'est une cotte de maille, c'est à dire une longue tunique métallique qui descend jusqu'au-dessous du genou. Elle est formée d'environ 30 000 mailles, ou anneaux de fer entrecroisés, et pèse de 10 à 12 kg. Elle est fendue sur le devant et le derrière, et elle se prolonge vers le haut de façon à constituer un capuchon (aussi appelé chapel) qui protège le cou, la nuque et le bas du visage. Très coûteux, le haubert est en principe impénétrable à l'épée et à la lance. On le vernit de diverses couleurs. Quand il n'est que poli, on parle de haubert brillant.
Le heaume (3) est un grand casque d'acier de forme cylindrique ou conique. Il est bordé d'un cercle, c'est à dire d'une bande de métal ornementé de pierres précieuses ou de morceaux de verre colorés. Sur le devant se trouve une barre de fer rectangulaire, le nasal ou protège nez. Le heaume est posé sur le capuchon du haubert et y est attaché par des lacets de cuir. A la pointe du heaume, on attache un tissu aux couleurs de sa Dame.
La lance mesure environ 3 m et pèse de 2 à 5 kg. Le bois est le plus souvent du frêne, le fer est en acier bruni, en forme de losange ou de triangle, au sommet est fixé le gonfanon, petit étendard presque toujours à trois langues ou à trois pans. Quand la lance est en arrêt, elle s'appuie sur le feutre, un bourrelet de feutre fixé à la selle. L'endroit de la hampe où le chevalier place sa main est recouvert d'une peau et s'appelle quamois, qu'on peut traduire par "manche garni de cuir".
Les mitaines (5) sont des gantelets de laine, puis de cuir, où seul le pouce est articulé. A partir du XIIe siècle, elles sont en fer.
La selle comporte en avant et en arrière deux parties plus relevées, ce sont les arçons. Certains arçons de derrière sont en métal repoussé, émaillé ou ciselé, d'autres en bois sculpté.


La femme
Tout au long du Moyen Age, la femme, à moins d'être l'épouse d'un seigneur riche et puissant, n'a pratiquement aucun pouvoir.
La femme était considérée comme objet de péché, instrument du diable, etc... par la moralité chrétienne. Même un homme généreux et indulgent pouvait dire à son épouse "d'imiter le comportement du chien qui, même si son maître le fouette, le suit en agitant la queue". En public, une femme ne devait pas rire ou se couvrir le visage à moins qu'elle ne soit laide. On lui apprenait à toujours regarder droit devant elle en marchant.
Ainsi, une jeune femme se rendant à l'église devait automatiquement être accompagnée d'une prude femme, et devait marcher "la tête droite, la vue étant devant elle à quatre toise, et bas à terre". De plus, elle ne devait ni rire ni parler à qui que ce soit.
Une fois arrivée dans l'église, elle devait choisir "un lieu secret et solitaire, devant un bel autel ou une belle image", y prendre place sans s'arrêter et la tête droite. Durant la messe, elle devait avoir "aussi continuellement le regard sur son livre, sans regarder homme ou femme, peinture ou autre chose, et (avoir) le cœur au ciel et (adorer) de tout son cœur dans un sentiment de noble piété.
En agissant ainsi, et en se confessant souvent, la femme s'assurait l'honneur et la félicité.
Selon l'Eglise catholique romaine, la seule tâche importante des femmes consistait en faire des enfants. C'était aussi la plus dangereuse : pour accoucher, la femme, vêtue des pieds à la tête et assise bien droite sur un tabouret spécial, était aidée par des sages-femmes expérimentées, mais dont les méthodes peu hygiéniques causaient souvent la mort de l'enfant et de la mère.
Cependant, l'épouse joue un rôle essentiel dans la vie des seigneurs. Souvent d'origine plus noble que son mari, elle gère la fortune issue des moulins, fours et pressoirs. Elle surveille la rentrée des taxes et redevances, et reste la garante du "sang familial" , dans la mesure où elle engendre des fils.
L'enfantement reste son premier rôle, et il n'est pas rare qu'à quarante ans elle ait subit une dizaine d'accouchements. Quand elle y survit, souvent veuve alors, et respectée, elle exerce une influence considérable sur ses fils.
Dans les châteaux, à partir du XIIe siècle, elle bénéficie d'un espace domestique fait de petites pièces meublées, pourvues de cheminées et tendues de tapisseries.


