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16 décembre 2007 7 16 /12 /décembre /2007 08:47
L'accouchement au Moyen âge.




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A la campagne, on accouche dans la ferme ou au château. Chez les gens modestes, la mère de la parturiente, les voisines et une à deux matrones (les sages-femmes de l'époque) assistent à la venue de l'enfant. On rit, on boit et les hommes n'ont pas le droit d'entrer dans la maison. Qu'il pleuve ou qu'il vente, le mari n'entre pas chez lui.

Au château, des tapis et des tentures sont spécialement disposés dans la chambre. La mère, plusieurs matrones, des femmes domestiques, des cousines et des tantes viennent assister et soutenir la femme qui accouche. Un médecin est dans les parages, en cas de complications. Malheureusement, quand on a affaire à lui, c'est généralement pour constater un décès.

En ville, les femmes très pauvres accouchent à l'hôpital, en salle commune. A Paris, l'Hôtel-Dieu dispose d'une salle de vingt-quatre lits que l'on peut occuper à partir du 8e mois de la grossesse. Les femmes accouchent sous le regard des autres, dans des conditions d'intimité inexistante.

A la campagne, on délie tous les nœuds de la maison, et même, dans l'étable, les vaches sont détachées, pour éviter que le cordon ombilical ne s'enroule autour du cou du bébé.

La matrone renifle l'haleine de la parturiente. Si elle est bonne, l'accouchement sera facile ; mauvaise, il sera difficile. A l'époque, on considère qu'une femme battue accouche toujours difficilement. Un bain rempli de mauve, de camomille, de fenouil, de lin et d'orge détend la future mère. On lui fait boire de la poudre de matrice de lièvre mélangée à du vin, car cet animal accouche très rapidement. Puis, une fumigation entre les jambes lui relaxe les chairs.

Si l'accouchement s'annonce difficile, la parturiente fait le tour de la maison à pied, monte et descend les escaliers. Elle met du poivre ou de l'encens dans ses narines, afin de provoquer des éternuements puis des contractions.

Elle accouche adossée à une assistante de la matrone, qui la soutient sous les bras, ou accroupie dans son lit. La matrone s'enduit les mains d'huile de violette et de laurier. Elle entre ensuite sa main dans la femme pour aider à dilater son col. Si l'enfant se présente mal, elle le repousse et essaie de lui faire prendre la bonne position. En cas de naissance de jumeaux, on place un fil sur le poignet du premier pour les différencier.

La religion et la magie sont très présentes dans ces moments où la vie peut disparaître. Le fœtus, dès qu'il bouge, a une âme et est relié à Dieu. Sa vie est plus importante que celle de sa mère, considérée comme impure. Elle a forniqué, elle est donc souillée et ne retrouvera sa "pureté" qu'après les relevailles, un mois après la naissance. De toute façon, dans l'imaginaire populaire de l'époque, une femme qui a péché accouche d'un monstre, diable ou animal.

Pour un accouchement "facile", les curés louent des ceintures de sainte Marguerite, faites à base de racines de courge. Les futures mères peuvent aussi porter sur elle le "sachet accoucheur" de sainte Marguerite, du corail accroché à la cuisse droite et, pour les plus fortunées, un diamant dans la main. Henri V d'Angleterre loue même le "saint prépuce" pour les accouchements de sa femme Catherine de France.

On conseille aux femmes enceintes de retenir leur respiration puis de souffler, en association avec les contractions. L'enfant sort enfin, la matrone coupe le cordon à quatre doigts du nombril (pour les quatre saisons et les quatre âges de la vie). Puis, elle nettoie les glaires du bébé avec un mélange de rose pilée, de miel et de sel, pour resserrer la peau de l'enfant.

Elle doit faire sortir la secondine (le placenta) du corps de la mère avec les mains et si besoin, elle lui fait boire du jus de poireau avec du miel pour la faire vomir.

