Les Très Riches Heures, Août.
La scène du mois d'août, peinte par les frères Limbourg, a été réalisée entre 1410 et 1416 et représente plusieurs tableaux.
Le premier plan illustre la passion de l'époque par la Noblesse pour la chasse au vol, à l'aide de rapaces et de faucons apprivoisés, qui chassaient
les grands oiseaux de nos contrées, comme la grue, le cygne et le gibier d'eau, comme le canard et les poules d'eau. Ces faucons fascinaient en raison de la difficulté du dressage. Par sa
hardiesse et sa beauté, le faucon offrait un symbole épuré pour la Noblesse de bonne éducation, de vaillance, et de relations pacifiques et de concorde. On offrait un faucon en gage d'amour ou
d'amitié, ou comme prix d'un tournoi ou d'un pari. La chasse au vol, preuve de puissance et de richesse, favorisait la sociabilité et les joies raffinées ; elle manifestait l'élégance et la
courtoisie des seigneurs ; elle faisait partie de la convivialité aristocratique.
C'est un départ de chasse. Devant le cortège, un fauconnier à pied se tourne vers le premier cavalier sans doute pour lui demander ce qu'il doit
faire. Une femme en robe noire, à volant blanc et à manches rouges, et un cavalier qui lance son faucon, chevauchent un palefroi gris. Sur un cheval blanc, un cavalier, seul, s'apprête à lâcher
son faucon. Sur un troisième cheval, qui est brun, un couple converse : l'homme tient lui aussi un faucon sur le poing. Autour du cortège, courent les chiens dont la fonction est de lever ou
rapporter le gibier, une fois que le faucon l'aura abattu. Au second plan, des gens manifestement nus se baignent dans la rivière de la Juine.
De l'autre côté de l'eau, des paysans travaillent dans un champ : à droite, deux d'entre eux de mettent la moisson en gerbes que d'autres, à gauche,
chargent sur une charrette tirée par deux chevaux. Les motifs réalistes, autrefois secondaires, constituent maintenant le cadre de la vie princière.
A l'arrière plan, se dresse le château d'Etampes, que le duc de Berry avait acquis en 1400, en même temps que le comté. On distingue, derrière les remparts, les tours, la chapelle et les
bâtiments couverts de tuiles, et, au milieu, le donjon quadrangulaire, la tour Guinette.
Le cavalier seul es sans doute le Duc de Berry. Dans les textes comme dans les illustrations, on voit souvent un chevalier tenir en
dextre son cheval et porter sur le poing gauche un faucon ou un épervier. Le cheval n'était pas seulement une monture ; c'était un emblème de la Noblesse, un signe identificateur tant social que
moral et matériel au même titre que le blason, un instrument de prestige. Le blanc, signe d'excellence, était la couleur des chevaux de Saint-Georges et de Saint-Michel, patrons de la chevalerie.
Le blanc était aussi un indice de souveraineté, voire de merveilleux et de surnaturel. Pour Sicile, dans son Blason des couleurs, c'est un symbole de beauté, et de joie, d'équité raisonnable et
d'honnêteté.
Le fauconnier tient sur son poing gauche, attachés par une laisse, deux faucons encore munis, semble-t-il, du chaperon, et, de la main droite, un long bâton dont il battra arbres et buissons pour
fqire s'envoler le gibier. Il porte à la ceinture un leurre, " encharné ", qui imitait la forme d'un oiseau avec deux ailes et qu'on granissait de viande pour habituer le faucon à y revenir. Etre
fauconnier ou veneur au service d'un prince n'avait rien d'humiliant : Gaston Fébus payait mieux ses veneurs que ses écrivains. Henri de Ferrières, dans les Livres du Roi Modus et de la Reine
Ratio, demande au fauconnier d'aimer ses oiseaux, d'être aimable avec eux et d'en prendre un soin attentif.
Une femme nue (comme c'était la coutume à l'époque pour les baignades), se prépare à entrer dans l'eau ; deux autres personnes nagent, dont l'une sur le dos. Enfin, un quatrième sort de
l'eau.
Iconographies des douze mois ici :
http://vivre-au-moyen-age.over-blog.com/album-1045928.html