 Le mariage
Le mariage ne commence à prendre un sens qu'au début du IXe siècle, quand la monogamie s'installe dans les mœurs.
Les données, avant cette date, sont peu nombreuses et souvent anecdotiques. Ainsi, on sait que les filles d'aristocrates étaient fréquemment mariées dès l'âge de 14 ou 15 ans, alors que les filles issues des classes populaires étaient mariées plus tardivement.
Au XIIIe siècle, on considère que les trois quarts d'entre elles sont mariées à 18 ou 19ans. En revanche, à la même époque, les garçons se marient plutôt vers 25 ou 27 ans.
La mentalité laïque connaît une double morale selon le sexe. Si l'homme a le droit d'avoir des exigences avant de prendre épouse - la preuve de sa virilité est plutôt vue avec faveur -, il n'en va pas de même pour les filles qui doivent arriver vierges au mariage.
Le mariage est avant tout, dans la seconde partie du Moyen Age, l'affaire des parents ou des familles : le consentement mutuel n'a presque aucun poids, seule compte la perspective de "faire un beau mariage", qui augmentera le prestige de la famille tout entière.
Dans le même temps, certains mariages sont annulés, ce qui était impensable auparavant. Mais désormais, la stérilité, l'impuissance ou des liens consanguins entre les époux sont autant de raisons qui poussent à la dissolution.
A partir de la fin du XIe siècle (réforme grégorienne), le mariage devient un sacrement, mais le prêtre n'y joue pas de rôle prépondérant. La messe de mariage est très rare, et la plupart du temps, le sacrement, c'est-à-dire la remise de l'anneau nuptial par le mari à son épouse, se déroule sous le porche de l'église.
Cependant, dans les deux derniers siècles du Moyen Age, l'Église arrive à faire du sacrement du mariage un phénomène vraiment religieux grâce en particulier aux rites de bénédiction du lit, de la maison des jeunes mariés par le prêtre et surtout de l'anneau nuptial. Les nouveaux époux voient souvent dans ce rite la garantie d'un mariage fécond et d'une fidélité à toute épreuve.
L'union charnelle doit, selon l'Église qui régente la mentalité médiévale, n'avoir lieu que dans le cadre du mariage et dans l'intention de procréer. Elle peut même alors être cause de péché.
Le "temps pour embrasser" est fort limité : l'année liturgique et le cycle de la femme constituant les deux grandes interdictions relatives aux rapports entre époux. Et seule la position de l'homme sur la femme lors du coït est licite aux yeux des clercs.