Si le périnée est déchiré, elle ramollit les chaires avec du beurre fondu puis fait trois ou quatre points de suture avec du fil de soie.

Pour éviter que des démons ne viennent, la sage-femme enterre ou brûle la secondine, et on lui fait cadeau du cordon ombilical qui, séché et réduit en poudre, peut être vendu comme philtre d'amour.

Après l'accouchement, si la maman est saine et sauve, elle a droit à un verre de vin, une volaille et son bouillon. Mais, au Moyen Age, on comptait tout de même 50 % de mortalité lors des accouchements !

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Jehanne - dans La Médecine
25 octobre 2007 4 25 /10 /octobre /2007 15:44
Maladies et épidémies du Moyen âge.



la lèpre : c’est une des plus anciennes épidémies.


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Jusqu’au Vième siècle, la lèpre n’est que très peu reconnue, mais en 549 devant une forte épidémie, un traité rend obligatoire aux évêques l’assistance aux lépreux. Ceux-ci sont considérés comme déjà morts. Dès qu’un présumé lépreux se présente, le prêtre l’accueille chez lui. Peu après, une cérémonie mortuaire a lieu avec à la place du mort sous le drap noir, le lépreux. Après l’avoir béni et donné des offrandes, le peuple se rassemble sur le parvis, le prêtre donne au lépreux une cliquette, des gants, une écuelle et lui dicte la conduite à suivre. Puis le prêtre plante une croix et un tronc destiné aux offrandes devant sa hutte. Aucun remède n’étant connu, on se contente de soigner son âme et de l’isoler. Des épidémies surviennent du VI au VIIème siècle, puis du VIII au IXème siècle.



La variole : cette maladie est grave, infectieuse , contagieuse et épidémique ; elle se caractérise par des plaques rouges devenant des vésicules puis des pustules. Elle refait son apparition au Moyen-Age après une accalmie et revient en force en Europe. De nombreux malades sont soi-disant soignés grâce à des ventouses posées aux épaules et aux jambes qui font apparaître et crever les tumeurs.



La peste : qu’elle soit bubonique ou pulmonaire, c’est un grand fléau au Moyen-Age. Elle est transmise par le rat noir importé involontairement d’Orient par les Croisés. Il y a plus de vingt poussées épidémiques en deux siècles, de 541 à 767. Les épidémies sont très meurtrières : des millions de morts au bilan.


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La peste de 1348 fut le plus meurtrière de toutes. Entre la moitié et les deux tiers de la population sont décimés à ce moment. On meurt en deux jours et les condamnés sont libérés pour ramasser les cadavres par charrettes entières. Le mal est si grand qu’il y a des débordements hystériques et religieux ( flagellants…). Ceux qui ne sont pas morts de la peste meurent de la famine qui s’ensuit. Comme pour le reste, les saignées et les lavements sont les seuls remèdes prescrits. Quant à la cause de l’épidémie, elle est attribuée à la conjonction de trois planète au début de l’année.



l’ergotisme : il est aussi appelé « mal ardent », « feu sacré » ou encore « feu de St Antoine » ; c’est une maladie fréquente au Moyen-Age. Les symptômes sont très marquants : les membres postérieurs se nécrosent, ce qui donne l’impression que le sujet brûle de l’intérieur. _ L’épidémie débute en 857 sur la rive gauche du Rhin et envahit progressivement la France.



l’état de santé et donc des maladies dépendent des conditions de vie, de l’hygiène et de la nutrition. les troubles rhumatismaux, cardio-vasculaires et cancéreux ne sont que très peu mentionnés car on meurt, généralement, avant que ces dégénérescences ne se fassent sentir.   Les plaies sales et mal soignées sont par contre très courantes et conduisent fréquemment à la gangrène puis à la mort.  La mortalité infantile est extrêmement importante ( 50 % ). Elle n’est pas mentionnée car considérée comme un jugement divin. De plus, l’enfant doit être absolument baptisé pour rejoindre le « Royaule de Dieu ». La femme en couche est donc parfois sacrifiée au profit de son enfant.
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Jehanne - dans La Médecine
23 octobre 2007 2 23 /10 /octobre /2007 17:46
Histoire de la Peste.