 Les enfants
L'enfant légitime est celui qui, né dans le contexte du mariage, perpétuera le nom et le patrimoine de la famille. A sa naissance, qu'il soit garçon ou fille, il est très vite entouré de soins attentifs par ses parents.
L'enfant au Moyen Age est aimé, éduqué, reconnu dans sa nature particulière. Les textes médiévaux répètent souvent que les parents doivent chastier leur enfants.
Chastier signifie à la fois réprimander et instruire, mais le sens de ce mot n'entraîne pas nécessairement un châtiment corporel.
Même si les traités de pédagogie de l'époque préconisent l'utilisation de punitions physiques, beaucoup d'entre eux conseillent d'y recourir en dernière instance, lorsque la persuasion a échoué et insistent sur la nécessité d'une grande modération des coups pour qu'ils soient efficaces.
L'éducation médiévale se fait donc d'abord par la parole et par l'exemple.
Pour le tout petit enfant, la mère est très présente. En particulier, c'est elle qui assure la transmission de la foi chrétienne.
Cet enseignement des valeurs chrétiennes par la mère passe aussi par tous les objets de la vie quotidienne. On a retrouvé, pour la fin du Moyen Age, des bols abécédaires ornés d'une croix, des chapelets, des bouliers ou des jouets pieux pour enfants.
La mère joue également un rôle particulièrement important dans l'éducation de l'adolescente, en lui transmettant un certain nombre de valeurs, de savoir-faire dans le domaine domestique bien sûr mais aussi pour la préparer à sa future vie de femme.
Cependant, le tout petit enfant n'est pas élevé uniquement par sa mère et ne il quitte pas subitement un monde de femmes pour être propulsé dans un monde d'hommes. Le père aussi intervient dans le domaine de la puériculture.
Lorsqu'un couple a de nombreux enfants, lorsque la mère connaît un handicap ou tarde à se remettre d'un accouchement difficile, il est évident que le père s'occupe des bébés, surtout dans les milieux plus défavorisés, ne bénéficiant pas d'aides.
Lorsque l'enfant grandit, le père est aussi très présent auprès de ses enfants. Des images plus profanes laissent voir une grande complicité père enfant, dans le jeu comme dans le travail : les petits ramassent des glands lorsque le père abat un chêne, effraient les oiseaux dans les champs pendant que le père sème du blé, tiennent les pattes du mouton que le père tond et, à la vendange, veulent l'aider à fouler le raisin dans la cuve...
Cependant, les enfants illégitimes, nés hors mariages, sont assez mal considérés, surtout à partir du XIIe siècle où ils sont souvent exclus des héritages dans les milieux aristocratiques. Mais il arrive aussi que ces "bâtards" soient intégrés à la famille et élevés comme les enfants légitimes.
Les rapports illégitimes pouvaient avoir lieu de diverses manières : la paroissienne et le clerc, le maître et la servante, des viols collectifs, la prostitution dans les villes...

 L'éducation
Les enfants de paysans ne recevaient pas d'éducation réelle. Ils commençaient, vers l'âge de cinq ans, à aider leurs parents, en se chargeant de la cueillette. Plus tard, ils s'occupaient de menus travaux aux champs, gardaient les bêtes, et peu à peu apprenaient la totalité du savoir de leurs parents.
Un noble, par contre, pouvait faire instruire son fils à l'école du monastère ou à titre de page chez un autre noble. Les filles de familles riches fréquentaient les écoles de couvent ou avaient un tuteur privé.
Les enfants de familles moins aisées allaient aux "petites écoles", où garçons et filles apprenaient la religion, les bonnes manières, les rudiments du latin, ainsi qu'à chanter et compter. Parfois, les moines organisaient des écoles "extérieures", hors des murs du monastère, pour les enfants qui ne se destinaient pas à devenir moines ou prêtres. Les plus petits apprenaient à lire en combinant les sons des lettres pour faire des mots. Un psautier, contenant les psaumes de la Bible, était souvent leur premier livre de lecture.
Dans les familles de riches marchands, les garçons instruits débutaient très jeunes dans les affaires, en aidant leur père à tenir la boutique.
Les gens moins riches payaient pour que leurs fils fassent l'apprentissage d'un métier chez un maître artisan. Les garçons pouvaient apprendre divers métiers : boulanger, couvreur, paveur, forgeron, ... Les filles étaient aussi placées en apprentissage, mais c'était la femme du maître qui se chargeait d'elles.
La loi interdisait aux apprentis de se marier ou de quitter leur maître. L'apprentissage durait sept ans, après quoi l'apprenti devenait compagnon et voyageait de ville en ville, travaillant pour divers maîtres afin d'acquérir de l'expérience. On ne rapporte que peu de femme compagnons. Après plusieurs années, le compagnon se joignait à une corporation. Il payait un droit et présentait un "chef-d'œuvre" prouvant son talent pour son métier. On l'autorisait alors à ouvrir sa boutique et à prendre des apprentis.


Aiguière 
Jusqu'au XIIIe siècle, il n'y avait que très rarement des assiettes sur la table au cours d'un repas. Les convives se servaient de tranches de pain (les tranchoirs) et mangeaient généralement avec les doigts. A la fin du repas, un serviteur apportait un large vase rempli d'eau, qu'on se faisait passer et dans lequel on se lavait les mains : l'aiguière.

Archère
L'archère est l'autre nom des meurtrières, ces étroites ouvertures percées dans les parois du château et largement ébrasées à l'intérieur pour permettre au tireur de s'y placer et de viser sans qu'il s'expose aux projectiles de l'ennemi. Elles peuvent avoir plusieurs formes, de la simple fente verticale, à la "croix pattée" (pour les grosses arbalètes), en passant par le cruciforme. Certaines sont de visées multiples, car elles permettent à deux archers de s'y abriter simultanément.

Artillier
Il est l'équivalent (avec les conséquences du décalage dans le temps que cela suppose) de nos artilleurs actuels. C'est donc un artisan spécialisé dans la fabrication des arcs et arbalètes. Il prend également en charge l'entretien de ces armes en temps de guerre.

Alleu 
C'est une ou des terre(s) en pleine propriété (à l'inverse du fief). Ces terres peuvent être données par le roi en remerciement d'un service rendu particulièrement important, ou par le suzerain pour des raisons similaires.
Elles peuvent aussi être obtenues en héritage.
Pour plus de renseignements, vous pouvez consulter l'article sur le système féodal .

Assommoir
C'est une ouverture de forme arrondie pratiquée au-dessus de l'entrée d'un château fort, juste derrière la herse. Les gardes postés à l'étage s'en servent pour pilonner l'adversaire, éteindre un incendie allumé pour brûler le bois de la herse et la rendre inoffensive, ou tirer verticalement sur les assaillants.
En temps de paix, il est utilisée pour crier des ordres sans avoir à se déplacer.

Bailli 
C'est un agent de l'administration seigneuriale, chargé de faire la police (respect de l'ordre au sein du château et sur les terres, arbitrage des petits conflits...) et de percevoir les revenus.

Baron 
Apparu au Xe siècle, ce terme désignait à l'origine un grand seigneur du royaume. Pendant près d'un siècle, son sens et son utilisation s'affinent. Il finit par qualifier un guerrier de haut rang, brave et valeureux.
Plus tard, il évoquera l'époux, en un terme dénué de tout lien affectif.
Ce n'est que vers le XIIIe siècle, au moment de l'expansion des différentes noblesses, qu'il prend le sens qu'on lui connaît aujourd'hui.

Braies
C'est un caleçon long ou court, de toile ou de cuir, qui était maintenu à la taille par une ceinture appelée braiel. Il est essentiellement porté par les hommes, mais certaines paysannes en portent aussi.
Ce vêtement est issu directement des pantalons masculins gaulois, dont ils portent d'ailleurs le nom.

Bretèche 
A partir du XIIe siècle, des dispositifs permettant de projeter des combustibles enflammés sur les assaillants sont mis en place. Il s'agit de logettes en saillie disposées sur la façade des murs d'enceinte. Les projectiles sont habituellement des feux grégeois (mélange de poix, souffre, salpêtre...) ou de l'eau bouillante, mais plus rarement de l'huile.

Carreau 
Les arbalètes sont des arcs perfectionnés qui nécessitent peu de place, sont précises et puissantes. Si elles sont lentes à réarmer, ce n'est pas un problème puisque le tireur est abrité derrière une meurtrière. Leurs munitions sont des carreaux, ainsi appelés en raison de leur section carrée. Ils sont stockés dans des tonnelets ou des bourses placés près de chaque arbalétrier, et peuvent aisément percer une armure.