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La peste, dont le nom vient du latin pestis (fléau), n'a été identifiée qu'en 1894 par le médecin Alexandre Yersin. Elle provient d'un microbe très résistant qui porte le nom de son découvreur : le bacille de Yersin. Il existe à l'état naturel chez certains rongeurs d'Asie et peut être transmis par l'intermédiaire de puces à des rats et, de là, à l'homme. Notons que la puce en question est rebutée par l'odeur des moutons et des chevaux, de là le fait que les bergers et les palefreniers n'étaient pas contaminés par la maladie.

La peste a souvent été confondue avec d'autres maladies. Ainsi c'est le typhus qui a emporté Périclès à Athènes en 329 avant JC , de même que pour Saint Louis devant Tunis en 1270.


Premières apparitions du fléau.

La peste proprement dite apparaît pour la première fois en Europe et dans le bassin de la Méditerranée en 541-542, au temps des rois mérovingiens et de l'empereur Justinien. Chaque année, elle prélève son lot de victimes dans la population, affaiblie par la misère et l'insécurité propres aux temps barbares. Puis, à partir de 767, au temps de Charlemagne, les chroniques en perdent la trace... mais elle reste endémique en Orient, en Inde et en Chine.

La peste bubonique (avec apparition de «bubons» ou tumeurs à l'aine) fait sa réapparition en 1320 en Mongolie. De là, elle se répand alentour et atteint la mer Noire fréquentée par les Génois. Comme les Mongols assiègent la ville de Caffa (aujourd'hui Féodossia, en Ukraine), ils envoient des cadavres contaminés par-dessus les murailles. Des marins génois arrivent à fuir la ville mais en emportant avec eux le terrible bacille.

En accostant en 1347 à Gênes et Marseille, ils vont ouvrir au fléau les portes de l'Occident. La «Grande Peste»«Peste noire» va tuer en quelques mois jusqu'à 40% de la population de certaines régions, ressurgissant par épisodes ici ou là.
ou

Les Européens croient au début que les miasmes de la peste se répandent par voie aérienne. Aussi n'ont-ils rien de plus pressé, lorsque l'épidémie atteint une ville, que de fuir celle-ci. Le poète Boccace raconte cela dans le Décaméron, son recueil de contes écrit après que Florence ait été atteinte par la Grande Peste de 1347. Cette fuite est la pire attitude qui soit car elle a pour effet d'accélérer la diffusion de l'épidémie.

En quatre ans, 25 à 40 millions d'Européens vont en mourir. Par milliers, des villages sont désertés. Les friches, la forêt et les bêtes sauvages regagnent le terrain perdu au cours des deux siècles précédents qui avaient vu les campagnes se développer et se peupler à grande vitesse...

Mais, dès la génération suivante, la vie reprend le dessus. Paysans et manouvriers, profitant de la raréfaction de la main-d'oeuvre, imposent aux seigneurs et aux employeurs des libertés nouvelles et des augmentations de salaires. Ces revendications s'accompagnent de graves crises sociales, la plus célèbre étant la Grande Jacquerie de 1358.






Les débuts de la prévention.


Au début du XVIe siècle, l'Italien Jérôme Fracastor conteste que la maladie se propage par voie aérienne et suggère une contagion d'homme à homme ou d'animal à homme.

Dans ces conditions, il importe avant tout d'isoler les villes et les régions atteintes. En 1478, en Catalogne, pour la première fois, on a l'idée d'isoler les villes contaminées par des cordons de soldats. Cette technique dite de la «ligne» est peu à peu perfectionnée par les Espagnols avec un réel succès : l'armée coupe les communications et tire à vue sur les personnes qui tentent de passer !