Chastier 
Signifie à la fois réprimander et instruire. Contrairement à son usage actuel, ce terme n'implique pas nécessairement un châtiment corporel.

Chevaux
Au Moyen Âge, il existait plusieurs termes désignant différents chevaux. Le mot "cheval" étant un terme générique habituellement employé pour désigner une mauvaise monture.
Le destrier est le cheval de bataille par excellence, pas particulièrement coûteux, mais d'une valeur affective très grande pour son propriétaire. Il n'est monté qu'au moment du combat. On l'appelle ainsi parce que l'écuyer tenait la bride dans la main droite (la dextre). Pendant un combat il est revêtu d'un carapaçon, une couverture de fer généralement de la même couleur que l'écu, destinée à le protéger.
Le misaudor (milsodor, milsoudor) est un destrier de très grande valeur, donc très précieux. C'est un magnifique cheval de bataille.
Le palefroi est essentiellement un cheval de parade, qui coûtait très cher et qui devait être le plus paré possible. C'est la seule monture permise aux nobles dames, qui l'utilisaient parfois pour voyager (même si elles se déplaçaient plus souvent en charrettes).
Le roussin (roncin) est un cheval de trait de peu de valeur, utilisé comme monture par les vilains. Dans Erec et Enide, l'un d'eux est monté par un nain.
Au XIVe siècle, il a été appelé cheval de service, puis au XVIe, il désignait un cheval de forte taille monté à la chasse ou à la guerre, par un écuyer. A donné Rossinante, dans Don Quichotte.
Le sommier est un cheval de peu de valeur utilisé, comme son nom l'indique, comme bête de somme, c'est-à-dire pour transporter les fardeaux.

Comte
Le Comte était un guerrier valeureux proche du souverain.
Tout comme le Baron, il possédait un fief, mais le différence réside dans l'amitié, ou du moins les bons rapports courtois, que le Comte entretenait avec son suzerain.

Courtoisie
Dans l'espace féodal, un homme courtois est celui qui possède toutes les qualités d'un vassal : le courage, la loyauté et la fidélité.
Ce sont tout d'abord des valeurs guerrières, auxquelles viennent s'en greffer d'autres, issues de l'esthétique moral ou physique. Le courtois est alors sage, amoureux (capable d'un amour noble), large (généreux), spirituel, et bel parleor (qui s'exprime bien, qui tient des propos distingués). Cet ensemble de valeurs constitue un idéal aristocratique, lié à la naissance.
Vers le milieu du XIIe siècle, la notion de courtoisie bascule de la féodalité vers l'amour : le rapport de courtoisie entre un vassal et son souverain laisse la place à un rapport amoureux entre une maîtresse et son amant.
La Fin' Amors apparaît, qui déifie la mie, la femme aimée. Pour conquérir son amour, et lui conférer ensuite tout l'honneur qu'il mérite, l'amant doit faire preuve d'un maximum de qualités.

Dame
Ce mot désigne exclusivement l'épouse du seigneur ou du souverain et marque tout d'abord un attachement social et féodal. Avec l'apparition de la littérature courtoise, son sens dévie vers le lien amoureux.
Chez Chrétien de Troyes, dame désigne soit la suzeraine, soit la bien-aimée.
Ce terme qualifiait également la Vierge Marie, puisqu'elle était l'épouse de Notre Seigneur.

Damoiselle 
Ce qualificatif insiste sur l'origine noble d'une jeune fille célibataire, qui est donc vouée au milieu aristocratique de la courtoisie.
Il est aussi appliqué aux fées bienfaisantes (dans Yvain, par exemple).