En 1662, Colbert introduit la technique en France. Un corps de médecins est spécialement chargé de détecter l'épidémie et l'armée se doit d'isoler avec rigueur les zones contaminées. C'est un succès et l'on n'entend bientôt plus parler de foyers d'infection. Mais, au fil des années, la vigilance se relâche et c'est ainsi que va survenir le drame de Marseille en 1720, dernière manifestation du fléau en Europe.




René Castillon.

 

 

 

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Jehanne - dans La Médecine
13 octobre 2007 6 13 /10 /octobre /2007 22:22
Médecine culinaire ou cuisine médicale ?



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Il n’y a pas de frontière nettement définie entre l’aliment et le médicament. On trouve dans nombre de manuscrits culinaires des principes de diététique et dans maints réceptaires médicaux des préceptes régissant la façon de se nourrir.

Ainsi, dans le Viandier de Taillevent, trouve-t-on énoncé, à la fin de la recette d’une sauce, le commentaire suivant : « versuse […] est viande merveilleusement saine, principalement en este, et fort plaisante, nourrist aussi bien grandement, refraiche le foye et reprimist la colere ». Il est intéressant de souligner le rapport d’analogie, sans doute pas anodin, entre la couleur jaune de la sauce versuse, faite de moyeuls d’oeufz , de just d’orenge et d’ung pou de saffran et ses vertus hépatiques indiquées par Taillevent. En effet, le foie étant lié à la bile jaune, apothicaires et médecins médiévaux donnaient nombre de remèdes élaborés à partir d’herbes à fleurs jaunes comme susceptibles d’être bénéfiques pour soulager les troubles du foie. C’est la fameuse théorie des signatures que l’on retrouve jusque dans les cuisines de nos maistres queux.


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De même, dans le Mesnagier de Paris est-il fait mention, entre char rosties, potaiges, sauces ou pâtés d’oiseaux, de recettes spécialement prévues pour les malades, nourrissantes et faciles à digérer, tant liquides que solides. Nous avons ainsi une série de buvrages pour malades, tels tizane doulce, bouillon, bochet, ou buvrage de noisectes, et des potages pour malades, comme le lait d’amande (d’ailleurs très digeste) ou des coulis de poulet ou de perche
.
Or, parmi les textes médicaux, apparaissent des principes plaçant l’art culinaire au même rang qu’une science médicale. Chez Hildegarde de Bingen, Platéarius et bien d’autres, les remèdes sont parfois prescrits et administrés comme de véritable recettes de cuisine. Ils « se digèrent bien », « évitent les ventosités » ou « sont très nourrissants ».


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Prenons pour exemple l’épeautre, qui, pour Hildegarde, « est un excellent grain, de nature chaude, gros et plein de force […] il donne une chair de qualité, et fournit du sang de qualité ». Et d’ajouter « sous quelque forme qu’on le mange, soit sous forme de pain, soit dans d’autres préparations, il est bon et agréable. Si quelqu’un est si affaibli que sa faiblesse l’empêche même de manger, prendre des grains entiers d’épeautre, les faire cuire dans de l’eau, en ajoutant de la graisse et du jaune d’œufs […] en donner au malade pour qu’il en mange, et, comme un bon et sain onguent, cela le guérira de l’intérieur ». Platéarius conseille « contre la jaunisse ou les douleurs d’estomac causées par une longue maladie » de mêler du millepertuis frais, herbe médicinale, à de la farine et « en faire de petites tourtes ou crêpes ou bien mélanger l’herbe à un œuf ».


Entre cuisine et médecine, il précise, dans un autre énoncé, que « de tous les grains, le froment est la meilleure nourriture par sa ressemblance avec la nature et la complexion de l’homme. Il a aussi des propriétés médicales, car il est laxatif et nettoyant ». Cette phrase résume à elle seule toute l’approche à la fois thérapeutique et alimentaire de la pensée médiévale où les aliments adéquats sont ceux le plus proches de la constitution humaine. Il sont par nature plus digestes, car demandent peu d’effort à l’organisme pour leur transformation en l’une des quatre humeurs physiologiques. D’où toute l’importance accordée à la digestion des aliments.