Féodalité
En quelques mots, la féodalité désigne les rapports d'échange entre des vassaux et des suzerains.
La société médiévale répondait à une structure pyramidale stricte, avec des liens d'hommage très forts et que tous se devaient de respecter :
Au bas de la pyramide sont les paysans, les hommes simples qui travaillent la terre ou servent comme ils le peuvent leur Seigneur.
Ensuite viennent les vassaux, seigneurs plus ou moins puissants, qui tous obéissent à des suzerains.
Les suzerains, quant à eux, doivent rendre compte à Dieu, le Souverain Suprême.
Reprenons aussi la définition donnée par l'Encyclopédie Hachette : "un ensemble d'institutions fondé sur des liens privés de dépendance entre un seigneur et un vassal, et sur un lien matériel, le fief".

Fief 
C'est une terre prêtée par un suzerain à son vassal, afin qu'il les gère pour lui. Bien évidemment, l'exploitant reversait une partie des récoltes ou des profits issus du fief à son seigneur.
Pour plus de renseignements, vous pouvez consulter l'article sur le système féodal.

Fin'Amors
C'est un idéal d'amour courtois qui apparaît au début du XIIe siècle. Le chevalier, tout en restant loyal à son seigneur, se consacre désormais à la dame de ses pensées. D'aventures en périls, il tente d'attirer son attention pour que l'amour qu'il lui porte devienne réciproque.
C'est un amour pur dans le sens où l'amant se doit d'aimer quoi qu'il arrive, sachant que sa belle ne pourra jamais être sienne : elle est en général mariée. Plus l'amour du chevalier est fort, plus il perdure, plus il aura des chances d'être partagé, et plus le prestige qu'il en retirera sera grand.

Parapet 
Mur bas qui protège le chemin de ronde, il est souvent crénelé. C'est à dire qu'il comprend des créneaux (parties creuses) et des merlons (parties pleines). Chaque section est plus ou moins large selon le but recherché.
Ainsi, on pourra trouver des merlons très larges (permettant à plusieurs hommes de se cacher derrière), ou assez fins (servant alors plus d'ornement que de véritable défense). Les merlons fins au sommet d'un château indiquaient bien souvent la volonté du seigneur d'affirmer sa supériorité, et le peu de crainte qu'il avait d'un siège de son fort.

Pilori
L'un des objets de "torture" de l'époque les plus connus à l'heure actuelle.
Il était en fait destiné aux petits malfaiteurs coupables d'ivrognerie ou de tapage, qui étaient exposés en place publique dans une position fort inconfortable, et impuissants à réagir aux possibles affronts de la foule. En effet, le pilori est une sorte de tréteau dressé verticalement sur le sol. Sa partie horizontale est faite de deux morceaux distincts reliés par de lourds cadenas, et percés de trous. On y engageait les doigts repliés du coupable, qui était donc à genoux par terre, retenu par les phalanges, et incapable du moindre mouvement.

Pucelle
Jusque vers 1120, la pucelle est une jeune fille célibataire, sans aucune autre précision.
Peu à peu le terme évolue pour qualifier d'abord une jeune fille pure (c'est alors l'équivalent de la vierge), puis finalement une jeune fille.

Quintaine
C'est un poteau surmonté d'un bras rotatif horizontal. Ce bras est muni, d'une part d'un bouclier, d'autre part d'une corde à laquelle une pierre est suspendue.
Cet objet servait lors des entraînements des écuyers : il fallait charger, toucher le bouclier, et éviter la pierre qui venait en contrecoup.

Roman
Jusqu'au début du XIe siècle, tous les ouvrages écrits étaient rédigés en latin.
Quand les premiers écrits en langue française apparurent, ils ont été qualifiés de romans, parce qu'ils étaient une version en langue romane.
Très souvent, on avait effectivement à faire à des traductions en langue romane (vulgaire) d'ouvrages initialement en latin, parfois en grec.
Très rapidement, le sens a évolué vers la littérature : les ouvrages de l'époque prônaient tous la Fin' Amors. Un roman était donc un écrit imprégné d'idéologie courtoise.