Source Ars Medicinae.

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Jehanne - dans La Médecine
13 octobre 2007 6 13 /10 /octobre /2007 22:08
La théorie des humeurs.







Principe des 4 éléments : La diététique médiévale repose sur un système quaternaire qui fait entrer en jeu deux qualités actives, le chaud et le froid, et deux qualités passives, le sec et l’humide. Par la combinaison de ces qualités, l’on décèle la présence des éléments : Le FEU est chaud et sec, l’AIR est chaud et humide, l’EAU froide et humide et la TERRE froide et sèche.



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Tout ce qui est, au sein de la création comme dans l’homme, est composé de ces quatre éléments : 4 règnes (minéral, végétal, animal et humain), 4 saisons, 4 directions, 4 tempéraments et 4 humeurs : la bile jaune est chaude et sèche, elle domine en été, le sang, chaud et humide, domine au printemps, le phlegme, froid et humide, est prépondérant en hiver et la bile noire, froide et sèche, domine en automne. Leur juste proportion est la garantie d’une bonne santé.


La maladie est alors perçue comme un déséquilibre des humeurs, entraînant des symptômes que l’on va s’efforcer de corriger par les qualités de l’élément opposé. Une maladie froide et humide, les qualités les plus contraires à l’homme, nécessite des aliments chauds et secs. Cette notion de froid/chaleur n’a aucune relation avec la température ambiante, mais participe à la perception de la nature des aliments au travers des sens : le poivre ou la moutarde produisent une sensation de brûlure, comme le feu, la laitue ou la pêche rafraîchissent, comme l’eau.


Le système est complexe et s’adapte à chacun selon son âge, son sexe, la saison ou l’endroit où il vit. La femme est plus froide et plus humide que l’homme, les vieillards sont plus froids et plus secs, les jeunes plus chauds et plus humides. Les gens du sud sont plus chauds que ceux du nord. L’hiver est froid et humide, l’été chaud et sec. Un temps pour chaque chose et à chacun ses aliments. C’eût été, par exemple, un risque inconsidéré que de vouloir manger cru un concombre en hiver ou boire moult hypocras en plein été ! Assaisonner, c’est rendre compatible un aliment selon le lieu et le moment où il est ingéré.


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Source Ars Medicinae.

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Jehanne - dans La Médecine
29 août 2007 3 29 /08 /août /2007 01:33

De ce que j'en ai lu, la pratique de la saignée repose sur les théories d'Hippocrate et de Galien (129-210), complétées entre autres par Roger de Salerne et Gilbertus Anglicus, sur les humeurs.


L'humorisme ou théorie des humeurs fut l'une des bases de la médecine antique. Mise au point d'Hippocrate à Galien, elle prédomina dans l'analyse de l'équilibre du corps humain .

Pour l'humorisme, la santé (celle de l'esprit comme celle du corps) dépend du jeu équilibré des quatre humeurs du corps :
le sang, la pituite ou phlegme [lymphe], la bile jaune et la bile noire [atrabile] qui, en correspondance analogique avec les quatre éléments de l'Univers (le feu, l'air, la terre et l'eau) déterminent, selon leur prédominance, les quatre tempéraments fondamentaux : le bilieux (chaud et sec), l'atrabilaire (froid et sec), le flegmatique (froid et humide) et le sanguin (chaud et humide).

Pour l'humorisme, le déséquilibre qu'entraîne la prédominance trop marquée de l'une de ces humeurs est la cause non seulement des maladies physiques, mais aussi des troubles psychiques.

Hippocrate rattachait chacune de ces quatre humeurs à un organe.