Sénéchal
Le sénéchal pouvait être un simple domestique, mais le plus souvent, il était le bras droit du seigneur, et par là même, respecté de tous, souvent craint et jalousé.
C'est celui qui s'occupe de l'administration de la cour : il dirige les serviteurs, dresse les menus des banquets, décide de l'agencement d'une fête ou d'un tournoi, gère les fonds, organise les comptes, prévoit les dépenses, etc...
Son rôle était primordial, c'est pourquoi le seigneur l'avait souvent en grande estime. Mais chez Chrétien de Troyes, le sénéchal (Keu) est rempli de rancune, constatant que nul ne prête jamais attention à son travail, dont il ne retire, de plus, aucun honneur.

Suzerain 
Le suzerain est un seigneur à qui des paysans, ou d'autres seigneurs, ont prêté serment d'allégeance.
Ce serment repose sur une confiance mutuelle : le seigneur offre des terres, la garantie que justice sera rendue, et sa protection, en échange de l'exploitation des mêmes terres et une aide militaire en cas de guerre.
Le vassal, c'est à dire l'homme qui a juré allégeance, doit aussi une fidélité et une loyauté absolues à son seigneur.
La puissance et les qualités d'un seigneur se jugeaient souvent en fonction du nombre de ses vassaux et de ses fiefs.
Pour plus de renseignements, vous pouvez consulter l'article sur le système féodal.

Torchis
Ce mélange de boue, d'argile et de paille hachée (le plus souvent), servait à la construction des murs des dépendances situées dans l'enceinte du château.
On remplaçait parfois la paille hachée par du fumier mélangé à du crin de cheval.
Ce mélange était disposé sur un lattis (assemblage tressé serré de panneaux de bois). Le tout pouvait être recouvert de chaux pour les demeures les plus riches.

Trébuchet 
La plus perfectionnée des armes de siège...
Il consiste en un bras de levier muni d'une fronde à un bout, et d'un contrepoids à l'autre. Le contrepoids est rempli de pierres, puis à l'aide d'une poulie, les assaillants abaissent le bras de levier, placent le ou les projectile(s) dans la fronde, et lâchent tout.
Pierres, résine enflammée, chaux vive, cadavres d'animaux (leur putréfaction permettait parfois de répandre des maladies au sein du fort assiégé) ou têtes des prisonniers (pour impressionner) étaient ainsi projetés jusqu'à 300 mètres de distance.

Tranchoir 
C'est un large morceau de pain rassis, sur lequel on posait les viandes, et que les convives prenaient ensuite avec les doigts. Ils croquaient simultanément dans le pain et la viande.
Parfois aussi la viande était posée sur le pain, à même la table, et on se servait d'un couteau pour en prélever des morceaux, d'où le nom.

Vassal 
Le vassal est un homme ayant prêté serment d'allégeance à un seigneur.
Généralement, c'est un paysan qui jure fidélité et sert son seigneur en cas de guerre. En retour, il se voit offrir protection et assurance de justice, mais surtout des terres. Il doit alors gérer ces terres (qui ne lui appartiennent pas), et reversera toujours une partie des récoltes à son protecteur.
Mais le vassal peut aussi être un seigneur moins puissant, ayant besoin de terres ou de guerriers supplémentaires, qui lui seront donc fournis par son suzerain.
Pour plus de renseignements, vous pouvez consulter l'article sur le système féodal.

Vilain
Le vilain, à l'origine, est le paysan qui travaille une terre.
Puis une forme péjorative se développe, signifiant vulgaire, grossier, non noble.
Il représente la contre-valeur du courtois : il est lâche, abject et sans aucune qualité
.

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Jehanne - dans Contexte historique

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  • : Le blog vivre au Moyen âge a pour but de renseigner le lecteur sur les us et coutumes du Moyen âge. Les articles et iconographies publiées dans ce blog sont le fruit de mes recherches sur internet et dans les livres . Je ne suis pas auteur des textes publiés qui sont des citations extraites de mes trouvailles. Bon voyage dans le temps !!!!
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