Le défaut ou l'excès de ces humeurs étaient donc compris comme un déséquilibre qu'il fallait rectifier selon les cas. La saignée était faite par l'ouverture d'une veine ou par l'application de sangsues sur le corps pour qu'elles sucent le sang.
On saignait les malades mais aussi, de manière préventive, les moines en bonne santé, qui se saignaient ainsi en moyenne quatre fois par an ( abbayes de Cluny, etc..). Il y avait souvent un bâtiment destiné à cet effet, appelé "maison des saignées".



Instruments pour la saignée


La pratique de la saignée paraissait autre fois bien justifiée. A l'époque où les méthodes de traitement reposaient encore sur la doctrine des 4 humeurs : le sang, la bile blanche et noire, et les sécrétions muqueuses. On tenait alors les excès de sécrétions pour la cause de fièvres et infections (au milieu du XIVe siècle on pensait que les maladies résultaient d'une hyperexcitation nerveuse. La soif, la faim, les vomissements ou la saignée devaient libérer le patient de ces excès de sécrétion, bref le rétablir d'un coup de lancette).

L'art de la saignée a connu ses heures de gloire bien avant Hippocrate au Ve siècle av. J.-C.. Au Moyen-Age, des chirurgiens (comme Badois) se spécialisèrent dans cet art du bain de sang. La saignée connut un grand succès au XVIIIe et au début du XIXe.

En temps de guerre, en 1812, la science exigeait de retirer le plus de sang possible au patient, du moins autant que sa vie n'est pas en danger, l'important étant que le sang ne s'écoule pas hors d'une blessure imposée par le médecin.

Finalement la saignée perdit de son importance. Seules les maladies comme l'apoplexie, la pneumonie, l'œdème du poumon, les accidents cardiaques promettaient d'être soignées avec succès. Avant que la saignée ne tombe en disgrâce, ou faisait s'écouler le sang de deux manières:

- La saignée généralisée était exécutée à l'aide d'un scalpel á l'endroit des vaisseaux les plus importants.
- La saignée localisée devait soulager les parties enflées des coupures de ventouses de sangsues.
La saignée était généralement abondante. De 16 à 30 onces étaient d'usage pour quiconque souffrait de "mauvaises humeurs". Une règle d'or stipulait qu'il fallait prolonger la saignée jusqu'à l'inconscience. La peau rosée du patient était alors pâle, le pouls passait d'un battement de 90 à 120, la fièvre baissait et la nervosité du patient laissait la place à un état proche de l'état de choc. Extérieurement tout cela semblait avantageux avec une seule perte de sang de l'ordre de 10% de "l'excédent sanguin" qui paraissait être la cause de la maladie. Mais avec seulement 5 litres de sang dans son appareil circulatoire, la victime devait faire face à la maladie à l'aide de son seul système immunitaire.


Les lancettes


La lancette était un couteau chirurgical à la pointe courte et large et à double tranchant aiguisé.

Les points de saignée appréciés étaient le dos de la main le bras, les protubérances osseuses, la gorge et les veines supérieures de même que les vaisseaux situés sous la langue, entre autres endroits, bien entendu.

Après avoir localisé un point de ponction, on faisait un garrot à la partie du corps menant au cœur : pendant que l'opérateur pressait avec le pouce sur l'artère en direction opposée de celle du cœur, l'artère ayant ainsi accumulé du sang il était désormais facile d'inciser en biais au scalpel sur 3mm. Un assistant récupérait ensuite le jet de sang dans un récipient plat et étroit. Lorsqu'on avait obtenu la quantité de sang voulu, on refermait la plaie par pression.

Les médecins avaient à leur disposition 4 types de lancettes au cours des siècles: toutes étaient pointues, à double tranchant et pourvues de lames droites afin d'exécuter des ponctions veineuses précises et contrôlées. On connaissait la lancette-scalpel, la lancette à angle, la lancette-pouce et la lancette à cran.

La lancette à angle est une lame à double tranchant qui se déploie à angle droit par rapport au manche.

La lancette-pouce avait une lame qui pouvait être rabattue entre les deux parties du manche et au besoin réglée par le pouce jusqu' à la position désirée.

L'idée de la lancette à cran est d'origine allemande.
On en trouve une descrïption pour la première fois en 1719.

C'était un instrument minuscule, le boîtier, la plupart du temps en cuivre, en fer blanc, en alliage d'argent, faisant juste 4 x 1,5 cm. Ce type de lancette était très apprécié en Allemagne, en Hollande et en Amérique, alors que les Britanniques et les Français préféraient les lancettes-pouce. Même si la lancette à cran nécessitait moins d'habileté, elle était difficile d'entretien et, de plus, un nid à bactéries.

La lame est sous tension: la lancette apparaît sous un petit levier, tendu à l'aide d'un ressort.


Récipients destinés á recueillir le sang


Certains récipients étaient munis d'anneaux fixés aux parois intérieures afin de déterminer avec précision la quantité de sang recueilli. On utilisait souvent aussi un quelconque récipient domestique se trouvant à portée de main. Il n'est toujours pas prouvé que les récipients utilisés par les disciples de Badois, avec leur forme incurvée pour le cou du patient, étaient vraiment utilisés pour la saignée.


Ventouses


La succion était un prolongement de la saignée. Un moyen de faire circuler sous la peau un surplus de sang dans les zones à problème plus profondes. Un pot de verre chauffé, ou encore un pot de zinc ou de corne, intensifiait la circulation sanguine par création d'un vide sur la peau, l'air chaud se refroidissant. La peau devenait rouge et s'attachait au pot par effet de ventouse. Aussitôt que le "mauvais" sang affleurait, on laissait la place à l'air en inclinant le pot et en l'écartant avec précaution de la peau.

Ce procédé a très probablement son origine dans la succion du sang de plaies contaminées. On trouve même certains pots dont on chassait l'air avec l'aide de la bouche au lieu de les chauffer.

Comme d'ailleurs, la saignée elle-même, cette technique elle aussi de l'Antiquité. Elle connut également ses heures de gloire aux XVIIe et XVIIIe siècles.


Les Grecs et les Romains préféraient des pots de métal, comme le firent d'ailleurs aussi les chirurgiens militaires sur les champs de bataille. Au XIVe siècle, et peut-être même avant, on utilisait des pots de corne légèrement curvilignes et souvent appliqués par groupe de trois.

Les pots de verre étaient de loin les plus répandus du XVIIe au XVIIIe siècles. On finit par ne plus réaliser de pots soufflés mais fondus. Sur le verre on pouvait lire la marque du fabricant. De 1840 à 1880, le rebord épais (suffisamment pour éviter les blessures dues à la pression du vide) était constitué d'un "anneau" de verre fondu ajouté. A partir de 1870 l'anneau du rebord ne faisait qu'un avec le pot. La jointure était réalisée directement, sans transition. Ces pots de verre étaient habituellement vendus par paquets de 3 ou de 6.

L'usage des ventouses était aussi conseillé dans les traitements anti-infectieux au même titre que les compresses de bouillie irritantes et les fers chauffés à blanc destinés à brûler la peau. En créant un nouveau foyer d'infection on espérait dévier le sang des parties malades et congestionnées. Les articulations atteintes, les maladies de poitrine comme la toux ou l'insuffisance respiratoire, mais aussi les maux de tête, de gorge, les crampes, l'idiotie, les crampes généralisées et bon nombre d'autres maux sont rapidement devenus des domaines privilégiés du traitement par ventouses.



Pose de ventouses avec écoulement sanguin


La pose de ventouses à sec garantissait une irrigation sanguine d'une partie limitée du corps sans blesser. Le sang était mobilisé et dévié mais pas prélevé. Cet autre pas en avant pour une meilleure santé était la tâche de la lancette. On effectuait plusieurs incisions parallèles après avoir dilaté les vaisseaux par application d'une éponge trempée. Il s'en suivait une pose de ventouse afin de faire affleurer le sang par les vaisseaux minuscules à la surface de la peau. On "récoltait" ainsi généralement de 3 à 5 onces de sang par pot.

La ventouse à lames

La ventouse à lames était un remède plus doux. Elle connut ses premiers succès au début du XVIIe siècle. En appuyant sur la détente, plusieurs lames se mettaient en position d'inciser la peau, en une fois et simultanément. Jusqu'au début du XVIIIe siècle ces lames étaient pointues. Par la suite on les agrandit et on les courba. Elles étaient le plus souvent au nombre de 12, mais on en trouvait aussi 6 ou 20.

Les anciens boîtiers étaient de forme carrée et les modèles allemands restèrent inchangés durant tout le XVIIIe siècle. Vers 1790 on préférait les boîtiers octogonaux des Anglais et des Américains. Les boîtiers de forme ronde, souvent d'origine française, étaient d'usage entre 1850 et 1900. Certains instruments étaient encore vendus après 1900, mais leur usage avait d'ores et déjà, et secrètement, pris une retraite bien méritée.


La sangsue

La réponse de la nature à la folie de la saignée. Toutes les sangsues de la famille des Hirudéniers et phylum Annelia n'étaient pas propres à la prise de sang localisée. La plupart se nourrissait de charogne, d'escargots et de glèbes. Vers 100 av. J.-C. des médecins Syriens utilisèrent une sangsue médicinale (Hirudo medicinalis), afin de faire aspirer le mauvais sang des patients. Cette espèce passe les six années de sa vie dans les eaux douces stagnantes et peu profondes d'Europe. A partir de 3 à 6 cm on les reconnaît à leur couleur vert olive typique bigarrée de quatre lignes jaunes, séparées en leur milieu par un trait noir.
Les Grecs et les Romains poursuivirent ce type de traitement et au Moyen-Age les médecins employaient quotidiennement les sangsues. En fait le mot leech (en anglais : sangsue) provient du mot anglais médiéval "leche" qui était employé comme synonyme de médecin. Les colons d'Amérique du Nord trouvèrent dans leurs eaux la "Macrobdella decora" qui peut atteindre jusqu'à 16 cm de longueur avec cependant une bien moins grande soif de sang que sa collègue européenne. Pour prélever une once de sang il fallait six exemplaires américains alors que pour le cousin européen c'était un jeu d'enfant de prélever cette quantité tout seul.


Pour mieux placer les sangsues

La sangsue se place à un bout à l'aide d'une ventouse au milieu de laquelle trois dents bien aiguisées sont capables de laisser une plaie en forme de triangle dans la peau de la victime. Une fois qu'elle a mordu son hôte, la sangsue injecte de l'hirudine, un anticoagulant, afin de s'assurer un repas bien liquide. La sangsue était utile lorsqu'on désirait prélever du sang dans des parties du corps difficile d'accès comme la cavité buccale, l'œsophage, les zones oculaires, l'intestin grêle ou encore le vagin. On pouvait inciter la sangsue à mordre la partie désirée en enduisant cette dernière d'un peu de sang ou d'eau sucrée. Placée dans un entonnoir que l'on appliquait sur la partie du corps infectée ou l'hématome (un œil au beurre noir, par exemple), le ver rampait jusqu'à sa cible pour ensuite s'y accrocher. Afin d'éviter tout déplacement inutile de la sangsue à l'intérieur d'une cavité corporelle, on utilisait ce que l'on appelle des petits tuyaux à sangsues, dans lesquels on limitait l'activité de la sangsue au seul emplacement où devrait s'effectuer la saignée. Lorsque la sangsue était pleine et repue, elle se laissait tomber et, les mois suivants, ne manifestait plus aucun intérêt pour la nourriture.


Sources :
extraits du livre "Avis au peuple sur sa santé" écrit par le médecin suisse Simon-André TISSOT (1728-1797)



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Jehanne - dans La Médecine

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